Le Revierderby Dortmund-Schalke : retour vers le futur

C’était il y a plus de 5 mois. Le 16 mai 2020, le Borussia Dortmund et le FC Schalke 04 se sont affrontés dans leur emblématique derby, qui constituait également leur premier match après le restart. Ce match, alors à sens unique (4-0 pour Dortmund), a clairement donné le ton pour les deux équipes. Aujourd’hui (18h30), pour leurs retrouvailles, de nouvelles interrogations apparaissent. Quelle a été l’influence du précédent derby pour ces deux clubs et que s’est-il passé depuis ? Encore plus important, que faut-il attendre de cette confrontation et qu’apportera-t-elle à ces deux Traditionsvereine ?

Dortmund : Meunier, tu dors ?

Source : BVB / bvb.de

Encore une fois, l’année aura été ponctuée de hauts et de bas pour le club jaune et noir. 2020 avait pourtant commencé très fort avec l’arrivée d’Erling Braut Haaland et son départ tonitruant sous ses nouvelles couleurs. Mais, juste avant le confinement, le PSG lui a coupé l’herbe sous le pied, et a privé le Norvégien et ses partenaires d’un quart de finale de Ligue des champions.

Ce derby, deux mois après, était l’occasion de voir s’ils s’étaient laissés abattre ou s’ils avaient profité de la pause pour se ressourcer. Et la réponse fut claire. Une victoire 4-0 bien payée pour leurs rivaux, un but d’Haaland et un Julian Brandt qui avait pris les clés du camion de Dortmund. Le train repartait à pleine vitesse. Pouvait-il encore rattraper le Bayern, qui n’avait que 4 longueurs d’avance ?

Non. Le Bayern de Flick allait trop vite. Avec 5 victoires en 8 matches, dont deux victoires 2-0 sur les pelouses de Wolfsbourg et Leipzig, et une défaite sur la plus petite des marges face à l’ogre bavarois, on aurait même pu classer cette fin de saison des Schwarzgelben dans la catégorie «encourageante». Mais les défaites à domicile face à Mayence et Hoffenheim, en prenant 6 buts et en n’en marquant aucun en 180 minutes, ont levé des doutes sur le niveau réel de cette équipe, et sur sa constance.

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Ainsi, beaucoup se sont questionnés sur les intentions du board, et sur la légitimité de son coach Lucien Favre, et continuent encore de le faire, car l’été n’a pas aidé.

Le mercato a, comme souvent, été dans l’ensemble rapidement bouclé à Dortmund, avec des dossiers sur lesquels ils se sont pris relativement tôt. Le constat est malgré tout bien plus alarmant que d’habitude. Mario Götze est parti par la plus petite des portes, après avoir vécu tant de choses avec le club et ses supporters, et a numériquement été remplacé par le très talentueux, mais aussi très jeune, Giovanni Reyna, qui aura 18 ans le mois prochain.

Avec l’arrivée définitive d’Emre Can, on aurait pu penser que milieu de terrain n’avait pas besoin d’être renforcé. Mais avec le départ de Balerdi et l’envie de Favre de jouer à 3 derrière, l’international allemand compte principalement en tant que défenseur central. Il a donc fallu recruter dans le cœur du jeu et, encore une fois, la confiance a été accordée à un très jeune joueur, qui lui non plus n’a pas encore 18 ans : Jude Bellingham. Autre changement majeur dans l’effectif du technicien suisse : Achraf Hakimi n’a pas pu être conservé après son prêt de 2 saisons et a été remplacé par l’ancien latéral du Paris Saint-Germain, Thomas Meunier. Enfin, le jeune Reinier (18 ans), est arrivé à Dortmund en prêt du Real Madrid pour faire le nombre en attaque.

On peut alors clairement apercevoir le problème. Le Borussia Dortmund s’est-il véritablement renforcé cet été ? Recherche-t-il simplement la plus-value financière chaque saison ?

Sportivement, cette saison démarre convenablement avec de grosses victoires en championnat face à des adversaires difficiles : Gladbach, Fribourg et Hoffenheim. Cependant, les défaites à Augsbourg (2-0) et face à la Lazio (3-1) pour la première journée de Ligue des champions inquiètent les fans. Cette inquiétude ne relève pas tellement des résultats, mais plutôt du projet autour de ce club, autant sur le terrain qu’en dehors.

