[Euro 2020] Tomas Brolin, l’étoile filante suédoise

Orpheline de Zlatan Ibrahimovic, la Suède entame son Euro 2020 ce lundi face à l’Espagne. Loin d’être favoris, les Bleus et Jaunes n’en sont pas moins ambitieux. Ils espèrent marcher dans les pas de Tomas Brolin qui, aux côtés de Kenneth Anderson et Martin Dahlin, a éclaboussé la planète football de son talent durant les années 1990. Retour sur la carrière fulgurante du génial attaquant de poche suédois.

Il se révèle aux yeux du monde le 7 avril 1990. Ce jour-là, le championnat de Suède débute par un choc entre deux des plus grosses équipes du pays : l’IFK Norrköping reçoit l’IFK Göteborg. Les locaux infligent à leurs rivaux un cinglant 6-0 et le royaume découvre un gamin de 20 ans, auteur d’un triplé pour son premier match sous ses nouvelles couleurs : Tomas Brolin. Le lendemain, le visage juvénile de l’attaquant de poche (1 mètre 76) fait la une des journaux du pays. Trente ans plus tard, au terme d’une carrière aussi courte qu’intense, l’attaquant est toujours considéré comme l’un des tous meilleurs joueurs du football suédois.

Talent précoce

Tomas Brolin n’a jamais eu de temps à perdre. Le natif d’Hudiksvall, sur les bords de la mer Baltique, n’a que 14 ans lorsqu’il fait ses premiers pas chez les professionnels au Näsvikens IK, le club local, alors en quatrième division. Des écuries plus huppées ne tardent pas à remarquer l’adolescent. Deux ans après, il signe au GIF Sundsvall, dans le nord du pays. Quelques mois plus tard, le jeune attaquant de 17 ans, découvre l’Allsvenskan, la première division du football suédois.

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Même à cet échelon, Tomas Brolin sort du lot. Capable d’évoluer sur le front de l’attaque comme au milieu du terrain, c’est dans un rôle d’attaquant de soutien, presque de meneur de jeu, que la nouvelle pépite du football suédois excelle. Le joueur affiche une technique largement au-dessus de la moyenne, tandis que on sens du jeu et sa facilité à dribbler impressionnent les observateurs. Son tempérament aussi : ses entraineurs de l’époque décrivent un garçon ambitieux, travailleur mais aussi colérique.

Campagne parmesane

Puis la météorite Tomas Brolin accélère de nouveau : un transfert au Norrköping en 1990, un triplé inaugural face à l’IFK Göteborg, sept buts en neuf matches avec sa nouvelle équipe et une cote qui franchit très vite les frontières du royaume. La nouvelle étoile du football viking illumine le championnat suédois mais le spectacle est de courte durée. Sans même avoir disputé dix matches avec Norrköping, Tomas Brolin file à Parme, promu ambitieux en Serie A, à l’orée de la saison 1990-1991. Malgré son jeune âge, l’attaquant s’intègre parfaitement au collectif parmesan. Très utilisé par Nevio Scala, son entraineur, il dispute 33 matches et marque sept buts dès sa première saison en Émilie-Romagne.

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La concurrence va ensuite s’intensifier dans le secteur offensif parmesan. Cela n’empêche pas l’attaquant suédois de prendre part à 118 matches lors de ses quatre premières saisons. Tomas Brolin joue beaucoup et enchaine les bons résultats. En 1991, le promu se classe cinquième de Serie A à la surprise générale. L’année suivant, le club glane la première Coupe d’Italie de son histoire. En 1993, Tomas Brolin mène son équipe sur la troisième marche du podium en championnat, remporte la Supercoupe d’Europe face au Milan AC et la Coupe des coupes contre le Royal Antwerp.

1992, idylle à la maison

C’est surtout avec son équipe nationale que Tomas Brolin a bâti sa légende. Incandescent avec Norrköping au printemps 1990, l’attaquant tape dans l’œil du sélectionneur. Il obtient in extremis son billet d’avion direction l’Italie, pour disputer la Coupe du monde. Si les Blagult (les Bleus et Jaunes) sont éliminés à l’issue de la phase de poule, le petit nouveau prend ses marques et est élu meilleur joueur suédois à la fin de l’année.

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Son premier coup d’éclat en sélection intervient deux ans plus tard, lors de l’Euro 1992. Devant ses supporters, Tomas Brolin forme un trio d’attaque de feu aux côtés de Kenneth Anderson et Martin Dahlin. La Suède n’est pourtant pas vernie : elle a hérité d’un groupe compliqué avec le Danemark, la France et l’Angleterre. Après un match nul 1-1 face à la France en guise d’ouverture, les Bleus et Jaunes viennent à bout du voisin danois 1-0 grâce à un but de Tomas Brolin.

Thomas Brolin au duel avec un certain Didier Deschamps, à l'Euro 1992

Thomas Brolin au duel avec un certain Didier Deschamps, à l’Euro 1992

Quelques jours plus tard, il récidive et inscrit le but de la qualification en fin de match, face à l’Angleterre. La Suède l’emporte 2-1 et termine première de son groupe. Malgré un nouveau but de sa jeune star, la Suède s’arrête en demi-finale après une défaite 3-2 face à l’Allemagne. Tomas Brolin finit co-meilleur buteur de la compétition avec trois réalisations. Il est surtout définitivement rentré dans le cœur des supporters vikings.

Le rêve américain

Pourtant, la nouvelle idole du football suédois connaitra son apogée deux ans plus tard, aux États-Unis, lors de la Coupe du monde 1994. Derrière le duo Anderson-Dahlin, Tomas Brolin mène l’attaque suédoise. Très loin de figurer parmi les favoris, la Suède s’extirpe d’un groupe composé du Brésil, de la Russie et du Cameroun. Après un huitième de finale remporté 3-1 contre l’Arabie Saoudite, la Suède affronte la Roumanie. Brolin ouvre le score mais son équipe devra attendre les tirs au but pour se qualifier.

Au tour suivant, Romario crucifie les Blagult en fin de match et envoie le Brésil en finale. Les Bleus et Jaunes trouvent tout de même la force d’infliger un sévère 4-0 à la Bulgarie de Hristo Stoitchov et montent sur la troisième marche du podium. Brolin, encore buteur, termine la compétition avec trois buts et quatre passes décisives au compteur. Au sommet de son art, il se classe quatrième du Ballon d’or en fin d’année.

Blessure tragique

L’année 1994 laisse pourtant un goût amer dans la bouche du Suédois. En novembre, Tomas Brolin se blesse gravement au pied lors d’un match de qualification pour l’Euro 1996. L’attaquant ne s’en remettra jamais. Après de longs mois de convalescence, il ne rentre plus dans les plans de son entraineur à Parme. Poussé vers la sortie, il s’engage avec Leeds en 1995. L’expérience tourne au cauchemar : l’attaquant ne joue que vingt matches avec les Peacocks et est même prêté à deux reprises au FC Zurich et à Parme.

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Écarté de la sélection suédoise, incapable de retrouver sa forme et de gagner la confiance de ses entraineurs, Tomas Brolin perd le fil de sa carrière. En Angleterre, le joueur est moqué pour des problèmes de surpoids. Après un dernière échec à Crystal Palace, il met un terme à sa carrière en 1998, dès l’âge de 28 ans. L’étoile filante est arrivée au bout de sa fulgurante course. Au moins a-t-elle laissé une trace indélébile dans les mémoires suédoises.

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