La Liga en mauvaise posture

Si par hasard vous vous êtes égarés un vendredi soir sur un match de Liga, ou même si vous avez regardé quelques affiches de ce championnat ces dernières semaines, vous vous demandez peut-être pourquoi il rivalise avec la Ligue 1 désormais. Eux ont toujours un diffuseur, mais pour la qualité, il y a des choses à revoir. On vous explique quelles sont les failles. 

La fin du Cholismo

Ce fameux jeu pragmatique, celui qui a fait briller Bordalas jusqu’en Ligue Europa, celui qui a surtout fait les grandes heures de Diego Simeone. Aujourd’hui, même el Cholo a fait évoluer son jeu. Il a longuement expliqué que son équipe, depuis la saison passée, avait besoin de temps parce qu’elle s’adaptait. Son travail se voit désormais clairement sur les pelouses de Liga, autant pour le jeu mis en place que pour les résultats. Malgré sa défaite contre le Real le week-end dernier, l’Atlético de Madrid est toujours 2e de Liga. Pour les autres équipes qui ont tenté de s’illustrer en reprenant les principes de Simeone, beaucoup se sont cassés les dents.

Des équipes qui ne brillent pas forcément mais qui rendent surtout la Liga bien inintéressante. Le phénomène s’amplifie sur cette deuxième saison et on ne vous en veut pas si vous piquez une tête devant certains matches. Il faut dire que le jeu proposé n’est guère emballant. Certaines équipes tentent d’échapper au phénomène : la Real Sociedad bien évidemment, mais aussi le Celta de Coudet, Huesca, Levante et… l’Atlético de Madrid. Alors oui, même el Cholo fuit le Cholismo ou du moins le réinvente. Incroyable non ? 

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La faute aussi au rythme depuis le début de saison, parce que si certaines équipes rendent le championnat moins intéressants par défaut de «pragmatisme» et de systèmes de jeu qui ont pour seul objectif de contrer l’adversaire, il y aussi la fatigue. En début de saison, on vous vantait la gloire de Villarreal ou encore Granada chez Ultimo Diez. Force est de constater que seule la Real Sociedad a échappé à l’Ultimo prophétie. Les deux autres équipes au jeu attrayant en ce début de saison sont fatiguées, jouent sur plusieurs tableaux et traversent le continent pour jouer la Ligue Europa (surtout Villarreal d’ailleurs). 

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Mais le problème dépasse également le cadre pur et simple du jeu. Parce que oui, certains clubs manquent d’ambition et optent pour ce jeu qui leur permet de se sauver. Et il y a des arguments en leur faveur. Cadiz, récent promu, est en bon chemin pour se maintenir avec son jeu apathique. Huesca qui tente de jouer au football peu importe l’adversaire végète en fond de tableau et a acquis sa première victoire le week-end passé. L’autre soucis vient d’une locomotive à deux têtes épuisée. 

Un tandem Real – Barça qui fait moins rêver

L’un avait eu du mal au début de saison et semble revivre, l’autre vit le phénomène inverse et peine à gagner contre Levante. Le problème de la Liga est aussi la dépendance à ces deux grands clubs qui font briller le championnat hors des frontière. Locomotive d’un train qui s’essouffle, la Liga ressemble plus à un Intercités qu’à un TGV. Même si elle tend à retrouver des couleurs quand les deux clubs auront résolus quelques soucis.

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Au Real Madrid, le mauvais départ est plutôt dû à une succession de blessure qui les privent d’un latéral droit une bonne partie du début de saison. Carvajal retrouvé, ZZ enchaîne à nouveau. Contre l’Athletic Club, les madrilènes enchainent quatre victoires de rang pour la 1e fois de la saison. Les retours d’autres hommes fort de Zidane ne sont pas non plus étrangers à ce nouveau succès. Fede Valverde revient lui aussi de blessure, Kroos et Modric sont de nouveau les cracks interplanétaires que l’on avait perdus. Et Benzema en tête de gondole explose tous les compteurs. «Benzema est le meilleur attaquant français de l’histoire», encense coach Zidane mardi soir après son doublé qui permet la victoire du Real contre Bilbao (3-1). Si le Real Madrid continue comme ça, il y aura donc du suspense en tête, entre la Real Sociedad et l’Atlético. 

