Quels enjeux pour la Ligue des nations ?

La Ligue des nations a repris ses droits le 3 septembre dernier. Alors que nos Bleus entrent dans la compétition ce samedi, petit tour d’horizon de cette compétition encore méconnue.

La Ligue des nations, ou la dernière compétition internationale créée par l’UEFA. Après une première édition remportée par le Portugal en 2019, cette épreuve européenne a redémarré le 3 septembre dernier. Compétition à l’enjeu flou et au calendrier étrange, la Ligue des Nations interroge. Avec pour objectif de donner plus d’enjeux aux matchs amicaux internationaux, la petite sœur de l’Euro n’a ni son envergure, ni sa médiatisation et encore moins son prestige. Pourtant loin d’être la Coupe de la ligue de l’Europe, cette petite dernière aura peut-être quelques arguments pour vous séduire.

La Ligue des nations, kézaco ?

Avant tout, il faut (re)poser les bases. La Ligue des nations est organisée tous les deux ans, soit chaque année impaire, où il n’y a ni Mondial ni Euro. C’est Michel Platini, alors président de l’UEFA, qui est à l’origine du projet. Adoptée par les instances continentales en 2014, la première édition de ce trophée s’est tenue en 2018 et a vu la victoire du Portugal. Pour faire simple, 55 équipes nationales du continent européen sont réparties dans quatre ligues différentes, nommées A, B, C et D, en fonction de leur coefficient UEFA. Ainsi, les sélections les plus « fortes » se situent dans la ligue A et inversement.

« Les amicaux n’intéressent plus personne, ni les journalistes ni le public, les fédérations ont demandé une compétition. Cela permet de voir des matchs entre nations de même niveau »

Michel Platini, en 2014, résume en deux phrases tout l’intérêt de la Ligue des Nations.

Ces quatre ligues sont divisées en poule de trois ou quatre équipes, et s’affrontent à deux reprises dans un système de match aller-retour, similaire à celui de la Ligue des champions. Ces rencontres auront lieu entre septembre et novembre 2020, soit durant les trois trêves internationales. À l’issue la phase de groupes, les quatre premiers de chaque groupe sont promus dans la ligue supérieure et, à l’inverse, les quatre derniers sont relégués dans la ligue inférieure. Les quatre premiers des groupes de la Ligue A s’affronteront ensuite sous la forme d’un mini-tournoi, d’un final four, en 2021 pour décrocher le titre honorifique. Des airs de Ligue des Champions vous avez dit ?

Un réel enjeu sportif

Si gagner la Ligue des nations en soit n’est pas une finalité, comme cela peut l’être avec la Coupe du Monde ou la Coupe d’Europe, elle peut devenir un véritable tremplin pour quelques nations. Cette édition offrira deux billets pour les barrages du Mondial 2022 au Qatar. Deux places en barrage sont réservées aux deux meilleures équipes de la Ligue des nations ne s’étant pas déjà qualifiées pour la phase finale de la Coupe du monde via le système classique des éliminatoires. Pour déterminer l’identité de ces deux sélections, l’UEFA tiendra compte du classement des poules, du nombre de points obtenus et de la meilleure différence de buts.

« Il fallait une carotte sportive pour que ce soit intéressant. Il y avait les espaces des matches amicaux qu’il fallait remplir. Parce que les clubs prennent de plus en plus de place et là, c’est un moyen d’équilibrer un petit peu le rapport de forces, avec une vraie compétition qui va durer toute l’année La concentration et l’adrénaline seront un peu plus naturelles. C’est mieux pour les joueurs, les médias et le public.« 

Raymond Domenech, à propos de la Ligue des Nations en 2018, au micro de L’Équipe 21.

Ces deux équipes disputeront donc les barrages de la zone Europe, prévus en mars 2022. Elles rejoindront les dix équipes arrivées à la deuxième place des groupes des éliminatoires. Ce sont au final douze pays qui se disputeront les trois dernières places pour le Mondial. Les matches de barrage seront divisés en trois tournois distincts. Chacune comportera ainsi quatre équipes qui joueront successivement une demi-finale, puis une finale. Avec ce format de match unique, on pourrait avoir de belles surprises. La jurisprudence du Final 8 disputé à Lisbonne cet été ne nous dira pas le contraire.

L’argument financier pour les petites nations

Là où il y a du football, il y a de l’argent. Constat aussi exponentiel que malheureux mais le macrocosme footballistique fonctionne ainsi : plus il y a de profits à faire, mieux c’est. Le deuxième argument de la création de la Ligue des nations est là : les matches amicaux ne généreront jamais autant d’argent qu’une compétition continentale. L’organisation de ses matches sans enjeux pouvaient être un véritable calvaire pour les plus petites nations. Là, toute l’organisation logistique est déléguée à l’UEFA , qui garantit deux adversaires à chaque équipe européenne pour l’ensemble des 55 nations du continent.

Sur l’édition 2018-2019, 80 millions d’euros ont été répartis entre les participants. Chaque équipe a d’abord touché une prime de participation en fonction de la ligue dans laquelle elle a évolué. Les équipes présentes dans la première division ont touché 1,5 M€ ; celles dans la Ligue B 1 M€, celles dans la Ligue C 750 000 € ; et enfin celles de la Ligue D 500 000 €. Ensuite, chaque nation a perçu un montant en fonction de ses performances. Chaque vainqueur de groupe a engrangé une prime égale à sa prime de participation. Enfin, ceux de la Ligue A ont touché davantage de sous. Le Portugal a empoché 4,5 M€ ; les Pays-Bas 3,5 M€ ; l’Angleterre 2,5 M€ ; et la Suisse 1,5 M€.

Si le premier constat nous fait dire qu’il existe d’importantes disparités entre petites et grandes nations, chaque équipe européenne est au moins assurée de toucher une (petite) prime de la part de l’UEFA. Seuls les participants à la Coupe du monde – où la France a engrangé 30 millions d’euros en 2018 – et à l’Euro pouvaient en bénéficier jusqu’ici. Argument à double tranchant.

Crédits photo : PA Images / Icon Sport.

0