Italie : Domenico Berardi, l’heure de vérité

Depuis le début de l’Euro 2020, l’Italie est l’une des équipes qui a fait forte impression. Trois matches, trois victoires pour la Squadra Azzurra qui termine en tête de son groupe. Qualifiés pour les 1/8e de finale où ils affronteront l’Autriche ce samedi, les Italiens dégagent une impressionnante sérénité. Dans leurs rangs, un certain Domenico Berardi est au sommet de son art.

Évoluant à Sassuolo depuis 2010, Domenico Berardi s’est rapidement imposé comme l’un des cadres de cette équipe. Dans cette modeste équipe d’Emilie-Romagne, le numéro 25 n’a pas tardé à séduire les amoureux du football italien. Il devient l’attraction de Sassuolo et attire les convoitises. Si bien qu’il va s’engager avec la Juventus Turin en 2013, club avec lequel il ne jouera aucun match, prêté durant deux ans à Sassuolo qui le «rachètera» en 2015.

Berardi est annoncé comme le futur du football italien. Néanmoins, il peine à franchir ce fameux cap et va connaitre une période très difficile. Berardi porte alors Sassuolo sur ses épaules et les attentes le concernant sont nombreuses. Une pression difficile à supporter, l’exercice 2017-2018 en est l’exemple parfait. Le Neroverde est méconnaissable, ses prestations très décevantes, le tout couronné d’un état d’esprit déplorable. Lors de cette saison, Domenico Berardi n’inscrira que 5 buts en 33 matches.

De Zerbi le mentor

C’est alors qu’à l’été 2018, Roberto De Zerbi débarque à Sassuolo. Très vite, le tacticien italien va métamorphoser cette équipe. Sous la houlette de l’ancien entraîneur de Benevento, les Neroverdi vont développer un football très offensif, basé sur la possession et la percussion. Avec son 4-3-3 parfaitement huilé, De Zerbi fait de Sassuolo l’une des équipes les plus séduisantes du championnat. Des joueurs comme Locatelli, Boga, Obiang ou encore Djuricic vont être recrutés par l’entraîneur italien et vont ainsi exploser sous ses ordres.

À LIRE AUSSI – «Et là, c’est comme un volcan» : cinq ans après, les Portugais de France se souviennent de l’Euro 2016

Positionné sur l’aile droite, Domenico Berardi s’acclimate parfaitement aux nouvelles exigences de son entraîneur. Le style de jeu prôné par De Zerbi est en totale congrégation avec les qualités du numéro 25. Supérieur techniquement, l’ailier italien devient le chef d’orchestre de Sassuolo. C’est lui qui donne le rythme aux offensives de son équipe, Berardi se montre à l’aise aussi bien sur des longues séquences de possession face à un bloc bas ou lorsqu’il faut se projeter rapidement.

L’international Italien retrouve ses sensations dans un collectif qui le met dans les meilleures conditions. Point non-négligeable, l’apport de De Zerbi se situe aussi au niveau de la mentalité. Il fait très vite comprendre aux attaquants de faire les efforts défensifs et d’opérer un pressing sur les premières relances adverses. Naturellement, Berardi ne déroge pas à la règle. Roberto De Zerbi est parvenu à faire de Berardi un véritable leader certes au niveau technique, mais surtout au niveau mental.

Cette saison est sans aucun doute la plus aboutie de sa carrière pour Domenico. L’international Italien enchaîne les grosses performances et seules les blessures semblent pouvoir l’arrêter (trois blessures lui ont fait manquer 12 matches cette saison). Cette équipe de Sassuolo est au sommet de son art, son chef d’orchestre aussi. Berardi termine l’exercice 2020-2021 avec 17 buts en 30 matches joués, son plus gros total en carrière.

Sans trop de surprises, Berardi fait parti du groupe de Roberto Mancini pour l’Euro. Il est au sommet de sa carrière comme l’affirmait justement De Zerbi en avril dernier : «Berardi est notre fuoriclasse. Il a atteint un niveau de conviction et une prise de conscience qui font pencher la balance à chaque match. Il peut jouer dans n’importe quelle équipe.»

L’Euro comme cerise sur le gâteau

À 26 ans, Domenico Berardi arrive à un âge charnière. Quoi de mieux qu’un championnat d’Europe pour confirmer l’étendue de ses qualités. Au sein de cette Italie, la concurrence est importante en particulier au poste d’ailier droit. Berardi doit faire face à deux Turinois: Federico Bernardeschi et Federico Chiesa. Si le premier semble partir dernier dans la hiérarchie, le second Federico sort d’une saison exceptionnelle. Performant en club et avec la tunique azzurra, Chiesa partait avec un léger avantage.

