Gaëtan Bussmann : « À Metz, ce qui faisait notre force, c’était les jeunes »

Nous avons eu la possibilité de discuter avec Gaëtan Bussmann, latéral du FSV Mainz 05 en Bundesliga et ancien joueur de Metz. Le joueur de 26 ans nous a parlé du travail à l’entraînement, du championnat allemand, mais aussi de son club formateur et de ses jeunes joueurs… Bonne lecture !

 

Tout d’abord, bonjour, j’espère que tu vas bien ?

Oui, tout va bien, nous venons juste de finir l’entraînement et tout s’est bien passé.

En parlant de l’entraînement, je sais que Martin Schmidt est relativement proche de ses joueurs mais aussi très démonstratif, à l’image de Jurgen Klopp par exemple, est-ce que tu partages cela ?

Oui absolument ! Après c’est typique des entraîneurs allemands, ils sont comme ça, très expressifs, proches du groupe, mais aussi très rigoureux. Et ici, comme on dit, la rigueur allemande c’est vraiment là. C’est vraiment autre chose par rapport à la France.

D’ailleurs cette rigueur t’a-t-elle directement marqué lorsque tu es arrivé à Mayance ? C’est vraiment fondamental dans tout ce que vous faites ?

Ah carrément ! Déjà les entraînements étaient plus intensifs, toujours au détail près étant donné qu’ils sont filmés. Pour moi c’est un palier supplémentaire afin de progresser puisqu’on apprend et on évolue à l’entraînement avec cette rigueur là justement. Comme on dit, on joue comme on s’entraîne donc ce que l’on fait la semaine c’est primordial même si ça ne l’est pas plus qu’en France. Mais dans ce que l’on fait, il faut être concentré, il n’y a pas de moment de répit, ce qui te pousse à rester concentré.

En plus de l’entraînement, vous fonctionnez avec de la vidéo comme Lucien Favre par exemple pour analyser votre jeu ou autre ?

On ne regarde pas énormément de vidéos, on ne fait cela qu’après les entraînements qui sont enregistrés, les membres du staff et le coach nous montrent les séquences que l’on doit améliorer, ce que l’on doit travailler. Ils ont des images à l’appui, ils peuvent voir ce que nous on ne voit pas forcément en temps réel. Mais ça reste très individuel globalement. Les séances vidéo collectivement nous les faisons seulement pour connaître nos adversaires, comme en France donc.

Ce travail individuel à l’aide de la vidéo t’a véritablement permis de franchir un palier entre Metz et Mayence ?

Oui, c’est sûr que cela m’a aidé. Par exemple, tous les deux ou trois mois le coach me montrait des séquences vidéo sur ce qu’il attendait de moi. Du coup, il me montrait toutes les scènes des entraînements où ça n’allait pas et j’ai pu travailler dessus. Aujourd’hui ça s’est amélioré et ça continue encore maintenant.

Justement, par rapport à la saison dernière où Mayence a quand même réalisé l’une des plus belles saisons de son histoire et a même pu se qualifier en Europa League, comment avez-vous vécu cela de l’intérieur ?

C’était vraiment une saison magnifique effectivement, on en profité, on a fait de très bons résultats, notamment lorsque l’on a gagné contre le Bayern Munich chez eux, contre Schalke 04 et d’autres grosses équipes. Ça a créé une belle ambiance dans le groupe. Mais après il faut que l’on arrive à répéter ces performances-là pendant la deuxième partie de saison puisque c’était plus compliqué quand nous avions les matchs d’Europa League. On jouait tous les trois jours, du coup on s’entraînait moins. Mais depuis que l’on a repris à un rythme normal, on a plus la possibilité de se focaliser sur le match du weekend, ne pas faire que de la récupération, on peut vraiment travailler.

Crédit photo : bundesliga.de

On peut dire que ne pas avoir cette expérience de l’Europa League vous a desservi en quelque sorte ou au contraire cela vous a vraiment apporté quelque chose bien que ça ne soit pas simple de gérer les deux en même temps ?

Oui c’est plus ça. C’est bien de jouer tous les trois jours, mais après on a moins la possibilité de travailler. Par exemple, à Leipzig on perd 3 à 1 et on a envie de retourner à l’entraînement le lendemain pour améliorer ce qui n’allait pas mais on joue 3 jours après donc c’est pas forcément possible. Après, c’est un rythme que, nous, les joueurs on aime bien surtout quand on est compétiteur. Mais à côté de ça, il faut aussi des périodes où on peut s’entraîner, travailler les automatismes. Pendant la première partie de la saison, on prenait beaucoup trop de buts mais c’était un peu difficile à réguler parce qu’on avait beaucoup moins d’entraînements tous ensemble.

Justement en deuxième partie de saison, tu penses que cela va pouvoir s’améliorer étant donné que vous aurez plus de temps même si vous avez perdu Yunus Malli pendant la trêve ?

