[Interview] Frederik Alves (Danemark U21) : «On a peur de personne»

À 21h ce lundi soir s’affronteront le Danemark et l’Allemagne lors des quarts de finale de l’Euro U21, dont la phase finale se déroulera du 31 mai au 6 juin. L’une des deux équipes pourrait être l’adversaire des Bleuets en demi-finales, si ces derniers gagnent face aux Pays-Bas à 18h. Ce week-end, nous avons pu discuter avec Frederik Alves, joueur danois qui a déjà battu la France en phase de poules (0-1) et qui compte bien recommencer si l’opportunité se présente. Son adversaire d’un soir, Lukas Nmecha, s’est également prêté au jeu des questions-réponses. 

Frederik Alves est un défenseur central de 21 ans, qui évolue à West Ham depuis janvier 2021, où il n’a joué aucun match avec l’équipe première, se contentant de la réserve ou de matches sur le banc en Premier League. Avec les Espoirs danois, il a compté 13 minutes de temps de jeu en phase de poules contre la Russie. Entretien avec un joueur déjà mature et sûr de ses forces.

Ultimo Diez – Comment on se sent à quelques jours de jouer pour son pays dans une compétition internationale comme celle-ci ?

Frederik Alves – Je suis super fier de représenter mon pays. L’Euro, c’est la plus grosse compétition que tu peux jouer à mon âge donc je suis content d’en faire partie. Les gars, le staff, c’est une très bonne équipe et je suis content d’être à leurs côtés. On s’apprécie tous et on se soutient tous, donc il y a une très bonne ambiance.

Comment tu te prépares pour l’Euro ? 

Le truc, c’est que quand tu es un joueur de football tu as toujours besoin d’être professionnel : tu dois te reposer, dormir, manger ce qu’il faut que tu manges, aller voir le physio si ton corps en a besoin… Tu dois aussi préparer ton corps et ton mental, donc c’est tout cet ensemble que je bosse pour l’Euro.

Le premier match est contre l’Allemagne, réputée pour être une des meilleures équipes du monde, mais vous (le Danemark) avez fait de meilleurs matches que l’Allemagne lors de la phase de groupes. Comment vois-tu ce match ?

On peut gagner. On a battu la France (le 25 mars dernier en phase de groupes, 0-1, ndlr), qui est une très bonne équipe avec beaucoup de qualités. Nous aussi on a beaucoup de qualités, et je crois en cette équipe. Donc je pense qu’on peut clairement les battre. On va avoir beaucoup le ballon j’espère, et si nous on a le ballon ça risque de les frustrer. Ils ne pourront pas jouer comme ils ont l’habitude de le faire. 

«Évidemment on regarde les autres équipes, comment ils bougent avec et sans le ballon»

Votre équipe est assez jeune, et beaucoup ne sont pas très connus à travers l’Europe. Est-ce que vous pourriez être la surprise de cet Euro ?

Si on va jusqu’en finale et qu’on gagne, je ne serai pas surpris, parce qu’on a beaucoup de joueurs talentueux. Ils ne sont peut-être pas très connus mais ils sont de très bons joueurs de football individuellement. On est une équipe joueuse, on aime avoir le ballon, on n’aime pas avoir à courir après, on n’aime pas la donner. On a besoin du ballon et on profite du football. 

Lors de la phase de groupes, vous avez battu la France 1-0 alors qu’elle était favorite. Comment avez-vous vécu le match ? Est-ce que ça a été une victoire importante pour l’équipe ?

C’était une très grosse victoire, parce que leurs joueurs sont déjà très connus, ils ont énormément de qualité et leur équipe globalement aussi. Ils étaient favoris parce qu’ils sont plus connus, mais nous on savait qu’on pouvait les battre. Et ça nous a permis de finir à la première place du groupe. 

