Clément Lenglet, la force tranquille

Depuis quelques semaines maintenant, Clément Lenglet s’est fait une place au soleil et pas n’importe où. En effet, dans l’Europe du ballon rond, le jeune joueur français a gravi, petit à petit, les marches de la progression pour endosser aujourd’hui la tunique de titulaire indiscutable sous les couleurs immaculées Blaugrana.  Ce soir, son coach devrait, sauf surprise, à nouveau l’associer à l’icône catalane Gerard Piqué, avec qui il forme l’une des charnières centrales les plus efficaces du Vieux Continent. Des terrains de l’Oise à la Meurthe et Moselle en passant par l’Andalousie, retour sur l’itinéraire de ce joueur qui n’a pas fini de nous surprendre.

Un début de carrière Roji Blanco

Comme bon nombre des enfants qui foulent les pelouses de France et de Navarre les mercredis après-midi et les samedis, le petit Clément rêvait de pouvoir vivre de sa passion. Contrairement aux autres, lui avait conscience, dès le plus jeune âge, des sacrifices et des efforts nécessaires pour atteindre son objectif. Le natif de Beauvais attachait très tôt, une importance particulière à la préparation invisible, et ne rechignait jamais à s’astreindre des séances physiques et techniques en marge de celles dispensées par son club. Résultat, après 6 saisons passées à l’AS Monchevreuil, Lenglet réalise une mutation dans l’un des clubs qui comptent dans l’Oise : l’US Chantilly.

Bien entouré, avec un père présent qui sait allier débriefs justes et paroles motivantes, il passe le cap sans encombre arrivant même à se faire remarquer par les recruteurs. Cette constance dans les bonnes performances lui ouvre les portes de plusieurs centres de formation et il opte pour l’AS Nancy Lorraine. Ce choix est plus que réfléchi, puisqu’en plus de lui offrir un plan de carrière devant déboucher à terme sur la signature de son contrat professionnel avec l’ASNL, le club lorrain a l’intelligence de proposer un poste de recruteur à son père qui occupe une place prépondérante dans l’éclosion de ce talent. Avec un homme qui connaît la dure loi du milieu à proximité et qui, surtout, ne revendique jamais rien pour son petit loup, le virage important est une nouvelle fois bien négocié par le jeune défenseur. Son sérieux et sa maturité lui ouvre également, la même année, les portes du Pôle Espoirs de Liévin. Clément Lenglet intègre l’équipe des U16 pour réapparaître dans toutes les catégories d’âges.

Sans surprise, le gaucher intègre petit à petit l’effectif professionnel, avant d’être lancé dans le grand bain par Pablo Correa au Parc des Sports d’Avignon le 27/09/2013. Comme il est coutume pour les jeunes pousses, la première saison est souvent celle de l’apprentissage et son utilisation se fait avec parcimonie (3 apparitions 18 minutes TTC).

Captain Lenglet à 19 ans

A compter de la saison suivante, le technicien uruguayen fait de lui un de ses hommes de bases de la mission accession en Ligue 1 que son président lui a confiée. Deux saisons plus tard, c’est avec le brassard bien accroché au biceps depuis ses 19 ans que Clément Lenglet emmène son club dans l’élite du football hexagonal. Avec en prime un titre de champion de Ligue 2.

Son baptême parmi le gratin du football professionnel en France se passe on ne peut mieux, avec une honorable 13ème place à la trêve hivernale.  Déjà repéré et suivi depuis plusieurs années par les scouts les plus aguerris, le capitaine nancéen est très sollicité pendant le mercato hivernal. En proie à des difficultés financières et pensant l’avance prise sur leurs concurrents directs suffisante, M. Rousselot accepte une offre d’un peu plus de 5 millions d’euros de la part du FC Séville au grand dam de Pablo Correa.

S’appuyant sur les compétences reconnues de son directeur sportif, Monchi, le club sévillan réalise d’excellents coups sur les marchés des transferts, ce qui lui permet d’être compétitif à la fois sur la scène européenne mais également dans le championnat espagnol.  Bon nombre de joueurs de Ligue 1 avant Lenglet ont opté pour cette destination afin de suivre leur progression. La France est également pour Monchi un terrain de chasse bien familier comme il l’avait confié à Eurosport : « le joueur français à trois avantages. La ligue 1 n’est pas spécialement chère. Le joueur de Ligue 1 est physique. Et enfin, le joueur de Ligue 1 ne se cache pas. Il aime la compétition, il va au charbon. »

