FC Metz : la fête ne fait que commencer

Pour la seconde saison consécutive, Metz se maintient en Ligue 1. Et cette fois, c’est assez largement. Actuellement 10e de Ligue 1 après un très bon début de saison, le club messin achève sa meilleure saison du siècle dans l’élite. Retour sur un exercice réussi, qui rappellera à certains que les boîtes de nuit existent toujours.

Le FC Metz terminera une surprenante et enthousiasmante campagne aux alentours de la dixième place. Surprenante, car les Messins nous ont habitués à lutter pour le maintien jusqu’au bout, eux qui se sont virtuellement maintenus dès fin février. Enthousiasmante ensuite, car ces mêmes Messins ont un temps été en course à la cinquième place, au coude à coude avec Lens ou Marseille, avant de s’effondrer une fois le maintien obtenu.

Peu importe. Cela faisait bien longtemps que l’on n’avait pas fait la fête comme ça en Lorraine. Les Grenats vont enchaîner une troisième saison dans l’élite pour la première fois depuis 2005. Mieux, ils obtiennent là leur meilleur classement depuis 1999. Habitués à débuter les saisons avec un mal de crâne causé par une campagne précédente manquée, l’équipe de Bernard Serin peut attendre août prochain la tête reposée. Du moins, un peu plus que d’habitude. Cette saison est la preuve que le club a les qualités pour viser mieux que la lutte pour le maintien.

Metz a surpris par sa force collective, un peu comme ce groupe de potes qui se fait remarquer en arrivant en soirée. C’est bien cette force qu’il faudra préserver cet été lors d’un mercato qui a souvent vu les Lorrains se séparer de leurs éléments forts. Au sein de ce collectif, des individualités se distinguent. Des individualités qui ont permis au FC Metz et ses supporters de faire de cette saison une fête. Une fête qui sera peut-être amenée à en appeler d’autres.

Le videur : Dylan Bronn

Sept. C’est le nombre de minutes qu’a manqué cette saison en Ligue 1 le défenseur tunisien. Il est, derrière le Dijonnais Bruno Ecuélé-Manga, le joueur de champ avec le plus de temps de jeu. Sept, c’est aussi la position messine au classement de la meilleure défense avant la 38e journée (47 buts encaissés). Aux côtés du capitaine John Boye et du prometteur Kiki Kouyaté, Bronn a été l’élément fort de cette défense. Indispensable, souvent infranchissable, il fait de la défense de son équipe une des meilleures du championnat. Arrivé de La Gantoise à l’hiver 2020, il n’a fait que continuer ce qu’il avait déjà montré avant l’arrêt causé par la Covid. Réputé depuis des années pour sa perméabilité, l’arrière-garde messine est transformée depuis.

Défenseur solide, bon tacleur, il se distingue souvent par sa force et sa volonté à aller au duel. À l’image de ce ballon récupéré face à Lyon loin de son but, Bronn est derrière Kimpembe le deuxième défenseur central à avoir réussi le plus de tacle au milieu du terrain (24). L’international tunisien est un défenseur très propre. Il a commis 36 fautes cette saison, environ une par match donc dans une défense exposée, et a reçu seulement trois cartons jaunes. Son jeu de tête constitue également une force : il remporte près de 60 % de ses duels. Il a inscrit un but de la tête cette saison, et un autre sur pénalty. Il a aussi su faire progresser son jeu de passe, habituellement loin d’être son point fort. Bronn déclarait pour Téléfoot que le travail de son entraîneur «le poussait à travailler encore plus et à apprendre à mieux connaître le football.»

L’infatigable : Fabien Centonze

Cette saison à Metz, le travail des latéraux ou des pistons a été considérable. À gauche, le temps de jeu s’est partagé équitablement entre Matthieu Udol et Thomas Delaine. Le premier est surtout utilisé pour ses qualités défensives, le second pour ses qualités de percussions dans le camp adverse. À droite en revanche, le titulaire au poste n’a fait aucun débat. Fabien Centonze a avalé toutes les minutes qu’on lui offrait, ne manquant que deux petits matches.

Jamais avare d’efforts, il a été aussi précieux en tant que latéral que piston. Il faut tout de même noter que son apport offensif, lorsqu’il joue plus haut sur le terrain, est un peu moins notable que sa contribution défensive. Il n’a marqué qu’à une seule reprise, lors d’une défaite face au PSG, et n’a pas délivré la moindre passe décisive. Sa présence pèse, ses qualités de projection aussi. C’est le cinquième joueur de Ligue 1 a avoir le plus fait progresser le ballon balle au pied dans les 30 derniers mètres. Mais le Français a du mal à être décisif au moment du dernier geste. Sur 107 centres, il n’en a réussi que 21. Il a tout de même réalisé 41 actions amenant à un tir.

La heatmap de Fabien Centonze cette saison en championnat. Via Sofascore.

En revanche défensivement, tout est réuni. Présence, efficacité, statistiques. Que ce soit pour tacler, intercepter ou contrer, vous trouverez souvent un Fabien Centonze face à vous. Le Messin a tout de même été averti à neuf reprises cette saison. Si cette statistique peut témoigner des axes de progression qu’il peut encore avoir, c’est surtout le signe de l’engagement sans limite du natif de Voiron. Milieu de formation, l’ancien joueur de Lens a bel et bien comblé ses lacunes pour devenir un des latéraux les plus polyvalent du championnat.

