Tous les matchs de Ligue des champions regorgent d’histoires ordinaires et extraordinaires. Nous sommes allés du côté de Naples, au San Paolo avec les supporters parisiens. Récit.
Une attente interminable
« Les Navettes obligatoires pour rejoindre le stade sont disponibles entre 16h et 17h ». Que vous veniez de Paris, de Rome, de Corrèze ou de Suisse, l’heure de rendez-vous est la même. Personne ne pourra profiter de la charmante ville de Naples après 16h. « Consignes de sécurité après les problèmes face à Liverpool » nous dit-on. Soit. Près de 1800 supporters parisiens s’entassent à la Stazione Marittima dans l’attente de ce départ, sous escorte policière, au San Paolo. Un stade rempli d’histoires, qui a vu Maradona être l’Ultimo 10 de cette équipe napolitaine. Le stade a beau être à 30 minutes, il faudra presque deux heures pour y arriver, pour les plus chanceux qui ont pu avoir des cars en premier.
18h donc, les premiers supporters parisiens débarquent. À leur plus grand étonnement, ils ne sont pas les seuls dans le stade. Des milliers de supporters napolitains sont déjà là, tranquillement assis dans un volcan endormi. Le temps semble long, certains regardent le match de Monaco et espèrent aussi une défaite de Liverpool. Quand l’Etoile Rouge marque, c’est tout une partie du stade qui se met à crier. « Ouais, c’est cool mais bon, ça fait presque 1h30 qu’on est dans le stade, c’est long et y a rien à manger« . En effet, la buvette ne donne pas satisfaction. Un frigo, une trentaine de sandwichs qui se battent en duel entre les Pepsi et les bouteilles d’eau. Dehors, un tout autre spectacle se produit. Un cortège, composé d’ultras parisiens du CUP et d’ultras napolitains de la Curva B, déambule les rues, en toute fraternité, signe de l’entente entre ces deux entités.
20h, les compositions officielles sont tombées, le parcage est quasi plein, tout comme le stade, les chants commencent à se faire entendre. Surtout à la gloire d’Edinson Cavani. Des deux côtés. Idole de Naples lors de ses trois saisons au club, El Matador revenait sur ses terres, qu’il a quittées sans dire au revoir il y a maintenant cinq ans. Remplaçant mais surtout reconnaissant, il passe quelques minutes à saluer les supporters avant l’échauffement. Mignon.
Ambiance électrique, match plaisant
Le match est lancé, l’ambiance est à la hauteur de l’évènement et les supporters parisiens donnent de la voix. Peut-être un peu trop pour la Curva A, la partie non-amie avec les Ultras parisiens ? Et hop, un fumigène de lancé du côté du parcage parisien, qui atterrit dans un filet de protection. « On a pris des suspensions de tribune pour ce genre de choses, j’espère qu’ils vont manger aussi !« . Ça reste à voir. En tout cas, tout le stade chante, c’est très beau à regarder.
Côté terrain, Paris est plutôt intéressant, Neymar livre un récital en première mi-temps, Allan n’est pas le même qu’au Parc des Princes, Hamsik a du mal avec les accélérations du Brésilien, Buffon n’a pas grand chose à faire. Mbappé a eu une occasion de faire plier Ospina mais sa frappe passe au dessus. Les supporters napolitains poussent en cette fin de première quand tout à coup : CLIMATISATION DU VOLCAN. Une ouverture sublime de Neymar pour Mbappé qui joue avec Raúl Albiol pour trouver… Juan Bernat qui marque à bout portant. L’homme tant décrié qui marque l’un des buts le plus important de la saison et qui met le PSG dans d’excellentes conditions pour la qualif’ ? Ça reste à voir.
Deuxième mi-temps, le spectacle est toujours au top dans les tribunes. Mais sur le terrain, Paris prend le bouillon. Sans un grand Gigi Buffon, conspué par le San Paolo à chacun de ses ballons touchés, Paris aurait pu couler. 4 parades décisives, un sauvetage de Kehrer, très intéressant lui aussi, laissent les Parisiens en tête. Mais sur un coup du sort, une passe en profondeur d’Insigne pour Callejón qui semble hors-jeu, un contrôle plus qu’approximatif de Thiago Silva, une anticipation efficace du milieu espagnol et une tentative désespérée d’O Monstro pour rattraper sa bourde, le Napoli obtient un penalty, totalement dans son momentum. Insigne le transforme, le stade explose et le mythique speaker du San Paolo ne se fait pas prier pour crier le nom du buteur à cinq reprises. Le PSG a reculé, le PSG contient moins le milieu mais le PSG peut toujours marquer à tout moment. Juan Bernat, très en vue, déborde sur son côté gauche, passe Maksimović qui lui attrape sa jambe gauche. Dans le parcage, c’est sûr, c’est un penalty. Mais pour l’arbitre néerlandais, il n’y absolument rien. Soit. Paris fait rentrer Cavani, ovationné encore une fois mais rien n’y fait, le club de la capitale ne marquera plus.
Pour Naples, ce match nul est considéré comme une victoire, la célébration des joueurs avec le public montre à quel point ce point est important. Premiers du groupe, les hommes d’Ancelotti sont maîtres de leur destin. Pour les joueurs de Thomas Tuchel, c’est la même situation. Avec un point de moins. Le match face à Liverpool va être décisif. Dans la nuit napolitaine, les supporters parisiens, restés dans le stade plus d’une heure après le coup de sifflet de l’arbitre, pestent encore contre ce dernier et se lancent dans des grands calculs pour savoir dans quelle situation leur club pourrait se qualifier, entre deux vannes balancées à Julien Cazarre présent dans la tribune. Ce n’est pas gagné. Arrivederci.
Crédit photo : Matteo Ciambelli / NurPhoto.
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