Bleues : une reprise qui interroge

Avant la rencontre de ce soir face à la Macédoine, les Bleues se sont imposées sans briller, vendredi dernier, en Serbie (2-0) dans le cadre des éliminatoires de l’Euro 2022. Pour cette reprise, Corinne Diacre, la sélectionneure, a effectué plusieurs choix étonnants. Analyse.

Elles n’avaient plus disputé de rencontre officielle depuis le 9 novembre 2019 et leur victoire (6-0) face à la même Serbie. Les Bleues avaient certes remporté le tournoi de France, le premier tournoi amical opposant plusieurs nations sur le sol français, en mars dernier, mais depuis, rien. Ce rassemblement, pour préparer les matches face à la Serbie et la Macédoine dans le cadre des éliminatoires de l’Euro 2022, sonnait donc comme la traditionnelle rentrée de septembre.

Et pour cette reprise, Corinne Diacre a innové. Tout d’abord dans sa liste. Certes privée de plusieurs cadres blessées (Griedge Mbock, Amandine Henry, Aïssatou Tounkara, Grace Geyoro, Wendie Renard) ainsi que de Sarah Bouaddhi, qui a annoncé faire une pause avec les Bleues, la sélectionneure a néanmoins présenté le 10 septembre un groupe inédit. Elle a tout d’abord décidé de lancer trois nouvelles joueuses. La gardienne de l’ASJ Soyaux, Romane Munich (25 ans), ainsi que Julie Thibaud (22 ans), défenseure centrale des Girondines, et Melvine Malard (20 ans), l’attaquante de l’OL, ont découvert Clairefontaine pour la première fois. Plus étonnant, Diacre a décidé de rappeler en sélection Annaïg Butel (28 ans) et Maéva Clémaron (27 ans). La première n’a plus évolué en bleu depuis le 1er septembre 2018, tandis que la seconde est absente depuis la Coupe du monde 2019.

Surtout, la patronne des Bleues a décidé de se priver de Kheira Hamraoui (36 sélections), alors que cette dernière fait partie des cadres du FC Barcelone (17 matches, 2 buts, 5 passes décisives lors de la saison 2019-2020 du championnat d’Espagne). Titulaire tout au long du « Final 8 » à Saint-Sébastien avec son club, la milieu de terrain avait particulièrement brillé en inscrivant le but vainqueur en quart de finale. Interrogée sur le sujet, Corinne Diacre a expliqué sa décision : « Pour Kheira Hamraoui, c’est un choix. À ce poste j’ai souhaité revoir Maeva Clémaron que je n’avais pas vu depuis la Coupe du monde. » Cependant, avec les absences d’Amandine Henry et de Grace Geyoro, le champ était libre pour sélectionner les deux milieux axiales. La sélectionneure en a décidé autrement. Résultat, la liste est apparue déséquilibrée avec seulement trois milieux centrales de formation sur un groupe de 23 joueuses. Pourtant, depuis un an, la tacticienne française avait toujours appelé entre quatre à six joueuses à ce poste.

Une compo atypique

Distancées de six points par l’Autriche, qui comptait deux matches d’avance au coup d’envoi, les Bleues devaient l’emporter pour se donner les moyens de recoller en tête du groupe G à la fin de ce rassemblement. Pour affronter la Serbie vendredi dernier, Corinne Diacre avait donc aligné une équipe avec cinq joueuses offensives. Derrière Amel Majri, Kadidiatou Diani et Delphine Cascarino sur le front offensif, Marie-Antoinette Katoto et Eugénie Le Sommer faisaient figure de milieu relayeuse, juste devant la sentinelle Charlotte Bilbault. Une première pour les joueuses parisienne et lyonnaise, plutôt habituées à évoluer en pointe ou sur une aile. Katoto avait certes déjà été positionnée à ce poste lors de la finale de la Coupe de France du PSG face à l’OL, mais la meilleure buteuse du championnat de France lors du dernier exercice était apparue en difficulté, en manque de repères.

Face à un adversaire très faible, les Bleues sont revenues de Serbie avec la victoire (2-0) mais sans la manière. Si les coéquipières d’Eugénie Le Sommer, capitaine du soir en l’absence d’Amandine Henry, sont très bien entrées dans leur match en inscrivant deux buts au bout d’un quart d’heure de jeu (c.s.c. Frajtovic 6e, Majri 15e), le reste de la rencontre a été plus chaotique au vu du niveau des internationales serbes, 41e nation au classement FIFA. Les Bleues ont en effet pêché techniquement et tactiquement. Elles ont notamment manqué de largeur en insistant avec excès dans l’axe, un choix souvent inefficace face à des adversaires très regroupées. Pourtant, les deux premiers buts avaient été inscrits sur des centres, démontrant ainsi que la solution se trouvait dans les couloirs. Mais au milieu, Eugénie Le Sommer a eu tendance à perdre trop de ballons en multipliant les touches de balle. Et si Marie-Antoinette Katoto a su se créer des occasions en combinant avec sa partenaire en club, Kadidiatou Diani, elle a néanmoins donné l’impression de marcher sur les pieds de ses coéquipières.

Cette composition d’équipe avec cinq offensives a fait donc piètre impression. La France n’a certes pas été inquiétée, mais elle l’aurait inévitablement été face aux nations européennes de son acabit. Seule éclaircie, les premiers pas intéressants de Melvine Malard. Entrée à l’heure de jeu, la jeune réunionnaise s’est montrée impliquée en se créant deux grosses occasions.

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Face à la Macédoine mardi soir, les Bleues devront incontestablement rehausser leur niveau de jeu. Si le danger devrait être inexistant face à la 129e nation mondiale, obligée de remplacer un tiers de son effectif positif au COVID-19 et privée de ses deux meilleures éléments, l’enjeu est de retrouver un certain standing, digne des plus grandes sélections.

Crédit photo : Icon Sport

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