Avant d’affronter Southampton ce jeudi 25 juin, Arsenal occupe la onzième place de Premier League. Une place indigne pour le prestigieux club londonien. La conséquence logique d’un inquiétant déclassement.
Samedi 20 juin, on joue la 95ème minute au Falmer Stadium de Brighton. Neal Maupay crucifie Arsenal d’une frappe pied gauche. Les locaux l’emportent 2-1, laissant les Gunners face à leur frustration. Une crise de résultats et de confiance symbolisée par Mattéo Guendouzi, qui dégoupille au coup de sifflet final. Le milieu de terrain français s’en prend à son compatriote et adversaire. À ce moment précis, Arsenal fait peine à voir. Il ne reste plus grand-chose de la classe d’antan du géant du nord de Londres, déjà humilié quelques jours plus tôt par Manchester City (défaite 3-0). La crainte se transforme petit à petit en triste réalité : au sein de la très concurrentielle Premier League, Arsenal fait figure de club déclassé.
Glorieux passé, douloureux présent
Cette trajectoire tragique se confirme au classement cette saison. Les hommes de Mikel Arteta pointent à une indigne onzième place. Avec un total de neuf victoires en championnat, les Gunners font moins bien que Burnley (11 victoires), Newcastle (10) ou encore Southampton (11). En cas de victoire lors de la prochaine journée, ces trois clubs pourraient d’ailleurs dépasser ou rejoindre Arsenal au classement général. Équipe marquante de l’histoire récente, et finaliste de l’Europa League l’année dernière, Arsenal bataille aujourd’hui dans le ventre mou du championnat anglais. Une saison un peu plus noircie par l’élimination lors des seizièmes de finale de Ligue Europa, au terme d’une défaite 1-2 face à l’Olympiakos en février dernier.
La question est alors la suivante : saison noire ou véritable déclassement ? Malheureusement pour les Gunners, un certain nombre d’arguments font pencher la balance vers la deuxième option. Le déclin sportif du club ne date pas d’aujourd’hui. Leur dernier podium en championnat remonte à la saison 2015-2016, avec une deuxième place. À l’époque, les Alexis Sánchez, Aaron Ramsey et autres Laurent Koscielny faisaient le bonheur des canonniers. Depuis : une cinquième place, puis une sixième puis encore une cinquième. Le mal qui ronge Arsenal ne date pas d’aujourd’hui. Il était même déjà palpable à la fin des années Wenger. Son départ fin mai 2018 aurait dû amorcer une nouvelle dynamique. Après deux ans, un constat s’impose pourtant : l’équipe n’est pas parvenue à se relancer.
Recrutements ratés
On en viendrait même à se demander si Arsenal fait toujours partie des grandes écuries du royaume. Sur le papier, le match contre Manchester City avait tout de la belle affiche. Sur le terrain, il n’avait rien d’un choc tant l’écart a semblé béant entre les deux formations (18 tirs, dont 12 cadrés côté Citizens, 3 dont 0 cadré côté Gunners).
Alors, comment expliquer qu’Arsenal ne soit plus capable de jouer dans la cour des grands ? L’effectif, d’abord, semble avoir perdu en qualité. En témoigne le nombre de jeunes titularisés lors de leurs derniers matches. Certes, certains sont prometteurs, mais tous sont encore trop tendre pour se frotter aux joutes ardues de Premiers League et permettre au club de s’installer dans le haut du classement. De quelles ambitions pouvez-vous raisonnablement faire preuve quand vous êtes contraint de jouer avec Saka, Willock et Nketiah, alors que vos concurrents peuvent aligner des De Bruyne, Mahrez, Kanté, Mané et autres Fabinho ?
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Derrière la présence de ces jeunes aux postes titulaires, ce sont les échecs du club sur le marché des transferts qui apparaissent. En particulier en défense, talon d’Achille des Gunners depuis plusieurs saisons. Kolasinac, Mustafi, Sokratis ou en encore Chambers sont autant de joueurs censés apporter une stabilité défensive qui fait cruellement défaut. Très peu ont totalement convaincu. L’expérience vire même parfois au cauchemar lorsque l’on évoque le cas David Luiz. Recruté en août 2019 pour 8,5 millions d’euros, le défenseur brésilien affiche un niveau de jeu bien en dessous des attentes. Son dernier match, face à Manchester City le 17 juin dernier, fut apocalyptique. Entré peu avant la demi-heure de jeu, il n’aura eu besoin que de 25 minutes pour offrir un but à Sterling, provoqué un penalty et prendre un carton rouge.
Faillite mentale
Le cas David Luiz traduit peut-être un autre problème récurrent à Arsenal : la faillite mentale des joueurs. Tombée dans une spirale négative, l’équipe semble incapable de se redresser, et encore moins de stabiliser ses résultats sur le long terme. Il faut dire qu’à l’image du défenseur brésilien, de nombreux cadres ne sont pas parvenus à assumer leur rôle de leader sur et en dehors du terrain. On pense notamment à Mesut Özil. Brouillé avec Unai Emery, l’Allemand se sent mieux depuis l’arrivée de Mikel Arteta sur le banc, mais est encore bien loin de son meilleur niveau. La cas Granit Xhaka est lui aussi parlant. Le Suisse fait figure de leader naturel dans le vestiaire, mais ses prestations, rarement abouties, parfois franchement médiocres, ne suffisent pas à justifier son rôle de capitaine. Conspué au moment de sa sortie alors que son équipe, qui menait 2-0, s’était fait rejoindre par Crystal Palace, le milieu de terrain insulta ses supporters avant de jeter son maillot et son brassard.
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À l’instar de ce que connait Manchester United depuis la fin de l’ère Ferguson, Arsenal peine toujours à tourner la page Arsène Wenger. L’épisode Emery s’est conclu sur un constat d’échec et, aujourd’hui, l’équipe continue d’évoluer en dehors de ses standards habituels. S’il faut lui laisser du temps, Arteta n’a pour l’instant pas réussi à relancer la machine. Avant la défaite face à Manchester City (3-0), les Gunners étaient, certes, invaincus depuis l’arrivée de l’entraineur espagnol. Mais aujourd’hui, Arsenal pointe à la onzième place soit… la même qu’au moment du licenciement d’Unai Emery. La question de la nomination d’un manager novice se pose, même si le novice en question connait la maison et a fait ses classes auprès de Pep Guardiola. Ce qui est sûr, c’est que relancer cette équipe en guise de première expérience représente une tâche particulièrement difficile.
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L’optimisme serait plutôt à chercher du côté de la santé économique du club, même si la conjoncture l’affecte assez durement. Sain sur le plan financier, propriétaire de son stade, doté d’infrastructures de qualité et pouvant faire valoir une image de marque toujours prestigieuse, Arsenal a de beaux atouts dans sa manche pour redorer son blason. Malgré les problèmes actuels, et pour toutes ces raisons, on imagine assez mal Arsenal suivre le chemin d’un club comme le Milan AC. Quelques jeunes comme Bukayo Saka, Matteo Guendouzi et Gabriel Martinelli forment aussi de belles promesses pour l’avenir. Mais à court et moyen termes, revoir un canonnier sur le trône d’Angleterre relève du fantasme.
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