Dani Osvaldo ou la tumultueuse fin de carrière d’un footballeur fan de Rock’n’roll

Portait du joueur moyen le plus hors du commun de ces dernières années.

Les fans de joueurs argentins talentueux, tatoués mais trop fragiles physiquement ou mentalement pour le top niveau le connaissent forcément. Pablo Dani Osvaldo n’avait que trop à offrir à cette caste. Italo-argentin, un physique de buffle, une grinta dégoulinante et une propension à marquer des (beaux) buts, le natif de Buenos Aires avait tout pour faire carrière. Tout, sauf un mental de champion.

Il fait pourtant une carrière plus qu’honorable. La 2e division argentine avec Huracan, la Serie B avec l’Atalanta puis Lecce, la Serie A avec la Fio, Bologne, la Roma, la Juve et l’Inter, la Liga avec l’Espanyol Barcelone, la Premier League avec Southampton et enfin le plus haut échelon du football argentin avec le légendaire club de Boca Juniors. Et presque partout où il passe, un nombre de buts marqués honorable pour un buteur. Ce qui l’a empêché de s’imposer comme une valeur sûre ? Un caractère inflammable et contestataire en inadéquation avec le football lisse et propre avec lequel il a à faire. La liste de ses écarts est grande : accusé d’être un tire au flanc par son coach, moqué par les tifosis de la Lazio après avoir montré un t-shirt chambreur à leur encontre lors d’un derby de Rome finalement perdu par l’AS Roma d’Osvaldo, altercation violente avec son coéquipier Erik Lamela, Dani ne fait pas les choses à moitié.

Côté sélection, bien que né en Argentine, c’est avec la Squadra Azzura, avec laquelle il peut jouer grâce à une partie de sa famille vivant dans les Marches, qu’il fera sa carrière internationale. 14 sélections, 4 buts, 2 mises à l’écarts dues à son comportement, un bilan peu étonnant mais malgré tout intéressant. Surtout quand on sait que sa seconde exclusion de la sélection est en partie le fruit d’un tweet dans lequel il dit de son coach à la Roma, Aurelio Andreazzoli, qu’il est un incapable. Ce tweet, couplé à un refus d’assister à la cérémonie après la finale de la Coupe d’Italie perdue contre le rival laziale. Beau joueur.

Après s’être fait attraper dans le vestiaire en train de fumer une cigarette lors de son second passage à Boca Juniors, il se voit signifier que son temps à la Bombonera est fini. À « seulement » 30 ans, Dani Stone avait encore quelques années devant lui pour continuer à empiler les buts au plus haut niveau. C’est donc parfaitement logiquement pour lui qu’il décide de mettre un terme à sa carrière de footballeur. Une vie qui ne lui convenait plus, qui le poussait à vouer une haine terrible envers son premier amour qu’est le ballon rond. Et malgré une dernière offre annuelle de 2,5 millions d’euros de la part du Chievo Vérone, Osvaldo se lance corps et âme dans ce qui l’occupait depuis déjà quelques années à côté du football, la musique. Avec son groupe Barrio Viejo, il nous offre un rock aux sonorités blues, chanté en espagnol, évidemment. De quoi permettre à cet inconditionnel fan des Rolling Stones de pouvoir exprimer son côté explosif et indomptable qu’il a traîné sur les terrains de foot pendant sa dizaine d’années de carrière pro.

Qualifié d’ « attaquant doué mais sans plus », Osvaldo représente à lui seul un football d’une autre époque, moins uniformisé que celui d’aujourd’hui, où cigarettes et football étaient compatibles, où ballon rond n’était pas forcément synonyme d’hygiène de vie drastique et spartiate. La modernisation du football est d’ailleurs une des raisons qui l’ont poussé à tenter de changer de carrière. Lui qui déclarait même que « le football mérite du respect, mais je préfère l’asado et la bière à l’argent »

Pablo Dani est le porte-étendard parfait de ce mode de vie « à l’argentine », où le bien-être personnel est primordial, parfois même sur les obligations footballistiques. Un mode de vie qu’il partage avec l’actuel sélectionneur de l’Albiceleste, Jorge Sampaoli. Lorsque ce dernier coachait le FC Séville la saison passée, il a vu Osvaldo lui refuser une pige dans son club car avait lieu le Cosquin Rock Festival, un festival argentin de rock au beau milieu de la durée du contrat proposé. La réaction de Sampaoli à cette ultime facétie d’Osvaldo ? « C’est vrai, j’avais oublié. Tu ne peux pas rater ça ! » avait déclaré Jorge à Dani.

En grand sentimental, Dani Osvaldo nous a montré récemment qu’il sait que l’on oublie jamais son premier amour. C’est ainsi que depuis fin février, il a replongé et joué sous les couleurs de Talleres de Remedios de Escaladas. Un club de 3ème division argentine. Une chose est sûre pour lui, (He really) can’t get no Satisfaction.

Crédit photo : ADRIAN DENNIS / AFP

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J'arrive toujours soigné comme une passe de Toni Kroos.