Des pelouses du National à celles de la Ligue des champions, du banc des remplaçants au brassard de capitaine : retour sur l’admirable parcours de Damien Da Silva, semé d’embûches et de belles histoires.
Ce soir à 21h, la tournée européenne des irréductibles Bretons est de retour à Séville. En février 2019, la capitale andalouse leur avait réussi, une victoire 3-1 face au Betis validant leur passage en huitièmes de finale de Ligue Europa. Autre compétition, autre stade, autre ambiance : les crampons plantés dans la pelouse du Sánchez-Pizjuán, c’est l’hymne de Tony Britten qui résonnera cette fois comme dans un rêve d’enfant. À leur tête, un homme qui avait finalement autant de chances que le Stade Rennais de disputer un jour la reine des compétitions de club. Car Damien Da Silva revient de loin. Ou plutôt, à écouter tous ceux qui l’ont suivi à Niort, Châteauroux, Rouen, Clermont ou Caen, il ne faisait que prendre son élan avant le grand saut. À quelques heures de cette deuxième journée de Ligue des champions, récit du parcours du capitaine rennais, un joueur que la patience et les rendez-vous manqués ont rendu inarrêtable.
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En ces temps où notre amour pour ce sport ne tient parfois plus qu’à quelques belles histoires, à commencer par le sourire d’Eduardo Camavinga, son capitaine Damien Da Silva est la preuve vivante qu’il est possible de fêter ses 25 ans en tant que joueur de National puis de découvrir la Ligue des champions sept ans plus tard, 300 kilomètres plus à l’ouest, orné d’un brassard autour du bras gauche.
Lorsque nous évoquons au téléphone les témoignages que nous recueillons sur son ancien coéquipier entre 2006 et 2008, l’ex-défenseur central Malik Couturier annonce la couleur : «Vous ne tirerez pas beaucoup de négatif !» C’est le moins que l’on puisse dire.
Pas de pot pour les Chamois
Né en mai 1988 dans une famille franco-portugaise, Damien Da Silva grandit à Pessac, au sud de Bordeaux. Dès ses 5 ans, il intègre l’école de football des Girondins puis y poursuit sa préformation, souvent capitaine des différentes catégories, une habitude de jeunesse qui le suivra longtemps. Pourtant après une douzaine d’années à défendre le scapulaire, le club-phare de sa région ne souhaite pas le conserver dans son centre de formation. L’adolescent doit alors choisir entre poursuivre son rêve de football professionnel, ou, passionné d’écriture, tenter de se rabattre sur une carrière de journaliste sportif.
Toujours à temps de jongler avec les mots en dernier recours, il opte pour les ballons, et répond à l’invitation de Niort qui lui ouvre les portes de ses équipes de jeunes. Dans les Deux-Sèvres, où il alterne entre stoppeur et sentinelle, Damien perfectionne ses gammes auprès de son formateur Pascal Gastien. Il est même repéré par l’encadrement fédéral, qui le convoque en Équipe de France U19 aux côtés d’Étienne Capoue, Marvin Martin ou Anthony Modeste.
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Puis vient le temps des choses sérieuses. Après être monté à quelques reprises pour faire le nombre en National, la promesse niortaise signe son premier contrat professionnel à l’été 2006. Les Chamois font alors l’ascenseur entre deuxième et troisième division, et leur retour au professionnalisme leur permet de promouvoir plusieurs jeunes éléments en équipe première. DDS intègre la rotation comme remplaçant de la charnière, connaît sa première titularisation en Ligue 2 en novembre 2006, et attend son heure.
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— e_niort (@e_niort) February 6, 2018
Malik Couturier, cadre de l’équipe, rencontre un joueur «travailleur, discret, et qui a déjà un certain talent». Le défenseur passé ensuite par Angers et Laval poursuit : «Il joue surtout en défense centrale, c’est un droitier qui peut évoluer des deux côtés, même en sentinelle. Nous les joueurs expérimentés avons pour rôle d’encadrer les jeunes et de les guider du mieux possible, et il fait partie de ceux qui sont déjà à l’écoute des anciens. C’étaient des années compliquées pour le club, mais il a su tirer son épingle du jeu.» Une 16e place de L2 en 2007, une relégation en National en 2008, puis une descente en CFA en 2009. Alors que Da Silva commençait à prendre ses marques, son aventure niortaise s’achève par deux relégations de rang jusqu’au niveau amateur.
