[Equipe de France] Pas encore Haller du temps ?

Si beaucoup se sont offusqués de la non présence d’Alexandre Lacazette ou de Wissam Ben Yedder dans la liste de Didier Deschamps pour aller affronter la Moldavie et l’Islande, peu de personnes avaient pensé à lui. Et pourtant Sébastien Haller, 24 ans, est l’un des français les plus décisifs à son poste (14 buts et 9 passes décisives en Bundesliga). Pourra-t-il un jour endosser le maillot de l’Equipe de France A et devenir le successeur d’Olivier Giroud ?

Découvert à Brétigny, en région parisienne, le jeune Haller fait ses gammes au centre de formation de l’AJ Auxerre qui a vu éclore bien avant lui pléthore d’attaquants : Djibril Cissé, Eric Cantona ou encore Basile Boli en défense. Atteint de la maladie de Osgood-Schlatter, puis barré par ses aînés (Paul-Georges Ntep et Yaya Sanogo), il a du mal à trouver sa place dans un effectif déjà très fourni et talentueux. Néanmoins, cela n’empêche pas le grand avant-centre (1m90) de se faire souvent surclasser et même mieux, d’aligner des stats à la Messi avec les U15 : 50 buts en 19 matches. Des chiffres ahurissants qui vont de pair avec la sélection :  15 buts inscrits en 26 sélections. Encore une fois, chez les Bleuets aussi, il n’était pas le joueur dont on parlait : Haller reste dans l’ombre de Yassine Benzia (devenu presque un inconnu en Turquie avec le club de Fenerbahçe). Lancé sitôt après la descente aux enfers des Bourguignons en Ligue 2, Haller dispute 50 matchs. Résultats ? 6 malheureux buts et une attitude nonchalante sur le terrain qui lui vaudra les foudres du public de l’Abbé-Deschamps. Une suffisance qui aura raison de lui.

Haller du vent : s’exiler pour mieux rebondir

Amputé de son football, la pépite auxerroise se résout à faire ses valises et tente sa chance du côté des Pays-Bas, direction Utrecht. Un choix curieux mais sans doute le meilleur de sa carrière pour le moment. Un prêt avec une option d’achat à 700 000€ plus tard, et voilà qu’il se mit à faire les beaux jours du club. En un rien de temps, il a réussi à conquérir le cœur des supporters néerlandais, à tel point qu’ils avaient mis en vente un tee-shirt floqué « Je suis Haller, je suis Utrecht » pour aider leurs dirigeants à lever l’option d’achat. Il faut dire qu’inscrire un quadruplé dès son arrivée ne laisse que rarement de marbre. Une transformation éclair pour le natif de Ris-Orangis. Une fois remis dans le droit chemin, Haller peut se permettre de rêver plus grand que l’Eredivisie.

L’Eintracht Francfort lui fait les yeux doux et le recrute pour 7 millions d’euros. Ses débuts en Allemagne sont tout aussi bons que sa première expatriation. Entouré de Kévin-Prince Boateng ou Ante Rebić, Haller marque 10 buts toutes compétitions confondues en première partie de saison. Sa deuxième partie sera quant à elle, plus délicate, mais il répond aux attentes, remporte la coupe d’Allemagne et son équipe se qualifie pour la Ligue Europa. Si la légende raconte que la saison de la confirmation est souvent la plus compliquée pour un joueur, ce n’est pas le cas d’Haller : celui-ci est vraiment rentré dans une autre dimension. Avec son coéquipier Luka Jović (15 buts), Sébastien Haller (14 buts) forme ainsi l’un des duos les plus performants d’Europe. Dans son rôle de pivot, il profite de sa vision de jeu pour récompenser ses partenaires (9 passes décisives). Haller est à l’image de son équipe, présent là où ne l’attend pas, désormais en quarts de Ligue Europa après avoir sorti l’Inter Milan.

Arrivera-t-il à Haller à Clairefontaine ?

À 24 ans, le Franco-Ivorien se situe à un tournant de sa carrière internationale. Bleuet depuis les U16, il entend bien s’imposer chez les A, malgré l’appel de son pays d’origine. Ce qui lui fait sans doute tort : il ne semble pas se libérer dès lors qu’un enjeu important se profile. Effectivement, en 2011, il participe à la courte histoire de la Coupe du monde des U17 perdue en quart de finale face au Mexique (pays organisateur et champion du monde) avec un seul but au compteur. Il n’est pas de l’épopée championne du monde 2013 contrairement à ses camarades de jeu Yaya Sanogo et Christopher Jullien. Il faut attendre fin 2013 pour que Willy Sagnol le convoque chez les Espoirs, après que Sanogo ne fasse plus parler de lui et que Ntep parte chez les A.

Certes la concurrence chez la catégorie suprême est forte, mais son profil similaire à celui d’Olivier Giroud doit plaire au sélectionneur. Dernièrement après les forfaits d’Anthony Martial et Alexandre Lacazette, celui-ci avait préféré appeler Alassane Pléa. Mais un tel niveau affiché sur l’ensemble d’une saison doit au moins lui permettre de jouer les trouble-fêtes dans la hiérarchie des attaquants. Ce n’est plus qu’une question de temps. Encore un peu de patience.

Crédit photo: Daniel ROLAND / AFP

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