Tempête au Barça : une saison sportive ratée (1/2)

La saison du Barça est terminée, et c’est une saison blanche pour les ennemis de la Casa Blanca. Une première depuis 2008. Ces derniers temps, les trophées venaient masquer certains problèmes sportifs. Retour sur l’échec chronologique d’une saison catastrophique.

Coupe du Roi : première désillusion dans une soirée glaciale

Premier échec retentissant pour le Barça, mais hautement symbolique d’une équipe qui a du mal à enchaîner. Un vendredi soir de Février à San Mames, le Barça qui a peiné tout le long du match face à l’Athletic Bilbao perd sur un contre-son-camp de Sergio Busquets à la 93e minute (1-0). L’échec est immense pour un Barça qui, à l’époque, dominait la Liga. Mais force est de constater que, si l’équipe arrive à suivre sur la longueur, sur un match, elle n’arrive pas à élever son niveau de jeu quand celui-ci n’est pas là dès le début. Une perspective qui suivra les Blaugranas tout au long de la saison, jusqu’au terrible 8-2 contre le Bayern. Si la Coupe du Roi ne fait pas partie des objectifs majeurs du Barça, la remporter aurait peut-être aidé à atténuer la désillusion de cette saison auprès des supporters.

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Finalement, le Barça continuera sa progression en Liga, passant sur cette erreur collective au Pays Basque, mais se retrouvera à nouveau confronté à ses plus grands démons dans les moments décisifs. 

La Liga : grillé sur la photo-finish

18h50 le 27 juin au Stade Balaídos. Le Barça de Quique Setien voit ses espoirs de champion de Liga s’envoler face au Celta Vigo d’Oscar Garcia, un ancien du club (2-2). Barcelone laisse l’opportunité à son grand rival de lui passer devant le lendemain. Ironie du sort, c’est l’autre club de Barcelone qu’affrontera le Real Madrid le 28 au soir, gagnant d’un petit 1-0 face à l’Espanyol, permettant aux madrilènes de reprendre la tête de la Liga. 

Si le match opposant le Barça au Celta Vigo ne devait, au vu de leurs classements respectifs, pas poser de problème, sur le terrain il en fut tout autrement. Le Celta Vigo, relégable une grande partie de la saison, venait tout juste de reprendre des couleurs avec l’arrivée d’Oscar García, ancien coach de la Masia et prônant le Tiki-taka (et la méthode Cruyff). Sur ses bancs, le Celta compte quelques Barcelonais : Rafinha Alcantara, prêté par le Barça, Denis Suarez transféré l’été dernier ou encore des joueurs passés par le club blaugrana comme Nolito. L’échec des catalans face au club galicien serait donc en partie la représentation de l’échec d’une politique du club et de la crise de son identité de jeu. Confronté à plus petit que soi, le Barça perd 2 points face à un club qui joue avec les mêmes atouts que les siens : le beau jeu et la formation.

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Après son autre match nul face à l’Atlético de Madrid, cette fois-ci à domicile, et sur une opposition assez stérile se déterminant aux penalties (2-2), le FC Barcelone est à 4 longueurs du Real Madrid, en tête avec 74 points. Le club catalan doit alors espérer deux faux-pas du club madrilène pour espérer arracher la Liga. L’espoir est mince.

Ce qui devait arriver arriva, les deux clubs aux calendriers légers pour leurs derniers matches les gagnent tous, sans que le Barça ne puisse rien y faire. Et cette fois-ci, ça commence à gronder pour les supporters. Les joueurs de Quique Sétien ont été premiers presque tout le long de la saison. L’échec est trop grand. La saison fut plus que modeste en terme de qualité de jeu, malgré les promesses à l’arrivée de l’ex-coach sévillan. Les supporters du Barça inondent les réseaux sociaux de leur désespoir face au jeu proposé et à l’absence de titres pour une saison qui, plus elle avance, plus elle sent la saison blanche. Les supporters, déjà déçus de voir la Copa del Rey leur échapper, voient arriver la fin de leur domination sur la Liga après 10 titres en 15 saisons (depuis 2004-05). Les supporters, déjà déçus par le niveau de jeu global du Barça, ne demandent qu’à retrouver l’identité cruyffista du club…

