Les clés de la réussite de Zidane au Real Madrid

Après son départ surprise à l’été 2018, le Real Madrid a connu une terrible redescente sur terre. Ainsi, en mars dernier, Zidane a repris la place qui est sienne. Couronné de succès avec le club espagnol, le Français a sa manière à lui de gagner des titres. A l’aube d’une nouvelle saison, on décrypte la méthode Zidane.

Quel entraineur peut se targuer d’avoir remporté trois Ligues des Champions consécutivement ? Un seul : Zinedine Zidane. Depuis sa première prise de pouvoir, en janvier 2016, le Real Madrid a imposé sa loi en Europe. Et son commandant de bord n’y est évidemment pas étranger. Joueur couronné de succès, le Zinedine Zidane entraîneur est également en train d’écrire l’histoire. Cette fois, depuis son banc de touche. Après sa carrière de joueur, son histoire d’amour avec le Real Madrid s’est poursuivie. Celui qui murmurait aux oreilles de Florentino Perez durant l’ère Mourinho a ensuite appris aux côtés de Carlo Ancelotti. C’est d’ailleurs lors de la finale de la Champions League 2014 que nous allons découvrir les premiers symptômes de Zizou dans un rôle d’entraineur.

ZIdane, plus qu’un coach adjoint

Passé ensuite par la Castilla, il remplace le vieillissant Rafael Benitez en tant qu’entraîneur principal du Real Madrid au début de l’année 2016. Une évolution logique pour un joueur qui a marqué l’histoire du club merengue. Mais être un grand joueur ne fait pas de vous un grand entraîneur. Au contraire, il augmente la pression sur vos épaules, surtout quand vous vous appelez Zidane, surtout que vous commencez au Real Madrid. En deux ans et demi de coaching, l’ancien numéro 10 a garni son armoire à trophées d’une dizaine de titres collectifs et individuels. Le doit-il à ses capacités de coach ? Ou aux joueurs exceptionnels qu’il avait sous la main ? Dans son cas, ces deux options semblent indissociables.

Car oui, Rafael Benitez avait les mêmes joueurs que Zinedine Zidane, lors de la saison 2015/2016. Pourtant, le Real patinait en Liga loin du FC Barcelone et surtout, ne montrait aucun signe encourageant. L’arrivée du Français a tout changé. Dès ses premiers mois, il va remporter la plus prestigieuse des compétitions européennes et va même échouer à un point de Barcelone en Liga, après 12 victoires consécutives pour finir la saison. Pour sa première expérience sur le banc, Zidane a convaincu et a même commencé à imposer sa patte. Il a décidé, rapidement après son arrivée, d’installer Casemiro au cœur de son milieu de terrain. Cette décision a changé le visage du Real, puisque le milieu brésilien semble toujours plus indéboulonnable.

Adoubé par ses joueurs

Outre ce choix fort, Zidane a excellé, durant ces trois saisons, dans la gestion de son effectif. De par son vécu, il a réussi à faire entendre au boulimique Cristiano Ronaldo la nécessité de s’asseoir sur le banc pour se reposer. Et mieux conserver son corps, lui qui était entré dans la trentaine. Durant ses deux dernières saisons madrilènes, le Portugais jouera moins et, de ce fait, sera distancé dans la course au Pichichi qu’il avait l’habitude de mener avec Messi.

« Cristiano ne marque plus, il est fini », pouvait-on souvent entendre de la bouche des supporters madrilènes. Pourtant, le Portugais et son coach savaient très bien ce qu’ils faisaient. Durant les deux saisons où Cristiano s’est « reposé » en première partie de saison, il a excellé à partir de février, dans les matchs qui comptent vraiment. Il a donc, grâce à ses buts dans les matchs décisifs, apporté deux nouvelles Ligues des Champions au Real.

Outre Cristiano Ronaldo, Zidane a noué une relation particulière avec un autre Français : Karim Benzema. Ce dernier, qui considère son coach comme un « grand frère » selon ses dires, est un élément de base du système Zizou. « On a une relation très forte », confirme-t-il. C’est une des forces du ballon d’or 1998. Créer une vraie relation de confiance avec ses joueurs, pour exploiter pleinement leur potentiel. Sous sa houlette, Marcelo et Isco ont su se sublimer pour devenir des joueurs de classe mondiale, voire même des candidats au top 10 du ballon d’or. Rien qu’à voir la saison dernière, sans Zinedine Zidane, le défenseur brésilien et le milieu espagnol ont perdu leur niveau de jeu en même temps que leur place de titulaire. Pour sa première composition à son retour, le 16 mars dernier, le Français a remis au gout du jour ses anciens joueurs de base, qui se retrouvaient sur le banc à côté de Solari. Ainsi, Navas, Isco, Marcelo et même Bale ont pu retrouver les plaisirs du terrain et des performances à leur niveau.

