Le PSG a entamé ce mercato d’été dans le but de se renforcer à des postes où il avait senti des besoins primaires pour atteindre ses objectifs. Le 31 août passé, on est en droit de se demander si la tâche a été réussie.
Le Fair-Play Financier, contexte annoncé d’un mercato compliqué
Pourtant tout avait bien commencé. L’ère Emery terminée, le club avait rapidement trouvé son remplaçant. Intronisé le 14 mai, Thomas Tuchel avait ainsi le temps de souligner ses besoins auprès de la direction sportive. Mais le PSG (comme tous les clubs en réalité) vit dans le contexte du Fair-Play Financier. L’enquête sur la fin de l’exercice 2016-2017 a contraint le club à se concentrer dans un premier temps sur les ventes afin d’équilibrer les comptes. C’est une partie du travail qu’a bien réalisé Antero Henrique avec les ventes entre autres de Pastore et Berchiche.
C’est sur le plan des arrivées que le bât blesse. Et c’est d’ailleurs devenu une habitude pour le PSG de QSI. Depuis le départ de Leonardo, le club de la capitale a eu 3 hommes en charge de son sportif et aucun n’a jamais vraiment apporté satisfaction. Henrique ne déroge pas à la règle. Alors que le club se savait limité dans le cadre du FPF, quel était l’intérêt de se positionner sur des dossiers comme Kanté, Pogba ou Milinković-Savić ? Et surtout pourquoi ne pas attaquer des pistes moins onéreuses (Nzonzi, Torreira, Seri, Lobotka pour le milieu et Wendell, Max pour le latéral gauche) mais qui au vu de secteurs délabrés allaient forcément apporter une plue-value face aux membres présents au club. De plus, quand des joueurs de grande qualité se sont intéressés au PSG (Boateng, Felipe Luis), le club a joué la montre, tenter d’entrer dans des rapports de force dont il ne détenait en aucun cas les clés.
Henrique a souvent semblé être incapable de trouver les pièces pour répondre aux demandes de Tuchel. Il a aussi amené des pistes farfelues qui émettent à se poser des questions sur sa capacité à former un effectif de top niveau européen. Il est loin d’être le seul fautif, mais il va à raison cristalliser bon nombre de critiques. Il a échoué dans la recherche de ses pistes numéro un (Kanté, Alex Sandro). Les limites imposées par le respect du FPF, n’expliquent par contre pas pourquoi le club n’a pas gardé en main des pistes de repli. En deux ans, le PSG a perdu Motta, Maxwell et Matuidi et aucun n’a été remplacé de manière intéressante.
Un an après avoir tenté de produire du café pour toute l’Europe, la Ville Lumière est au milieu d’un paradoxe plein concernant son pari de l’an dernier. Le club a en sa possession deux des talents les plus différenciants au monde mais pour gagner la Ligue des champions, ce n’est pas un critère suffisant. Les derniers vainqueurs se sont tous caractérisés par un entrejeu de niveau très élevé pour imposer leur idée et par une capacité chronique à faire peu d’erreurs, à donner peu de cadeaux. Tout ceci, ce n’est pas le Paris Saint-Germain.
Tout n’est pas noir. Tuchel a toujours un effectif de grande qualité entre ses mains. Paris lui a toujours une colonne vertébrale de haut niveau mais les vertèbres ne prennent pas forme. En terme de qualité, Paris est bloqué. Au milieu demeurent des trous. Pour un coach dont l’idée passe par le jeu de position, l’entraîneur allemand va devoir se creuser les méninges pour former son entrejeu. Avec Motta, le milieu parisien affichait déjà ses limites face aux titans européens. Mais sans lui, le PSG a montré l’an dernier toute la difficulté qu’il avait pour faire parvenir le ballon dans de bonnes conditions à son étoile brésilienne. Tuchel se retrouve face à un chantier monstrueux avec une matière première à manquer. Les premiers matchs de Ligue 1, qui plus est, sans Verratti. Devant cette pénurie, prêter Lo Celso (à un club peu susceptible d’être capable de payer son option d’achat) alors que l’équipe ne dispose d’aucun remplaçant n’a aucun sens. Cela donne presque l’impression d’une fleur faite au joueur mais en total désaccord avec les objectifs du club. Une fleur qui dans un sens rappelle que Rabiot, malgré des discussions qui durent depuis deux ans, est toujours capable de signer sans indemnités de transfert avec un autre club à partir de janvier.