Ligue des champions : la goutte qui fait déborder le vase

Dernier échec en date pour l’équipe première, mais non des moindres. Après l’échec en Liga, certains supporters ont l’intime conviction que leur équipe ne passera même pas contre Naples. Pourtant, le Barça livre une prestation de qualité contre les Napolitains, où les automatismes entre joueurs ont fonctionné, avec un jeu plus que correct et des buts (3-1). Et derrière… Oui, on pouvait s’attendre à une défaite face au Bayern Munich qui, depuis la reprise en mai, a gagné tous ses matches. Mais aucun des spécialistes, qui connaissaient pourtant la fragilité récente du club, ne pouvait présager un tel naufrage

Les prémices de cet échec démarrent à l’annonce de la composition d’équipe, où Quique Setien prévoit de jouer en 4-4-2 avec un milieu en losange, alors que le Barça a joué quasiment toute la saison en 4-3-3. Curieux. Peut-être un pari tactique face à un Bayern qui trouve les moindres espaces pour attaquer. La suite, vous la connaissez. 

Le Barça prend l’eau dès la 4e minute avec un but de ce diable de Müller, avec une défense totalement inexistante, des latéraux champions du 100 mètres mais incapables d’arrêter les offensives allemandes, un milieu complètement dominé et des attaquants qui n’arrivent à rien avec le peu de ballons qu’ils ont. En face, le Bayern a compris que la meilleure défense, c’est l’attaque. Résultat : 8 – 2 et un Barça qui a implosé face au génie allemand. 7 tirs cadrés pour les Blaugranas, 8 buts pour les Bavarois.

La sortie de terrain est plus que pénible pour des joueurs abattus, perdus. Vidal, qui avait bien trashtalké en conférence de presse avant le match, rentre penaud aux vestiaires. Oui, le Barça était la meilleure équipe du monde, mais cela fait un moment que le Barça n’est plus le Barça. Gérard Piqué prend les devants en zone mixte, se remettant lui-même en cause et parlant de « fin de cycle » et qu’il est « prêt à partir s’il le faut » pour que le FC Barcelone renaisse de ses cendres. Une déclaration certes honorable, mais qui arrive trop tard car le mal est fait. Du côté des supporters, où cela fait déjà 3 saisons que le club se fait sortir de façon lamentable, les traits sont tendus, mais une certaine routine face à la défaite en Ligue des champions s’est installée. On pense à l’élimination par la Roma, ou la remontada gigantesque de Liverpool avec déjà un Barça complètement hagard.

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Une forme de lassitude s’est imprégnée : le Barça perd, de grandes déclarations en zone mixte sont faites ensuite, mais rien ne change. Les déclarations de Piqué sur la direction ne sont pas les premières, mais elles risquent de tomber dans l’oubli comme les précédentes. On comprend aussi dans cette lassitude que le problème du Barça est au-delà du domaine purement sportif. C’est le symbole du désespoir dans un club qui ne fait rien pour se relever. 24 heures après le match, toujours aucune décision cruciale n’est prise, alors que le club vient de vivre sa pire défaite en Ligue des champions, 4 ans après un triplé (Coupe du Roi, Liga et Ligue des champions). 

Cela fait donc 3 échecs en 3 compétitions pour le Barça. Sans compter la défaite en Supercoupe d’Espagne en janvier dernier (contre l’Atlético, 2-3). Ça fait beaucoup là, non ? Et pourtant, l’histoire se répète pour un club qui n’apprend pas, qui continue sur sa gestion catastrophique en pensant qu’un problème de cette taille peut-être réglé de façon superficielle. Le changement d’entraineur, de Valverde à Setien, n’est qu’une façon de masquer les failles d’une gestion catastrophique d’un club historique.

