Pour la quatrième saison de suite, le FC Barcelone ne sentira pas l’odeur d’une finale de coupe d’Europe. La faute a une défaite 4-0 à Anfield face à Liverpool. Après l’échec cuisant à Rome en Avril 2018, les Blaugranas renouent avec les démons de la saison dernière. Deux remontadas en un an et le sentiment que le Barça n’est plus le club que l’on a connu. Au-delà des résultats, c’est la manière et l’attitude qui interpellent. Longtemps reconnu comme étant le modèle d’exigence en Europe, il voit cette étiquette disparaitre saison après saison.
Défaite d’une institution.
Barcelone rime avec beau jeu et exigence. Que ce soit pour les adversaires, amateurs ou spécialistes, le FCB représente ce qui se fait de mieux en termes de football pratiqué. Mais cette idée n’a rien . Cette saison 2018-2019 est le parfait symbole d’un FC Barcelone qui ne ressemble en rien à l’équipe qui a fait rêver tant de monde ces dernières décennies. Le club continue de gagner des trophées sur la scène nationale sans trop forcer et pourtant, on a toujours l’impression qu’il manque quelque chose. Les sorties des Blaugranas ne sont plus attendues comme ça pouvait être le cas sous Guardiola ou époque MSN. Le jeu proposé est de plus en plus minimaliste et l’approche tend vers la frilosité. Trop de fois le Barça a été mis en difficulté par des équipes de seconde zone et s’en est remis à un exploit de Messi. Si Luis Enrique était un pragmatique déclaré et n’a pas hésite à renier certains principes de jeu pour tirer le maximum de son effectif, Ernesto Valverde a quant à lui imposé un football austère.
L’ancien entraineur de l’Athletic Bilbao est bien la première personne à blâmer. Le football qu’il propose depuis deux ans n’a rien de flamboyant. Le fameux football d’épicier qui permet à des équipes comme Huesca ou Leganés de croire à un potentiel exploit quand ils se déplacent au Nou Camp. Sa recherche perpétuelle d’équilibre, sa frilosité mais surtout le peu de personnalité qu’il influe à son équipe rend son Barça très moribond. Les victoires s’accumulent mais cette équipe dégage aucune sérénité ni maitrise de son sujet. Ce sentiment de supériorité qui faisait la force du FCB disparait année après année. Bien que très bon gestionnaire d’égos, Valverde a en contrepartie rendu ses joueurs antipathiques.
Ces derniers sont tout autant responsables que leur entraineur. Eux les premiers acceptent ce football d’épicier. Les sénateurs ont pris goût au travail du Basque. Busquets et Jordi Alba notamment apprécient grandement leur entraineur. Ce dernier n’a pas hésite à expliquer en zone mixte qu’il n’y avait pas qu’une seule manière de bien jouer et que le Barça était dans le vrai. Bizarrement, les deux se contentent trop souvent du minimum sur le terrain et représentent parfaitement la médiocrité installée depuis un moment. Voir Busquets élément moteur du Barça de Guardiola se contenter de si peu est surprenant. Lui, l’esthète du football se retrouve à gagner en jouant mal. Quand le syndrome de Stockholm est poussé à son paroxysme. Les autres protagonistes ne sont pas en reste. Luis Suarez est sur courant alternatif depuis bien trop longtemps en Ligue des Champions, Rakitić est aussi important qu’un ectoplasme, le binôme Sergi Roberto/Semedo n’apporte aucune garantie et les recrues ne sont absolument pas au niveau pour disputer de très grandes échéances.
Du changement pour l’été
Loin d’être irréprochable, la direction Blaugrana a accéléré le nivellement vers le bas dont est victime le club. Par des choix, des actions qui ont propulsé le Barça dans la médiocrité. Avoir conforté Valverde après la remontada à Rome laissait prévoir que cette direction se contentait de très peu. Au-delà du résultat, c’est la manière qui aurait dû interpeller. Ce groupe ne dégage plus une mentalité de champion. Cette envie de conquérir qui fait la renommée de Barcelone. La motivation de remporter des titres a disparu avec le temps. Et Valverde n’a pas su remettre de l’essence dans la machine. Son seul fait d’arme est d’avoir fait croire que son football peureux était légitime. La direction comme les joueurs y ont pris goût au point de perdre une quelconque objectivité concernent leurs propres performances.
Le cas le plus représentatif reste celui de Phillipe Coutinho. Le Brésilien acheté pour 160 millions d’euros (bonus compris) n’a toujours pas fait son trou à Barcelone. Après dix-huit mois au club, l’ancien joueur de Liverpool alterne entre le médiocre et le mauvais. Son placement sur le côté gauche de l’attaque fait de lui un joueur monotone et très prévisible. Ses performances sont insuffisantes et pourtant, lui pense être dans le vrai. Sa célébration lors du match face à Manchester United symbolise le mal profond qui végète dans ce groupe. Tel Memphis, Coutinho s’est amusé à se boucher les oreilles en guise de réponses aux nombreuses critiques dont il est victime depuis plusieurs semaines. S’il y a bien un joueur qui a été épargné malgré des performances décevantes, c’est bien lui. Et pourtant, cela ne l’a pas empêché à la moindre opportunité d’envoyer balader ses détracteurs.
Maintenant après ce nouvel échec, de nombreuses questions vont se poser. La direction va devoir prendre des grandes décisions. Valverde devrait être le premier fusible à sauter. Mais le mal est profond, certains joueurs vont devoir subir un véritable lavage de cerveau pour repartir sur de meilleures bases. Retrouver une mentalité conquérante et ne pas être seulement dépendant des exploits de Messi. Retrouver une identité de jeu forte, cela ne veut pas forcement dire signer un disciple de Pep Guardiola mais un entraineur qui voudra des résultats via le jeu. Le renouveau passera par une direction fiable qui saura prendre les bonnes décisions rapidement. Voir le Barça signer Murillo et Prince Boateng lors du mercato hivernal n’avait aucun sens. Ce manque d’idées et de réaction a trop longtemps pénalisé le club. Et surtout quid de l’effectif. Ousmane Dembele et Phillipe Coutinho ont bien trop représenté la médiocrité installée du côté de Barcelone. Les deux pourraient être les premiers à être vendu pour remettre à flot les caisses. Pas au niveau espéré, ils devraient voir ailleurs très rapidement sous peine de voir leurs cotes baisser.
Tout n’est que supposition, n’oublions pas que cette direction a eu le panache de conserver Valverde l’an dernier dans la même situation et que les joueurs ont vite oublié la déconvenue Romaine.
Crédits photos : Oli SCARFF / AFP