«Pour remporter la Ligue des champions, il faut la meilleure paire de latéraux du monde.» Ce dicton prend de l’ampleur dans le football européen. Les exemples récents du Bayern, de Liverpool ou du Real ne font que le confirmer. Et si c’était finalement ça qu’il manquait au PSG pour enfin soulever le Graal ?
Le 16 septembre dernier, dans une rencontre où les Parisiens peinent à se défaire de Metz, Thomas Tuchel lance Juan Bernat. Une fin de match anecdotique où, sans grande surprise, la différence ne viendra pas du latéral gauche. Son entrée vire même au cauchemar. Quelques minutes plus tard, l’Espagnol sort sur blessure. Les images ne sont pas rassurantes. Les examens passés le lendemain confirment le pire. Une rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche, six mois d’absence. C’est impossible, inenvisageable même, que Leonardo laisse son équipe six longs mois avec les seuls Kurzawa et Bakker. Le mercato terminé, aucun nouveau latéral gauche n’est arrivé dans la capitale. Un épisode qui perpétue les problèmes de latéraux à Paris.
Et ça fait Samba Maxwell Maxwell Carnaval
Lorsque les Qataris débarquent à Paris en 2011, les chantiers sont nombreux. Les latéraux n’y échappent pas. D’ailleurs, on vous laisse réfléchir quelques secondes. Creusez loin dans votre mémoire pour vous rappeler qui jouaient à ces deux postes lors de la saison 2010-11. Pas facile n’est ce pas ? En même temps, Marcos Ceara, Tripy Makonda, Siaka Tiéné ou encore Christophe Jallet (déjà surnommé le divin chauve à l’époque) n’ont pas vraiment marqué l’histoire du club.
Le premier renfort arrive au mercato hivernal. En manque de temps de jeu à Barcelone, le Brésilien Maxwell est transféré à Paris en janvier 2012 pour 4 petits millions d’euros. À ses côtés, Thiago Motta ainsi qu’Alex sont les nouveaux hommes d’expérience d’un PSG qui se cherche alors une identité. Les premiers mois sont compliqués. Le PSG perd le titre au profit de Montpellier et Maxwell ne donne pas entière satisfaction.
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L’été 2012 marque le début de l’explosion du projet qatari. Thiago Silva et Zlatan Ibrahimovic posent leurs valises devant la Tour Eiffel. Maxwell retrouve son meilleur pote et se voit alors pousser des ailes. Il apporte enfin toute sa classe et son expérience défensive au couloir gauche parisien. Ses qualités techniques rayonnent également au Parc des Princes. Scherrer ne s’est pas privé pour faire parler à plusieurs reprises la magie de sa patte gauche face aux buts. Après cinq saisons et demie, son départ à l’été 2017 laisse un très grand vide. Pas facile de remplacer le meilleur latéral gauche de l’histoire du club.
Le spectre de Scherrer Maxwell
Pour préparer l’après, le PSG a fait passer des castings. Lucas Digne a été essayé. Prometteur, le latéral français s’est vu trop beau, trop vite. Après un prêt à la Roma, il a préféré chauffer le banc de Barcelone. Layvin Kurzawa ensuite. Il est présent au club depuis 2015, mais n’a jamais confirmé ce qui avait été aperçu à Monaco. Trop juste défensivement, trop maladroit offensivement, beaucoup se demandent encore ce qu’il fait à Paris.
Le Français a pourtant eu sa chance. En 2017, la retraite de Maxwell lui offre une place de titulaire. Pour le concurrencer, le club jette son dévolu sur le méconnu Yuri Berchiche. Ce n’est pourtant pas la volonté qui manquait. Vaillant, celui qui reste aujourd’hui le meilleur supporter de Paris sur Twitter n’a pas répondu aux attentes. Il sera tout de même parvenu à remettre en cause la légitimité de Kurzawa. Comme pour le huitième de finale retour face au Real en Ligue des champions (1-2), c’est bien l’Espagnol qui est titulaire sur le côté gauche. L’après-Maxwell ne se passe pas comme prévu. Kurzawa n’est définitivement pas le successeur du Brésilien.
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Et quand le club annonce le recrutement de Juan Bernat, la majorité reste dubitative. Indésirable à Munich, comment un remplaçant parviendrait-il à s’imposer dans un PSG qui cherche solidité et régularité à ce poste ? Deux ans plus tard, Juanito en a fait taire plus d’un. Généralement serein en défense, c’est surtout son apport de l’autre côté du terrain qu’on soulignera. Liverpool, Naples, Manchester, Dortmund ou encore Leipzig. Bernat s’est distingué en marquant dans tous ces grands rendez-vous.
