5 000 supporters : comment dompter cette nouvelle jauge ?

Plus de 6 mois après le début du confinement en France, la pandémie de Covid-19 continue de secouer nos habitudes et d’impacter nos vies. Stoppés net par l’inquiétante évolution de l’épidémie en mars dernier, les footballeurs professionnels de l’hexagone s’apprêtent aujourd’hui à reprendre du service dans une situation délicate. Un sujet cristallise la plupart des interrogations : la limite de 5000 spectateurs dans les stades. Alors que les championnats de Ligue 1 et Ligue 2 reprennent les 21 et 22 août prochains, comment les clubs et les autorités peuvent-ils gérer cette situation inédite ?

Tous dans le même bateau ?

5 000. Une jauge qui ne résonne pas de la même manière à Charléty ou au Vélodrome. Face à cette barre fixe, les clubs professionnels ne sont pas tous logés à la même enseigne et ne peuvent pas se calquer sur un modèle unique. En Ligue 2, l’USL Dunkerque, fraîchement promu de National, jouera par exemple dans un stade Tribut en pleine rénovation qui ne sera, peu importe les conditions sanitaires, pas en mesure d’accueillir plus de 5 000 personnes en début de saison. Le respect des distanciations sociales obligera même le club à réduire encore sa capacité d’accueil pour la reprise de la saison.

En Ligue 1, l’AS Monaco, plus faible moyenne d’affluence sur la saison 2019-2020, semble également bien moins inquiété par cette jauge que des concurrents directs comme l’Olympique de Marseille par exemple, qui culmine à plus de 52 000 spectateurs de moyenne la saison dernière (source : Transfermarkt). D’un côté, l’AS Monaco pourrait se contenter de limiter sa vente de billets à 5 000 sans créer trop de frustration. De l’autre, l’Olympique de Marseille devra trouver une solution pour contenter un maximum de supporters, en sachant que le stade Vélodrome attirait déjà plus de 30 000 abonnés la saison dernière.

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Face à des disparités en terme d’affluence moyenne et de nombre d’abonnés, les clubs ne sont pas tous logés à la même enseigne. Quand certains peuvent prévoir un plan plutôt simple reposant essentiellement sur une vente limitée de billets, les clubs jouissant des meilleures affluences doivent trouver des stratégies adaptées aux attentes de leur public. À noter que le gouvernement laisse la possibilité aux préfets de revoir la jauge à la hausse s’ils le juge pertinent et si les mesures sanitaires sont applicables. Cependant, même si l’espoir persiste pour certains, difficile d’imaginer que des dérogations soient attribuées dès le début de saison.

Quelles solutions pour les clubs ?

Face à ce casse-tête, les clubs doivent aujourd’hui trouver les solutions les plus adaptées à leur situation personnelle. Chacun adaptera son plan en fonction de son nombre d’abonnés, de son affluence moyenne et de la configuration de son stade. Pour les clubs les plus “modestes” en matière d’abonnés, la solution idéale sera certainement de privilégier les abonnements à la vente “grand public”. Une manière pour les dirigeants de ces clubs de récompenser l’engagement de leurs plus fidèles supporters en leur offrant un accès aux premières rencontres de la saison. Presque un moment privilégié, finalement (sic). Mais cette solution est rapidement problématique, dès lors que le club compte plus de 5 000 abonnés. Comment choisir les heureux élus ? Comment contenter un maximum de supporters ?

Plusieurs propositions émergent depuis quelques jours sur les réseaux sociaux. Le tirage au sort, par exemple, revient avec insistance dans la plupart des communautés de supporters. Certains estiment que c’est le modèle le plus juste pour choisir les heureux élus. Évidemment, ce tirage au sort s’appliquerait uniquement aux supporters abonnés au club avant le début du championnat. Il devrait être doublé d’un roulement orchestré par le club, pour éviter que les mêmes supporters soient prioritaires pour chaque rencontre si la situation venait à durer dans le temps.

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Une autre proposition revient régulièrement : pourquoi ne pas récompenser la fidélité des abonnés ? Pourtant, cette stratégie interroge : comment juger de manière concrète la fidélité d’un supporter ? Un supporter de 55 ans, abonné à domicile depuis 30 ans, est-il plus fidèle qu’un jeune supporter de 19 ans, abonné depuis seulement 3 ans, mais présent à chaque déplacement de son équipe? La fidélité semble être une notion trop abstraite pour s’établir comme un critère de sélection juste. Entre le hasard pur et la prise de position “affective”, difficile de trancher sans mettre de côté toute une partie de ses aficionados.

L’esprit de solidarité

Certaines voix des tribunes françaises commencent progressivement à s’élever avec un message plutôt fort : “tout le monde, ou personne”. Attention : mal interprété par beaucoup, ce message n’est pas une ode au huis-clos, mais bien un message de solidarité propre aux associations de supporters. Certaines, notamment du côté du Stade Bollaert, à Lens, refusent de se rendre au stade s’il faut faire des choix au sein même de leur groupe. Cette prise de position n’est cependant pas un message déconnecté de la réalité sanitaire du monde aujourd’hui. Conscients du danger que pourrait représenter un stade bondé aujourd’hui, la plupart des groupes de supporters (ultras ou non) n’obligent personne à boycotter le retour progressif au stade. Ils refusent simplement l’animation de tribunes qui ne ressembleront pas à leur conception du football. Leurs membres seront invités à rester chez eux ou à s’y rendre de manière indépendante.

Pourtant, ce “slogan” qui commence à fleurir dans certaines bouches ne serait-il pas la solution la plus juste pour tout le monde ? Par esprit de solidarité, chacun pourrait rester sagement chez soit en attendant que tout rentre progressivement dans l’ordre. Mais qu’ils soient 2 000, 5 000 ou 50 000, le football français a besoin de ses supporters. Les heureux élus auront alors la lourde tâche de représenter leurs camarades restés sur le carreau. Même si l’animation de petits groupes de supporters éparpillés semble délicate (voire impossible), la présence et le soutien de certains chanceux pourrait progressivement nous ramener vers le football que l’on connaît et que l’on aime.

Crédit photo: Icon Sport

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