L’Atlético de Madrid est connu, depuis l’arrivée de Diego Simeone, pour sa défense de fer. Une défense presque imperméable, capable de résister face à la tempête, en faisant face. Pour accompagner ce rempart-là, qui est peut-être le plus important du système du technicien argentin, un élément s’avère être essentiel. Et ce n’est ni plus ni moins qu’un gardien. Un excellent gardien. Depuis 2011, de beaux noms sont passés chez les colchoneros, entre Thibault Courtois et David De Gea. Mais celui qui impressionne le plus est peut-être le dernier à avoir posé ses valises dans la capitale espagnole : Jan Oblak.
Avant de prendre ses quartiers en terres madrilènes, il avait déjà quitté Ljubjana pour la péninsule ibérique. Et c’est d’abord le Benfica Lisbonne qui l’a attiré. Pourtant, il n’a jamais vraiment joué pour eux. Surtout prêté aux quatre coins du pays, il a brillé ailleurs. Avant de partir plus à l’est. Et pour la modique somme de 16 millions d’euros, Jan Oblak est devenu en 2014, le gardien le plus cher de l’histoire de la Liga. Depuis, tous s’accordent à dire que ça en valait largement la peine.
Les semaines, les mois et les saisons passent et le Slovène n’en finit plus d’impressionner. Sa progression ne s’arrête jamais. Du haut de ses 25 ans et de son mètre 89, il habite les cages. Il en a fait son territoire. Au point de dicter sa loi. Même si, comme tous, il n’est pas infaillible, il reste impossible de ne pas tomber sous son charme. Et ses coéquipiers les premiers, car depuis 2014, en 109 matchs, il a d’ores et déjà sauvé ces derniers bon nombre de fois.
Le dernier récital en date n’était autre que jeudi dernier, à l’Emirates Stadium. Dans une configuration qui pour beaucoup semble horrible mais qui pour les colchoneros, correspond à leur ADN. Un ADN fait de souffrance, de résistance, d’union et de combat. Quand à la dixième minute, Šime Vrsaljko est expulsé après son dernier carton jaune, les Madrilènes se retrouvent acculés dans leur moitié de terrain. Leur surface assiégée par les joueurs d’Arsenal. Et c’est à ce moment-là que le show Oblak a commencé. C’était lui contre le reste du monde. Il a seulement craqué sur une tête à bout portant de Lacazette. Finalement, si les hommes de Simeone repartent de Londres encore en vie, c’est grâce à leur portier.
Pourtant, ce genre de performances n’est pas unique pour lui. Il en est même, au fil de ses années madrilènes, devenu un habitué. Lors ce qu’il encaissa seulement 18 buts sur une saison, cela n’avait rien anodin, bien qu’aidé par le quatuor faisant la garde devant lui. Cela n’entache en rien ses performances hors du commun. Des envolées hallucinantes pour aller chercher des ballons se dirigeant vers la lucarne ou de la main ferme qui est bien là aussi, il a la panoplie du grand gardien, puisqu’il a même les pieds habiles.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le Slovène attire les regards des plus grands clubs d’Europe. Beaucoup ont le désir de l’enrôler, et même de payer le prix fort. Malgré tout, le coach argentin s’interpose entre cela et le portier. Lui qui est lié au club jusqu’en 2021 ne communique pas. Alors l’histoire entre les deux parties pourrait bien continuer encore un moment.
Encore un moment à se sacrifier pour aider un club unique en son genre qui va jouer une nouvelle fois la Ligue des Champions la saison prochaine. À se sacrifier pour emmener son club à Lyon, pour une énième finale. Se sacrifier pour ensuite tirer les éloges de tous ses coéquipiers mais aussi ses adverses qui ne peuvent que constater les frasques de leur adversaire qui semble infranchissable. Et cette tendance n’est vraisemblablement par prête de changer. La courbe n’est pas prête de s’inverser car on le sait, les gardiens se s’améliorent en vieillissant. Ils grandissent, s’aguerrissent, apprennent des erreurs du passé et deviennent de plus en plus intransigeant pour les plus talentueux d’entre eux. Comme un bon vin, ils se bonifient avec le temps.
À un poste où les erreurs ne se sont que rarement permises. À un poste où tout peut rapidement basculer, sous les regardes de supporters, des spectateurs qui retiennent leur souffle au moment d’un face un face qui ne dure pourtant qu’une fraction de seconde. Sous la lumière du stade où le gardien peut sauver son équipe, peut faire gagner un match ou ne pas le faire perdre. Un poste unique en son genre défini par la solitude face aux attaquants et leurs joutes enragés. Un poste où le Slovène excelle comme peu le font actuellement. Et cela est précieux pour un Atlético de Madrid qui, quand il souffre face aux adversaires, a diablement besoin de ce dernier homme, capable d’être décisif.
Finalement, le gardien est celui qui est le plus jugé, pour ses gestes. Une véritable intransigeance est liée à ce statut de dernier rempart. Jan Oblak, quant à lui, réalise parfaitement cela. Telle une muraille il empêche les adverses, ceux qui s’approchent trop près de vaincre les siens. Preuve en est le match de jeudi dernier où il a brillé de mille feux, rendant fous les Londoniens qui n’ont jamais pu totalement en venir à bout. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Ce soir-là il a merveilleusement bien représenté sa profession qui est unique en son genre au moment où l’on vient à évoquer le football. Le gardien, seul, face aux autres joueurs, isolé, entre lui et le ballon. Et lors de ce duel épique, c’est souvent Oblak qui l’emporte. Sans trembler.
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