[Serie A] Dejan Kulusevski, une saison et puis s’en va

Une nouvelle fois, cette saison de Serie A a été riche en grands moments, en surprises et en révélations. Parmi ces dernières se trouve Dejan Kulusevski. L’ailier suédois réalise une époustouflante saison avec le maillot de Parme. Âgé de 20 ans, il va rejoindre la Juventus dans quelques semaines. Si son talent est indiscutable, les interrogations planent sur ce choix quelque peu avide.

Dribbles, dribbles et dribbles

Dejan Kulusevski naît le 25 avril 2000 à Stockholm de parents d’origines macédoniennes. Il commence le football dès ses six ans dans le club de Brommapojkarna, un club réputé en Suède pour sa formation. Très vite sont repérées chez Dejan des qualités techniques au-dessus de la moyenne. Andreas Engelmark, qui a eu Kulusevski sous ses ordres de U13 à U15, définit son ancien poulain en trois mots : « Dribbles, dribbles et dribbles. » Avant d’ajouter, dans les colonnes de la Gazzetta dello Sport : « C’est un brave garçon. En tant que joueur, il ne peut que s’améliorer. Dejan reste l’un des meilleurs joueurs que j’ai entraîné. C’est l’avenir de la sélection. »

C’est en 2016 que la carrière du jeune prodige suédois va prendre un grand tournant. Kulusevski participe à un tournoi au Danemark avec l’IF Brommapojkarna, où sont présentes de grandes écuries européennes. Arsenal et l’Atalanta tombent sous le charme. C’est finalement la Dea qui s’en attachera les services. Kulusevski attend d’avoir 16 ans (âge légal pour rejoindre un centre de formation étranger) afin de rallier la Lombardie. Un choix judicieux puisque l’Atalanta dispose du meilleur centre de formation italien.

À LIRE AUSSI – US Sassuolo : Le loup déguisé en agneau du calcio

Kulusevski débute avec les U17, puis intègre rapidement la Primavera. Majoritairement utilisé dans un rôle de milieu axial, le Suédois joue 55 matches avec cette équipe pour 17 buts et 26 passes décisives. Cerise sur le gâteau, la Primavera bergamasque remportera le championnat lors de l’exercice 2018-19. Avec les professionnels, Kulusevski ne disputera que trois matches pour un total de 102 minutes. Les dirigeants nerazzurri décident alors de le prêter. Direction l’Émilie-Romagne et Parme pour l’ailier suédois.

Kulusevski-Parme, ça va ensemble

Très vite, Kulusevski va devenir un titulaire indiscutable dans cette nouvelle équipe. Roberto D’Aversa, l’entraîneur, opère un changement tactique concernant sa nouvelle recrue. Désormais, Kulusevski évoluera au poste d’ailier droit au sein du 4-3-3, le système préférentiel du tacticien italien. Un choix payant. Le numéro 44 inscrit son premier but lors de la 6e journée contre le Torino (3-2), le 30 septembre 2019. Un premier but en professionnel qui va lancer sa saison. Il enchaîne alors les solides prestations, comme sur la pelouse de Naples lors de la 16e journée. Un match que Parme remporte 2-1 et durant lequel il s’offre une passe décisive et un but, sur lequel il prend de vitesse Kalidou Koulibaly en le faisant tomber par terre. Rien que ça.

Les tifosi gialloblù tombent rapidement amoureux de ce cyborg scandinave. Kulusevski s’impose comme le leader technique de son équipe. Les statistiques parlent d’elles-mêmes. Joueur le plus utilisé avec 37 matches joués (sur 39), le Suédois a inscrit 9 buts pour 8 passes décisives, ce qui fait de lui le meilleur passeur de son équipe. Facile techniquement, cherchant toujours la verticalité et capable d’être décisif aussi bien en attaque rapide qu’en attaque placée, Kulusevski est devenu indispensable.

Si bien que, dès qu’il est en-dessous de son niveau, Parme est en difficulté. C’est le cas contre la Sampdoria (2-3) où il s’efface en seconde période. Les Parmesans menaient 2-0 à la pause avant de s’écrouler. Pourtant, Kulusevski sait être décisif dans des matches où il est inexistant. Ce fut le cas le week-end dernier contre Brescia (2-1) où sur deux fulgurances, il inscrit un sublime but et délivre une passe décisive.

Un départ précoce ?

Forcément, ses prestations ne sont pas passées inaperçues, notamment du côté de Turin. Lors du dernier mercato hivernal, la Juventus s’en attache les services pour 35M€ (+9 de bonus). Kulusevski signe un contrat jusqu’en 2024 pour un salaire annuel de 2,5M€. Une somme conséquente dont le club parmesan ne touche rien puisqu’il appartenait à l’Atalanta. Les dirigeants biancocelesti décident de le laisser en prêt à Parme jusqu’à la fin de l’exercice 2019-20.

Le principal intéressé s’estime alors très heureux de rejoindre Turin et pense avoir fait le meilleur choix : « Ma position sur le terrain et l’aspect tactique sont les principales raisons pour lesquelles j’ai rejoint la Juve. J’ai beaucoup étudié le jeu de Sarri. […] Je viens à Turin pour gagner ! » Il est clair qu’au niveau tactique, le choix de rejoindre la Juve de Sarri s’avère judicieux. En premier lieu car cette dernière évolue en 4-3-3 comme Parme, un système qu’intégrera l’international suédois sur l’aile droite de l’attaque. Deuxièmement, le style de jeu proposé par Maurizio Sarri correspond aux qualités de Kulusevski. Une équipe qui aime avoir la possession et la maîtrise technique avec des ailiers utilisés plus dans un rôle d’organisateur que de sprinteur.

À LIRE AUSSI – [Serie A] Bologne, une saison pleine de promesses

En vue du contexte actuel, Dejan Kulusevski a tout pour obtenir une place de titulaire au sein de cette équipe. La concurrence à ce poste est pour le moins faiblarde. Douglas Costa se blesse trop souvent, Bernardeschi ne répond pas aux attentes et Cuadrado est régulièrement utilisé comme latéral droit. Kulusevski a toutes les chances pour s’imposer à la Juve si on se fixe sur l’aspect purement technique. Néanmoins, ce critère n’est pas le seul à prendre en compte.

Cette saison est la première du natif de Stockholm au top niveau. C’est relativement peu pour en tirer des garanties, surtout au moment de rejoindre un club comme la Juventus, où les exigences sont colossales comparées à celles à Parme. Ces dernières saisons, nombreux sont les jeunes talents à avoir rejoint le club turinois de manière précoce. Et pour la plupart, ce manque de patience a été synonyme d’échec. C’est le cas de Caldara, Pjaca ou encore Mandragora. L’idée n’est pas de remettre en cause son talent, mais de prendre du recul sur un joueur qui n’a pas suffisamment prouvé. Il ne rejoint pas un club « tremplin ». Comme le dit le célèbre dicton :  Petit frère veut grandir trop vite, mais il a oublié que rien ne sert de courir.

Crédit photo : LaPresse / Icon Sport

0