[Bundesliga] Amine Harit, le petit prince à la tunique bleu roi

L’été dernier, à 20 ans à peine, Amine Harit a décidé de prendre sa carrière en main. Et il l’a fait d’une façon assez radicale en s’exilant en Allemagne. C’est du côté de Gelsenkirchen, à Schalke 04 qu’il a posé ses valises. Après avoir joué 34 matchs sous le maillot nantais, certains plus convaincants que d’autre, il s’est envolé vers un nouveau championnat dans l’espoir de réellement exploser, de progresser et de s’aguerrir.

Des premiers pas couronnés de succès

Du côté de Gelsenkirchen, l’annonce de son arrivée a plus ou moins surpris les supporters puisque l’information est sortie au dernier moment. Mais surtout, le club a dépensé 8 millions d’euros (plus deux millions de bonus) pour s’attacher les services du jeune talent. Une somme assez importante pour ce club qui fait rarement des dépenses faramineuses. Dès lors, il devient évident que le joueur originaire de Pontoise devra faire ses preuves et montrer qu’il est à la hauteur.

(Crédit photo: Christof Koepsel/Bongarts)

Propulsé dans un club qui a envie de reprendre sa marche en avant, d’effacer les dernières saisons délicates, Harit ne met pas longtemps à convaincre son entraîneur, le prometteur Domenico Tedesco qui semble lui faire confiance. Et cela est confirmé dès la première journée de Bundesliga puisque l’international marocain est directement titularisé face au RB Leipzig. Pour cette première rencontre sous ses nouvelles couleurs, qui plus est dans une Veltins Arena chauffée à blanc, il ne perd pas de temps pour conquérir le cœur de ses nouveaux supporters.

Son explosivité, ses feintes, ses courses virevoltantes enflamment encore un peu plus un public ivre de bonheur de retrouver son équipe après une trêve estivale mouvementée. Sa première apparition est une franche réussite puisque grâce à lui et sa passe décisive pour Konoplyanka, les Königsblauen s’imposent 2 à 0 face à Leipzig. Voilà une belle manière de lancer une saison placée sous le signe du renouveau.

Les matchs passent et le jeune joueur s’affirme de plus en plus. Sans forcément enrichir ses statistiques, il se révèle être indispensable au système mis en place par l’entraineur originaire de Calabre. Même quand son équipe est à la peine, il sort du lot, il se distingue de par sa vivacité. Sa fougue le pousse parfois à faire les mauvais choix mais il n’est reste pas moins vital pour son équipe. D’ailleurs, le coach trentenaire ne tarit pas d’éloges en l’évoquant en conférence de presse : « Amine est un joueur naturellement doué techniquement avec un bon touché de balle. Il travaille bien défensivement aussi. Il propose beaucoup de solutions offensives et peut faire la différence. Nous sommes heureux de l’avoir ».

Dans le 3-4-3 (formation privilégiée et le plus souvent utilisée), il enflamme les côtés. À gauche, à droite voire même parfois placé en pointe, il avance sans la moindre hésitation. La pression lui coule sur les épaules et dans son nouvel habit bleu, il s’épanouit. Ses incursions au cœur du jeu font des ravages, de même que ses dribbles. Cela force d’ailleurs les adversaires à provoquer des fautes. Ainsi il est l’un des joueurs subissant le plus grand nombre de fautes en Europe avec Neymar. Et sans forcément faire des vagues, il impressionne les observateurs de la Bundesliga.

Amine Harit s’avère être un poison pour son vis-à-vis mais une bénédiction pour ses coéquipiers ainsi que son coach, qui sont vraisemblablement unanimes sur ce jeune crack que rien n’effraie.

Romance naissante

Si le joueur a d’ores et déjà montré qu’il ne comptait pas faire de la figuration, sa relation avec les supporters mais aussi le club a pris encore un peu plus d’ampleur il y a peu. Cela s’est fait grâce à une rencontre spéciale.

Le derby de la Ruhr approche et compte tenu de la situation des deux equipes, Schalke 04 qui se déplace à Dortmund, possède la cape du favori. Mais rien ne se passe comme prévu et en un temps infime (25 minutes), le BvB inscrit quatre buts. Totalement hallucinant. Tedesco n’attend toutefois pas la mi-temps et fait rentrer dès la demi-heure de jeu Goretzka et Harit qui, bizarrement, ne débutaient pas la rencontre.

Y a de la joie. (crédit photo: schalke04.de)

Et la fougue du jeune milieu offensif va entraîner son équipe dans son sillage au même titre que Goretzka. Au retour des vestiaires, on retrouve une équipe transfigurée. En 15 minutes tout bascule et la confiance change de camp. Harit est l’un de ceux qui mènent la révolte, il se démène sous les yeux de ses supporters. Ses provocations finissent par aboutir à l’expulsion d’Aubameyang mais surtout un but. Et qu’il est important celui-là. En revenant à 4-2, l’espoir est permis. Dans les trente dernières minutes de la rencontre, le mental des Könisglauben crève l’écran.

Dans le même temps, le numéro 25 encaisse les coups. On retient son souffle au moment où il doit se faire soigner sur la touche. Mais il serre les dents et revient. Au diable la douleur, l’honneur et la dévotion avant tout. Harit a rapidement compris que ce derby est ô combien important aux yeux des supporters de son club. Il souffre en silence et continue de harceler des Schwarzgelben amorphes qui finiront par céder, comblant de bonheur un club, des joueurs et les supporters extérieurs.

La détermination dont il a fait preuve va sans aucun doute rester dans les têtes des supporters de plus en plus charmés par ce jeune joueur débordant de talent et d’énergie. Avec sa mentalité de vainqueur il semble évident qu’il a les armes pour lancer sa carrière sous les couleurs du club de la Ruhr dont il a déjà tout compris.

Loin de l’image qu’il s’est fait en France en tournant le dos au FC Nantes, il semble aux anges dans un pays qui l’a très bien accueilli. Et loin de l’image de mauvais garçon qui lui a été attribué du côté de l’embouchure de la Loire, il se construit doucement comme un joueur déterminé, discret et travailleur. Prêt à tout donner pour son équipe. En définitive, un joueur que l’on aime avoir dans son équipe.

S’il continue sur ce chemin – et c’est tout ce qu’on lui souhaite – Amine Harit pourrait bien viser plus haut que Schalke 04. Mais pour le moment ce club est celui qui lui convient. Il termine la première partie de saison en Bundesliga dans une position de révélation, dans la position d’un joueur qui a marqué les esprits. Finalement, partir était le meilleur choix qu’il pouvait faire afin de lancer une carrière qui vient à peine de débuter.

 

Crédit photo: PATRIK STOLLARZ / AFP

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Parle d'Allemagne et de Bundesliga, et c'est à peu près tout.