Ah, le Berry
Forcé de quitter le Poitou-Charentes pour se relancer dans le circuit professionnel, le joueur de 21 ans prévoit de rebondir un peu plus au nord. La Berrichonne vient d’assurer sa place en Ligue 2 à la dernière journée, et veut se renforcer pour aborder l’avenir plus sereinement. En trois saisons, Damien vient d’aligner une trentaine d’apparitions en L2 puis une vingtaine en National, et cherche à s’installer dans un club stable qui lui fasse confiance.
À l’issue de la saison, Emmanuel Imorou revient dans son club formateur à la suite d’un prêt à Gueugnon, et fait la rencontre du Franco-Portugais. Les deux lascars ont le même âge et se rapprochent naturellement : «En U18 on s’affrontait déjà, on n’était pas encore potes mais on se connaissait. C’est devenu un de mes meilleurs amis dans le foot comme dans la vie. Il était à mon mariage, et cet été encore on a passé une partie de nos vacances ensemble.»
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Le latéral international béninois, son coéquipier dans trois villes différentes (Châteauroux juin-décembre 2010, Clermont 2013-2014, puis Caen 2014-2017) a donc forcément un œil avisé sur le séjour dans l’Indre de son ami : «Quand il signe, l’entraîneur Dominique Bijotat ne sait pas qui il est. Damien m’a raconté qu’il l’avait convoqué pour lui demander à quel poste il jouait ! Le coach ne compte pas trop sur lui, donc il joue beaucoup plus avec la réserve qu’avec l’équipe A.» Les changements d’entraîneurs (Papin, Tholot) n’y font rien : son passage dans le Berry est délicat, et dix-huit mois après sa signature, le jeune défenseur a tout bonnement disparu du groupe professionnel.
Le sort semble s’acharner sur ses épaules carrées. Malgré ce troisième rendez-vous manqué, sa force de caractère reste pourtant intacte, et il prend l’initiative en décembre 2010 de redescendre d’un cran pour retrouver du temps de jeu. Ce sera un prêt à Rouen, qui aborde son retour en National avec ambition. Le roc franco-portugais ne le sait pas encore, mais il amorce alors une courbe ascendante qui n’est toujours pas interrompue à l’heure actuelle.
Roi des Rouennais
Promu la saison précédente, le FCR est à quelques points du podium, aspirant à retrouver une L2 qu’il n’a plus connue depuis 2004. Matthieu Gudefin, co-fondateur et longtemps président de la Fédération des Culs Rouges, association fondée en 2013 pour réunir les amoureux du FC Rouen, se souvient : «Damien n’avait pas réussi à s’imposer en L2 à Châteauroux, mais chez nous on sent très vite qu’il a un gros potentiel.» Hugo, étudiant de 20 ans amoureux du club depuis une douzaine d’années déjà, confirme : «Da Silva arrive en prêt comme défenseur central et dépanne lors des blessures en charnière, mais il se retrouve très rapidement à jouer milieu défensif, où il impressionne par sa vitesse, son physique et son abattage. Tout le monde à Rouen sent rapidement qu’il a un niveau bien supérieur au championnat de National.»
Il n’en faut pas plus aux dirigeants rouennais pour récupérer définitivement le gaillard, et tout le monde à Diochon se demande encore comment un club habitué des luttes pour le maintien a pu laisser filer un profil défensif aussi fiable. Sur les bords de Seine, Da Silva prend du galon, gagne en responsabilités, et attaque la saison entouré d’une confiance qui lui sied à merveille.
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La recrue s’impose comme une pièce indispensable du jeu rouennais, impressionne les observateurs. Un exercice prometteur qui l’invite à s’inscrire dans la durée. Hugo, dont les études à Rennes ne l’empêchent pas d’assister à toutes les rencontres du FCR à domicile comme à l’extérieur, souligne que «sa prolongation à l’été 2012 est une surprise pour nous, tant il avait été au-dessus du lot toute la saison». L’arrivée d’Ollé-Nicolle sur le banc le fixe en défense centrale, où il continue de monter en puissance et dispute la première saison pleine de sa carrière. Régulier dans ses performances, indispensable leader sur le terrain autant que dans le groupe : le Damien Da Silva que nous connaissons aujourd’hui s’est forgé en Seine-Maritime.
