Alors qu’il est annoncé depuis la Coupe du monde dans divers clubs européens comme l’OM, l’OL ou l’AS Roma, voilà que le nom d’Héctor Herrera est maintenant associé par certains médias espagnols à un certain Real Madrid. En effet, le joueur semble faire l’unanimité chez tous les observateurs et chez une partie des supporters de son club actuel : le FC Porto. Qui dit « une partie », dit que la majorité n’est pas de cet avis. Forcément, quand on est très bon un match sur cinq et juste bon un match sur trois, certains mécontents se font entendre.
Trop d’avant tue l’avant
Il n’a pas d’yeux dans le dos, il ne met donc pas sa casquette à l’envers et il joue donc toujours, toujours et toujours vers l’avant. Dès la prise de balle jusqu’à la passe, Herrera (quand il lève la tête) ne se concentre que sur ce qui se passe devant lui, soit dans les trente-cinq mètres adverses puisqu’il est placé 8. Certains entraîneurs apprécient cela puisqu’il permet finalement de jouer sans véritable meneur de jeu et décharge une sentinelle à vocation trop défensive de travail offensif notamment dans la construction du jeu. Mais cela est problématique lorsque l’on cherche un 8 qui fait le jeu, qui sait aussi poser le jeu et surtout qui ait la capacité de varier le rythme du jeu de son équipe et pas seulement jouer vers l’avant en permanence.
A force de cherche la verticalité en permanence, Héctor Herrera rate un nombre anormalement élevé de passes vers l’avant pour un milieu qui évolue dans un club qui a la possession du ballon à quasiment chaque match. De même, comme preuve de son inefficacité, il n’accomplit en moyenne que 0,5 passes-clé par match, ce qui est extrêmement faible lorsque l’on s’aperçoit que plus de la moitié de ses passes sont des passes verticales. Il a également la fâcheuse tendance à s’empaler dans ses adversaires directs en courant tout simplement sur eux pour (essayer de) les dribbler. Cette description peut paraître simple voire naïve mais c’est bien ce qu’il se produit 3 fois sur 4 quand il essaie de montrer son semblant de justesse technique. Le Mexicain présente également quelques lacunes défensives. La statistique 2 interceptions pour 2,4 fautes par match en atteste : la défense n’est pas son fort. Certes, il grappille quelques ballons, mais cela est principalement dû à sa grinta sans égale.
Le joueur latino-américain par excellence
Sa grinta, justement, est sans aucun doute d’une part, ce qui fait qu’il cherche tout le temps à aller vers l’avant même si c’est de manière brouillonne et d’autre part, ce qui fait qu’il se bat sur chaque ballon (au point aussi d’être brouillon). Cette grinta, il la doit évidemment à sa culture et à sa nationalité mexicaine. Et comme tout latino-américain, il parvient toujours à utiliser cette grinta pour faire des bons voire même très bons matchs avec sa sélection. C’est d’ailleurs pour cela qu’il s’est fait remarquer pendant le Mondial 2018. Il a réussi là où il échoue habituellement. Il était sur un nuage et réussissait à chaque fois ses passes vers l’avant, jouait, faisait jouer, apportait un gros volume à son équipe ; ce qu’il ne parvient en réalité pas toujours à faire avec Porto.
Cette grinta, il l’a parfois avec le FCP mais elle est visiblement moins forte. Et loin de faire de la psychologie de comptoir mais la manière dont son agent s’attèle à démentir chaque rumeur qui l’envoie dans un très grand club européen type Real Madrid est somme toute assez étonnante. Ce ne sont évidemment que des suppositions mais, étonnamment, quand la presse l’envoie à la Roma, Marseille ou Lyon, silence radio. Cela laisse à penser que lui et son entourage savent qu’il a vraisemblablement atteint son palier maximum.
Une reconnaissance acquise sur des bouts de matchs
Herrera, comme évoqué précédemment, c’est un homme qui brille par intermittences. Des intermittences qui se limitent parfois même au simple microcosme du match. Ainsi, il s’adonne parfois à ne pas être spécialement bon, voire particulièrement mauvais tout au long d’un match pour se réveiller dans les dix dernières minutes et être clutch. Il s’est par exemple illustré la saison dernière en inscrivant un magnifique but dans le choc face au SL Benfica le 15 avril dernier à la 89ème minute, donnant la victoire au FC Porto et surtout permettant à son club de repasser devant en championnat pour aller par la suite chercher le titre de champion du Portugal 2017-2018. Après cet exploit individuel, tout le monde vante Herrera le héros de toute une communauté. Il vient de faire oublier les 88 mauvaises minutes qu’il avait effectuées jusque là. Mieux encore, il est devenu un véritable héros. Il y a d’autres cas comme celui-ci qui lui ont fait s’attirer la sympathie de certains supporters portistas mais celui-ci est sans nul doute le plus marquant.
Alors, oui, il a pour lui le fait qu’il a été titularisé sur du long terme sous tous les coachs qu’il a vu passer, de Julen Lopetegui à Sergio Conceição en passant même par ce bon vieux José Peseiro. De même, tous ses coachs l’ont également placé soit capitaine soit vice-capitaine à chaque fois qu’il jouait malgré le fait qu’il ne soit pas un très grand leader charismatique ou quelque chose qui s’apparente à cela. En réalité, s’il dispose de ce CV, c’est en raison du niveau rétrograde du championnat portugais où les victoires s’obtiennent de deux manières : en remportant largement le match ou en jouant avec ses tomates (littéralement, « tomates » pour signifier « couilles »). Quand le match est largement remporté, pas le temps de s’attarder sur les moins bonnes prestations de tel ou tel joueur. Quand il est remporté avec la hargne, il est très souvent dans le coup mais il demeure rarement seul dans le coup, ce qui pose la question de la nécessité véritable de sa présence : un autre joueur pourrait-il faire de même ? Répondre catégoriquement est évidemment impossible à l’heure actuelle mais il est possible de signaler que d’autres joueurs à l’instar d’Óliver Torres pourraient à priori l’être aussi mais dans un registre différent.
Crédit Photo : DPI / Nurphoto.