Mais Roberto Mancini va vite revoir ses plans avant le début de la compétition. Intéressant lors du match de préparation contre la République Tchèque (4-0), Domenico Berardi va convaincre le sélectionneur italien. Si bien que ce dernier va le titulariser lors du match d’ouverture contre la Turquie (3-0). Une rencontre durant laquelle Berardi va être l’italien le plus menaçant. Dans son couloir droit, il ne cesse de créer des différences. Numéro 11 dans le dos, le natif de Cariati va même indirectement ouvrir le score. Il adresse à un centre de destination d’Immobile, mais c’est le défenseur turc Demiral qui envoie le ballon directement dans son propre but.

Domenico Berardi séduit les Italiens et va ainsi être de nouveau titularisé pour le deuxième match contre la Suisse (3-0). Encore une fois, l’ailier de 26 ans délivre une belle copie. Face à une sélection Helvète qui joue beaucoup plus haut que la Turquie, Berardi démontre aussi qu’il est capable d’être dangereux en transition rapide. Preuve avec cette action 100 % Sassuolo sur le but de Locatelli. Après la rencontre, Domenico Berardi déclare : «Je suis très certainement dans la meilleure forme de ma carrière. J’en suis très fier, car j’ai beaucoup progressé». Qualifiée pour les 1/8e de finale, l’Italie opérera à un léger turnover lors du match contre les Pays de Galles (1-0) et le numéro 11 italien ne disputera aucune minute lors de ce troisième match de poule.

Chiesa ou Berardi, Roberto Mancini doit faire face à un dilemme de riche. Deux profils assez différents : Chiesa est un joueur plus explosif, Berardi beaucoup plus fin techniquement. Face à des blocs bas et lorsque la Nazionale a la possession, l’ailier de Sassuolo est le profil le plus adapté au contraire d’un Chiesa qui préfère les transitions rapides. La Nazionale est une équipe caméléon, aussi bien capable d’avoir la possession que de procéder en contre-attaque. Et après cette phase de poule, c’est bien Berardi qui a convaincu Roberto Mancini.

Le grand saut

Après plus de dix saisons à Sassuolo, il semblerait que Berardi n’ait plus rien à prouver en Émilie-Romagne. Âgé de 26 ans, l’ailier italien arrive à un âge charnière et doit passer la vitesse supérieure. Avec le départ de De Zerbi et les très probables de Locatelli, Boga, les Neroverdi marquent la fin d’une ère. Un exercice 2020-2021 sensationnel, un championnat d’Europe (pour le moment) qui enivre les Italiens, c’est le moment idyllique pour Berardi de faire le grand saut. Sous contrat jusqu’en 2024, il n’a pas encore exprimé publiquement sa volonté de partir. Néanmoins, les clubs intéressés sont toujours nombreux pour le meilleur buteur de l’histoire de Sassuolo.

La Juve a toujours été proche, mais dispose de deux forts potentiels à son poste (Chiesa et Kulusevski). L’Inter Milan, club dont Berardi est tifoso, s’est retirée de la course ses dernières semaines et Simone Inzaghi ne serait pas convaincu par son profil. Reste l’AC Milan, sans aucun doute le club transalpin le plus proche du joueur. Les dirigeants lombards sont très intéressés par un ailier, mais les exigences de 50 millions d’euros de Sassuolo sont venues refroidir les négociations.

À LIRE AUSSI – Glen Kamara, le milieu finlandais de tous les combats

L’Angleterre a toujours un œil sur l’Italie et Berardi ne laisse pas insensible les grosses écuries de Premier League. Arsenal, Manchester United, Manchester City ou encore Tottenham. Le club londonien pourrait prendre de l’avance sur le dossier grâce à Paratici qui est le nouveau directeur sportif des Spurs. Ce dernier a été pendant plus de dix ans le DS de la Juve, et c’est notamment lui qui avait fait signer Berardi en 2013. Aux dernières nouvelles, c’est Liverpool qui a montré un fort intérêt pour l’ailier de Sassuolo.

Tant de rumeurs, mais encore rien de concret. Il faudra attendre la fin de l’Euro pour avoir de véritables informations concernant l’avenir de Domenico Berardi. Si l’ailier de 26 ans se montre aussi performant en phase élimination que lors des poules, alors tout pourrait s’accélérer dans les négociations.

Credit photo : ActionPlus / Icon Sport

0