Qui de Youssouf ou de Kalu pour devenir le nouveau Malcom des Girondins ?

Après moult péripéties, négociations et retournements de situation, la pépite brésilienne des Girondins de Bordeaux, Malcom Filipe Silva de Oliveira, s’en est allé vers le grand FC Barcelone. En l’espace de deux saisons, il aura éclaboussé par son talent, agacé parfois par son manque d’implication dans le jeu, mais aura surtout su éclaircir les trop nombreuses tristes prestations de son équipe. Vendu pour 41 millions (plus bonus), il est devenu le plus gros transfert de l’histoire du club. C’est donc une page qui se tourne pour le club girondin qui doit aborder la saison avec une équipe remaniée. La première chose à faire était de trouver son digne successeur sur l’aile droite, mais difficile de remplacer un joueur qui aura disputé quasiment toutes les rencontres. Comment remplacer la pièce maîtresse de cette équipe, le métronome par qui quasiment toutes les actions étaient bonifiées ? Les Girondins, à l’image de Jules Koundé et Aurélien Tchouaméni, ont décidé de miser sur la jeunesse en faisant confiance à Zaydou Youssouf et en recrutant Samuel Kalu. Deux pépites qui emprunteront le même chemin que Malcom ? Décryptage.

Zaydou Youssouf

Deux titularisations officielles, un coup franc lors du match aller à Ventspils, des dribbles, quelques accélérations, une patte gauche convaincante… Il n’en fallait pas plus pour que le joueur qui en fin de saison dernière ne récoltait que des miettes de temps de jeu chez les pros, éclate aux yeux du grand public. Le garçon brille sur l’aile droite. Un comble pour un 8 qui préfère jouer relayeur. À croire que ce couloir droit « Malcomise » les joueurs bordelais. Au vu des matchs de préparation et de qualification pour l’Europa League, le joueur de 19 ans semble être entré dans les plans de Gustavo Poyet pour la saison à venir et correspond avec la volonté du club au scapulaire de faire évoluer ses jeunes. Le moment ou jamais pour celui qui aurait pu mettre les voiles cet été pour Valence.

Arrivé au club à l’âge de 9 ans après avoir fait ses débuts à Bassens (sur la rive droite bordelaise), il a gravi tous les échelons et montré des signes de maturité (il a porté le brassard en U15 et U19) qui lui ont rapidement permis d’ouvrir les portes de l’Equipe de France jeunes. Il rejoint l’équipe professionnelle en 2016, sous la houlette de Jocelyn Gourvennec qui le lance dans le grand bain, contre Bastia. Il fêtera par la suite sa première titularisation lors de la 16ème journée contre Lille mais depuis, pas grand-chose à se mettre sous la dent en pro avec seulement sept apparitions la saison dernière.

Sur ces quelques derniers matchs révélateurs à ce poste, on pourra lui reprocher de garder un peu trop le ballon ou de prendre un peu trop de temps les décisions. Mais n’y a-t-il pas là des similitudes avec un certain Malcom ? Du haut de ses 19 printemps, Zaydou Youssouf est encore jeune. À l’instar de Jules Koundé, il peut s’imposer comme un facteur X, voire comme un titulaire indiscutable. Il est l’un des joueurs à suivre côté Bordelais.

Samuel Kalu

Et comme si Youssouf était la priorité du club girondin à ce poste, pour le voir éclore tout doucement et pour ne pas qu’il soit évincé par une concurrence trop accrue… Bordeaux a jeté son dévolu sur un autre jeune, aux dépens de l’expérience : Samuel Kalu, un attaquant nigérian en provenance de La Gantoise (adversaire potentiel des Girondins pour le prochain tour de qualification pour la Ligue Europa), qui fêtera ses 21 ans le 26 août prochain. Gernot Rohr, ancienne gloire des Girondins de 1977 à 1989 et actuel sélectionneur du Nigéria, présent au Matmut Atlantique pour le match retour contre Ventspils, n’est sans doute pas étranger à la venue du joueur.

Comme son ex-coéquipier Moses Simon, Kalu a été formé dans une académie réputée (GBS :  Golden Boot Soccer) au Nigéria avant d’arriver à 18 ans en Slovaquie, à Trenčin. Un an plus tard, il signe à La Gantoise, preuve de son adaptabilité. Après des débuts très intéressants en Belgique, il a cependant eu tendance à stagner. Il est donc logique que parmi les critiques, on retrouve son prix : 8 millions d’euros. Pour un tel montant, le club qui ne finalisera le passage de témoin aux Américains qu’en octobre, prend le risque de se mettre à dos bon nombre de supporters, si cet inconnu du grand public rejoint les nombreux flops des précédents mercatos (cf Cafu). Un gros pari de remplacer l’étoile de l’équipe par un joueur en devenir. Mais pour le moment, il offre quelques raisons de penser qu’il s’agit d’un bon choix de la part du club au scapulaire.

D’abord parce qu’en trente-six rencontres, il tournait à 6 buts et 8 passes décisives toutes compétitions confondues. Il jouissait d’une assez bonne cote en Jupiler Pro League, tout comme Malcom à ses débuts au Brésil. Le championnat belge ne conserve que très peu longtemps ses joyaux car après une bonne saison, ils partent pour d’autres cieux. Aussi, car Bordeaux n’était pas le seul club à avoir flairé le bon coup, d’autres clubs français, italiens ou anglais suivaient de près le joueur. Ce dernier a préféré la Ligue 1 qu’il suivait déjà et Bordeaux, dont la vente de Malcom à Barcelone a peut-être fait pencher la balance. Et surtout pour ses qualités techniques indéniables.

Lors de son premier entraînement avec son nouveau club, il est aligné en ailier droit, dans une attaque au sein de laquelle figurent également Gaëtan Laborde et François Kamano. Il fait valoir sa vivacité, son sens du dribble et sa force de percussion. Rapide, percutant, dribbleur, malgré les points communs avec Malcom c’est un profil assez différent du brésilien. Très bon centreur, lui rentre moins souvent dans l’axe et préfère la profondeur. Il est également moins fin techniquement et manque parfois de finition, mais il est a priori plus explosif dans les premiers dribbles et rapide dans les premiers mètres. Dans une équipe en manque de leader offensif, Kalu pourrait faire du bien en se muant donc en passeur idéal (sous réserve, pour les Girondins de trouver l’avant-centre qu’il faut). Autre atout, il pourra évoluer aussi bien à droite qu’à gauche. On peut néanmoins reprocher au joueur sa difficulté à rester constant pendant 90 minutes. Il devrait être prêt pour la réception de Strasbourg dimanche, pour le compte de la première journée et pourquoi pas faire sa première apparition.

Qui des deux saura s’imposer en tant que titulaire ? Difficile de savoir à l’heure actuelle. En tout cas, les deux auront leur carte à jouer dans le système de Gustavo Poyet en 4-3-3. Le coach devrait logiquement alterner. La concurrence sera forte et l’un d’entre eux ne devrait pas disputer beaucoup plus de matchs que l’autre. Sur le long terme, ils constituent à n’en pas douter une belle plus-value.

 

Crédit Photo : Mehdi Fedouach / AFP PHOTO.

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