Actuellement meilleur buteur de Championship (deuxième division anglaise), avec 13 buts en 20 matchs, l’attaquant français Neal Maupay a dû traverser la Manche pour trouver la stabilité qui le fuyait en France. L’ancien grand espoir niçois devient peu à peu une référence en Angleterre, convoitée par des clubs de Premier League.
Deuxième plus jeune buteur de Ligue 1
Quel est le point commun entre David Trézéguet, Gonzalo Higuain et Neal Maupay ? Tous trois sont franco-argentins. Évidemment, Neal Maupay est encore loin d’avoir la même carrière que l’ancien attaquant de la Juve et le buteur actuel du Milan. À 22 ans, le natif de Versailles joue pour le 19ème de Championship et, malgré ses 60 matchs avec Nice et l’ASSE, n’a marqué que sept buts en Ligue 1. Au début de sa carrière, beaucoup d’espoirs ont été placés sur ses épaules, peut-être trop. Constamment surclassé chez les jeunes et grand espoir de l’OGC Nice, Neal Maupay a commencé très jeune chez les pro. À très exactement à 16 ans et 32 jours, il était alors devenu le quatrième plus jeune joueur de l’histoire de la Ligue 1, en rentrant en jeu au cours de Montpellier-Nice, fin octobre 2012.
Jouer sous le maillot des Aiglons, un vrai rêve de gosse pour le jeune franco-argentin. Après une enfance passée entre Versailles et la République Dominicaine, le jeune Neal est arrivé à six ans dans la région niçoise, et en est vite tombé amoureux. Claude Puel ne s’était pas trompé en lançant Neal dans le grand bain à la Mosson. En quelques minutes, il a obtenu un penalty, transformé par le buteur argentin Dario Cvitanitch. Le début d’une belle relation entre ces deux Argentins : l’aîné va prendre son cadet sous son aile. Un modèle pour Maupay, qui lui a prouvé que malgré un petit gabarit (1m72 pour Cvitanitch, 1m71 pour Maupay) et sans grande qualité athlétique, il était possible de devenir un grand buteur.
4 clubs en 6 ans
Maupay va vite progresser et se faire peu à peu sa place en équipe première. Il a marqué son premier but en Ligue 1 contre Evian-Thonon Gaillard (3-2) en toute fin de rencontre. En offrant la victoire à son équipe, Maupay est devenu le deuxième plus jeune buteur de l’histoire du championnat. Au total pour sa première saison pro, le prodige franco-argentin a joué quinze matchs de championnat (dont trois titularisations) avec l’équipe première. Presque un vrai conte de fées, jusqu’à sa rupture des ligaments croisés du genou droit, en avril 2013. Après son retour fin 2013, Maupay a repris le rythme. Mais Claude Puel ne comptait plus sur lui, et Maupay a dû faire ses valises.
Un départ difficile à digérer, comme il le confiait à So Foot en 2017 : « Je pense que j’avais tout pour réussir à Nice. J’avais montré mes qualités, même brièvement. Les supporters m’adoraient, je les adorais, j’adorais vivre à Nice. C’était mon club depuis ma première année en benjamins. » Au mercato 2015, Neal Maupay a donc rejoint Saint-Etienne. Un choix risqué, car la concurrence y était rude, avec Nolan Roux, Jean-Christophe Bahebeck et Robert Beric. Le franco-argentin s’est ainsi retrouvé sur le banc, avec seulement quinze matchs disputés et quatre titularisations en Ligue 1. Et il a attendu le mois d’avril avant d’ouvrir son compteur but…
Furlan et Maupay, un duo gagnant
Maupay l’a bien compris : pour progresser, il faut jouer. Avant de fêter ses vingt ans, l’attaquant s’est envolé à Brest. Un vrai choc. Lui le battant, comme il aime se décrire dans les interviews, vit un véritable coup de foudre avec l’entraîneur du club breton, Jean-Marc Furlan. « Il savait me parler, me dire les bonnes choses, me remettre à ma place quand j’en avais besoin », expliquait Neal à BeIN Sports en novembre. « Je me sentais en confiance. J’ai envie de tout donner pour Brest et en particulier pour lui. Il me donnait ce supplément d’âme dont j’avais besoin. »