Après ce n’est pas un seul joueur qui fait l’équipe. Et puis à Mayence, comme on a pu le voir l’année dernière, c’était le collectif qui primait sur le reste, même si un joueur ressort forcément un peu plus. Concrètement, on travaille vraiment en bloc équipe et c’est ce qui fait notre force.

Comme tu viens de le souligner, le collectif c’est l’un de vos principaux atouts, est-ce que c’est ce que tu apprécies vraiment ? Le fait d’être plus une famille en quelque sorte plutôt qu’un groupe sans le moindre lien ?

Oui c’est totalement ça. Ce club ressemble un peu à Metz, c’est un club familial, avec un public proche qui veut que l’on se batte sur le terrain et que l’on fasse les efforts. Et justement si l’on fait ces efforts tous ensemble, ça payera. C’est un vrai collectif. On est toujours plus fort ensemble, plutôt que chacun de notre côté parce qu’en faisant cela, ça ne marchera pas.

Pour souder ce groupe justement, Martin Schmidt fait-il quelque chose de particulier ? Parce que je sais qu’un hiver, lui et son groupe étaient partis pour un trek dans la montagne, donc est-ce que vous faites des activités similaires avec tout le monde ?

Oui et c’est l’une des choses qui m’ont surprises quand je suis arrivé ici (NDRL : durant l’été 2015). On a beaucoup plus d’activités communes, comme des repas, qu’en France.  A peu près toutes les deux semaines, on va manger ensemble, on fait une activité, on va au bowling. D’habitude c’est rare que l’on partage des moments en équipe, mais ici c’est vraiment quelque chose de primordial pour souder les liens. Et franchement on s’entend tous très bien. Il n’y a pas de clan, ou de joueurs à part, c’est un véritable groupe.

De ce fait, je suppose que cette ambiance familiale a dû t’aider à t’intégrer puisqu’avec la barrière de la langue notamment ce n’est jamais simple ?

C’est sûr que le fait d’avoir des repas et des soirées ensemble ça t’aide vraiment à t’intégrer. Et il faut y aller parce que le joueur qui n’y participe pas il va se mettre à l’écart du groupe tout seul et son intégration va être difficile. L’année dernière tous les repas, je voulais y être afin de vraiment avoir le sentiment de faire partie du groupe. Ca permet aussi de parler puisque c’est en étant avec les autres joueurs qu’on apprend un peu l’allemand et que l’on arrive à le parler.

Pour revenir au football allemand, tout le monde parle de l’ambiance et de la rigueur ; mais est-ce qu’il y a une autre chose par laquelle tu as vraiment été marqué et qui te fait apprécier le football là-bas ?

Je dirais le style de jeu oui ! Personnellement, je suis un contre attaquant on va dire, et ici sachant que c’est vraiment fondé sur la contre-attaque, le jeu rapide vers l’avant, ce qui explique pourquoi chaque weekend on voit des gros scores avec très peu de 0-0, ça me correspond vraiment. C’est ce que j’aime et derrière l’ambiance ça te pousse encore plus. Ça fait vraiment plaisir.

Par rapport à cela, tu te verrais rejouer en France un jour voire même aller dans un autre championnat ou tu préférerais rester en Allemagne ?

Mon souhait principal c’est de rester en Allemagne. Après ça ne me dérangerait pas de retourner en France puisque c’est quand même un bon championnat qu’il ne faut pas négliger. Mais oui sinon rester en Allemagne c’est l’option que je privilégie.

En dehors de cela, depuis que tu es arrivé en Bundesliga, y-a-t-il un joueur qui t’as vraiment impressionné lorsque tu l’as affronté ? 

Franchement ce sont les joueurs que l’on connaît ! Quand on a joué contre le Bayern Munich, Robben… Après ce sont des joueurs reconnus au niveau international donc on les connaît tous, mais lorsque l’on joue contre eux, on voit vraiment le niveau que c’est, mais aussi on s’aperçoit ce que c’est le très haut niveau.

En parlant du Bayern, lorsque vous avez gagné contre eux la saison dernière à l’Allianz Arena, comment vous l’avez vécu au sein du groupe ?

Oui surtout que cette année-là c’est leur seule défaite que ce soit en Bundesliga ou en Ligue des champions, donc forcément pour nous c’était un exploit. Après nous avions mis toutes les chances de notre côté, mentalement nous étions présents, on n’a jamais rechigné à faire les efforts et c’est ce qui a fait notre force. Quand l’un de nous perdait la balle, derrière on était là à faire les efforts pour lui et c’est ce qui nous soude.

Pour ce qui est de l’Europa League maintenant, selon toi qu’est-ce qui vous a manqué pour aller plus loin cette saison puisque globalement vous avez fait plutôt bonne figure pour une première participation ?