Vous pourriez à nouveau rencontrer l’Équipe de France si vous passez en demi-finales, mais elle a une équipe différente de celle de la phase de groupes. Est-ce que tu as jeté un œil aux autres sélections ? Y-a-t-il une sélection qui te fait plus peur ?

On a peur de personne. On est juste concentrés sur nous, mais évidemment on regarde les autres équipes, comment ils jouent, comment ils bougent avec et sans le ballon. On se concentre sur notre football, sur le prochain match et on ne pense pas aux autres matches ensuite, on pense à l’Allemagne d’abord et une fois qu’on les aura battus on passera au suivant. Mais ça ne sera pas facile.

Qui est le meilleur joueur de votre équipe selon toi ? 

Notre capitaine (Victor Nelsson, 22 ans), malgré son âge, il est vraiment stable et a vécu beaucoup de matches de haut niveau. On a aussi des attaquants qui sont plus expérimentés, qui ont joué au Borussia Mönchengladbach (Andreas Poulsen), à Dortmund (Bruun Larsen)… Mais tous les joueurs qui sont dans cette équipe méritent de l’être et le sont parce qu’ils apportent quelque chose de différent dans l’équipe. 

«Le style de jeu danois c’est du football offensif, avoir le ballon»

La sélection moins de 21 ans est-elle suivie au Danemark ?

Je crois qu’on est plutôt suivi oui, on voit qu’il y a des supporters et que le football compte pour eux. 

Comment se passe la formation de jeunes joueurs au Danemark ? Y-a-t-il une vision commune du style de jeu danois ? 

Le style de jeu danois c’est du football offensif, avoir le ballon, créer beaucoup d’occasions, ne pas hésiter à tirer au but, et agressif avec ou sans ballon. On veut toujours gagner. Quand on est en sélection, on suit les concepts de jeu de la sélection, et ici on les connait tous. 

Tu n’as pas beaucoup joué avec West Ham cette saison, est-ce que tu te sens prêt physiquement ? Qu’est-ce que tu attends de cet Euro ? 

Même si je n’ai pas joué avec l’équipe première, je me sens bien, je m’entraîne tous les jours, je travaille dur pour pouvoir jouer avec eux. Ce que j’espère c’est que je vais pouvoir jouer ici et montrer à West Ham qu’ils devraient plus me faire jouer avec eux. 

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Tu aurais pu jouer pour le Brésil aussi, ça te paraissait normal de choisir le Danemark ? 

Oui, je suis né et j’ai grandi au Danemark. J’ai de la famille au Brésil mais je n’ai pas joué beaucoup là-bas. J’ai passé toute ma vie ici, donc le Danemark c’est ma maison. Mais ce n’est pas facile de choisir entre deux pays. Si t’aimes les deux, c’est un choix difficile. Tu sens que tu dois représenter le pays de ton cœur, mais c’est une décision difficile. 

Tes prochains objectifs ? 

J’aimerais pouvoir faire mes débuts avec West Ham. Je bosse dur pour. C’est le seul truc que je puisse faire de toute façon… Travailler dur, montrer au coach qu’il doit me prendre en considération avant chaque match. J’espère aussi qu’on va gagner le match contre l’Allemagne, aller jusqu’en finale et gagner l’Euro.

Lukas Nmecha (Allemagne U21) : «Une opportunité de montrer combien on est forts»

En face, les Allemands aussi attendent les Danois au tournant. Lukas Nmecha est un attaquant de 22 ans, prêté à Anderlecht par Manchester City et auteur de 14 buts en 31 matches cette saison. Titulaire avec les Espoirs et l’un des joueurs les plus expérimentés de la Mannschaft, il a marqué face à la Hongrie et aux Pays-Bas en phase de groupes. Plus jeune, il avait représenté l’Angleterre en U17, U18, U19, U20 et… U21. Choisissant l’Allemagne en 2019, il avait même battu l’Angleterre pour sa première sous le maillot allemand. Quelque chose qu’il a assuré vouloir refaire lors d’une «open media interview», si cela peut lui permettre de remporter l’Euro.

