L’AS Monaco à la relance

Cet été encore, l’AS Monaco a vendu un grand nombre de ses cadres. Cette fois, malgré un recrutement astucieux et une base de travail conservée, la saison s’annonce des plus délicates.

Il y a un an, le mercato estival n’avait déjà pas épargné le club. Fraîchement sacré champion de France, l’AS Monaco devait céder à la volonté de ses joueurs d’évoluer dans les plus grands clubs européens. Ainsi, Mendy, Bakayoko, Mbappé et Bernardo Silva ont quitté le navire, Fabinho et Lemar restant un peu à contrecœur. Ces derniers ont finalement dit au revoir à la Principauté cette année, tout comme João Moutinho. Inquiétant ? Oui, mais à relativiser. Car le cœur et les poumons du projet monégasque, Leonardo Jardim, maintient sa place. Et parce que l’ASM a bien recruté.

Jardim, le père idéal

Il est le MacGyver de Madère. Leonardo Jardim a bonifié la plupart des hommes passés par Monaco ces dernières années, exploitant leur potentiel jusqu’à l’ultime goutte. Il a fait de ces jeunes joueurs cités précédemment des gagnants, en créant un environnement où chacun pouvait exprimer au mieux son talent et le mettre au service du collectif. Aujourd’hui, le schéma se répète avec le Portugais Rony Lopes.

Milieu offensif à la technique emballante mais peu efficace à Lille (72 matches, 12 buts), il a guidé l’AS Monaco en fin de saison, inscrivant 11 buts lors des 18 derniers matches de championnat (en addition de ses 4 buts et 7 passes décisives sur la phase aller). Un positionnement bien meilleur aux abords de la surface qu’il doit à Jardim.

« Leonardo est convaincu de son potentiel. Il travaille avec lui pour qu’à partir de sa position d’ailier, il se retrouve plus souvent dans la surface. »
Renato Paiva, l’ancien formateur de Rony Lopes au Benfica en avril dernier (propos recueillis par Goal).

Grâce, notamment, à l’explosion de Rony Lopes (22 ans), Monaco a su conserver sa deuxième place malgré les absences régulières de Falcao et Keita Baldé. Mais il n’est pas le seul monégasque à être attendu.

Youri Tielemans n’a beau avoir que 21 ans, il entame déjà sa sixième saison professionnelle, et sa deuxième en France. Ses débuts mitigés sous le maillot rouge et blanc accentuent la pression sur ses épaules. Le Belge sera responsabilisé, et on ne peut pas dire qu’il ait envoyé un message lors de la première journée contre Nantes. Les Canaris ont fait vivre le ballon, Monaco a régulièrement sauté le milieu de terrain pour contre-attaquer et Tielemans a traversé la rencontre tel un fantôme des deux côtés du terrain. Il évoluait pourtant au poste de relayeur, lui qui affirmait dans L’Équipe que « c’est en 8 que je suis le plus à l’aise ».

La jeunesse au pouvoir

Lopes et Tielemans sont des joueurs au talent indiscutable qui ne demandent qu’à progresser sous les ordres de Jardim. Mais c’est aussi le cas de nombreuses recrues de l’ASM. Jean-Eudes Aholou (24 ans) a réalisé une excellente saison sous le maillot strasbourgeois au poste de sentinelle. Solide récupérateur et fin techniquement, son profil comporte des similitudes avec celui de Fabinho. Un peu dépassé contre Nantes et le PSG en Trophée des champions, il convient de laisser du temps à l’international ivoirien qui ne dispute que sa deuxième saison en Ligue 1. Soit une de plus que les jeunes Jordi Mboula (attaquant de 19 ans formé au Barça) et Sofiane Diop (milieu offensif de 18 ans formé à Rennes).

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Tous deux devraient avoir un temps de jeu conséquent cette saison, ou au moins être à la lutte pour. Ils ont en commun une aisance technique évidente et ont su provoquer du danger sur la pelouse de Nantes, à l’occasion de leur première titularisation en Ligue 1. Impensable donc que Diop et Mboula ne progressent pas au sein de l’environnement idéal que constitue Monaco. Et s’ils sont les vedettes (pour l’instant) de cette jeunesse monégasque, il ne faut pas oublier Samuel Grandsir (21 ans), Pietro Pellegri (17 ans) ou encore Willem Geubbels (16 ans).

Finalement, la star du mercato princier, Aleksandr Golovin, recruté contre 30M€ en provenance du CSKA Moscou, ferait office de vieux briscard à l’âge de 22 ans. Détonnant à la Coupe du monde avec la Russie mais actuellement blessé suite à une entorse à la cheville, Golovin pourrait apporter le peps nécessaire à un milieu de terrain en reconstruction, à condition de s’acclimater rapidement. Des conditions peu idéales pour ses débuts, lui qui n’est pas un joueur confirmé mais un espoir. Un de plus.

Podium, mission impossible ?

L’effectif de l’AS Monaco n’a jamais été autant en reconstruction. Il est vrai que le projet monégasque semble être mené d’une main de maître par le vice-président Vadim Vasilyev et le directeur sportif Michael Emenalo. Malgré cela, le fait est que les cadres s’en vont et ne sont pas remplacés. Leonardo Jardim a volontiers reconnu la difficulté de la tâche fin juillet.

« Je crois qu’à cette date précise du 30 juillet, si on en reste là, nous allons connaître la saison la plus difficile depuis mon arrivée. »
Leonardo Jardim, dans les colonnes de Nice-Matin.

Le coach portugais, fataliste, parle de « faire l’omelette avec les œufs que j’ai ». Néanmoins, il fait preuve de transparence sur les objectifs du club, qui ne sont pas revus à la baisse.

« Les objectifs sont toujours identiques, que l’on soit champions ou troisièmes, que l’on aille en demi-finales de C1 ou éliminés en phase de poule. C’est la même idée de valorisation des joueurs pour les vendre et de jouer le podium de L1. »

Rares sont les observateurs qui, à l’heure actuelle, envisagent une fin de saison où le podium ne serait pas complété par Paris, Lyon et Marseille. Trois équipes qui, à défaut de s’être grandement renforcés, ont conservé leurs joueurs majeurs. Au contraire de Monaco. Est-ce la fin de l’ASM parmi les trois premiers de Ligue 1 ? Un podium que le club n’a pourtant plus quitté depuis son retour au sein de l’élite, soit la saison 2013-2014…

Il est certain que l’AS Monaco attaque une saison extrêmement compliquée. Leonardo Jardim a une montagne à gravir. Cependant, ses résultats ainsi que la progression des jeunes joueurs qui l’ont côtoyé parlent en son nom. Lors de la première journée, le réalisme et la froideur (victoire 3-1 à Nantes) ont peut-être rassuré les supporters. Mais l’été et le mercato n’ont même pas touché à leur fin. La météo reste imprévisible sur le rocher.

Crédit photo : AFP / Loic Venance

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