Oxlade-Chamberlain : le dernier Wenger boy

Arrivé cet été du côté de la Mersey à Liverpool, le Ox réalise actuellement une saison de bonne qualité. Le niveau qu’il affiche cette année est bien loin de ce qui était attendu de lui quand il est arrivé avec son irrégularité et sa fâcheuse tendance à toujours manger la ligne. Il a en effet délaissé cette réputation de sprinteur pour accueillir à bras ouverts celle de relayeur créateur. Et si cette nouvelle réputation était en réalité due à son ancien coach à Arsenal ?

Tonton a toujours cru en lui

C’est un beau soir d’août 2011 qu’Arsène Wenger fait venir Alexander Mark David Oxlade-Chamberlain aka The Ox à Arsenal. Celui-ci arrive en provenance de Southampton, centre de formation officieux du club. Tous les observateurs voient en lui un ailier rapide et technique capable de percuter et de percer les blocs-équipe à l’instar d’un Theo Walcott ou Aaron Lennon. Toujours enclin à l’irrégularité, Chamberlain a du mal à s’imposer en tant que titulaire indiscutable et ne joue que des bouts de matchs. Effectivement, il est un paradoxe à lui seul. Capable du meilleur – son but lors du Community Shield contre Chelsea en 2015 (seul but du match, victoire 1-0) – comme du pire (ses sprints incessants le long de la ligne de touche). Avec sa timide moyenne de 52 minutes sur le terrain par match joué, il n’a jamais été un indiscutable malgré son important potentiel en arrivant au club à 17 ans. Arsène se devait alors de trouver une solution pour faire taire les haters qui dénonçaient un énième recrutement douteux.

Et Wenger n’a jamais abdiqué pour prouver qu’il avait raison et a donc continué à lui faire grappiller du temps de jeu pour qu’il monte en gamme. Mais en réalité, le déclic s’est fait la saison dernière quand l’ami Arsène a eu l’illumination presque christique de le repositionner relayeur. Voilà alors Alex Oxlade-Chamberlain en position de numéro 8, rôle complètement opposé à celui d’ailier. Comment un joueur qui base l’essentiel de ses qualités sur la percussion peut changer complètement son style de jeu et surtout gagner en intelligence de jeu ? Là est le grand enjeu et c’est en cela qu’a résidé tout le travail de Pep Wenger sur la saison 2016-2017. En l’espace d’une année, Ox a gagné en vista et a compris comment améliorer son volume de jeu (notamment en travaillant sur l’aspect défensif). C’est sans doute la plus belle réussite de Wenger concernant le cas Oxlade. Comme souvent avec l’entraîneur français, cette transformation est arrivée trop tardivement et l’achat de Xhaka et la fin des blessures à répétition de Ramsey ont compromis une situation stable pour Ox au milieu. Même au poste d’ailier ou de potentiel piston, la montée en puissance d’Iwobi et les bonnes prestations de Welbeck rendaient difficiles son ascension. En plus de l’intérêt que Jürgen Klopp lui a porté, cette donnée est également à prendre en compte pour comprendre son transfert vers Liverpool.

Wenger – Klopp, même combat

Klopp avait-il déjà pensé à Oxlade-Chamberlain en 8 ? A-t-il profité du génie créateur de Wenger ? Nul ne le sait mais il profite à plein régime de la nouvelle polyvalence de l’ex-Gooner. En effet, Ox est devenu le couteau suisse personnel de l’entraîneur allemand en prolongeant ce qu’avait entrepris Wenger. Jouant entre les lignes, distribuant le jeu, ratissant des ballons. Il est par exemple un grand artisan de la qualification contre Manchester City en permettant largement le relais entre défense et attaque et en marquant une praline des familles à l’aller. Sur ce match aller, on observe justement cette versatilité quand il commence le match en 8 puis passe ailier droit avec la sortie sur blessure de Mohamed Salah. Toujours contre City, la victoire 4-3 du club de la Mersey a mis en relief ses qualités au milieu. En plus de débuter le match par un but, il a pris le jeu à son compte en se plaçant même parfois en positon de piston. Effectivement, il sait aussi profiter du travail de ses compères au milieu comme Wijnaldum ou Milner qui font parfois les sales besognes notamment défensives. Libéré, il peut dès lors prendre le jeu à son compte et faire le jeu en montrant l’étendue de son volume de jeu nouvellement acquis.

The Ox serait-il en train, à son échelle, de révolutionner le poste de numéro 8 ? Il semblait en effet inimaginable il y a quelques années qu’un ailier plutôt de type  »no brain » puisse atteindre une telle intelligence de jeu en l’espace de quelques mois. La mutation que lui a apportée Wenger est très impressionnante non seulement car Oxlade-Chamberlain semblait être un vulgaire ailier comme il en existe partout mais aussi car c’est la première fois qu’un joueur ayant ces caractéristiques se transforme en regista de qualité. En le positionnant parfois piston droit, Klopp prolonge ce phénomène presque paranormal. Quoi qu’il en soit, chapeau bas à Wenger et à Klopp qui ont permis de transformer un ailier banal en une regista de qualité pouvant jouer dans n’importe quel schéma.

 

Photo credits : Anthony Devlin / AFP

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4-4-2 losange et presunto comme exutoires.