Et pour ce qui en est du terrain, ils se montrent de plus en plus impatients avec Lucien Favre et son 3-4-2-1 qui apporte trop souvent des circulations en U assez stériles. Cela est même caractérisé par la différence marquante entre les actions passant par Raphaël Guerreiro et celles passant par Thomas Meunier, ciblé par certains supporters pour ses performances insuffisantes.

Alors, que peut-on envisager pour la suite au Borussia Dortmund ? Le derby devrait, sauf énorme surprise, tourner en sa faveur, mais après ? Un nouveau parcours tant espéré en Europe ne se reproduira pas de sitôt, et en Bundesliga, on ne peut que les imaginer dans la continuité des dernières saisons, avec des hauts marqués par quelques gros scores, mais aussi plusieurs performances qu’un club de ce standing ne devrait pas accepter. Ici, l’impression est que le moulin ne va pas assez vite, justement.

Schalke : le traitement de la dernière chance ?

Source : Imago images

Docteur ! C’est grave ? Il va s’en sortir, n’est-ce pas ?

Le derby de mai a ouvert les yeux de beaucoup. Schalke traîne une maladie depuis bien trop longtemps, et sa passivité au cours des dernières années lui coûte cher. Le club de Gelsenkirchen avait été admis à l’hôpital après cette nouvelle humiliation, mais les symptômes étaient déjà présents et persistants. La dernière victoire en championnat remontait au mois de janvier, lors de la première journée après la trêve hivernale. Depuis, des matches sans plan, sans réponse, sans vie. David Wagner a très vite été pointé du doigt pour tous les maux de cette équipe, et certaines accusations, peut-être même la plupart d’entre elles, étaient justifiées. Il était passé d’acteur à simple spectateur désabusé.

Alors, après que l’état du patient ait empiré et se portait à la fin de la saison à 16 matches sans victoire en Bundesliga, et une différence de buts sur la période de -30, on aurait pu penser qu’il allait être démis de ses fonctions. Il n’en a pas été le cas. Jochen Schneider, responsable du sportif, en a décidé autrement, malgré les inquiétudes des fans et de ses propres collègues. Il avait confiance en celui qu’il avait intronisé, et il voulait à tout prix instaurer de la stabilité au sein du club. Peut-être voulait-il plonger le malade dans un coma profond, en espérant un jour qu’il se réveille et renaisse de ses cendres ? Le plan était naturellement connu de tous, se serrer la ceinture, faire des petites économies par-ci par-là, survivre sportivement et économiquement pendant quelques temps et proposer d’externaliser le sportif (et donc les fonds) aux supporters, pour faire revivre le club, lui donner une seconde vie, meilleure.

Mais la réalité est cruelle. Le patient était à deux doigts d’y passer, ses signes vitaux n’avaient jamais été aussi bas que lorsqu’il a subi le 8-0 sur la pelouse du Bayern, en ouverture de la saison, devant l’Allemagne entière.

Après une autre grosse chute à domicile face au Werder, il a même fallu amputer et se séparer de ce qui semblait être la partie infectée, David Wagner. Une amputation tardive qui a de lourdes conséquences. C’est toute la saison qui pourrait y passer, et avec elle un statut de club de Bundesliga.

C’est pourquoi les médecins ont débuté un nouveau traitement, certainement le traitement ultime, du nom de Manuel Baum (ex Augsbourg et sélections U18 et U20 de l’Allemagne). Sa mission est de la plus haute importance : dans un premier temps garder le FC Schalke 04 en vie, et petit à petit, étape par étape, lui faire entrevoir des jours meilleurs.

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Le traitement, apportant des changements brutaux pour le corps et l’esprit (volonté de se créer avant tout des situations de but, de trouver des solutions par le jeu, d’utiliser les ailes, d’utiliser les bons joueurs comme Mark Uth à leur véritable poste et en faire des éléments clés de l’équipe) est évidemment pesant et en demande beaucoup physiquement. C’est pourquoi le patient S04 connaîtra des moments difficiles, comme cela a déjà pu être le cas à Leipzig, et comme cela sera probablement le cas à Dortmund. Mais il faudra continuer de se battre, car une maladie comme celle-ci ne part pas du jour au lendemain. Il aura dans ce cas aussi besoin de sa famille, en espérant qu’il puisse la voir, au moins en partie, et entendre ses mots d’encouragement, malgré la situation sanitaire.

Une chose est certaine. Pour les deux équipes, le plus important ne sera exceptionnellement pas le résultat lors de ce Revierderby, mais bien les signes qu’elles montrent et ce qu’elles peuvent nous faire envisager pour le futur.

Crédit photo : Firo / Icon Sport

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