L’éternel affrontement, PES contre FIFA : round 2018 !

Il y a des choses qui ne changent pas…
Le ciel est bleu, l’eau mouille, Abdelaziz Bouteflika est président de l’Algérie et, à l’heure où jaunissent les feuilles des platanes, PES et FIFA reviennent, une nouvelle fois, s’affronter sur les prés virtuels.

L’époque a pourtant bien changé. Sur le marché européen, il n’existe plus de concurrence entre nippons et étasuniens, la bataille des ventes étant clairement à l’avantage de FIFA depuis de (trop?) nombreuses années. Et pourtant. Pourtant, cet affrontement perpétuel fait partie de notre quotidien. De notre héritage.

Pour Pro Evolution Soccer, tout n’a pas commencé au XXème siècle. Hier, tout était différent pour nos amis de Konami. Si l’appellation de Winning Eleven, destinée au marché japonais voire asiatique dans son ensemble, perdure jusqu’aujourd’hui, la franchise a changé à trois reprises de nom sur le marché nord-américain et européen (les marchés africain et sud-américain, ce dernier étant d’ailleurs devenu vital pour Konami, suivant la marche du monde occidental).

Alors que beaucoup ont connu les braves ISS Pro Evolution -à ne pas confondre avec le non moins légendaire International Super Star Soccer sorti sur Super Nintendo- ses grands Roberto Larcos et ses fabuleux nigérians aux pointes de vitesse stratosphériques, la franchise a d’abord roulé sa bosse sous le nom de Goal Storm. Présent sur Playstation en 1996, le jeu voit son gameplay, bien que parfois hésitant (la même touche effectuant des gestes défensifs et offensifs, notamment), salué par la critique.

Son relatif succès commercial face à un FIFA déjà implanté sur le marché a donc permis à ISS de persévérer sur sa lignée. Le gameplay, sans cesse affiné, toujours plus nerveux et exigeant, a permis à la franchise de progressivement se faire un nom dans le milieu extrêmement restreint des jeux de football. De nombreux jeux ont existé (Ronaldo Football, Beckham Football, Club Football Arsenal, Marcel Desailly Football Advance, Virtua Pro Football, l’excellent Virtua Striker 2 sur Dreamcast) sans même parler des jeux de gestion (Guy Roux Football Manager Pro, Roger Lemerre : La sélection des Champions (!!) ). Aucune, parmi ces licences, n’existe encore aujourd’hui.

Pro Evolution Soccer apparaît sous sa forme finale au mois d’octobre 2001 et pour la première fois sur la console qui fera sa gloire, la Playstation 2. Au fur et à mesure que s’accumulent les jeux de grande qualité dont il est impossible de tirer une hiérarchie (PES 4? PES 5? PES 6?), le bébé de Konami se grave profondément dans les coeurs. Les raisons d’un tel succès sont multiples. Du gameplay, évidemment remarquable, des nombreuses possibilités de jeu (qui n’a jamais sauvegardé son équipe de Ligue des Masters sur sa carte mémoire afin de la confronter à celle de ses amis?) mais, et c’est aussi ce qui a fait la gloire et la moquerie de Pro Evolution, d’innombrables possibilités de patching et autres modifications absolument vitales afin de combler le terrible manque de licences de la firme.

Si les plus connaisseurs d’entre nous se souviennent du fameux Dkz Studio, les plus flemmards ont, quant à eux, en mémoire les nombreuses équipes de patching aux résultats parfois exceptionnels (chants de supporters détonnants, nouveaux visages, nouvelles coupes de cheveux, apparition de la Bundesliga qui n’existait purement et simplement pas, création de stades (!), modification des blasons de club, modification des maillots etc…). Ainsi, les tristes FC Bouches-du-Rhône vs Merseyside Red récupéraient des couleurs et des noms, laissant place à l’Olympique de Marseille et au Liverpool FC. L’idylle entre la franchise et les joueurs paraissait éternelle. C’était sans compter sur le changement de génération qui s’annonçait.

Ah, Adriano… quelle tristesse. (source fpfrance.com)

 

Il ne faut pas le nier : Konami a totalement échoué dans sa migration vers les consoles de septième génération : la Playstation 3 et la Xbox 360. Gameplay aux fraises, graphismes aux champignons et, pire, alors que les chiffres (4, 5, 6) ont laissé place aux années (2008, 2009, 2010), les possibilités de modification de la licence devenaient aussi faibles qu’étaient verrouillés les systèmes des consoles de Sony et de Microsoft. Peu à dire sur cette période là de l’histoire de la franchise, les modifications de gameplay pouvant être radicales d’un opus à l’autre, preuve d’un fort tâtonnement sur le sujet.

La huitième génération est celle du renouveau. Pro Evolution Soccer le sait, il a accumulé un trop grand retard sur son concurrent quant aux ventes. Ses serveurs sont moins stables que ceux d’EA Sports, ses licences bien plus restreintes, sa campagne de marketing bien moins marquante et son côté spectacle, lui non plus, ne tient pas la comparaison. Pourtant, Konami a parfaitement su réadapter ses attentes et sa vision. Son jeu s’adresse à un public de connaisseurs, souvent déçu du côté très grand public de FIFA. Son gameplay ne singe pas celui de son concurrent, sa physique de balle est remarquable et son identité bien marquée. Le jeu est extrêmement bien fourni en matière tactique et l’on pardonne aisément les animations parfois robotiques des joueurs lorsque l’on réalise le panel formidable de systèmes et d’organisations que propose le jeu. Au sein du marché sud-américain, PES reste indétrônable. Pour revenir, un jour, récupérer sa couronne mondiale face au géant étasunien ?

