Calhanoglu, le facteur X du Milan

Leader de Serie A, le Milan renaît de ses cendres. Un renouveau en premier lieu grâce au travail de Stefano Pioli. L’entraîneur italien a fédéré un collectif et a su relancer plusieurs joueurs en perte de confiance. Parmi eux, Hakan Calhanoglu, au sommet de son art depuis plusieurs matchs.

Le natif de Mannheim a rejoint le Milan lors de l’été 2017. Un mercato au cours duquel les dirigeants Rossoneri (à l’époque Fassone et Mirabelli) sortent le gros chèque. Les arrivées sont nombreuses: Kessie, Bonucci, Musacchio, Rodriguez ou encore André Silva. Les tifosi s’attendent alors à un retour de leur équipe sur le devant de la scène. Hakan Calhanoglu, qui reste sur trois grosses saisons du côté de Leverkusen, endosse le numéro 10.

Mais l’adaptation à ce nouveau championnat va être difficile pour ce dernier, qui va faire preuve d’une grande irrégularité. Si l’ancien joueur de Hambourg est capable de quelques fulgurances sur une passe ou un but, il a énormément de difficultés à enchaîner les prestations. Le contexte ne favorise pas son intégration. Le Milan affiche un niveau proche du néant et les résultats sont décevants. Hakan Calhanoglu n’est pas utilisé à son meilleur poste. Symbole de ce désastre lombard, le club connaîtra pas moins de quatre entraîneurs en seulement trois saisons: Vincenzo Montella, Gennaro Gattuso, Marco Giampaolo puis Stefano Pioli. Et c’est ce dernier qui va relancer la machine.

Trequartista, son vrai poste

En l’espace d’un an, Stefano Pioli a véritablement transformé cette équipe. Cette dernière a retrouvé les sommets du football italien, et réussit enfin à regarder dans les yeux la Juve, l’Inter, le Napoli, la Roma, la Lazio ou encore l’Atalanta.

Depuis l’arrivée de Pioli, la progression tactique du Milan est impressionnante. Disposé en 4-2-3-1, le Milan correspond parfaitement aux qualités de son numéro 10. Au début, et c’est logique, le tacticien italien cherche encore son onze titulaire. Il opère à quelques tests et le rôle de trequartista se partage entre Rebic et Calhanoglu. C’est à la reprise en juin dernier que Pioli décide de faire de Calhanoglu le meneur de cette équipe. Un choix que le principal intéressé en est très reconnaissant: « Pour moi, il était très important d’évoluer dans ma meilleure position. Et c’est Stefano Pioli qui me l’a permis ».

Une autre arrivée va faire du bien à Calhanoglu, celle de Zlatan Ibrahimovic. Le géant Suédois va lui donner quelques conseils et les deux joueurs vont rapidement s’entendre. Une relation qui va se mettre en exergue sur le terrain où les deux joueurs donnent l’impression qu’ils jouent ensemble depuis des années.

Pioli fait confiance à son milieu turc et ce dernier va bien lui rendre. Dans une formation parfaitement huilée, Calhanoglu devient le chef d’orchestre. Tout d’abord, la paire Kessie-Bennacer derrière lui est gage de sécurité. Celle-ci lui permet de se focaliser sur la construction des attaques, et donc de faire beaucoup moins d’efforts défensifs. Une certaine liberté qui va rendre son jeu beaucoup plus lucide et donc plus percutant. Autre point, sa relation avec les ailiers et particulièrement Rebic, Saelemakers et Rafael Leao. Des joueurs aux grosses qualités techniques rendant ce trident offensif complémentaire.

À 26 ans, Calhanoglu est en pleine force de l’âge et au sommet de sa carrière. Le meilleur passeur du Milan la saison passée a délivré huit de ses neufs passes décisives après la longue trêve. Autre statistique intéressante, il a inscrit un but toutes les 266 minutes en moyenne la saison passée, contre 887 minutes lors de l’exercice 2018-2019.

Calhanoglu dégage une aisance et une facilité comme il ne l’a jamais eu. Certains estiment que le Milan est dépendant d’Ibrahimovic, mais en vérité il serait plus objectif de parler d’une Hakan-dépendance. En effet, lorsque Calhanoglu est en deçà, le Milan peine offensivement. Exemple ce week-end contre l’Hellas (2-2). Le Milan a très nettement dominé, mais le magicien turc n’était pas à son meilleur niveau. Résultat : les possessions lombardes se multipliaient, mais étaient moins bien amenées que si son numéro 10 avait sorti une grosse prestation.

Un avenir incertain

La bromance italo-turque pourrait malheureusement se stopper dans les prochains mois. En effet, Hakan Calhanoglu est sous contrat avec le Milan jusqu’en juin 2021. Si le principal intéressé affiche ses envies de rester, les négociations rament. Les deux parties n’ont pas encore trouvé de terrain d’entente.

Gordon Stipic, l’agent du milieu milanais, se montre très gourmand. Son client touche actuellement 2,5M€ par an et il souhaiterait voir ce salaire atteindre le double. Une demande très difficile à satisfaire pour le Milan qui est en pleine reconstruction et pas encore stable financièrement. De plus, la pandémie mondiale a eu un impact économique désastreux sur les clubs de football. Preuve en est, le Milan pourrait reconduire à une baisse des salaires de ces joueurs dans les prochaines semaines. À l’heure actuelle, les dirigeants milanais proposent une prolongation de contrat jusqu’en 2024 avec un salaire annuel de 3,5M€+bonus. Avant le match contre Lille, jeudi dernier, Paolo Maldini a déclaré que « chaque semaine peut être la bonne. Les contacts existent. Nous avançons sur les différentes négociations ». Une rencontre devrait avoir lieu entre les deux parties lors de cette trêve internationale.

Il sera important pour le Milan de trouver un terrain d’entente avec l’entourage du joueur pour ne pas le voir partir libre cet été. Cette hypothèse serait un immense échec économique et surtout sportif des dirigeants lombards. Les clubs intéressés sont nombreux dont le Napoli et Manchester United. Le club italien mise sur la carte Gennaro Gattuso, actuellement entraîneur de l’équipe, qui entretient de bonnes relations avec le milieu turc. En effet, Il Rino a eu Calhanoglu sous ses ordres à Milan de 2017 à 2019. Les Mancuniens sont toujours très proches du joueur, une relation entretenue depuis l’époque Bayer Leverkusen.

Hakan Calhanoglu est au sommet de son art et a toujours montré son envie de rester à Milan. Le voir quitter le navire sonnerait comme un échec du Milan. Les semaines à venir seront cruciales concernant l’avenir de Magic Hakan.

Crédit photo : LaPresse / Icon Sport

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