Le Zizou tactique, c’est quoi ?

Les qualités de meneur d’hommes de Zidane ne sont plus à prouver. Sa connaissance du football non plus. En 2017, lorsqu’il réalise le doublé Ligue des Champions – Liga avec le Real, il a installé Casemiro et Isco au cœur de son équipe. Au détriment de Bale notamment. C’est grâce à ces deux joueurs que Modric et Kroos pouvaient se concentrer sur la création et Cristiano sur son rôle de buteur. « J’ai demandé à Kroos et à Modric de défendre en avançant, en cherchant à gagner du terrain sur l’adversaire, alors que Casimero assurait l’équilibre sur la largeur en couvrant les milieux qui exerçaient le pressing. Son rôle a été déterminant au sol et dans le jeu aérien ! », a commenté le Français, à propos de la finale de la Champions League 2018. C’est durant la mi-temps de cette fameuse finale que Zidane a fait preuve d’un sens tactique intéressant et précis pour dynamiser son équipe.

La force madrilène au milieu permet également d’offrir énormément de libertés à Marcelo et Carvajal sur les côtés. Les deux latéraux étaient très offensifs et apportaient sans cesse le surnombre en attaque. En plus de cela, ils se montraient décisifs (5 buts et 29 passes décisives à eux deux, en 2016/2017). La vraie patte de Zidane, c’est bien de mettre en avant ses deux latéraux. « Ils ont cette capacité de dépasser leur fonction et de créer l’incertitude chez l’adversaire. Lorsque le ballon va sur les côtés, il peut toujours se passer quelque chose, et nous avons souvent débloqué des situations par le déclenchement d’actions sur les côtés », a-t-il insisté.

Autre fait d’arme de Zinedine Zidane, sa capacité d’adaptation au fur et à mesure d’un match. Le 14 février 2017, le Real Madrid reçoit le PSG, en 8ème de finale aller de la Ligue des Champions. Paris arrive en pleine bourre et fait plus que bousculer le champion en titre, il le domine. Le résultat d’1-1 semble même frustrant pour les Parisiens. Et puis, à la 79ème minute, Zidane change la donne. Avec un double changement, il replace son équipe en 4-4-2. Fraîchement entrés, Asensio et Lucas Vazquez perturbent complètement l’organisation d’Unai Emery, qui ne peut pas répondre à ce coup tactique. Avec deux buts après ces changements, Zidane a gagné sa bataille tactique face à son homologue. Il rééditera la même stratégie au match retour, mais dès le coup d’envoi cette fois. Avec, à la clé, une nouvelle victoire.

Une identité propre sur le terrain dure à définir, pas en coulisse

L’identité de Zidane, c’est la victoire. En tant que joueur comme en tant qu’en entraîneur. Avec seulement 16 défaites en deux saisons et demie, le coach français est une machine à gagner. Pourtant, il est difficile de lui accorder un vrai style de jeu propre à lui. Avec les joueurs dont il dispose, il est normal que le Real Madrid ait la possession du ballon, surtout contre des clubs bien inférieurs en Liga. A l’inverse de Guardiola, Mourinho ou même Deschamps, Zidane ne semble avoir pas un style de jeu qu’il peut transmettre d’équipe en équipe.

Comme dit précédemment, Zidane compte sur ses hommes de base, à qui il confie la responsabilité de lui faire gagner des titres. Cette vérité marche dans les deux sens. « Aucun problème Mister, moi non plus je ne veux pas continuer à travailler avec vous », lui aurait dit Dani Ceballos. Pourtant très prometteur, le milieu de 22 ans n’a jamais eu les faveurs de son coach. Il n’est pas le seul. James Rodriguez a très rapidement été poussé vers la sortie par le Français. Revenu de deux ans de prêt au Bayern Munich, le Colombien entendait bien s’installer au Real sur le long terme. Sauf que Zidane ne l’entend pas de cette oreille. Ce dernier ne le convoque même plus pour les matchs amicaux de pré-saison. C’est aussi le cas de Gareth Bale, pourtant héros de la finale de la Ligue des Champions 2018.

L’entraineur de l’année 2017 aime décider de tout. C’était même une des raisons de son départ du Real en 2018, où le cas Cristiano avait divisé en interne. C’était aussi l’une des conditions de son retour. Avec une main mise sur le mercato, Zidane aime assembler son équipe, brique par brique. Cet été, il a eu l’occasion de le faire, même si Pogba lui a échappé. Avec les joueurs qu’il a désiré, l’homme aux trois Ligues des Champions consécutives a l’occasion de relancer un cycle au Real Madrid. Un cycle qu’il avait lui-même initié. Et qui a écrit la plus belle page, du plus grand club de l’histoire.

Crédit photo: Jose Breton / NurPhoto

0