Comment on se sent à quelques jours de jouer pour son pays dans une compétition internationale comme celle-ci ?

Je suis fier évidemment, on veut faire de notre mieux et individuellement je veux faire au mieux pour aider l’équipe. Je pense que c’est le sentiment de tous ceux qui sont ici, les joueurs et le staff. 

Comment vous vous préparez pour l’Euro ? 

On essaie d’avoir nos corps prêts, on essaie d’évacuer la saison qu’on a passé et d’être prêts le plus rapidement possible. On se concentre juste sur le plan de jeu, ce qu’on doit faire pour gagner, notre approche du match, on sait qu’on doit gagner. On va donner notre maximum, on croit en nos qualités, on peut facilement remporter le premier match. 

Le premier match est contre le Danemark, qui a fait meilleure impression que vous lors de la phase de groupes. Comment envisages-tu le match ?

On a peur d’aucun match, c’est juste une opportunité pour nous de montrer combien on est forts. On va affronter les meilleures équipes d’Europe de notre âge, donc si tu veux montrer que tu es le meilleur, il faut battre les meilleurs.

«Je pense qu’on part avec moins de pression cette fois-ci»

Tu connais certains joueurs du Danemark ? 

Oui, j’ai joué avec Jacob Bruun Larsen à Anderlecht, c’est un bon joueur. On a parlé de qui allait gagner ou des trucs comme ça, mais on a dit qu’on ne discuterait pas du match.

Quand on représente l’Allemagne, est-ce qu’on part avec plus de pression ? 

Je pense qu’on part avec moins de pression cette fois-ci, parce que ce n’est un secret pour personne, les autres équipes ont plus de stars. Pour l’opinion publique on ne va pas gagner ce trophée. Mais mon avis c’est qu’on a toutes les chances de gagner, comme toutes les autres équipes.

Vous pourriez à nouveau rencontrer l’Équipe de France si vous passez en demi-finales, mais qui a une équipe différente de celle de la phase de groupes. Est-ce que tu as jeté un œil aux autres sélections ? Y-a-t-il une sélection qui te fait plus peur ?

Si on a peur de l’Équipe de France, alors on doit avoir peur du Danemark, parce qu’ils les ont battu ! Mais le football, ce n’est pas comme ça. On est une équipe disciplinée, et je crois qu’on peut aller loin. C’est toujours une grosse équipe à battre, comme toutes les équipes qui sont encore là. 

Qui est le meilleur joueur de votre équipe selon toi ? 

Lors de la phase de groupes, l’un des joueurs aux meilleures performances c’était Dorsch (Niklas Dorsch, milieu de terrain de La Gantoise, ndlr), il a vraiment bien joué mais il ne pourra pas jouer le premier match avec nous à cause d’une suspension. 

Est-ce que l’équipe est suivie en Allemagne ?

Oui, je crois qu’on a un peu de supporters, on reçoit des messages, on interagit avec eux sur les réseaux.

Tu avais représenté l’Angleterre durant plusieurs années, c’était difficile de changer et de choisir l’Allemagne ? 

Je pense que c’est un truc lié au système du football des jeunes. Tous mes amis jouaient pour l’Angleterre (il jouait déjà à Manchester City, ndlr), donc j’ai joué avec eux sans trop réfléchir. Quand j’ai eu l’opportunité de jouer pour l’Allemagne, j’ai décidé de jouer ici. Je suis né à Hambourg, j’ai grandi ici… Je ne suis pas vraiment Anglais finalement. C’était plus un lien avec les gens de l’équipe qu’avec l’Angleterre, je voulais juste jouer avec mes potes. Mais je suis content de la décision que j’ai pris, je me sens comme à la maison ici. 

Merci à Frederik Alves et Lukas Nmecha pour leurs réponses, et aux fédérations danoises et allemandes pour leur disponibilité.

Crédit photo : Gonzales / Icon Sport

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