[Interview] Clément Goguey (CFA OM) : « Rudi Garcia pousse les jeunes vers l’avant »

Grand espoir du centre marseillais et pilier de l’équipe de CFA, Clément Goguey est revenu pour nous sur sa formation, son avenir et sa vision du club. Entretien.


Bonjour Clément. Tout d’abord comment se passe ta saison en CFA ? On sait qu’il y a eu des hauts et des bas… Maintenant qu’elle est quasiment terminée, quel bilan tires-tu de cette saison ?

Alors déjà en début de saison l’entraîneur a changé. C’est un nouveau qui est arrivé, qui venait de Valenciennes. Ils sont partis sur une nouvelle politique, celle de faire jouer les jeunes. On avait un effectif qui, dès le début, était quasiment le plus jeune du championnat. On a assez bien commencé la saison. Je crois qu’on avait zéro défaite sur les quatre premiers matchs. Une première partie de saison assez convaincante donc. On a réussi à faire de bons résultats chez des équipes assez solides, sachant qu’en face on n’a quasiment que des séniors. La CFA c’est un championnat assez difficile, c’est beaucoup plus rugueux dans les contacts. Donc au départ c’était positif. On a bien commencé, je crois qu’on était dans les premiers au classement. Ensuite vers novembre-décembre, on a perdu quelques matchs, des points un peu bêtes. On est un peu redescendu au classement. Dans cette deuxième partie de saison, on a eu aussi un petit moment de flottement après la reprise. On a enchaîné quelques défaites. Après on a réussi à rebondir et là en fin de saison on a fait ce qu’il fallait pour se maintenir. Il nous reste deux matchs et on était déjà mathématiquement maintenu la semaine dernière en ayant gagné 2-0 contre Sète. Donc c’était quand même une saison assez positive. On est assez jeune, et l’objectif est réussi.

Au niveau personnel, quel regard portes-tu sur ta saison ? Comment analyses-tu ta progression, ton épanouissement ?

Déjà pour commencer, la saison précédente n’était pas une année facile pour moi. J’ai eu des difficultés avec mon ancien entraîneur qui m’a un peu changé de poste. L’année passée j’ai joué défenseur, latéral droit, et cette année dès le début je suis passé au milieu, mon poste de prédilection. J’ai su m’imposer dès les premiers matchs au milieu, en numéro 6. Au delà de ça le bilan de la saison est assez satisfaisant parce que j’ai eu beaucoup de temps de jeu, j’ai pu m’exprimer. J’ai progressé dans certains domaines. Il y a d’autres domaines dans lesquels je dois encore progresser mais c’est un bilan assez positif.

Avec la progression que tu as eue, tu es potentiellement à un moment charnière de ta carrière. Quelles sont tes attentes aujourd’hui et tes perspectives pour l’avenir ?

Comme tu le dis c’est une année super importante pour la suite. C’est là qu’on progresse le plus. C’est là qu’on se forme. C’est ma première année en senior. Mes perspectives pour l’avenir, honnêtement je ne le sais pas moi-même. Il n’y a encore rien de décidé du côté de l’OM donc je ne peux pas encore le dire. J’en saurai plus dans un mois. Mais moi mon ambition c’est de finir professionnel. Après au niveau de l’OM je ne sais pas pour l’instant.

Est-ce que tu comprends la volonté qu’ont certains jeunes joueurs français de finir leur formation à l’étranger plutôt que dans leur club ? Est-ce que tu vois des raisons à cet exode ? Est-ce que selon toi les autres pays donnent plus leur chance aux jeunes ?

Oui je comprends tout à fait. C’est parce qu’on s’imagine que peut-être ailleurs c’est différent. Et c’est vrai que dans certains pays il y a des mentalités différentes. Ils n’ont pas la même vision des choses. Dans certains pays ils font plus jouer les jeunes qu’en France. Après chacun a un parcours différent, l’important c’est de trouver le bon club au bon moment. Mais c’est vrai que ça peut être une bonne opportunité de partir à l’étranger.

Tu as eu l’occasion de côtoyer Maxime Lopez. Est-ce que pour toi, pour vous, c’est un exemple à suivre ? Quel rapport entretient-il avec la CFA ?

Oui Maxime je le connais bien. Depuis qu’on est en U15 il est avec moi dans l’équipe. C’est sûr qu’on l’a vu évoluer au cours des années. Bien sûr que c’est un exemple ce qu’il a fait cette année. On le suit de très près.

