Juin 2016. Après un Euro mitigé (avec pourtant un chant culte en son nom), le très grand espoir suisse, Breel Embolo, signe pour le FC Schalke 04 pour un montant d’environ 22,5M d’euros, un record pour le club allemand. Alors que de grandes écuries européennes étaient intéressées, il avait fait le choix qui semblait le plus intelligent pour sa carrière. Mais, deux ans plus tard, alors que les espoirs suisses pour le mondial reposent en partie sur ses épaules, où en est-il ?
Des débuts personnels et collectifs très compliqués
Lors des premières semaines, le jeune joueur d’origine camerounaise ne fait pas l’unanimité. Devant se contenter de courtes apparitions, il montre très vite ses limites. Très puissant, peut-être trop, il semble manquer de finesse dans son jeu et ses choix sont rarement les meilleurs. Evoluant principalement sur le côté droit de l’attaque lors de ses entrées, il ne parvient pas à aider son équipe qui vivait, à ce moment-là, un véritable calvaire. Ceux qui suivent la Bundesliga régulièrement s’en souviennent très bien, le club de Gelsenkirchen commence sa saison avec 5 défaites en autant de matchs en championnat.
Puis vint l’éclaircie. Et elle portait le nom d’Europa League. Dans un groupe composé notamment de Nice, ils retrouvent des couleurs. C’est d’ailleurs contre cette même équipe que le jeune attaquant de la Nati va connaître son premier match référence. Positionné en pointe de l’attaque, il presse, va au duel, pèse sur la défense et provoque des fautes.
C’est avec une confiance grandissante qu’il gagne sa place pour la 6e journée de Bundesliga, face au Borussia Mönchengladbach. Et là, feu d’artifices. La bête endormie s’est réveillée, et Breel Embolo participa grandement au succès de son équipe (4-0) en inscrivant un doublé.
Quelques jours plus tard, il marquait le but de la victoire de la Suisse face au champion d’Europe portugais dans la phase de qualification à la Coupe du Monde.
Le drame
Fraîchement revenu de la sélection, Breel compte enchaîner. Augsburg semble être la victime parfaite. Cependant, après un tacle rugueux du grec Stafylídis, il sera écarté des terrains pendant longtemps. Trop longtemps. Il s’agissait d’un évènement terrible qui avait déjà brisé la carrière de nombreux joueurs prometteurs. Tout le monde au club l’a compris. Les messages de soutien se succèdent, les joueurs et certains fans reprennent même le fameux « Oh Embolo » qui avait fait un carton en France quelques mois plus tôt.
Un an quasiment jour pour jour s’est écoulé entre sa grave blessure et son retour. Lui qui, entre temps, était devenu l’un des chouchous de la Veltins Arena, a eu beaucoup de mal à revenir. Et à son retour, Domenico Tedesco le fait peu jouer. Les médias croient alors à une tension entre les deux hommes, surtout quand interrogé par la presse, l’Italo-Allemand déclare que son joueur n’a pas beaucoup pu courir lors d’un match car il était à bout de souffle au bout de 8 minutes. Les semaines passaient et rien ne change. On commence alors à entendre des rumeurs d’un transfert hivernal vers Leipzig.
Le renouveau
Avant la trêve, Embolo rentre en jeu. Et il réalise là une performance incroyable, apportant beaucoup de mobilité dans une attaque qui en manquait cruellement. À la fin du match, Tedesco prend Embolo dans ses bras, les deux sourient et on comprend alors que les médias ne connaissaient pas toute l’histoire. Il marque même le premier but de la remontée in-extremis des siens à Francfort (2-2).
La phase retour débute, le jeune suisse n’est toujours pas titulaire puisqu’il traîne encore quelques problèmes physiques, mais tout le monde sait désormais qu’il a un rôle important à jouer. Il ne donnera pas tort aux supporters qui l’ont soutenu dans cette très longue période de souffrance.
Un penalty provoqué face à Leverkusen (2-0), un but contre son camp de Knoche provoqué dans les tous derniers instants face à Wolfsburg pour arracher la victoire (1-0), un autre penalty provoqué face à Fribourg et des buts face à Hoffenheim et Cologne aideront les Königsblauen à décrocher une 2e place inattendue, mais capitale.
Cette saison, le jeu du célèbre numéro 36 a changé. Il est plus fin techniquement, plus agile, plus explosif et a moins ce côté « buffle » qu’on pouvait lui reprocher. Tout cela fait de lui un joueur plus polyvalent et moins prévisible.
A 21 ans, il a encore tout l’avenir devant lui. Attendez-vous donc à entendre parler de Breel Embolo dans les prochains mois et, qui sait, peut-être même dès cette fin de Coupe du monde. Espérons juste qu’il en ait fini avec les blessures.
Crédits photos : AFP PHOTO / Dimitar DILKOFF