Le public s’attache à lui, et il le rend bien : «Il est adorable et aimé de tout le monde au club, notamment des supporters», se souvient Matthieu. «Une super mentalité, toujours souriant, proche des supporters, un super mec !», confirme Hugo. Sur le terrain, la saison est idéale. Hélas, les finances du FC Rouen gâchent la belle histoire : malgré un total de points qui aurait dû leur permettre de valider leur accession en L2, les Rouennais subissent une pénalité pour cause d’irrégularités dans les comptes de la saison 2011-2012, suivie d’une relégation administrative, synonyme de dépôt de bilan.
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Alors qu’il aurait pu hisser le FCR jusqu’au professionnalisme, Da Silva est forcé de laisser le club en DH, le cœur lourd. Preuve en est : le lien qu’il a tissé avec la région sort renforcé de cette épreuve. Il renouvelle chaque année sa cotisation de la Fédération des Culs Rouges, qui prend de l’importance en partie grâce à lui : «Il a généreusement participé à notre opération de crowdfunding pour permettre à notre association de devenir actionnaire du club : une première en France !», se félicite Matthieu Gudefin. Hugo, quant à lui, évoque l’acquisition d’un maillot rouennais mis aux enchères la saison dernière au profit du CHU de Rouen.
Aile de pigeon dans la course
Libre de tout engagement après deux saisons et demi convaincantes, Clermont Foot saute sur l’aubaine. L’occasion de retrouver la L2, ainsi que Manu Imorou, en Auvergne depuis un an : «Lorsqu’il était à Rouen j’étais au Portugal, on se donnait des nouvelles. Avant de signer à Clermont, il veut des infos donc il m’appelle pour me demander comment ça se passe au sein du club. Après sa signature, il joue directement, ça ne se passe pas super bien mais le coach continue de lui faire confiance. Et il enchaîne une grosse saison.» Patron de la 4e défense du championnat, Damien n’a besoin que d’un seul exercice de L2 comme titulaire pour que le tremplin clermontois fasse une nouvelle fois des miracles : Imorou et Da Silva, les deux amis de Châteauroux, tapent ensemble dans l’œil des dirigeants caennais. À peine un an après avoir quitté Rouen, l’ex-Diable Rouge est de retour en Normandie, direction la Ligue 1.
Désormais âgé de 26 ans, il rejoint le Calvados en tant que valeur sûre du National et révélation défensive de L2, mais totalement inconnu des supporters locaux. Le journaliste Simon Abraham, suiveur du club pour le JT de l’antenne locale de NRJ et plume du média Malherbe inside récemment lancé, se rappelle que «personne ne connaît son nom. Arriver avec Imorou facilite leur intégration, et les deux s’imposent directement titulaires dans notre défense en Ligue 1. Le début de saison est très compliqué pour toute l’équipe, mais la deuxième partie est incroyable. 15 points à la trêve, puis on se sauve en partie grâce à sa solidité défensive. Et il nous inscrit le but de la décennie à Rennes.» La réalisation la plus folle d’une saison elle-même complètement folle.
Guerrier viking
Si Kanté, Sala ou Lemar attirent la lumière, les supporters caennais viennent de faire la connaissance d’un joueur qui marquera leur histoire récente. Rien de plus normal pour Imorou, son compagnon de toujours : «À Châteauroux ou à Clermont c’était un bon joueur, mais je ne le voyais pas forcément arriver au niveau qu’il a atteint aujourd’hui. En fait, il a cette faculté d’adaptation qui lui permet de se mettre directement au niveau auquel il évolue. Et c’est à Caen qu’il m’a le plus impressionné. Dès sa première saison, c’était un patron.» Le genre de profil à même de rassurer une défense, une équipe et tout un stade. Simon Abraham se fait l’écho de d’Ornano : «Il dégage beaucoup de sérénité, avec très peu de déchets. Un défenseur propre dans les relances, très appliqué, et un mec qui peut aussi beaucoup amener offensivement sur corner.»
Le latéral Imorou confirme depuis le terrain la perception des tribunes : «J’adorais jouer avec lui, on avait développé certains automatismes. Quand il jouait central gauche, je kiffais de ouf ! Il adore pouvoir couvrir sur le côté quand son latéral monte, ça fait partie de ses qualités défensives, donc j’avais toujours cette certitude que Damien était derrière. Sur les ballons aériens dans l’axe, quand un central va au duel, nous les latéraux sommes censés couvrir au cas où. Mais avec Damien je n’avais pas besoin d’y aller, car on savait qu’il allait gagner son duel, donc je pensais déjà à me projeter vers l’avant. C’est pas forcément bien de dire ça, mais c’est la vérité !»