FIFA. Voilà là un nom qui déclenche les passions. La firme, elle non plus, n’est pas née avec le XXIème siècle puisqu’elle était, dès 1992, présente sur les consoles de salon du monde. Originellement en 2D, la firme, fruit officiel de l’organisme FIFA Football et produit par EA Sports (it’s in the gameeeee) n’a pas connu de rythme de production régulier. En 1995, la firme migre vers la 3D et son gameplay, bien qu’innovant, souffre de la comparaison avec International Super Star Soccer. Après un nouvel opus, FIFA 97, sorti en 1996, un trou de 3 ans est décidé par le géant nord-américain, qui préfère se dédier à d’autres labels (Need for Speed, NBA Live ou NHL notamment). À nouveau, deux opus, FIFA 99 et FIFA 2000, apparaissent et laissent place à une nouvelle absence de 3 années. Pro Evolution Soccer écrase alors totalement le marché mais FIFA ne manque pas, à son retour avec FIFA 2004 et le bon Thierry Henry en guise de star de l’opus, de produire un jeu au gameplay détonnant, bien que totalement arcade (quel plaisir de placer une mine en lucarne de 60 mètres à chaque match!) et par une bande son de grande qualité (Ceasars “Jerk it out”, King of Leons “Red Morning Light” etc..). Le jeu peut ainsi s’inscrire dans les coeurs de nombreux joueurs, le plus souvent enfants, et poursuit avec un FIFA 2005 au gameplay déjà plus approfondi, laissant notamment apparaître le fameux mode carrière.

L’année 2006 étant une année de Coupe du Monde, c’est en 2007 que la franchise fait son retour mais, cette fois, sur la septième génération.

Cette fois, c’est la bonne : la franchise s’illustre enfin par un gameplay de très bonne fracture, à l’heure où Pro Evolution se casse la figure avec son PES 2008, et possède l’avantage de son portefeuille conséquent de licences : Premier League, Bundesliga, Ligue 1, Liga, Serie A, tous sont entièrement licenciés (à l’exception cocasse de Palerme et de son excentrique président Zamparini), bien que la Ligue des Champions finisse par tomber dans les filets de Konami.

Avec FIFA 09, c’est une onde de choc qui se produit sur le marché du jeu-video puisque, après tant d’années, EA passe devant Konami en termes de ventes et s’adapte totalement à son époque en révolutionnant la façon de jouer : finies, à tort ou à raison, les longues parties entre amis entrecoupés de vannes et de chips de marque déposée sur un canapé, place au jeu en ligne en compétition face à des adversaires du monde entier.

EA Sports écrase alors littéralement à son tour le marché et s’affirme comme l’incontestable leader en matière de simulation virtuelle de football. Le terme de simulation s’avère important puisque FIFA va tenter, au maximum, de mimer la réalité des débats, non pas forcément en termes de jeu puisque la franchise se veut toujours tout public, mais en termes de spectacle avec l’apparition de célébrations au libre choix du joueur ainsi que d’un panel de geste techniques extrêmement fourni et réservé à des joueurs d’exceptions (beaucoup se souviennent avec une nostalgie tintée de moquerie que Djibril Cissé était capable, après plusieurs pressions sur la touche L1, d’effectuer une virgule en plein sprint durant la grande époque de PES sur Playstation 2).

J’ai beau refaire comme dans la vidéo, impossible de passer ce flip-flap arc-en-ciel!! (source : youtube.com)

 

Le mode arène, créé afin de développer au maximum ce côté spectaculaire du jeu, connaît un grand succès et permet au joueur de ne pas se frustrer par une attente plus ou moins longue avant les matchs. Avec FIFA 12, le mode de jeu en ligne se veut encore plus compétitif avec notamment l’apparition du système de divisions en ligne.

Si l’entrée dans le monde de la 8ème – et actuelle – génération par FIFA 14 puis FIFA 15 ne s’est pas faite sans heurts, FIFA reste totalement maître de son marché et de son secteur. Le mode de jeu FIFA Ultimate Team génère des millions de dollars supplémentaires dans les caisses du développeur et ses mises à jour constantes, au plus proche de l’actualité et des évolutions de forme des joueurs, font du jeu un élément incontournable tout au long de l’année. Si son gameplay évolue de moins en moins voire est parfois décrié pour son choix de sliders (sortes de leviers qui ralentissent ou accélèrent le jeu, modifient les frappes etc..), il permet au joueur débutant de ne pas être frustré et aux enfants de jouer en ligne sans enchaîner les humiliations. La version 2018 du jeu paraît d’ailleurs totalement correspondre à cette logique puisqu’aucun point de gameplay – ou presque – n’est mis en avant par l’éditeur, celui-ci préférant se concentrer sur le mode Aventure du célèbre Hunter ou bien encore sur les nouvelles cinématiques et mécanismes de négociation que proposera le mode Carrière.

L’avenir de FIFA est sans nul doute doré. La franchise a de très beaux jours et joueurs devant elle, sa communauté s’étend sans cesse et ses revenus sont colossaux. Le constructeur américain devrait cependant faire attention à ne pas sombrer dans le pêché d’orgueil, au risque d’exaspérer puis lasser une communauté qui s’est fidélisée au cours de la dernière décennie mais qui ne manque plus de crier son mécontentement. Affaire à suivre !

 

Photo credits : origin.com

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