En cas de victoire ce dimanche 24 novembre face à Montpellier, l’AS Saint-Étienne peut monter provisoirement sur le podium. Une situation difficilement imaginable il y a deux mois quand les Verts pointaient à la 19ème place. Chronique d’une saison déjà rocambolesque pour le club stéphanois.
Le podium en ligne de mire. Ce dimanche 24 novembre, l’AS Saint-Étienne reçoit Montpellier à l’occasion de la 14ème journée de Ligue 1. Actuellement 4èmes avec 21 points, les Verts peuvent provisoirement passer 3èmes en cas de victoire face aux hommes de Michel Der Zakarian. Une opportunité inespérée au regard du début d’exercice 2019-2020 catastrophique vécu par l’équipe. Mais aussi le symbole d’une saison d’ores et déjà rocambolesque du côté de Geoffroy Guichard… et qui n’a peut-être pas encore livré toutes ses surprises.
Fin septembre, il fallait avoir bien du courage pour oser parier que Stéphane Ruffier et ses coéquipiers se retrouveraient sur le podium à mi-course. Aujourd’hui, à cinq journées de la fin de la phase aller, l’idée n’a plus rien de saugrenu. Il y a deux mois pourtant, Saint-Étienne s’enfonçait dans la crise. Au niveau des résultats d’abord : les Verts se font gifler 4-1 à Angers le 22 septembre avant d’être battus 0-1 à domicile par Metz trois jours plus tard. Une défaite synonyme de cinquième revers en sept journées de championnat. À ce moment-là, les hommes de Ghislain Printant pointent à la 19ème place du classement.
Un été en enfer
Plus grave encore, l’absence de révolte de la part des joueurs et la pauvreté du jeu déployé face à Metz laissent craindre le pire aux supporters stéphanois. Qu’ils semblent loin les espoirs générés par une saison 2018-2019 plus que réussie et terminée au 4ème rang, à seulement six points du podium. L’équipe n’a pourtant pas été chamboulée à l’intersaison mais elle n’avance plus, à l’image de certains de ses cadres, comme le capitaine Loïc Perrin ou le maitre à jouer Wahbi Khazri, méconnaissables. Sur le banc Ghislain Printant n’a jamais trouvé la formule pour relancer l’équipe. Une situation qu’il payera de sa personne : l’ancien entraineur de Bastia et Montpellier est remercié le 4 octobre.
En interne, la crise sévit aussi. Elle est exacerbée par une présidence dont les deux têtes, Bernard Caïazzo et Roland Romeyer, refusent de regarder dans la même direction. Une situation d’autant plus dangereuse en temps de crise et qui dure depuis 16 ans maintenant. Dans les colonnes du Parisien, Hervé Rivelli, meilleur buteur de l’histoire du club avec 175 buts, avait même fait part de son inquiétude quant à la situation dans laquelle se trouvait le club et déclarait : « les deux présidents n’ont qu’à démissionner ». Dans le sillage de l’ancienne gloire, une partie des supporters avait alors décidé d’exprimer leur ras-le-bol face à cette présidence bicéphale, tenue responsable des mauvais choix sportifs du club. Le 28 septembre, quelques minutes avant une conférence de presse, une dizaine de supporters se réclamant des Green Angels fait irruption et demande « un retrait sportif et médiatique de Bernard Caïazzo et Roland Romeyer ». Ambiance…
Puel en sauveur
En ces heures sombres, la lumière sera donc venue… d’un ancien lyonnais. Le 4 octobre, après un nouvel imbroglio entre les deux présidents, c’est finalement Claude Puel, premier choix de Romeyer, qui est chargé de reprendre les rênes de l’équipe. Un choix payant, puisque le dimanche suivant, les Verts arrachent le derby face au rival lyonnais (1-0). Depuis, le bilan de l’ancien coach de Leicester est incontestable : quatre victoires et un nul en championnat. Et un spectaculaire bon de 15 places au classement.
Cette renaissance porte le sceau du technicien castrais. Alors que Ghislain Printant avait du mal à se faire entendre auprès des cadres, Claude Puel semble faire l’unanimité derrière lui. L’entraineur passé par Monaco, Lille ou encore Nice a ramené la rationalité et le fighting spirit dont les Verts avaient besoin pour relever la tête. Une recette bien connue et suffisante pour redevenir compétitif dans une Ligue 1 caractérisée par l’incertitude de ses résultats et le manque de régularité des clubs compétiteurs.
Place aux jeunes
Un travail sur les bases donc, plus qu’une véritable révolution. Mais pour insuffler un nouvel élan à son équipe, la méthode Puel ne s’arrête pas là. Tactiquement d’abord, le technicien français a redonné les clefs du jeu à Ryad Boudebouz. Il a aussi repositionné Denis Bouanga dans un rôle de piston. Sur le côté, l’attaquant gabonais a retrouvé son efficacité et s’affirme comme le fer de lance de l’attaque stéphanoise avec cinq buts inscrits cette saison en Ligue 1.
Surtout, Puel n’a pas hésité à faire confiance aux jeunes du club. Là encore, la stratégie s’avère payante. William Saliba s’impose déjà comme le nouveau patron de la défense stéphanoise. Du haut de ses 20 ans, Zaydou Youssouf rayonne au milieu de terrain aux côtés de l’expérimenté Yann M’Vila. Le Bordelais de naissance est d’ailleurs le joueur le plus utilisé depuis l’arrivée du nouvel entraineur. Et la liste peut s’allonger : Charles Abi (19 ans, attaquant), Wesley Fofana (19 ans, défenseur) et Mahdi Camara (21 ans, milieu) ont tous fait leurs premiers pas en Ligue 1 grâce à l’ancien coach de l’Olympique Lyonnais.
Flou sur les ambitions
Claude Puel a donc largement réussi à redresser la barre depuis son arrivée. Reste à savoir si cette dynamique peut s’inscrire sur le long terme. Pour le moment, la détermination retrouvée des Verts leur suffit à faire la différence. Sur le plan du jeu en revanche, cela reste poussif. À l’exception de la victoire 2-3 face à Nantes, toutes les succès ont été obtenus sur le plus petit des scores et les difficultés en Ligue Europa rappellent aussi que l’ASSE est encore loin d’afficher une maitrise tactique et technique à la hauteur de son effectif.
Surtout la direction sportive du club est toujours aussi difficile à lire. Sans ligne directrice sportive claire, sans réelle ambition malgré une belle régularité depuis quelques saisons, difficile de s’enthousiasmer dans le Forez. Au moins Claude Puel a-t-il ramené une forme de régularité qui devrait permettre à Saint-Étienne d’éviter toute catastrophe industrielle. Mais le renouveau est fragile et les Verts ne sont peut-être pas à l’abri de nouveaux rebondissements dans une saison déjà pas comme les autres du côté de Geoffroy Guichard.
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