Un recrutement loin des valeurs attendues
Finalement, le technicien se retrouve avec un effectif moins dense que celui de son prédécesseur, en année de post Coupe du monde et avec la moitié de ses recrues qui sont arrivées le 31 août. C’est une chose d’échouer dans sa tâche de progression, c’en est une autre d’échouer alors que le championnat a débuté depuis un mois et que la saison de Ligue des champions débute après seulement deux semaines de travail au complet. On en est à se demander comment le club a préparé le mercato. Jusqu’à début août, il est fait état d’un intérêt concernant Kanté (était-ce le joueur le plus à même de répondre aux soucis de l’équipe ?). Mais la piste Lobotka n’a apparemment été réactivée qu’en toute fin de la période des transferts, pour se terminer sur un échec le dernier jour sans possibilité de piste de repli. Devant le peu de solutions qui se profilent pour le technicien allemand au milieu, la meilleure recrue du PSG pourrait au final se nommer Daniel Alves.
Le seul pas en avant qu’a fait le PSG réside au poste de gardien avec l’arrivée de Buffon. Mais même cette arrivée est un compromis. À 40 ans, Buffon n’est plus l’une des référence à son poste et la différence se fait de plus en plus sentir. Surtout que le portier italien a évolué toute sa carrière avec une défense basse alors que le PSG semble avoir pour but de dominer le ballon dans le camp adverse. Cela reste un pas en avant devant le peu de garanties qu’offrent les gardiens du PSG malgré la satisfaisante deuxième partie de saison d’Aréola.
Bernat, Kehrer et Choupo-Moting peuvent rendre de vrais services au club parisien même s’ils sont loin des attentes des suiveurs et du staff. En effet, au vu des soucis de Kurzawa (qui va subir une opération du dos), Bernat apparaît déjà comme tout disposé à devenir un titulaire inamovible. Et ce malgré deux dernières saisons presque blanches. Kehrer répond à un besoin de quatrième défenseur central qu’avait le PSG depuis le départ de David Luiz il y a deux ans. Et avec la solution Nsoki (qui joue sur le côté gauche pour l’instant), Paris dispose de cinq centraux de niveau professionnel, de quoi permettre à Tuchel de basculer à souhait entre défense à quatre et à trois. On peut tout de même se demander pourquoi le club a mis la majeure partie de ses dépenses dans le défenseur allemand. Si le PSG a fini le mercato aussi près de ses deniers, c’est aussi parce qu’il a mis 37 millions d’euros sur un quatrième défenseur central (défenseur polyvalent) alors que ses deux priorités de l’été n’étaient pas comblées. Enfin, Choupo-Moting tiendra un rôle d’utilité offensive pour faire souffler Cavani et offrir ses qualités sur les duels aériens.
Ce seront des joueurs utiles mais aucun n’apporte des qualités qui permettent au club de la Ville Lumière d’améliorer sensiblement son niveau de fiabilité au plus haut niveau. Aucun ne répond aux problématiques qui bloquent les rêves de succès européen de QSI. Et le PSG a déjà loupé des opportunités de casser son plafond de verre. Entre le sabordage collectif face à City et l’incapacité à passer des géants espagnols pourtant malades ces deux dernières années, ce recrutement marque encore un recul. En effet, pendant ce temps, l’Atletico dispose de l’effectif le plus dense en talent de l’ère Simeone, le Barça a ajouté nombres de talents offensifs, la Juventus a recruté Mr Ligue des champions alors que les clubs anglais continuent leurs retours sur l’échiquier européen.
Une gestion des jeunes améliorée
Si l’on doit regarder le bon côté des choses, le club a pour une fois perdu très peu de jeunes intéressants en fin de contrat. Seul Claudio Gomes a rejoint City, tous les autres ont ou vont prolonger l’aventure avec le club de la capitale. La place que veut donner le PSG à ses jeunes pousses demeure une interrogation mais la qualité de sa formation peut apparaître comme un atout pour l’avenir. Former des jeunes qui ont le niveau pour pallier à des absences en Ligue 1 peut toujours servir. Comment jugerait-on le début de saison de Paris si Nsoki ou Dagba n’étaient pas capable de résoudre les soucis de latéraux du club ? Si ces joueurs n’ont finalement pas leur chance avec l’équipe première ce sont des ventes qui peuvent donner de l’air économiquement au club comme celles d’Augustin l’an dernier (presque titulaire régulier à Leipzig) et Edouard (qui a une chance de remplacer Dembélé à la tête de l’attaque du Celtic).
Comme en 2016, le PSG semble être passé à côté de la période du mercato. Comme depuis le départ de Leonardo, les parisiens ont manqué l’opportunité de combler ses manques pour s’affirmer tel un réel favori à la Ligue des champions, son ambition ultime. Un comble pour une équipe qui sort d’un mercato dit “d’opportunité ultime”. Encore une fois son principal axe de progression passera presque seulement par le travail de son entraîneur. Tuchel aura la lourde tâche de réparer les mécanismes manquant au club pour apparaître comme compétitif une fois les soirées du printemps arrivé. Un nouveau processus est en marche mais il ne faudra pas oublier qu’en cas d’échec des regards pourront de nouveau se tourner vers la direction. Même si le PSG se veut être un club dirigé différemment, la réalité du terrain pourrait demeurer la même.
Crédit Photo : Franck Fife / AFP.