C’est vraiment sur les matchs à domicile je dirais où l’on a le plus de regrets, notamment contre St. Etienne et Anderlecht où on mène au score et on se fait rattraper. Surtout contre St. Etienne qui égalise à la 90e minute, et c’est ce match là où l’on perd la qualification en quelque sorte. Même chez eux on fait 0-0, pourtant nous sommes au-dessus je pense… Après c’est derrière nous et maintenant on se concentre sur le championnat.

Crédit photo: Michel Dell’Aiera

On change complètement de sujet, mais pour revenir à Metz, les équipes de jeunes sont relativement bien réputées. Lors de la saison 2010-2011 tu as remporté la coupe Gambardella par exemple, pour toi qu’est ce qui fait la force de ton club formateur avec les jeunes ?

A Metz, ce qui faisait notre force, c’est que quand le club est descendu en national, ils sont repartis uniquement avec une équipe de jeunes entre guillemets, et cela a vraiment été fondamental puisque nous n’étions qu’entre joueurs du centre de formation. Dans ce groupe il y avait Sadio Mané, Diafra Sakho, Bouna Sarr par exemple et ça a fait notre force puisque l’on se connaissait depuis cinq ans minimum et on a toujours vécu de bonnes choses en équipe de jeunes donc avoir l’opportunité de continuer ensemble avec les professionnels c’était un plaisir ! On en a vraiment profité, notamment en Ligue 2 où nous étions largement au-dessus. Chaque match était bien préparé, on était bien encadré avec le coach Albert Cartier, et surtout lors de la première saison en national il y a eu Grégory Proment pour s’occuper des jeunes. Pendant la deuxième saison, nous avions Sylvain Marchal et Romain Rocchi qui étaient là pour nous encadrer. Ca a vraiment été précieux puisque c’était un mix entre des jeunes du centre de formation ainsi que des anciens qui avaient vécu au centre de formation par le passé donc ça nous a apporté quelque chose en plus.

Vous m’avez parlé de Sadio Mané, qui est littéralement en train d’exploser à Liverpool. Justement, de votre côté, étant plus jeune est-ce que vous avez toujours senti qu’il était au-dessus des autres joueurs globalement ?

Franchement pour moi il a toujours été supérieur, que ce soit en équipe de jeunes ou avec les professionnels lors de ses premières apparitions. On a toujours vu son potentiel, d’ailleurs actuellement à Metz il y a Ismaïla Sarr qui est du même niveau même s’il est encore jeune. Après Sadio a toujours été un bon joueur, qui plus est très gentil, qui ne se prend pas la tête. Il jouait en toute décontraction, c’est ce qui faisait et fait encore sa force puisqu’il ne se posait pas de question, il faisait ce qu’il sait faire. Et comme il avait une pointe de vitesse impressionnante en plus d’avoir une technique supérieure à la moyenne il était vraiment au-dessus des autres concrètement.

Au passage, Ismaïla Sarr (NDLR : plus jeune joueur à participer à la CAN), tu le connais un peu ou tu en as simplement entendu parler comme ça ?

Non, je ne le connais que de nom puisque je suis parti trop tôt mais j’en avais entendu parler avant étant donné que je suis souvent en contact avec M. Perrin qui est le directeur du centre de formation à Dakar qui l’avait eu et qui l’a envoyé à Metz. Il m’avait déjà dit que pour lui, il a un potentiel supérieur à Sadio mais après je pense que ce sont des joueurs qui ont tous les deux des qualités de vitesse exceptionnelles. Lorsque l’on a ça, et qu’en plus on travaille, ça paye et on peut aller loin…

Je suppose qu’aujourd’hui tu suis toujours Metz étant donné que c’est ton club formateur, quel est ton avis sur leur saison qui se trouve être assez difficile concrètement ?

Difficile oui et non parce qu’ils ont quand même 29 points, avec deux points en moins qu’ils pourront peut-être récupérer donc c’est toujours ça. De plus, ils ont un groupe cohérent avec de nombreux joueurs d’expérience ayant connu la Ligue 1, ils ont aussi de la qualité avec des joueurs comme Mevlut Erding, Cheick Diabété devant, au milieu avec Jouffre et Cohade et qu’en plus derrière vous avez recruté Falou Diané je pense que c’est quelque chose d’important. Ces joueurs connaissent la Ligue 1 et ils ont de l’expérience. D’ailleurs c’est ce qui nous avait fait défaut la dernière fois, nous avions seulement Florent Malouda et peu de joueurs d’expérience…

Par rapport à ce qu’il s’est passé contre Lyon d’ailleurs, tu as un avis là-dessus étant donné que ça fait énormément parler ?

Malheureusement, c’est le seul match que j’ai pu aller voir depuis que je suis parti et j’ai vu seulement 20 minutes de jeu donc… Après ce sont 2 individus parmi 25000, ce n’est pas la totalité du club, je ne vois pas pourquoi 2 points leurs sont enlevés, c’est trop facile de faire ça… Je ne pense pas que cela soit juste de retirer 2 points pour ça.

Crédits photos : Lukas Barth / Anadolu Agency

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