Le danseur : Farid Boulaya

Au sein d’une équipe parfaitement disciplinée tactiquement, Farid Boulaya se distingue en apportant cette petite touche de fraîcheur. Cette touche de folie. Boulaya est un manieur de ballon. Un meneur de jeu qui aime le dribble. Ce genre de joueur qui nous fait nous lever de notre canapé, qui fait danser la balle. En bref, un joueur frisson. À 28 ans, l’Algérien réalise enfin une saison pleine dans l’élite. Une saison à la hauteur de son talent. En l’absence d’Ibrahima Niane, c’est à lui qu’ont été confiées les clés de l’attaque messine. Avec cinq buts et huit passes décisives en championnat, les statistiques sont correctes, mais auraient pu être un poil meilleures.

En revanche, dans le jeu, l’impact de Boulaya est indéniable. Il se justifiait lui-même dans les colonnes de So Foot en garantissant être un des deux joueurs parcourant le plus de kilomètres à chaque match. Longtemps décrit comme un joueur qui tricotait trop, l’ancien de Istres a évolué pour épurer son jeu. S’il continue de nous offrir des gestes de grandes classes (94 dribbles tentés, 60% de réussite), il sait parfaitement servir ses coéquipiers. Avec 72 passes clés, c’est le deuxième joueur de Ligue 1 à en avoir distribué le plus. Malgré un coup de mou depuis le mois de mars, sa saison aura d’ors et déjà été récompensée par le titre de meilleur joueur du moins en janvier. Il avait alors inscrit deux buts et délivré trois passes décisives, le tout en trois rencontres. Malheureusement pour le club grenat, le joueur algérien a refusé une prolongation de contrat et devrait donc quitter le club.

Celui qui sort pour la première fois : Pape Sarr

C’est sans doute le plus gros motif de satisfaction de la saison des Grenats. Débarqué cet été de Génération Foot, le club partenaire de Metz au Sénégal, le joueur de 18 ans a gravi les différents échelons à une vitesse exceptionnelle. L’espoir Sénégalais s’était révélé lors de la Coupe du monde U17 en 2019, durant laquelle il avait inscrit trois buts. Pas retenu par Hognon, il est petit à petit intégré à l’effectif avec Antonetti, avant de se faire une place définitive dans le onze.

Si Pape Matar Sarr est un milieu polyvalent, le plus souvent utilisé devant la défense dans un double pivot, il s’est surtout fait remarquer pour ses très nombreuses qualités offensives. Qualités qu’il a pu développer dans un rôle de meneur de jeu lorsqu’il évoluait en Afrique. Ce positionnement et le contexte dans lequel évolue Metz lui est favorable. Procédant souvent en contre, le Sénégalais a tout le loisir de faire valoir ses qualités de projection en portant le ballon. Vitesse, agilité, il est capable naturellement de casser des lignes. À l’image de sa première touche de balle, le joueur a une qualité technique déjà au-dessus du lot.

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Cette qualité balle au pied se retrouve aussi au moment de lâcher le ballon. Sa vision du jeu et sa qualité de passe lui permettent de distribuer de très bonnes passes. Ses 85 % de passes réussies parlent pour lui, encore plus les 75 % de passes longues complétées. Il a également délivré 18 passes clés en 20 matches. Son arme principale reste sa qualité de frappe lointaine. Il a tiré 27 fois cette saison, majoritairement en dehors de la surface, pour trois buts inscrits. Celui qui aurait légitimement pu être nominé comme meilleur espoir aura été récompensé par une première sélection en équipe A du Sénégal. En attendant, Metz a tout intérêt à la garder au moins une saison de plus.

Le SAM : Frédéric Antonetti

Celui qui conduit, c’est celui qui ne joue pas. Sa réussite, l’équipe la doit aussi à son entraîneur. Revenu au club en octobre, Antonetti continue sur la lancée de ce qu’avait commencé Vincent Hognon avant lui. Le Corse a alors fait de son équipe une des plus létales du championnat : solide défensivement, dangereuse offensivement. Les Messins étaient en pleine réussite et pouvaient aussi s’appuyer sur un primordial Alexandre Oukidja. Le coup de moins bien du club depuis la rencontre face à Angers lors de la 28e journée coïncide avec la suspension du gardien. Depuis son retour, les choses ne se sont pas arrangées. Les joueurs sont tombés de leur petit nuage plein d’efficacité. En enlevant une éclatante victoire à Dijon (5-1), Metz compte deux points sur les neuf derniers matches, pour cinq buts inscrits.

Peut-être également que l’effectif avait atteint sa limite. Composé de joueurs de talents, ils ne sont pas nombreux à avoir enchaîné les saisons de Ligue 1. Ce manque d’expérience a payé en arrivant dans la dernière ligne droite. Absent entre octobre et avril, Ibrahima Niane est toujours le meilleur buteur de l’effectif en Ligue 1, avec six réalisations.

Frédéric Antonetti peut effectivement s’appuyer sur une base solide. Un mercato intelligent permettrait d’ajouter à ce collectif des éléments pour se stabiliser à ce niveau dans un premier temps. Et ensuite, pourquoi ne pas songer à prolonger la fête encore quelques années ?

Crédit photo : Icon Sport

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