Suite à une saison 2018-2019 très décevante dans l’ensemble des compétitions disputées, la situation de l’Olympique de Marseille appelle à des changements de grande envergure. À l’aune d’un mercato décisif pour l’avenir du club, retour sur les besoins du club phocéen.
Tout ou presque a été dit sur l’OM cette saison. En janvier, déjà, nous revenions sur la hiérarchie des responsabilités.
Le bilan, à une journée de la fin, n’est guère plus reluisant que celui brossé en janvier dernier. 13 défaites en Ligue 1, près de 50 buts encaissés, une 6ème place précaire et à 7 points de la 4ème détenue par un club qui investit 100 fois moins mais joue à fond la carte de la progression linéaire, l’AS Saint-Étienne, bref. Tout ce qui a été dit est maintenu, voire aggravé.
Chose étonnante : le calme des supporters marseillais. Malgré quelques banderoles agressives et de forts moments de tension suite à la claque infligée par l’Olympique Lyonnais (0-3), on demeure loin de la quasi guerre-civile du crépuscule de l’ère Labrune.
Le bilan étant sans appel, des changements aussi drastiques que nombreux doivent être faits. Et ne se limitent pas, en dépit de 3 ans de lourds investissements, à un simple renouvellement de l’effectif.
La gestion et le board
À l’arrivée de Franck McCourt, un tout nouveau mode de gestion du club a été annoncé. Jacques Henri Eyraud a été intronisé président et a nommé Rudi Garcia entraîneur puis Andoni Zubizaretta directeur sportif. Le club a été restructuré en interne et la gouvernance s’est exercée au nom des 4 piliers invoqués par Eyraud : « La performance sportive, l’expérience offerte à nos supporters, la dimension citoyenne de ce club et la recherche de la pérennité économique et financières sont les piliers de notre projet« .
Les résultats furent d’abord fortement encourageants. Une 4eme place, une finale d’Europa League, un enthousiasme populaire retrouvé. Pour autant, et parce que la crédibilité d’un projet se mesure sur la durée, tous ces bons points se sont essoufflés. Au sortir d’une saison terrible pour trois des quatre piliers invoqués par Jacques-Henri Eyraud (seule la dimension citoyenne du club semblant intacte), les décisions doivent être aussi fortes que nombreuses.
Le terrain
Évidemment, Rudi Garcia est le premier nom qui vient à l’esprit de ceux qui observent l’OM. Son départ ne semble, y compris en interne, plus faire de doute. Si maintien il y avait, aucun doute que la crise sévirait jusque dans les strates les plus profondes du club.
La défiance de ses propres joueurs, la remise en question du projet dans sa totalité, le désamour des supporters et l’absence totale de garantie de résultats et surtout de jeu, tous ces points semblent imposer fondamentalement son départ. Le parallèle avec l’Olympique Lyonnais, qui remet en question son fonctionnement traditionnel pour renouer le lien de confiance avec ses aficionados, est inévitable. La comparaison, elle, ne doit pas manquer de faire rougir les marseillais.
Le nouvel entraîneur devra cumuler quelques qualités qui ont, de l’avis des supporters, manqué à Rudi Garcia : la communication (les conférences de presse sur fond de remise en question permanente de l’arbitrage de Rudi Garcia ont fortement irrité) ; la gestion de l’effectif (les cadres et leur traitement ayant posé de nombreux problèmes au cours de cette saison) et la production de jeu. C’est probablement le dernier point qui doit constituer le premier critère de sélection d’un nouvel entraîneur.
Néanmoins, et parce que la confiance que lui renouvelait Jacques Henri-Eyraud s’est cumulée à un engagement lourd, Rudi Garcia devra être licencié. Les indemnités qui accompagneront son départ (et celui de ses hommes forts) creuseront le déficit du club et réduiront sa marge de manoeuvre.
La gestion sportive
L’arrivée d’un nouvel entraîneur, pour autant, devra s’accompagner d’un changement de gestion du club. Jacques-Henri Eyraud doit prendre des distances avec le volet purement sportif. Sa communication est décriée par des supporters qui n’ont pas manqué de réclamer son départ. Il a, pour autant, été conforté par un Franck McCourt qui salue ses efforts de restructuration du club.
Andoni Zubizaretta, quant à lui, doit prendre des galons. Décrit par la presse comme soumis aux désidératas du coach Garcia, son travail devra être réellement de concert avec celui du nouvel entraîneur.
