Divorce entre l’Amiens SC et Gouano : le maintien fragilisé

Plus petit budget de Ligue 1 la saison dernière (14ème aujourd’hui), l’Amiens SC, qui dispute la deuxième saison de son histoire dans l’élite, est déjà loin de l’étiquette de petit Poucet favori à la relégation. Et ce grâce à Christophe Pelissier, son mercato et sa défense. Mais cette dernière est ébranlée depuis cette semaine…

Toujours solide sans Gouano ?

La meilleure défense, c’est la défense. Celle de l’Amiens SC était la quatrième meilleure de Ligue 1 en 2017-2018 (42 buts encaissés), devenant l’identité de l’équipe. Et la grande réussite du mercato amiénois, c’est d’avoir su conserver cette arrière-garde… jusqu’à lundi dernier. Khaled Adenon et Prince-Désir Gouano formaient l’une des meilleures charnières centrales de France. Mais Gouano, forfait à Lyon lors de la première journée et remplacé brillamment par Dibassy, habituel latéral gauche, a décidé de quitter le club picard pour Anderlecht. L’histoire est floue : l’ASC reconnaît avoir convenu d’un bon de sortie l’été dernier pour Gouano, mais l’ancien du joueur du Havre répétait en juin dernier qu’il honorerait son contrat (qui court jusqu’en 2021) et semblait avoir mis derrière lui toute envie de départ.

Adenon et Dibassy (au centre) sont essentiels à l’imperméabilité de l’Amiens SC. (Crédit : Fred Haslin)

 

L’Amiens SC semble condamné à dire adieu à son capitaine. Certes, Dibassy sera largement en mesure de dépanner dans l’axe. Mais dans le couloir gauche, cela implique un temps de jeu conséquent pour Jordan Lefort, formé au club et prêté à Quevilly-Rouen (Ligue 2) la saison passée. Inquiétant ? Pas forcément. Nous parlons d’une défense (à laquelle on peut ajouter l’expérimenté Mathieu Bodmer) qui doit sa consistance à son entraîneur (voir plus bas) et qui a coûté à l’ASC… 0€. Car l’une des grandes forces du club picard, c’est aussi sa gestion du mercato.

Flairer les bons coups

Si le départ de Gaël Kakuta a sonné l’équipe (et s’est ressenti sur ce début de saison), c’est parce que le milieu offensif constituait la pièce maîtresse de l’échiquier de Christophe Pelissier. Cette solution à court terme sous la forme d’un prêt était néanmoins l’idéal : efficace et pas cher, parfait dans le but de réussir sa première saison en Ligue 1. Un coup que les dirigeants ont tenté de réitérer avec Bacary Sagna cet été. Bien que Pelissier se plaigne de la pauvreté du recrutement offensif (ainsi que de l’absence de joueurs qui connaissent la France), il faut reconnaître que l’ASC sait se montrer malin.

Emil Krafth et Rafal Kurzawa s’apparentent à un recrutement intelligent de la part du club picard.

 

Les venues d’Emil Krafth (en prêt) et Rafal Kurzawa (libre), respectivement internationaux suédois et polonais, s’avèrent judicieuses. Un latéral droit et un ailier gauche, voilà comment renforcer des postes gratuitement avec des joueurs qui ont faim de temps de jeu et sans ego. Parfait pour s’intégrer au groupe solidaire de Pelissier. On peut y ajouter le milieu français de Palerme, Eddy Gnahoré, lui aussi prêté et déjà satisfaisant dans l’impact et le volume de jeu.

Pour conclure, et en attendant la désormais probable arrivée de Saman Ghoddos (tout proche de Rennes il y a encore quelques jours), le Colombien Juan Ferney Otero (recruté à Estudiantes contre la somme astronomique de 2M€) vient dynamiter une attaque en berne, orpheline des Kakuta, Manzala et Gakpé et qui repose plus que jamais sur le meilleur buteur amiénois la saison passée, Moussa Konaté (13 buts en Ligue 1). Tandis que Christophe Pelissier fait brûler des cierges afin que Konaté reste à Amiens, le tacticien poursuit son fantastique travail.

Le MacGyver picard

Donnez-lui un bout de ficelle et deux chewing-gums et il vous construit un lave-vaisselle. Christophe Pelissier, « Péloche » pour les intimes, a fait passer l’Amiens SC du National à la Ligue 2 en deux saisons, soit une découverte pour lui, l’ancien entraîneur de Luzenac où, déjà, en 2014, on ne s’attendait pas à monter si haut (mais Luzenac fut rétrogradé en DH pour raisons extra-sportives). Derrière, avec le 17ème budget du championnat et des joueurs qualifiés de « chèvres » par France Football, il décroche la 2ème place et offre au club la première saison de son histoire en Ligue 1.

Aujourd’hui, on a l’impression que les choses se font toutes seules à Amiens. Comme si Adenon (33 ans) avait toujours été un roc, alors qu’il a découvert l’élite l’an dernier. Comme si Gouano (24 ans) était un défenseur que tout le monde s’arrachait, lui qui a été prêté 7 fois en l’espace de… 6 ans. On n’ira pas jusqu’à dire que l’excellent Régis Gurtner s’est imposé comme l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1 grâce à Pelissier, mais le fait est que l’effectif est savamment géré par cet ancien milieu défensif. Le collectif est rodé, les joueurs bonifiés et les individualités ressortent spontanément. Le football champagne n’est pas toujours au rendez-vous, mais le résultat est constamment et amplement supérieur à celui attendu.

Certes, l’Amiens SC n’a pas remplacé Gaël Kakuta, il perd son capitaine Prince-Désir Gouano et Pelissier ne cache pas sa frustration auprès de ses dirigeants des désaccords sur le recrutement. Mais ce dernier reste largement correct pour un club jouant le maintien et les fondations sont toujours présentes, plus solides que jamais. De quoi espérer un maintien plus confortable, acquis lors de la 36ème journée comme ce fut le cas la saison dernière ? On n’en doute pas un seul instant.

Crédit photo : François Lo Presti / AFP

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