Attaquants formés à l’OL : un avenir embrumé ?

Aaah, l’âge adulte. Les premiers tourments de la vie, les études supérieures, la peur de quitter le domicile familial… et l’envie de jouer en Ligue 1. Depuis de nombreuses années, l’Olympique Lyonnais est réputé pour la qualité de son centre de formation. Les générations futures semblent perpétuer la tradition. Mais à la vue des situations des jeunes attaquants de l’OL, une question émerge : y aura-t-il une place pour tous ces gamins dans leur club formateur ?

Former, c’est bien. Mais acheter, c’est bien aussi. Lors du dernier mercato hivernal, Lyon s’est assuré les services de l’attaquant Martin Terrier (21 ans) pour quatre ans à compter de juin 2018. Une petite surprise à la vue des ressources dont disposent les Lyonnais. Ils sont trois jeunes attaquants à incarner l’avenir du club rhodanien : Myziane Maolida (19 ans), Amine Gouiri (18 ans) et Willem Geubbels (16 ans). De jeunes joueurs qui tardent à gravir les échelons.

Maolida, qui dispose d’un contrat pro jusqu’en 2022 et qui a intégré la rotation de l’équipe de Bruno Genesio, semble le plus avancé. Gouiri, lui, a signé un contrat stagiaire de trois ans l’été dernier. On s’attendait à voir l’OL lui offrir un contrat pro rapidement afin de ne pas risquer un vol par un gros club étranger, mais rien ne vint. Enfin, Geubbels est le cas le plus problématique à l’heure actuelle. Il n’est lié à l’OL que par un contrat aspirant et le Bayern Munich a déjà formulé une offre l’an dernier. Publiquement, Jean-Michel Aulas reste confiant et ferme. « S’il faut faire un exemple, dans un sens ou dans l’autre, on le fera, affirmait-il dans L’Équipe fin décembre. Soit en le gardant, en lui faisant un contrat sur mesure, soit en le cédant. Car, dans la stratégie qui est la nôtre, on ne peut pas, pour des raisons financières, ébranler l’académie et l’institution. »

Ne pas revivre l’échec Martial

Cette fameuse académie, elle est essentielle au développement de l’OL. Au terme du premier semestre de la saison 2017-2018, le club enregistrait des bénéfices à hauteur de 6,2M€, contre des pertes de 2,3M€ l’année dernière à la même période. Comment un tel chiffre est-il possible alors que Lyon a fortement réduit ses bénéfices en droits TV à cause de sa non-qualification en Ligue des champions ?

La réponse donnée par Ecofoot : la vente de joueurs. Les départs de Tolisso et Lacazette pour presque 100 millions à eux deux ont renfloué les caisses du club. Bien sûr, le Groupama Stadium joue aussi un rôle non négligeable. Mais l’OL ne peut pas se passer de sa formation pour rester un club de très haut niveau économiquement, et donc sportivement.

Amine Gouiri avait été excellent en pré-saison contre le Celtic. Crédit photo :  Maxppp

 

Voilà pourquoi la gestion d’un Gouiri ou d’un Geubbels s’avère capitale. Le but est de ne pas revivre une situation comme celle d’Anthony Martial, vendu 5 millions d’euros à Monaco qui l’a ensuite vendu 60 millions à Manchester United. Lyon ne peut pas brader ses jeunes.

Aouar, héritier de Fékir

Regardons maintenant les attaquants actuels de l’Olympique Lyonnais et posons-nous la question suivante : sont-ils là pour le court, moyen ou long terme ? L’un d’entre eux semble destiné à un départ dès cet été. Il s’agit de Nabil Fékir. Son talent n’a plus sa place chez un 4ème de Ligue 1 qui rend son accès à l’Équipe de France difficile, un peu comme un certain Alexandre L. avant lui. Houssem Aouar devrait ainsi reprendre le flambeau de leader technique et ne pas s’interroger de sitôt sur son avenir.

Mariano Diaz (24 ans), bien qu’arrivé l’été dernier, pourrait ne pas s’éterniser chez les Gones, tout comme Bertrand Traoré (22 ans). Si leur dévouement sur la pelouse est irréprochable, l’OL s’apparente à un tremplin pour ces jeunes joueurs qui visent plus haut, eux qui sont passés par le Real Madrid (Mariano) ou Chelsea (Traoré). Il est peu probable de les voir encore en France dans deux ans. Memphis peut être mis dans le même sac, même s’il s’est fait des potes avec Ferland et Jordan. Enfin, un départ rapide de Maxwel Cornet, très courtisé l’été dernier, semble envisageable.

Au final, ils sont plusieurs à ne posséder qu’un futur à court terme à Lyon. Si, par exemple, Fékir et Mariano quittent le club cet été, Maolida gagnerait sûrement du temps de jeu tandis que Gouiri obtiendrait une vraie chance de se montrer. La gestion du prochain mercato lyonnais devra être méticuleuse. Néanmoins, un dernier doute subsiste : le projet et les performances sportives de l’OL. Le père de Willem Geubbels, Ludovic, avait mis cela en lumière au moment d’évoquer l’avenir de son fils : « On attend un positionnement sportif ambitieux de la part du club. » Kelly Youga, oncle de Willem et formé à l’OL, validait les propos début février dans 20 Minutes : «J’ai donné mes conseils aux parents mais son père souhaite que Lyon s’aligne sur les projets sportifs et financiers de grands clubs européens. »

Obectif : convaincre. Lyon est-il le meilleur environnement possible pour de jeunes cracks ? Cela ne fait aucun doute pour Jean-Michel Aulas. Ce dernier avance comme argument que l’OL ne manque pas de jeunes talents et que le club peut faire l’impasse sur un sale gosse capricieux. Mais est-ce bien vrai ? Quel impact Anthony Martial aurait-il pu avoir sur l’Olympique Lyonnais, économiquement et sportivement, s’il n’était pas parti aussi vite ? Une chose est sûre, les supporters, déjà frustrés de la tardive intégration d’Aouar, ne toléreront pas une nouvelle désillusion.

Saison 2017-2018 :
Myziane Maolida – 16 matchs, 3 titularisations – 3 buts
Amine Gouiri – 8 matchs, 1 titularisation – 0 but
Willem Geubbels – 4 matchs, 0 titularisation – 0 but

 

Crédit photo: JEFF PACHOUD / AFP

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