Barça B : une équipe victime du système

Sans doute l’échec sportif qui a fait le moins parler, mais qui témoigne là aussi d’un échec sportif en tout point, et d’une gestion catastrophique. 

S’il y a bien une équipe baromètre de la santé du club blaugrana, c’est le Barça B. À la quasi exception de cette saison. Garcia Pimienta, entraîneur du Barça B, a tout d’un grand et a su imposer à son équipe les valeurs qui ont fait du Barça le club qu’il était jusqu’à présent. Une équipe joueuse, toujours poussée vers l’avant avec un bon pressing, le Barça B était une équipe agréable à voir jouer, à l’inverse de sa grande soeur. De nombreux supporters qui regardent cette équipe vous le diront : cette saison, le Barça B était plus plaisant à voir que l’équipe première. Mais il fut entraîné dans sa chute. 

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L’équipe B, souvent brandie en dernier recours par Bartomeu et son clan, réussit une belle saison et joue sa montée en Liga2. Les Catalans, 2es de leur groupe III régional, affrontent Valladolid Promesas, 4e du groupe II, lors du premier tour de barrages le 19 juillet. Et l’annonce du groupe qualifié pour ce match va faire grand bruit. Après les bonnes intégrations de Riqui Puig et Ronald Araujo dans l’équipe première à la reprise post-Covid, Quique Setien souhaite conserver les joueurs dans son effectif, privant l’équipe B de deux de ses joyaux, elle qui est déjà amputée de deux milieux de terrain blessés (Hiroki Abe et Alex Collado).

Riqui Puig et Araujo seront titulaires avec l’équipe A face à Alavés, alors que la Liga est déjà perdue pour le Barça. De plus, avec le retard imposé par le Covid, certains joueurs ont vu leurs contrats se terminer le 30 juin, avant même les débuts des playoffs (Chumi, Guillem Jaime, Kike Saverio etc…). C’est donc avec 12 joueurs de l’équipe B et de nombreux Juvenil venus compléter le groupe que Garcia Pimienta se présente à Malaga, lieu des différents matches de playoffs.

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Le Barça B l’emporte finalement 3-2 contre Valladolid, et poursuit de justesse face à Badajoz (2-1). L’étau se resserre autour de l’équipe de Pimienta. Le coach demande à sa direction à ce que Riqui Puig soit réintégré à l’effectif pour la finale le 26 juillet. Le prochain match de l’équipe première n’est alors que le 8 août contre Naples… tout en sachant qu’Ansu Fati aurait également pu jouer avec la B, bien qu’il n’y ait jamais mis les pieds.

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Quique Setien décide de garder Riqui Puig, Araujo ayant lui déjà rejoint l’équipe B lors du match contre Badajoz. Et ça sera donc sans Riqui Puig, qui a ciré le banc contre Naples, que le Barça B  échoue aux portes de la promotion face à Sabadell (1-2). Cet échec sportif en dit long sur la gestion du club, alors que la direction du Barça a voulu s’immiscer au cœur des discussions entre les deux entraineurs (Setien et Pimienta), laissant le Barça B privé d’un de ses meilleurs joueurs pour qu’il reste sur le banc 10 jours plus tard au Camp Nou.

L’échec sportif va au-delà de la simple section du Barça B, car cette absence de montée va pousser certains joueurs à quitter l’équipe pour jouer dans des clubs de Segunda. Cela aurait aussi pu permettre à des jeunes de retour de prêts comme Oriol Busquets (Twente) ou Juan Miranda (Schalke) de continuer à jouer pour le Barça B, avant peut-être de rejoindre l’équipe première en cours de saison.

Mais ne comptez par sur la direction pour gérer ces dossiers comme il faut. Dans la seconde partie de ce dossier à paraître demain, nous aborderons le naufrage plus global de la direction barcelonaise. Là aussi, les casseroles sont nombreuses…

Crédit photo : UEFA/Pool/Icon Sport

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