Golgoth : nom masculin. Se dit d’une personne relativement impressionnante et imposante de par sa taille et sa masse musculaire. Exemple : Cristiano Ronaldo perd le ballon mais ce golgoth de William Carvalho le récupère pour le Portugal. Car oui, à 1m87 pour 87 kilos, on est plutôt impressionnant sur un terrain de foot. Encore plus quand on les ratisse de part et d’autre pour devenir un des meilleurs milieux de terrain défensifs d’Europe. L’histoire d’un garçon issu d’une famille de footeux et qui est déjà entré dans la légende de son pays adoptif.
C’est à Luanda, capitale de l’Angola, que William Silva de Carvalho naît le 7 avril 1992. Sa famille n’exclut alors pas qu’il joue au football plus tard. Après tout, son grand-père, Praia, et son oncle, Alfonso, l’ont fait pour le club local de Sambizanga, quartier de naissance de William Carvalho. Le petit émigre à Lisbonne à l’âge de deux ans. Il commence à jouer au foot comme tous les gamins : avec des cailloux qui font les buts et un qui sert de ballon. Il s’imagine avec un maillot d’Arsenal, adressant une passe décisive à Thierry Henry, son idole de jeunesse.
William évolue dans des clubs mineurs avant l’adolescence et son talent ne passe pas inaperçu. Un choix s’impose alors : Benfica ou le Sporting ? Pour son père, grand supporter des Lions du Sporting, cela ne fait aucun doute. William a 13 ans quand un responsable du club le rencontre et lui demande qui est son joueur préféré. Il répond Nani. Moins d’une heure plus tard, Nani l’appelle et lui dit de signer au Sporting. Plutôt convaincant. C’est alors le début d’une histoire d’amour qui fera de William Carvalho un adulte.
Élu espoir du mois à 6 reprises
Mais il n’est pas prêt. A l’été 2011, William a 19 ans et le Sporting le prête au Centro Desportivo de Fátima, en D3 portugaise. Pas prêt à ce point ? Non non, on le sort de là en janvier 2012 et on l’envoie au Cercle Bruges. Le club joue alors les premiers rôles en Belgique et William Carvalho va y briller pendant 18 mois, se faisant un nom au pays plat. Paradoxalement, Bruges va connaître une période sombre d’un an et demi : deux entraîneurs virés, un maintien obtenu de justesse et une finale de coupe perdue.
Après 52 matchs avec le club belge, William Carvalho rentre au pays. Son pays. Il est immédiatement titularisé par un certain Leonardo Jardim au Sporting Portugal. Et pour sa première saison à la maison, les récompenses pleuvent : élu espoir du mois en Primeira Liga à 6 (!) reprises, joueur du mois 4 fois, révélation de la saison et footballeur de l’année par ses supporters. William détruit tout sur son passage. Il en profite pour être appelé en sélection et ne plus jamais la quitter (40 capes au compteur) après être passé par toutes les équipes de jeunes. Ce n’est pas un bon joueur que possède le Sporting, c’est un phénomène.
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Un leader silencieux
Nous parlons ici d’un milieu défensif extrêmement puissant, imprenable dans les duels. Excellent récupérateur, il adore être positionné seul devant la défense pour faire le ménage. Un grand bonhomme dont les qualités athlétiques et le volume de jeu sont bien au-dessus de la moyenne. S’il n’a pas une bonne pointe de vitesse, sa lecture du jeu lui permet de couvrir ses coéquipiers. Sa maîtrise balle au pied n’est pas celle d’un João Moutinho, mais il est loin d’être un peintre. Sa personnalité, calme et posée, fait de lui un leader silencieux. Après le départ d’Adrien pour Leicester l’été dernier, celui qu’on surnomme le Tank est nommé capitaine du club par Jorge Jesus. A 25 ans. L’aboutissement d’un excellent parcours qui continue à se dessiner.
Indiscutable en sélection
Un parcours qui ne garnit pas pour autant son armoire à trophées, avec pour seul titre la Coupe du Portugal remportée en 2015. La faute à l’hégémonie d’un Benfica qui ne laisse rien traîner. Même si finir deux fois deuxième (et donc devant Porto) en quatre ans représente un petit exploit, c’est avec la sélection que William connaît ses plus belles heures. Il aime le championnat d’Europe. Déjà, en 2015, il va en finale de l’Euro Espoirs avec la génération dorée des Raphaël Guerreiro, Bernardo Silva et João Mario. Il est même élu meilleur joueur. La finale perdue aux tirs au but face à la Suède laisse un goût amer, mais la revanche de William ne saurait tarder.
L’Euro 2016 se profile. Ça y est, on y est, premier match contre l’Islande et William… est sur le banc. Fernando Santos lui préfère son équivalent du FC Porto, Danilo. Le sélectionneur change d’avis au match suivant et il ne rechangera plus. William dispute l’intégralité des rencontres jusqu’à la fin du tournoi (hormis la demi-finale car suspendu). Indispensable, il gratte un nombre incalculable de ballons. Le sportinguista domine l’entrejeu durant tout l’Euro pour devenir champion d’Europe. Avec le Portugal. Son pays adoptif. Son pays tout court. Depuis, William a verrouillé sa place, aussi indiscutable qu’un Rui Patricio ou un Pepe. Comme les 22 autres à avoir remporté l’Euro 2016 pour le Portugal, il est fait commandant de l’Ordre du Mérite par le Président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa.
Aujourd’hui, William est le patron de l’équipe deuxième du championnat portugais (à 4 points de Porto). Enfin un titre de champion ? Peut-être. Avant une aventure dans un grand club étranger ? Possible. Les rumeurs se sont fait pesantes ces derniers temps. Le Paris Saint-Germain l’aurait particulièrement dans le viseur pour remplacer Thiago Motta. Il faudra y mettre le prix, mais nul doute que William se montrera à la hauteur du club qui fera appel à lui. A moins qu’il ne fasse l’intégralité de sa carrière au Sporting Portugal. Qu’importe, il peut partir demain, il restera comme l’une des grandes figures du Sporting des années 2010. Il est déjà un symbole du grand Portugal. Le Portugal vainqueur.
Crédit photo : Pedro Fiúza/NurPhoto