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À Barcelone, les choses s’inversent. Le Real revit, le Barça sombre. Eux qui déchainaient les foules avec un semblant de football total en début de saison sont revenus aux bases très monotones de ces derniers temps. Chose assez symptomatique : le Léo Messi qui avait retrouvé le sourire début de saison malgré qu’il soit contraint de rester à la maison traîne désormais les pieds sur le carré vert. Beaucoup de critiques sont imputées à pas mal de monde : les joueurs, le coach, la pelouse, l’arbitre etc. Le problème vient de bien au-delà, et on ne parle pas de «fin de cycl ». On parle d’un club qui va mal depuis des années maintenant, où les journalistes font la pluie et le beau temps et semblent vivre dans le vestiaire. D’un club qui n’a plus rien de l’institution Barça si ce n’est son nom. La crise que traverse le Barça est nettement plus grave que celle passagère vécue au Real. Tout n’est pas rose à Madrid (sauf l’affiche de Laporta à 10m du Bernabeu), mais tout est gris foncé au Barça. Les élections sont prévues pour le 24 janvier, et un grand ménage à tous les niveaux est vital si le club veut espérer retrouver les sommets.

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L’un dans l’autre, les deux rivaux ont du mal à se tirer vers le haut. Parce qu’historiquement, le Real n’a jamais été aussi fort que lorsqu’il devait faire face à un Barça transcendant. Et inversement. Ces dernières saisons, ils avaient chacun leur compétition, comme si cela suffisait à leurs affaires. Mais le Barça a passé un cap la saison passée, en faisant une saison blanche et en regardant depuis la Catalogne les Madrilènes célébrer leur titre de champions de Liga (dans le respect des gestes barrières).

Des institutions poussives

Dans un dernier point, il s’agit aussi d’imputer cette défaillance surtout remarquable depuis deux saisons à un système. Alors que relativement la Segunda se porte plutôt bien, la Liga elle-même locomotive de tout le football espagnol se contente de ce qu’elle est. Alors oui il y a eu des changements récemment avec notamment l’arrivée de DAZN comme diffuseur. Mais il y a beaucoup de points qui n’encouragent pas à l’amélioration. La LFP espagnole se concentre davantage sur un business qui consiste à faire venir plus de téléspectateurs étrangers. Ce plan a  cependant un défaut relativement important : mettre du football à 12h pour attirer les spectateurs chinois notamment, c’est une idée, mais quand ce même championnat produit un football médiocre, auront-ils vraiment envie d’y revenir ?

Un autre point de la Liga est de tout faire pour garder les stars dans son championnat. Si l’on suit la logique financière des droits TV, c’est normal. Mais les droits TV ne viennent pas que dans les gros matches. Qui aujourd’hui a envie de regarder un Getafe-Séville qui se finit sur un 0-1 grâce à un but contre-son-camp. Là où pendant des années on nous rabâchait que la Liga c’était le beau jeu, l’Espagne perd de sa superbe. Sans compter sur le conflit ouvert entre le président de la Ligue et le président de la fédé, qui animent plus les débats que les questions de fond. 

L’avenir doit venir de coachs avec des idées, de jeunes qui ont encore foi en leurs clubs et qu’on laisse progresser. Le retour des supporters au stade prévu «en janvier» selon Javier Tebas, président de la Liga, pourrait aussi ramener un peu d’enthousiasme, que ça soit pour le spectacle en tribunes ou la pression apportée par celles-ci. Les supporters ne pourront par contre pas être entendus sur tous les sujets puisque les matches de Liga du vendredi et du lundi ne seront pas interdits. Décision de la Juge de la compétition, qui rejette la demande de la Fédération contre la LFP espagnole. Il y a encore des progrès à faire pour tirer vers le haut, le football espagnol dans son ensemble.

Crédit Photo : Icon Sport

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