Après avoir éconduit la Juventus plusieurs mois auparavant, l’espoir tricolore saute le pas et relève le défi proposé par le club du Sud de l’Espagne. En Andalousie, après avoir réalisé ses débuts face au Real Madrid en Copa del Rey, Clément Lenglet s’impose rapidement dans le XI de Sampaoli et vient confirmer tous les points positifs relevés par les rapports de scouts. Ses débuts auraient pu être plus compliqués vu le nombre de changements importants qu’il a connu, avec pas moins de 4 techniciens en l’espace de 18 mois. Les hommes sur le banc changent peut être mais sa place de titulaire est rarement mise en cause. En Espagne, Clément ajoute de nouvelles lignes dans la colonne qualités avec de gros progrès sur différents thèmes. Tout d’abord, au niveau tactique puisqu’il  est dorénavant aussi bien à l’aise dans une défense à 3 qu’à 4, au niveau de l’anticipation et de la vitesse, mais également au niveau de la relance qui est de plus en plus juste. Si l’on croise ces données d’entrée à son âge et à sa marge de progression encore certaine, l’algorithme des cellules de recrutement des tops clubs européens s’emballe et Clément devient l’un des prospects les plus surveillés.

La concurrence avec Big Sam

Après une saison et demie à Séville, le natif de Beauvais succombe aux sirènes d’un des plus grands clubs d’Espagne et d’Europe : le FC Barcelone. L’axe Séville-Barcelone fonctionne assez bien. Dans le passé, plusieurs joueurs ont suivi cette route comme Dani Alves, Ivan Rakitic ou encore Seydou Keita.  Pour la modique somme de 35,9 millions d’euros, Lenglet s’engage pour 5 ans et sa clause est fixée à 300 millions d’euros par les dirigeants catalans, jurisprudence Neymar oblige.

Sur la Costa del Maresme, Clément Lenglet devient le 23ème joueur français à revêtir le maillot Blaugrana et se retrouve en concurrence avec son compatriote Samuel Umtiti.

Après des débuts difficiles et confronté pour la première fois à une concurrence de poids, l’Isarien se rappelle à ses bons souvenirs des valeurs qui lui ont permis d’en arriver là aujourd’hui.

En effet, à force de patience, de sérieux, et de travail, et surtout avec la blessure de Big Sam, il retrouve du temps de jeu. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Clément a su saisir l’opportunité qui s’offrait à lui en allant chercher ses galons de titulaire à compter de la 7ème journée avec la réception de l’Athletic Bilbao. Une chose est sûre : une fois qu’il s’accroche à une place, il est très difficile de le déloger. En outre, à date il n’a manqué en Ligue des champions seulement 10 minutes sur les 10 rencontres jouées par son club. En championnat, depuis la rencontre contre les Basques, Lenglet n’a manqué que 32% de temps de jeu en 29 journées (825 minutes sur 2 610 possibles) et en Copa del Rey, son ratio de minutes jouées s’élève à près de 75% (539 minutes sur les 720 possibles).

Adoubé par Piqué en attendant de l’être par DD

Reconnu aussi bien par ses dirigeants que par les membres du staff et ses coéquipiers, il ne s’est pas contenté de rabattre les cartes de la concurrence mais a bien inversé la hiérarchie en défense centrale axe gauche avec son compatriote. Effectivement, pour soigner sa blessure, Samuel Umtiti a opté pour un traitement qui lui évite une opération chirurgicale. Cela a donc permis à l’Oisien d’avoir le temps de jeu nécessaire pour gagner les cœurs des socios qui sont tombés sous son charme et rêvent que ce dernier forme dans quelques saisons une charnière avec la révélation européenne à ce poste : l’ajacide De Ligt.

Ce changement de statut dans l’un des plus grands clubs du monde doit lui permettre de revêtir incessamment sous peu le maillot tricolore. L’absence de ce joueur dans les dernières sélections de Didier Deschamps est de plus en plus incompréhensible. Face à la concurrence, Lenglet correspond à ce jour au seul joueur pouvant satisfaire les cahiers des charges définis par le sélectionneur, qui répète à qui veut l’entendre qu’il n’existe pas de totem d’immunité pour les champions du monde. Conscient encore une fois que la patience et ses prestations finiront par être récompensées, contrairement à d’autres avant lui, il ne revendique rien et n’utilise pas ses sorties médiatiques pour mettre la pression sur le sélectionneur.

Clément Lenglet aura ce soir, à nouveau l’occasion de faire étalages de toutes ses qualités et s’il négocie bien ces deux échéances importantissimes pour son club, il fera définitivement partie de cette caste de joueurs qui augmentent leur niveau de jeu proportionnellement à l’opposition. Du haut de ses 23 ans, l’horizon s’annonce plus qu’ensoleillé et les limites de son ascension, seul lui les connaît.

Crédit photo :JAVIER SORIANO / AFP

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Menottiste je dirais même plus Bielsiste bref l'amour m'a rayé comme le maillot de l'Argentine