Relégations en Liga SmartBank, quand les lanternes rouges s’éteignent

La Liga s’est achevée dimanche soir sur un multiplex, avec ses joies et ses relégations. L’heure est au bilan et trois équipes doivent mettre le cap sur la Liga SmartBank et ses terribles playoffs de remontée.

Espanyol, un syndrome de défaite

Première équipe à être reléguée, avec 25 points en 38 matchs, l’Espanyol Barcelone ne nous avait laissé que peu de suspense en cette fin de saison tardive. Les Pericos terminent bons derniers de Liga, laissant le piège se refermer définitivement (et mathématiquement) le soir d’une défaite 1 – 0 au Camp Nou, face à son ennemi catalan. Le triste match entre les deux équipes de Barcelone s’achève à 10 contre 10 suite aux expulsions d’Ansu Fati (Barça) et Pol Lozano (Espanyol). Dans les tribunes, les joueurs masqués confinent aussi leurs yeux, essayant de fuir au moins quelques secondes cette vérité implacable… Si les Blaugranas se réjouissent de voir leur ennemi couler, la maison perico brûle et difficile de voir des joueurs actuels rester.

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Cette descente est celle d’un club historique en Liga, l’Espanyol n’ayant pas connu d’autres championnats que la Liga depuis les années 1990. Fruit d’une gestion du club assez hasardeuse, avec des projets sportifs changeants, l’équipe reste très belle sur le papier, mais elle n’a jamais réussi à jouer ensemble. Pourtant, des moyens avaient été mis en janvier pour se renforcer, investissant 40M€ sur Raul De Tomas, Embarba et Cabrera. Mais l’argent n’a pas fait le bonheur des Barcelonais, qui ont stagné.

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L’Espanyol aura connu 4 coaches cette saison, le dernier arrivé le 27 juin et n’ayant dirigé que 6 matchs.Le turn-over n’aura pas ressuscité une équipe en perdition. Malgré les passages de Pablo Machin ou Abelardo, le groupe vit mal et on a ressenti sur le terrain un sentiment de dépit des joueurs. Les actions offensives peinent à arriver au bout, les intentions offensives hasardeuses et le club n’aura marqué que 27 buts en 38 matchs. Le meilleur buteur du club s’appelle Lei Wu, venu dans les valises du propriétaire chinois, avec 8 buts au total, dont 4 en Liga. Son contrat n’allant que jusqu’à fin 2020, l’Espanyol pourrait connaître un nouveau problème dans son secteur offensif. Difficile de voir quelque chose de stable se profiler.

Et dire que les Blanquiazules jouaient la Ligue Europa en début de saison, éliminés par les Wolves en 16es de finale. La saison s’est révélée être une chute libre, en dépit d’un effectif très prometteur et assurément qualifié pour jouer au plus haut niveau.

Bilan statistique : 5 victoires, 10 nuls, 23 défaites, 27 buts pour, 58 buts contre.

Majorque, le beau jeu mais en Liga2

Si son sort avait déjà été fixé à l’avant-dernière journée, Majorque a réussi à remporter un dernier point dans un match nul contre Osasuna (2-2), affichant un total de 33 points en 38 journées de Liga.

Le RCD Mallorca, qui revenait en Liga après l’avoir quittée en 2013 et enchaîné les montées de la 3e à la 1re division en 3 ans, affichait en début de saison une équipe prometteuse. Une équipe joueuse. Elle n’a jamais réussi à lisser son jeu, toujours en difficulté pour récupérer les ballons, alors qu’elle tentait de jouer la possession. Une équipe pratiquement coupée en deux sur les phases offensives, qui n’arrivait pas à combiner avec son milieu de terrain, jouant à coup de longs ballons vers l’avant, et obligeant les attaquants à redescendre gratter les ballons. Si les attaquants ont tout de même réussi à marquer 40 buts au cours de la saison (soit plus que Alavés ou Eibar qui se sont maintenus), la cohérence de l’équipe a rendu difficile le repli défensif. Majorque est l’équipe qui a encaissé le plus de buts cette saison (65).