Damien enchaîne, s’affirme, s’éclate. Grâce aussi à Vercoutre, Féret ou Delort, les Caennais créent la sensation en 2016 en décrochant une 7e place de L1. La suite sera plus compliquée pour Malherbe, usé par le management de Garande et déstabilisé par plusieurs mercatos ratés, avec deux maintiens providentiels arrachés en dernière journée, dans lesquels la charnière joue un rôle majeur. Et si le vice-capitaine caennais connaît quelques très rares passages à vide dans une équipe à la dérive, son association avec Djiku lors de sa dernière saison au club dégage une puissance et une assurance rarement vues à d’Ornano.
Franchir le Couesnon
Devenu au cours de ses quatre saisons à Venoix un des axiaux les plus fiables de la période dans l’élite, le Girondin finit par surnager, individualité en plein boom dans un collectif qui régresse. Après être allé au bout de son contrat malgré les sollicitations, le SMC le laisse libre à l’été 2018 pour services rendus. Dans la presse les prétendants défilent, pré-retraites exotiques, sub-top français, mastodontes lusitaniens ; pourtant rien ne se concrétise. Da Silva passe encore une fois sous les radars. Son ami Manu Imorou est à ses côtés dans cette épreuve : «Son mercato est compliqué cet été-là, il reçoit des offres financièrement très intéressantes, en Turquie (Trabzonspor) et en Suisse, mais qui ne lui plaisent pas. Il cherche un challenge sportif avant tout. Et ce qui est triste, c’est que les clubs de L1 ne veulent pas de lui ! Rennes est arrivé, mais il y signe assez tard (officialisation le 26 juillet 2018), et c’était un peu le dernier espoir.»
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Joueur performant à l’état d’esprit exemplaire, dont le léger cheveu sur la langue ne s’est jamais défilé lors des mauvaises passes, il se place juste derrière N’Golo Kanté au classement officieux des recrues malherbistes les plus satisfaisantes de la dernière décennie. Les supporters caennais comprennent son départ, conscients qu’il méritait un meilleur challenge que celui du maintien ; beaucoup le voyaient même signer plus haut. Sportivement en revanche, son départ entraîne le Stade Malherbe sur une pente abrupte : Djiku seul ne peut assurer l’assise défensive de l’équipe, l’effectif dépeuplé est loin des exigences requises, et la relégation est inévitable.
La Roazhon du plus fort
Pour poursuivre sa progression, direction la Bretagne. Destination idéale, même si Imorou se «rappelle lors de sa signature avoir vu sur Twitter des supporters de Rennes assez sceptiques…». Entre la lourde tâche de remplacer Gnagnon, le risque de faire de l’ombre au jeune Gélin, et l’étiquette de trentenaire débarqué libre du bas de tableau, Da Silva déménage en Ille-et-Vilaine dans l’obligation de faire ses preuves. Encore une fois. Clément, étudiant de 23 ans habitué du Roazhon Park comme des déplacements, l’a vécu de près : «Ceux qui suivent la L1 connaissaient bien Da Silva avant qu’il signe à Rennes, en partie aussi grâce à son but mémorable avec Caen en 2015… Il est libre, ça ressemble à une très bonne affaire pour un cadre de son équipe. Pour autant, son arrivée ne convainc pas tout le monde, car certains se méfient dès lors qu’une recrue arrive du bas de tableau ou des divisions inférieures. Ce ne devrait pas être le cas, surtout à Rennes : on a signé Alessandrini à Clermont, Ntep à Auxerre, Costil à Sedan…»
Après un début de saison à prendre ses marques, le nouveau numéro 3 rouge et noir retrouve son tempérament de guerrier et s’installe dès la 5ème journée dans le onze-type rennais pour ne plus le quitter, sous Lamouchi comme sous Stéphan, jusqu’à recevoir le brassard lors du départ de Benjamin André. Sérieux et appliqué, aussi solide dans les duels que clairvoyant dans l’anticipation, tranchant dans ses interventions, sûr à la relance : le cap est franchi. Damien Da Silva est unanimement reconnu comme un des axiaux les plus précieux du championnat. Il était temps.