Le buteur prend confiance et enchaîne. Sur la première partie de saison, il marque 10 buts et talonne les meilleurs attaquants du championnat. « C’est un très fort caractère mais il sait se remettre en cause, détaillait son entraîneur de l’époque en conférence de presse. C’est pourquoi on lui parle beaucoup. D’autre part, il aime la lutte, trop parfois même. Il doit apprendre aussi l’évitement. » L’osmose fut parfaite et Maupay a appris à canaliser son impulsivité en Bretagne : « Il râle en permanence durant l’entraînement », soupirait Furlan. « Quand il est au milieu sur un toro, contre l’arbitrage. (…) Une fois, je lui ai demandé pourquoi il engueulait tout le monde autour de lui. Il m’a répondu qu’il s’en voulait surtout à lui-même. Je lui ai dit qu’il devait travailler cet aspect qui peut donner une image négative. »
Freiné par une blessure au genou en deuxième partie de saison, Maupay totalise onze buts sur la saison 2016-2017. Dépasser la barre des dix buts sur une saison était alors une première pour lui. Mais au-delà du bilan comptable, le joueur reçoit les louanges de son coach, qui admire ses progrès dans sa lecture du jeu. L’attaquant pouvait légitimement espérer avoir sa chance à son retour à Geoffroy-Guichard, mais Christophe Galtier ne lui a pas montré sa confiance.
Une parenthèse anglaise qui devrait se prolonger
À tout juste vingt-et-un ans, Maupay doit de nouveau changer de club, et il fait alors le choix de partir en Angleterre, à Brentford. Les Bees ne sont pas vraiment connus en France, n’ayant joué que quelques saisons en première division anglaise, dans les années 30 et 40. Maupay lui-même ne les connaissait pas avant les premières prises de contact.
Mais l’ancien espoir niçois est séduit par le cadre de vie du club (installé dans la banlieue londonienne) et le projet porté par l’entraîneur Dean Smith, tourné sur la jeunesse et la possession du ballon. Les dirigeants de Brentford ont étudié son profil et lui donnent toute leur confiance. C’est ce dont Maupay a besoin. D’abord « super-sub » avec les Bees, Maupay s’impose progressivement au Griffin Park. Au terme de sa première saison, il a inscrit douze buts en quarante-deux matchs de championnat. En France, on ne retient que son monumental raté contre Cardiff face à un but vide.
Le franco-argentin a pourtant joué un rôle capital dans la bonne saison de son équipe, passée tout près des play-offs mais finalement neuvième. Et cette année, Maupay assume encore plus son statut : il a déjà marqué treize buts en vingt matchs (ainsi que six passes décisives), après une série en début de saison de dix buts en dix rencontres ! L’international espoirs français a même porté le brassard de capitaine contre le leader du championnat, le Leeds de Marcelo Bielsa – et a même égalisé sur un penalty après l’heure de jeu. « Bien sûr, j’ai évolué, racontait en octobre la star de Brentford à Actufoot. Mon jeu a évolué, ma maturité aussi, mais je suis le même joueur, j’ai les mêmes qualités de finisseur que j’avais. (…) En fait, je suis toujours le même, mais en meilleur. »
Mais le départ de Dean Smith en octobre, parti coacher Aston Villa, a freiné la dynamique des Bees, actuellement dix-neuvièmes du championnat, loin des équipes de tête… Pour sa progression, Neal Maupay devra peut-être quitter son confort londonien. Lui qui rêve plus de Premier League que d’un retour en Ligue 1 a déjà quelques touches. Des rumeurs plus ou moins sérieuses l’envoient à Huddersfield ou Cardiff, mais la piste la plus chaude est celle de son ancien coach, qui le convoite pour renforcer son Aston Villa, encore en course pour la montée. Mais Maupay a prévenu qu’il ne quitterait pas Brentford en cours de saison. À 22 ans, l’attaquant a encore tout le temps de grandir, et pourquoi pas, de frapper à la porte de l’équipe de France.
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