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Cependant, tout n’est pas à jeter de cette saison en Liga. L’équipe a des armes offensives à exploiter et pourra sans doute retrouver la D1 dès la saison prochaine, si les départs ne sont pas trop importants. On peut retenir un exploit à domicile contre le Real Madrid en début de saison (19 octobre 2019, 1-0) et contre Valence en janvier (4-1). Tout le problème étant les matches à l’extérieur, où Majorque encaisse systématiquement. L’équipe des Baléares n’a qu’une seule victoire à l’extérieur, venue le 7 mars contre Eibar, sur un score de 1 – 2. À voir si l’équipe arrive à régler ce problème défensif afin de retrouver rapidement l’élite espagnole.

Deux joueurs auront tiré leur épingle du jeu : Budimir et Take Kubo.  Budimir, arrivé en provenance de Crotone en janvier 2019, signe de très bons débuts en Liga. Le Croate a cumulé 12 buts et 3 passes décisives, étant impliqué dans près de 40% des buts du club. Il a permis plusieurs fois à Mallorca de prendre au moins un point. Take Kubo, le Japonais de 19 ans prêté par le Real Madrid, a mis quelques matches pour s’acclimater au jeu espagnol. Mais il a émerveillé ses supporters une fois la machine lancée. Sans doute un des joueurs les plus prometteurs de la Liga, auteur de 4 buts et 5 passes décisives cette saison. La relégation de Majorque l’impacte peu puisqu’il reprend le chemin de la Casa Blanca dès la saison prochaine. La relégation de Mallorca semble toutefois être une sanction « logique » pour une équipe qui a été relégable toute la saison.

Bilan statistique : 9 victoires, 6 nuls, 23 défaites, 40 buts pour, 65 buts contre.

Leganés, l’espoir persistant d’un club déroutant

Leganés est le dernier club à être officiellement relégué, après un dernier match au suspense insoutenable dimanche soir contre le Real Madrid (2-2), avec des occasions jusqu’au bout mais qui n’ont pas suffi.

Club de la banlieue madrilène, Leganés a été une des villes les plus touchées par le coronavirus. Et même si l’équipe en elle-même n’a pas été atteinte, son sort a été fortement lié à cette pandémie. Relégable quasiment toute la saison, avec une entame catastrophique comptant 5 points début décembre… La réception du Celta Vigo a sonné comme le point de rebondissement pour cette équipe à l’agonie, avec une victoire 3-2 dans une partie très disputée entre deux relégables. La suite est bien meilleure pour Leganés, qui arrive enfin à jouer telle une équipe, et réussit à marquer un total de 30 buts, grâce notamment au très bon Oscar Rodriguez, prêté par le Real Madrid.

Bonne équipe de Liga avec un jeu propre et structuré les bons soirs, équipe terriblement désorganisée les mauvais soirs : Leganés est un peu l’énigme de cette saison en Espagne. Malheureusement pour les Pepineros, ces soirs de débâcle ont été les plus fréquents. Le mercato hivernal a été terrible pour le club avec les transferts de ses deux meilleurs attaquants : Youssef En-Nesyri à Séville et Martin Braithwate au Barça.

Si l’équipe s’est battue jusqu’au bout pour se maintenir en Liga, elle qui était arrivée au plus haut niveau en 2016, rien ne lui a souri. Dimanche soir, Oscar Rodriguez rate une frappe dans sa posture préférée et un penalty discutable n’est pas vérifié par l’arbitre à la VAR. À la fin du match, le capitaine Unai Bustinza, particulièrement ému, se lamente de la relégation au micro de Movistar. Il explique notamment comment il a été difficile de reprendre après l’interruption, alors que certains joueurs ont été touchés de près par la pandémie, et que cela a cassé le rythme qu’ils avaient réussi à garder avant la pause. Il souligne aussi, les larmes aux yeux, les départs de joueurs capitaux pour l’équipe en janvier. Le capitaine explique qu’ils ont tout donné sur le terrain et gardé la tête haute, mais qu’aujourd’hui il est « très triste » et qu’ils allaient « tout donner pour revenir en Liga ».

Si tout semblait mener les Pepineros à la Liga SmartBank après leurs débuts catastrophiques, ils avaient rallumé une lueur d’espoir dans les cœurs de leurs supporters, croyant que tout était encore possible et que Lega allait le faire. Il n’en fut rien.

Bilan statistique : 8 victoires, 12 nuls, 18 défaites, 30 buts pour, 51 buts contre.

Crédit photo : Marca / Icon Sport

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