Par ailleurs, il doit lui-même proposer une liste d’entraîneurs compatibles. Dans un club bien géré, le DS est garant du volet sportif, bien au delà du mandat des entraîneurs. Juninho, sitôt nommé directeur sportif de l’Olympique Lyonnais, a ainsi pu imposer le méconnu Sylvinho.
Enfin, et c’est là que le trio marseillais doit énormément progresser, la gestion du mercato et des choix forts. Une nécessaire optimisation doit se faire, tant dans la planification (depuis leur prise de fonction, les dirigeants olympiens n’ont jamais pu annoncer de nouvelle recrue dès l’entame du mercato), l’optimisation des dépenses (le choix fort de joueurs d’expérience devant être cumulé à celui de jeunes à fort potentiel, ce qu’a semblé annoncer Jacques-Henri Eyraud) et le choix des priorités (le poste de latéral gauche et celui de numéro 9 sont une urgence de longue date).
En résumé, la progression doit être immédiate et radicale. Franck McCourt n’appréciera probablement pas de voir son argent gâché encore longtemps, surtout s’il souhaite revendre le club. Si ses exigences ne sont pas satisfaites, c’est toute la gestion du club, y compris Jacques-Henri Eyraud, qui pourrait en faire les frais.
Le mercato
Là encore, les manques sont nombreux. Le projet paraissait évident en ce qu’il consistait à accumuler les joueurs d’expérience pour arriver au plus vite en Ligue des Champions et permettre au club d’atteindre son rythme de croisière. Pour une raison (un effectif mal équilibré) ou une autre (un coaching défaillant), l’échec est cuisant.
Il n’est pas nécessaire pour autant de s’attarder sur les errements du passé ils ne doivent servir qu’à ne pas être reproduits. À cet effet, Hubocan (recruté sous MLD) et Abdennour sont en fin de contrat et s’en iront sans regret.
Les départs
De par le déficit du club et le fair-play financier menaçant, nombreux sont ceux qui seront appelés à quitter le club. Yohann Pelé (38 ans), Rolando (34 ans, en fin de contrat), Adil Rami (34 ans), Bouna Sarr (27 ans), Morgan Sanson (23 ans), Clinton Njie (25 ans), Florian Thauvin (26 ans) et donc Hubocan et Abdennour pourraient être invités à partir. Certains (Sanson, Thauvin, Sarr) renfloueront les caisses du club. D’autres (Pelé et Njie) seront plus durs à faire partir.
Mandanda, à l’étoile palissante, ne devrait pas partir. Jordan Amavi ne semble pas non plus candidat au départ, malgré deux saisons très mitigées. Dimitri Payet, au salaire mirobolant, est plutôt bien installé à Marseille. À 32 ans, il semble déjà au crépuscule de sa carrière et devra redoubler d’efforts pour retrouver son meilleur niveau. Mario Balotelli, quant à lui, fait figure d’énigme. Qu’il reste ou non (et la tendance est à un départ), difficile de se reposer sur lui seul pour gérer l’attaque olympienne.
Aucun joueur prêté n’est appelé à faire partie intégrante du projet. Mitroglou, prêté 18 mois, accorde un an d’accalmie à ses dirigeants. Sertic et Khaoui seront de retour et probablement poussés vers la sortie. Rocchia, enfin, ne semble pas prêt à rester à Marseille. Un nouveau prêt parait être la meilleure solution.
Les arrivées
Dans l’idéal, le mercato marseillais se constituerait d’un gardien numéro 1, d’un latéral gauche numéro 1, d’un latéral droit potentiellement numéro 1, d’un milieu relayeur, d’une sentinelle basse, d’un ailier polyvalent et d’un numéro 9.
Pour autant, et à défaut de pouvoir reconstituer un 11 complet en un seul mercato, il s’agira pour les dirigeants de combler les plus grosses lacunes de cette saison, à savoir un gardien (les bonnes idées ne manquent pas, y compris dans le centre de formation marseillais avec notamment le jeune Ahmadou Dia), un latéral gauche (là aussi, Nkounkou, minot marseillais, frappe à la porte) et un numéro 9.
Si les chantiers sont nombreux, l’incertitude et le flou règnent sur le projet, pour la première fois depuis son instauration. À Franck McCourt, désormais, de prouver qu’à la différence d’un Robert Louis-Dreyfus, d’aussi bonne volonté que lui mais mauvais gestionnaire, le projet ne sombre pas dès le premier virage qu’il entreprend.
Crédit photo: FRANCK FIFE / AFP