Arsenal, pour le meilleur et pour le pire

En dix jours, les supporters d’Arsenal sont passés par toutes les émotions. Après leur victoire contre Manchester United (2-0) dimanche dernier, les Gunners d’Unai Emery se dirigent revanchards vers le match retour des huitièmes de finale d’Europa League contre Rennes. Et ce match sera crucial dans le bilan de la première saison du coach basque sur le banc du club londonien.

Tottenham et Rennes, scénario cauchemar

Tout aurait pu se transformer en un vilain cauchemar. Du but d’Aaron Ramsey sur un caviar d’Alexandre Lacazette pour ouvrir le score, il y a dix jours contre Tottenham, au troisième but rennais planté par Ismaila Sarr jeudi dernier, Arsenal a enchaîné les déconvenues. D’abord, le North London Derby. L’enjeu était capital pour les Gunners, qui devaient gagner pour revenir à seulement un point de leurs éternels rivaux de Tottenham. Seulement voilà, Harry Kane a égalisé après la mi-temps sur un penalty litigeux.

Les Gunners pourtant acculés ont obtenu un penalty décisif dans les toutes dernières minutes de la rencontre. Mais Hugo Lloris l’a arrêté – ou Pierre-Emerick Aubameyang l’a loupé, au choix. La première victoire d’Arsenal à l’extérieur contre un club du top 6 depuis trois ans s’envolait (1-1). Et pour rajouter au marasme, Lucas Torreira était expulsé pour un tacle dangereux sur Danny Rose en fin de match. Cinq jours plus tard, c’est Sokratis qui recevait un carton rouge. Ses coéquipiers ont ensuite pris l’eau face aux Rennais fougueux et motivés par tout un stade. 3-1, le sort est presque jeté. 

Après United, le rêve de la Champions League

Sauf que se profilait déjà la réception capitale de Manchester United. Si Arsenal perdait, United s’envolait quatre points devant, et les espoirs de top 4 s’amenuisaient considérablement. Mais cette fois, les Gunners ont été sérieux pendant 90 minutes. Tous impliqués, d’un Leno en feu à un Lacazette de gala (même si il n’a pas marqué), les hommes d’Unai Emery sont devenus les premiers à vaincre en championnat les hommes d’Ole Gunnar Solksjaer depuis la nomination du coach norvégien. Mais il s’agit surtout d’une victoire cruciale dans la course à la Ligue des Champions. La voie se dégage : quatrièmes avec un point de retard sur Tottenham et deux d’avance sur Manchester United, les Gunners n’ont plus de clubs du top 6 à jouer.

Mais le championnat n’est pas le seul objectif de la fin de saison des Gunners. Si la priorité est fixée sur un retour en Ligue des Champions, les dirigeants et supporters d’Arsenal rêvent d’un meilleur parcours en Europa League que l’an dernier. Wenger avait amené ses Gunners en demi-finale contre le futur vainqueur de la compétition, l’Atletico Madrid. Unai Emery est un spécialiste de la petite Coupe d’Europe, pour ses trois succès consécutifs avec Séville entre 2014 et 2016. Une élimination contre Rennes, l’un des petits poucets de ces huitièmes de finale, serait une réelle déception. Surtout avec le scénario du match aller. Jusqu’à l’expulsion de Sokratis avant la mi-temps, les Gunners maîtrisaient leur sujet. Ils étaient même proches de mener 2-0, si l’arbitre n’avait pas sifflé un hors-jeu litigieux sur Pierre-Emerick Aubameyang.

Le retour polémique d’Alexandre Lacazette

Par la suite, Arsenal a pris l’eau, dépassé par la vivacité des Bretons. Mais le match retour ne sera pas une partie de plaisir pour les Rennais. Car les Gunners étaient déjà au pied du mur au tour précédent, après une défaite surprise en Biélorussie contre le BATE Borisov (1-0). Et au retour à Londres, Arsenal avait retourné la situation (3-0). L’Emirates est en effet (re)devenue une citadelle imprenable en Europa League. En quatre matchs, les Gunners ont gagné trois fois pour un nul, et ont marqué huit buts pour deux encaissés. En championnat, le constat est identique : seul Manchester City a réussi à s’imposer à l’Emirates. C’était pour le premier match de la saison (0-2).

Rennes n’a cependant pas besoin de s’imposer. Un nul ou une courte défaite suffirait au bonheur de toute une région, mais Julien Stéphan a écarté l’idée d’aller poser le bus à l’Emirates. Car le jeune entraîneur des rouge et noir le sait, l’artillerie offensive de feu des Cannoniers sera difficile à contenir. Alexandre Lacazette est l’homme en forme de l’attaque d’Arsenal. L’ancien lyonnais ne devait pas jouer le retour contre Rennes, suspendu pour trois matchs après un vilain coup de coude sur un joueur du BATE Borisov. Mais la commission d’appel de l’UEFA a réduit la suspension de l’attaquant français mardi soir, à seulement 48 heures du match. Un timing qui aura du mal à passer côté rennais.

La défense, le casse-tête d’Emery

Mais les Bretons auront des coups à jouer. Amputée de deux cadres (Hector Bellerin à droite, et Rob Holding en défense centrale), la défense des Gunners est le point faible de la première saison d’Emery. Si Laurent Koscielny réussit son retour de blessure post-Mondial depuis novembre, d’autres joueurs sont régulièrement pointés du doigt. En défense centrale, Shkodran Mustafi enchaîne les bévues. A droite, l’absence d’Hector Bellerin, auteur d’un excellent début de saison avant sa rupture du ligament croisé antérieur en janvier, laisse un grand vide. Le jeune Ainsley Maitland-Niles est souvent blessé et ne s’est pas réellement imposé. L’ancien joueur de la Juventus Stephan Lichtsteiner, recruté cet été, n’a clairement plus les jambes de ses vingt ans. Et l’éternel Carl Jenkinson, utile dans la rotation, reste trop limité pour jouer les plus gros matchs.

Contre Rennes, Emery devrait hésiter entre une défense à trois avec deux pistons, ou une formation plus traditionnelle en quatre défenseurs. Les joueurs d’Arsenal maîtrisent les deux tactiques et sont capables de s’adapter à des changements en cours de match. Car si les Gunners doivent marquer, ils ne peuvent pas se permettre de se mettre en danger. Un seul but des Rennais, et Arsenal se trouvera obligé de marquer trois buts pour au moins atteindre les prolongations. Un 2-0, comme contre United, avec une prestation aussi maîtrisée que dimanche dernier, qualifierait les Gunners. Bref, Unai Emery a besoin d’un deuxième match référence pour espérer une fin de saison vraiment canon.

Crédit photo : Ben STANSALL / AFP

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