Tu as fait ta formation à l’OM, tu y es depuis tout petit. Quel est ton rapport au club ?

En effet, je suis à l’OM depuis que j’ai 4 ans et demi. Mon père est fan de l’OM, moi aussi depuis tout petit. Je vais au stade, j’ai des maillots de l’OM, c’est mon club.

Ton idole c’est qui ? Ton idole de jeunesse ? Et ton modèle actuel ?

Actuellement je n’ai pas vraiment de modèle, je m’inspire un peu de tout le monde. J’apprécie beaucoup certains joueurs, mais pas un en particulier. Mais sinon quand j’étais petit, quand j’allais au stade et tout ça, bon ça n’a rien à voir avec mon poste mais j’étais vraiment fan de Didier Drogba.

Tu as eu l’occasion de t’entraîner avec les pros à plusieurs reprises, l’été dernier, cet automne,… Quelle expérience en as-tu tiré ?

Oui voilà c’est bien ça. Et je me suis aussi entraîné l’année dernière une bonne dizaine de fois avec les pros. C’était avec Franck Passi. C’est toujours bien de s’entraîner avec les pros. Tu vois la différence qu’il y a avec la CFA : c’est un jeu différent, plus basé sur la technique, l’intensité, la vitesse. C’est bien de se confronter aux pros pour voir où on en est. Et ça montre qu’on est pas loin aussi, qu’on touche ça de près.

La saison a été marquée par le changement de propriétaire. Comment toi et l’équipe avez vécu ce moment ?

Pour nous à la base ce n’étaient que des rumeurs, et puis ça s’est finalement confirmé. On était assez impressionné au début. Frank McCourt est directement venu visiter la commanderie, tout de suite, on le voyait passer… Après on rêve tous que quelqu’un vienne et mette beaucoup d’argent pour faire une équipe de rêve, et c’est un peu leur projet. Il y a le nouveau président aussi, qui a l’air vraiment bien. Donc c’est que des bonnes choses pour l’OM.

Est-ce que tu as remarqué des changements structurels depuis la reprise du projet ?

Honnêtement pas vraiment. Ils veulent faire quelque chose sur le long terme. Mais directement non, pas de changement.

Et au niveau du discours de la direction auprès des jeunes ? Extérieurement, ils donnent l’impression d’accorder une certaine importance à la formation. Est-ce que vous l’avez ressenti ? Est-ce que ça a changé quelque chose dans l’état d’esprit ? Plus d’attention, plus de communication, de reconnaissance ? Quel est le rapport de la nouvelle direction avec vous ?

C’est sûr que depuis qu’ils sont arrivés on sent plus d’attention envers la formation. Et c’est vrai que dès que Garcia est arrivé, pendant deux semaines, peut-être une semaine et demie, il a pris des joueurs de la CFA pour s’entraîner avec le groupe professionnel. Personnellement j’ai eu un très bon rapport avec Rudi Garcia. Il pousse vraiment les jeunes vers l’avant.

Et est-ce que tu penses qu’à l’inverse le nouveau projet qui est mis en place peut freiner votre progression ? Avec les ambitions qui sont affichées, tu ne penses pas qu’ils risquent d’aller chercher ailleurs ? C’est le revers de la médaille ?

Oui quand on voit que quelqu’un arrive et veut mettre beaucoup d’argent c’est clair que ça fait un peu peur. C’est beaucoup plus difficile après de faire jouer les jeunes. Et en même temps c’est ça un grand club. Il faut faire avec. Mais c’est vrai que depuis l’arrivée au mercato d’hiver de certains joueurs, il y a beaucoup moins de jeunes qui vont s’entraîner avec les pros au quotidien.

On termine avec la coupe Gambardella. L’OM en finale, c’est une belle vitrine pour la jeunesse olympienne ?

Oui c’est sûr. C’est la première année depuis très longtemps qu’on va aussi loin dans la compétition. Moi j’ai eu la chance de la jouer aussi. Là je ne peux plus parce que je ne suis plus en U19 mais je l’ai jouée l’année dernière et celle d’avant aussi. Nous on avait perdu en quart de finale contre le PSG, et c’était déjà un bon souvenir. Mais là le fait d’aller en finale ça montre vraiment que le centre de formation est présent au niveau national. C’est bon signe. Après ça serait mieux de la gagner !

Crédits photos : AFP PHOTO / BERTRAND LANGLOIS

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