Ce club valencian séduit par son jeu, marque beaucoup, mène la vie dure aux grands d’Espagne et brigue les places européennes en championnat. Le Valence CF ? Pas du tout. Lorsque les Ches lèvent la tête, ils aperçoivent, bien mieux classés qu’eux, leurs voisins de Levante. Difficile à croire si l’on remonte quelques mois en arrière…
En mars, les Azulgranas sont dans la peau du promu qui galère, et pour qui une seule issue semble envisageable : la relégation. Le président Quico Catalán prend alors les choses en main. Pour éviter la Liga 1.2.3, Paco López quitte son poste d’entraîneur de la réserve et remplace Muñiz, en panne d’inspiration. Les choses changent de manière radicale. Depuis que le technicien chauve est sur le banc, seul Barcelone a fait mieux en termes de points. 42 pour les Blaugranas de Catalogne, 41 pour les Azulgranas de Valence. Il a aussi à son actif la seule défaite en championnat, la saison dernière, du Barça, avec un 5-4 mémorable à Ciutat de València. Un redressement impressionnant, qui fait mieux que sauver le club de la descente : les Granotes terminent le championnat à une 15ème place inespérée quelques semaines auparavant.
Alors quand tout va bien, pourquoi changer ? Paco López reste en place, des moyens lui sont donnés et Levante recrute à l’intersaison. Pour un entraîneur à la philosophie de jeu résolument tournée vers l’avant, on fait venir du beau monde en attaque. Et si le début de championnat est plutôt mitigé, ne comptez pas sur le coach chauve pour rester les bras croisés. Après une défaite peu reluisante face à Valladolid, changement de tactique.
Un 3-5-2 chatoyant est mis en place. Et depuis ? Une prometteuse septième place, mais surtout quatre victoires en autant de matchs de championnat, et un système qui ne connaît que le succès (hormis un match nul, mardi, en Coupe du Roi, avec une équipe remaniée). Et ces victoires sont d’autant plus significatives qu’elles n’ont pas été acquises contre n’importe qui, ni n’importe où. On a notamment vu Levante infliger à un Alavés surprenant une de ses deux seules défaites de la saison. On se souvient surtout très bien de ce 2-1 aux allures de séisme, à Santiago Bernabéu, face à un Real Madrid moribond.
Satisfait de ses hommes, Paco López préférait cependant tempérer les ardeurs du peuple Granote qui se voyait déjà en haut de l’affiche. « Ce ne serait pas bon que les attentes qu’on génère grandissent plus vite que notre équipe… » Une façon de rappeler à tout le monde d’où le club vient, et quel est, pour l’instant, son réel objectif : le maintien et ces fameux « 42 points », martelés par López.
Des hommes forts
Un avertissement qui n’aura pas suffi à calmer des fans plus qu’enthousiastes après cet exploit historique, venus célébrer leur héros du jour : José Luis Morales. À 31 ans, l’attaquant est un des artisans principaux du renouveau de Levante. Avec dix buts la saison dernière et quatre cette année, il semble vouloir rattraper le temps perdu. Le joueur originaire de Madrid a en effet dû attendre ses 27 ans pour connaître la première division avec les Granotes. Avant cela, il n’avait jamais tapé dans l’œil des recruteurs madrilènes. Il est cependant recruté par Levante en 2011 pour… l’équipe réserve. Un des recruteurs était pourtant venu à Fuenlabrada observer un défenseur central. Il est reparti avec « Josélu Mora » dans les bagages.
Désormais, ce faux numéro 9 enfile les golazos ainsi qu’un brassard de capitaine qui lui sied à la perfection. Son parcours atypique, ponctué par un prêt à Eibar en 2013-2014, incite « El Comandante » à profiter de ses années en première division, lui qui n’a pas souhaité quitter le club au moment de sa descente, en 2016. Dans El País, il expliquait pourquoi. « Levante a parié sur moi, et je vais lui rendre pendant de nombreuses années, en faisant de bons matchs et en maintenant le club en Liga. Ma famille est humble, n’a jamais connu le luxe et mes parents m’ont appris à apprécier tout ce qui a pu m’être donné ici. » Une patience et une abnégation récompensées par des performances de haute volée, comme contre le Betis ou le Real… Et peut-être plus prochainement ? C’est en tout cas l’avis de la hinchada granote, qui a accueilli son capitaine aux cris de « Morales, selección ! » à son retour victorieux de la capitale…
D’autres éléments viennent équilibrer une équipe séduisante depuis plusieurs semaines, comme Roger. Avec six buts en huit matchs joués, et ce malgré une concurrence plus forte que jamais au sein de l’effectif, il se classe troisième meilleur buteur du championnat derrière Stuani et Messi. Le tout devant Borja Mayoral, fraîchement débarqué de la Maison Blanche, et cantonné sur le banc en championnat. Excusez du peu.
Sanjin Prcić, l’ancien Rennais, s’est lui aussi intégré à merveille à l’effectif et remplace Lerma, parti pour 30 millions à Portsmouth cet été. As le décrit même comme le « Modrić de Levante », sorte de cerveau permettant d’assurer le relais entre la défense et l’attaque lors des transitions, déchargeant ainsi ses partenaires d’un gros travail. Des performances tellement bonnes qu’il a même été récemment convoqué et associé à Pjanić au milieu de terrain de la Bosnie.
Paco López semble avoir trouvé la formule gagnante pour pérenniser un club habitué à faire l’ascenseur entre les deux premières divisions dans son histoire récente. Avant de viser plus haut ?
Crédit photo : José Miguel Fernandez / Nurphoto.