Forcément, sa blessure contre Metz est préjudiciable pour les Parisiens. Kurzawa a commencé sa saison en tant que karatéka face à l’OM (0-1). Bakker avait fait naître quelques inquiétudes avant le Final 8 en août. Le Néerlandais (20 ans) est en train de prouver le contraire. Malgré du positif en Ligue 1, sera-t-il capable de faire de même en Ligue des champions ? Quoiqu’il en soit, le retour de Bernat est déjà attendu avec impatience.
Un côté droit qui cherche son âme sœur
Finalement, que ce soit avec Maxwell ou Bernat, le couloir gauche a connu un semblant de stabilité. Difficile d’en dire de même pour le droit. Les prétendants se sont succédé, sans jamais offrir une pleine satisfaction. Gregory Van der Wiel est rapidement venu prendre la place de Christophe Jallet. Le Néerlandais a alterné le bon et le beaucoup moins bon.
Concurrencé par Serge Aurier dès l’été 2014, la fin de l’histoire parisienne de Van der Wiel vire au cauchemar. Pour sa quatrième et dernière saison avec Paris en 2015-16, le finaliste de la Coupe du monde 2010 est totalement indésirable. Même Marquinhos passe devant lui dans la hiérarchie des latéraux droits. Serge Aurier, lui, a connu des premiers mois compliqués. L’Ivoirien attend un Classique en novembre 2014 (2-0) pour livrer son premier match référence. La suite est tout aussi brillante. Une fameuse chicha sur Périscope un soir de février 2016 viendra tout détruire. Jusqu’à son départ en 2017, le joueur n’est que l’ombre de lui même. Cet échec est sûrement la plus grande déception de l’ère QSI.
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Dans la même lignée, Paris recrute Thomas Meunier. Le Belge n’y arrivera jamais dans les grands rendez-vous. On retiendra plus de lui ses déclarations pleines de sincérité que ses performances sur le terrain. L’expérience de Dani Alves également n’y changera rien. Le joueur le plus titré du football européen est arrivé en bout de course, sans doute déjà trop vieux pour faire passer un cap au PSG.
Bizarrement, c’est avec Thilo Kehrer que Paris atteindra la finale de la Ligue des champions. Sa performance en finale a convaincu à peu près tout le monde qu’il n’était pas une alternative durable au poste. Face au Bayern Munich qui possède deux des tous meilleurs latéraux au monde, la lacune parisienne à ce poste a de nouveau été pointée du doigt. Colin Dagba toujours trop tendre, Leonardo a ramené dans la ville lumière Alessandro Florenzi. L’italien a déjà confirmé au très haut niveau mais sort d’une saison quasi blanche. À moindre coup, ce transfert pourrait s’avérer être un pari payant. L’Italien a déjà fait parler la poudre lors de ses premières sorties avec Paris.
Florenzi, une douceur#PSGSCO pic.twitter.com/FVNH3yAKf1
— T.V. (@ThibaudVezirian) October 2, 2020
Pourquoi le PSG ne trouve pas les perles rares ?
Trent Alexander-Arnold, Joshua Kimmich ou Dani Carvajal. Les trois derniers vainqueurs de la Ligue des champions avaient un latéral formé au club. Outre Dagba qui jouit aujourd’hui d’un rôle secondaire dans la capitale, les jeunes formés à ce poste prennent rapidement la fuite. À l’image d’Arthur Zagre, latéral gauche annoncé comme un crack de l’académie parisienne et même Titi d’or avant son départ, le PSG ne donne pas assez de crédits aux jeunes. Encore plus sur ces postes de latéraux.
Andy Robertson, Alphonso Davies et donc Marcelo. Trois joueurs qui ont explosé avec leur nouveau club avant de soulever la coupe aux grandes oreilles. Méconnus ou presque avant leur arrivée, tous ont confirmé rapidement au très haut niveau. Peut-être que Mitchell Bakker sera bientôt un de ceux-là (ou peut-être pas). Cela étant, le PSG de son côté n’a jamais trouvé ce joueur prêt à exploser au poste de latéral. Le club espère un rendement immédiat et recrute très rapidement si les performances sont décevantes.
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L’autre problème actuellement, c’est que le gratin des latéraux se compte sur le bout des doigts. Et à part poser 100 millions d’euros sur Davies ou Alexander-Arnold, on ne voit pas comment le PSG pourrait se doter immédiatement d’un joueur de ce calibre. L’exemple cet été de la non-arrivée d’Alex Telles, pour finalement prolonger Kurzawa, est l’ultime exemple en date de la gestion questionnable du poste à Paris. D’autant plus que l’ancien joueur de Porto s’est engagé avec le futur adversaire des Parisiens, Manchester United, pour une dizaine de millions d’euros.
En attendant de trouver ces deux perles rares, le club de la capitale doit patienter. Mais qui sait ? Un jour, sans doute, se terminera ce beau collier de perles, pour enfin soulever le plus beau des trophées.
Crédit photo : Matthieu Mirville / Icon Sport