Wolverhampton ou l’histoire d’un promu qui rêve d’Europe

Voilà quatre jours que s’est achevé le mercato en Angleterre. Certains transferts ont marqué durant cette période comme les folles chevauchées d’Everton ou de Fulham ou encore le vide interstellaire de Manchester United. Parmi ceux-ci, le mercato des Wolverhampton Wanderers a marqué notamment par l’homogénéité culturelle des joueurs qui ont rejoint les Wolves mais aussi car ces joueurs sont quasi-intégralement tous de bons voire très bons joueurs. Ainsi, Wolverhampton peut être l’équipe qui créera la surprise cette année en Premier League à l’instar de Burnley la saison passée.

Un effectif paré pour jouer l’Europe

Avec les arrivées consécutives de Rui Patrício, Raul Jiménez, João Moutinho et Leander Dendoncker, Wolverhampton s’ancre un peu plus dans son projet axé autour de joueurs d’expérience et de jeunes joueurs en devenir disposant d’une importante marge de progression. L’effectif des Wolves reste tout de même extrêmement jeune, peut-être même le plus jeune d’Angleterre, avec 24,2 ans de moyenne d’âge. Loin de tout chambouler, l’équipe qui a fonctionné de fort belle manière la saison dernière lors du titre de Championship et de la montée en PL (99 points et un goal-average de +43) sera plus ou moins la même cette saison, ce qui atteste d’une stabilité inhérente au club et au projet.  De même, Nuno Espírito Santos (NES), l’entraîneur du club, s’adonne à coeur joie à s’adapter à ses adversaires pour faire jouer son équipe tantôt en 3-4-3, tantôt en 4-2-3-1 car il a tout simplement les joueurs pour.

Sa défense est effectivement facilement maléable avec des joueurs tels que Saïss, maintenant Dendoncker ou Batth qui savent aussi bien jouer avec une charnière composée de deux ou trois centraux. C’est également le cas des latéraux, Doherty à droite et Vinagre ou Castro à gauche qui peuvent occuper le poste de piston ou de latéral. C’est-à-dire qu’en plus des qualités intrinsèques des joueurs du club, ceux-ci arborent aussi une flexibilité tactique qui laisse pantois. Il est clair qu’un Willy Boly ou un Conor Coady peuvent rapidement être dépassés face aux attaquants du top 6 mais la base arrière reste tout de même largement solide quand il s’agira de jouer les 26 autres matchs, face à des équipes ayant une force de frappe offensive moindre. En réalité, c’est au milieu que les Wolves excellent avec un duo Neves-Moutinho en 3-4-3 ou un trio avec Dendoncker pour évoluer en 4-2-3-1. A trois derrière, un milieu Moutinho-Neves semble être une arme redoutable au niveau des transitions avec deux joueurs qui savent se projeter rapidement vers l’avant ainsi que casser de lignes entières. Bref, l’idylle de la verticalité dans le football. Devant aussi les Wolves ont des arguments à faire valoir avec un trio Diogo Jota-Raúl Jiménez-Hélder Costa qui s’avère technique et intelligent et surtout, qui dépasse a priori les attaques des équipes hors-top 6.

Ci-contre les deux dispositifs possibles de Wolverhampton si tous les joueurs sont utilisés dans leur potentiel maximum (qui peut donc différer des compositions en match qui dépendent de multiples facteurs) :

        

Une enclave portugaise en terres britanniques

Cette saison 2018-2019 va marquer la deuxième année consécutive du Wolverhampton by Gestifute, la famosa société de l’inévitable Jorge Mendes, qui est l’agent de 80% des joueurs titulaires environ ainsi que NES. Wolverhampton est donc devenu une colonie lusitanienne en Angleterre. Dans un deal normalement win-win, Jorge Mendes, a, comme il l’avait fait au Deportivo La Corogne, placé certains de ses joueurs au club pour aider ce dernier à atteindre ses objectifs. Sont ainsi arrivés Neves, Boly, Jota, Costa ou Cavaleiro la saison dernière en vue de monter en Premier League. Objectif atteint. Cette année, Patrício, Jiménez ou encore Moutinho se sont rajoutés à la liste pour tenter de décrocher une place en Europa League, même si la tâche sera ardue. C’est d’ailleurs pour cela que personne au club ne dit explicitement que l’objectif est celui-ci, ce serait un désaveu terrible pour le club auquel tout réussit depuis un an d’échouer quelque part.

Plus que des joueurs de nationalité portugaise, Mendes a ramené dans ses valises tout type de joueurs qu’il représente comme justement, Willy Boly qui est français ou Roderick Miranda (brésilien, qui a été transféré à l’Olympiakos le mois dernier, l’Olympiakos qui devient par ailleurs aussi peu à peu un club sur lequel Mendes a la main). C’est donc une plus-value de taille de par le niveau des joueurs détenus par Gestifute.

Un danger : l’effet « La Corogne by Gestifute »

Il n’y a qu’une chose qui puisse mettre un terme au conte de fées vécu par le club de Wolverhampton, la chose qui a fait que ce club en est là aujourd’hui : Mendes. Il suffit de voir la gestion du cas du Depor par l’équipe de Gestifute. A l’issue de deux saisons, l’équipe de La Corogne est devenue une officine pour les joueurs des trois grands clubs portugais qui y laissaient mûrir leurs joueurs. De temps à autres, Mendes faisait venir un joueur reconnu sur la scène européenne pour tempérer les ardeurs des supporters qu’il jugeait trop virulents.

Certes, les situations initiales des deux clubs sont différentes ; le Deportivo La Corogne avait d’importants problèmes financiers et peinait à progresser sportivement, là où Wolverhampton bouclait la boucle des finances et prévoyait une montée en Premier League à moyen terme. Il n’en reste pas moins que jouer l’Europe va devenir impératif pour Wolverhampton à partir de la saison prochaine pour ne pas devenir un vulgaire club de transit où la moitié de l’effectif est en prêt et qui sert de tremplin pour des joueurs à fort potentiel. Et c’est finalement sur cet objet que va reposer l’enjeu pour les Wolves pour ne pas devenir une équipe au stade végétatif sous les ordres d’un cabinet de juristes qui passe ses journées à réfléchir dans quel club la nouvelle pépite portugaise de 17 ans va pouvoir être placée pour progresser.

 

Crédit photo : Geoff Caddick / AFP.

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4-4-2 losange et presunto comme exutoires.