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Les partenaires en charnière se succèdent (Mexer, Gélin, Morel, Gnagnon), le menhir ne bouge pas et les succès pleuvent sur ses cheveux gominés. Protagoniste incontournable de la montée en puissance du SRFC, il est inévitablement présent sur le terrain pour la victoire en Coupe de France, pour le périple en Ligue Europa, puis pour la 3e place décrochée début 2020. Notre supporter rennais souligne une «ascension à la fois fulgurante et méritée» pour ce colosse «travailleur, discret, impliqué à 100%. Une vraie belle personne».
Le podium les envoie tout droit en Ligue des champions, leur adversaire du soir leur épargnant les rudes tours qualificatifs en soulevant la Ligue Europa. Lors du tirage, Damien reconnaît devant la presse : «À titre personnel, je ne sais même pas si c’était un rêve. En signant à Rennes je ne m’étais pas dit : je viens pour jouer la Ligue des champions.» Pourtant il est bel et bien face à ce nouveau défi. Pour Malik Couturier, ce n’est ni plus ni moins que «le fruit de son travail, la récompense». Comme une suite logique. Le samedi précédant la réception de Krasnodar, Manu Imorou nous confie : «Avec Damien on s’écrit quasiment tous les jours, mais très honnêtement, on n’en a même pas parlé plus que ça ! Presque comme si tout était normal.»
Clément témoigne que son capitaine «a entamé cette nouvelle saison en déclarant qu’il n’avait jamais été aussi affûté dans sa carrière, et c’est vrai qu’il semble en excellente forme. Il a aussi développé une bonne complémentarité avec la recrue Nayef Aguerd». Moins impérial dans le jeu en ce mois d’octobre, parfois coupable d’une fébrilité inhabituelle, il n’en reste pas moins la clé de voûte défensive d’une équipe vouée à disputer le haut de tableau cette année encore. Contre Krasnodar, s’il a pu paraître impressionné par l’enjeu lors des premières minutes, DDS est progressivement rentré dans son match, son sauvetage sur la ligne à la demi-heure de jeu le prouve. Marcus Berg, la menace suédoise des Russes, n’aura pas existé, éteint par le mètre 84 de son vis-à-vis.
Damien Das Quinas
Les étoiles sont sur le ballon autant que dans les yeux de ses anciens coéquipiers, témoins privilégiés. Aujourd’hui salarié de l’UNFP au service Players for Society, Malik Couturier a suivi avec plaisir la carrière d’un défenseur «qui a su progresser au fil des années pour arriver à maturité, aujourd’hui bien dans ses baskets au top niveau. Quand je vais à Rennes pour l’UNFP, j’ai beaucoup de plaisir à le retrouver, c’est quelqu’un de très agréable et de très attachant». Quant à Imorou, l’actuel latéral du Thonon Évian Grand Genève FC en N3 se réjouit pour ce «mec droit, honnête, intègre, sur qui on peut compter», et insiste sur son «évolution professionnelle incroyable. C’est quelqu’un de persévérant, qui n’a jamais lâché l’affaire. Il est passé du National à la Ligue des champions, c’est quand même pas rien !»
En fin de contrat en juin, peu touché par les blessures, Imorou présente «un mec sérieux, avec une bonne hygiène de vie. Je ne connais ni ses envies ni celles du club, mais je sais qu’il se sent bien à Rennes. En plus tout se passe bien avec Julien Stéphan, il nous en dit beaucoup de bien, il nous raconte certaines de ses causeries. Il ressent vraiment que Stéphan a le truc d’un coach de très haut niveau. Et ça lui plaît !»
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Sur son calepin, le joueur n’a plus qu’une case à cocher : devenir international. Pas en France, mais dans le pays de son père, dont toute la famille est installée autour de Guimarães. «Je ne sais pas s’il a eu des contacts concrets, mais il aurait aimé et il aimerait toujours», renseigne Imorou. Da Silva l’a d’ailleurs confirmé en conférence de presse la semaine dernière. Il faut dire qu’il y a deux ans, le Portugal est parti en Russie blindé par Bruno Alves (36 ans), Pepe (35) et José Fonte (34). Alors que l’attraction Rúben Dias aspire à s’installer pour les quinze ans à venir, Pepe et Fonte sont toujours présents, avec deux ans de plus. De quoi laisser une place pour Da Silva ? Maintenant qu’il se montre dans la plus belle des vitrines, taper dans l’œil de Fernando Santos face à Chelsea ou Séville n’a plus rien d’utopique. Ça commence ce soir.
Par Nicolas Raspe (@TorzizQuilombo)
Crédit photo : Icon Sport