Équipe surprise de la Liga, Getafe pointe à la 5ème place et rêve toujours de Ligue des Champions. Les « Azulones » mènent la vie dure à leurs adversaires. Alors, avant le choc face au FC Séville, 4ème, Ultimo Diez a tenté de comprendre les clés du succès du Geta’. Analyse.
« ¡ Vamos a por la Champions ! ». À la sortie du Coliseum Alfonso Perez et d’une nouvelle victoire 1-0 face à Bilbao, ce niño d’à peine dix ans, maillot sur les épaules, semble confiant quant aux chances de qualification du Geta’ en C1. À six journées de la fin du championnat, Getafe pointe à la cinquième place avec 51 points au compteur, soit un de moins que Séville, son adversaire du week-end et principal concurrent pour la quatrième place.
La parole est à la défense
Loin des strass et paillettes de ses voisins madrilènes que sont le Real et l’Atlético, le club de la cité industrielle du sud de Madrid fait plus que rivaliser. Quatorzième budget de Liga, Getafe a fait de sa solidité défensive une force. Avec seulement 29 buts encaissés en 32 journées, Getafe possède la troisième meilleure défense de Liga derrière l’Atlético (21 buts) et Valence (26). Une défense de fer dont le gardien David Soria est le garant. Arrivé cet été de Séville, où il se cantonnait au rôle de doublure, l’espagnol d’1m92 s’est directement imposé dans le 11 type de Getafe. Rassurant dans les airs et sur sa ligne, Soria s’est même trouvé une spécialité : les penaltys. Avec trois arrêts dans l’exercice il est le portier avec le meilleur ratio de réussite (50%).
Devant lui, Soria a de quoi être rassuré. Si la défense madrilène se porte bien c’est aussi grâce à un homme : Dakonam Djene. Arrivé sur la pointe des pieds en provenance de Saint-Trond en Belgique, le défenseur togolais s’affirme comme un des meilleurs défenseurs de Liga. Djene compense sa petite taille (1m78) par sa lecture du jeu et son sens du placement. Rapide, physique et toujours tranchant dans ses interventions c’est lui qui fait la loi. Pas pour rien qu’on le surnomme « Djeneral » dans les travées du stade. « Djené c’est un de ces footballeurs de qui tu tombes amoureux, qui t’aident et ne se plaint pas », déclarait son coach Josep Bordalás à Marca. C’est d’ailleurs l’entraîneur espagnol qui, à son arrivée au club en 2016, a voulu recruter le défenseur qu’il avait connu du côté d’Alcorcon en D2.
La griffe Bordalás
La Segunda División, un environnement bien connu par Bordalás. À l’image de certains de ses joueurs, le technicien espagnol n’a pas toujours connu la réussite actuelle. Attaquant de formation, Bordalás n’a goûté à l’élite du football ibérique que récemment. 2017, pour être exact. En septembre 2016, alors que le club est relégable, Bordalás débarque et se lance avec son équipe dans une « Remontada » qui s’achèvera par l’obtention d’un ticket pour la Liga. La belle histoire pouvait commencer.
Dès sa première saison au plus haut niveau, le Geta de Bordalás se classe 8ème de Liga. Un résultat plus qu’honorable et annonciateur de la belle saison actuelle. Mais alors le style Bordalás c’est quoi ? Adepte du 4-4-2 à plat, le cinquantenaire est un pragmatique. « C’est un coach exigeant qui nous demande de mettre beaucoup d’intensité dans nos matchs », explique Dimitri Foulquier à FuriaLiga. C’est vrai qu’on n’est pas une équipe qui prend son temps dans l’élaboration des attaques, on a un jeu direct. »
Bórdalas y su @GetafeCF , sensacionales en @LaLiga 🔝
— Iker Casillas (@IkerCasillas) April 7, 2019
Les propos du milieu droit français résument parfaitement le style de jeu prôné par Bordalás. Getafe se caractérise comme une équipe agressive sur le porteur du ballon et qui se projette vers l’avant dès que le cuir a été gratté. Un style de jeu qui lui vaut d’être comparé au Cholo Simeone en Espagne. Et comme l’Argentin à l’Atlético, Bordalás peut s’appuyer sur sa petite colonie de Sud-Américains. Ils sont cinq joueurs de champ, tous uruguayens. De quoi comprendre d’où vient cette « garra charua » et qui explique aussi la première place de Getafe au classement des équipes qui commettent le plus de fautes (536).
Mata-Molina, duo gagnant
On l’a vu Getafe sait bien défendre et jouer avec intensité, mais afin de gagner il faut aussi marquer des buts. Pour ça, Getafe peut compter sur ses deux attaquants : Jaime Mata – Jorge Molina. Le premier marche sur l’eau et réalise à 30ans, la meilleure saison de sa carrière. 13 buts et 6 passes décisives, une feuille de stats plus que propre qui lui a tout simplement valu d’être appelé avec la Roja lors du dernier rassemblement.
« C’est l’un des joueurs les plus en forme, l’un des attaquants qui se débrouillent le mieux en termes de buts, de qualités techniques, footballistiques et d’attitude » a déclaré Luis Enrique à son propos. Jaime Mata a même honoré sa première sélection en rentrant sur la pelouse face à la Norvège. Seulement une petite minute, mais soixante secondes synonymes de grande victoire pour celui qui a vagabondé en troisième et deuxième division toute sa carrière, et qui n’a même jamais été sujet à un transfert payant !
Quant au second attaquant, il n’est pas en reste non plus. Du haut de ses 36 balais, le capitaine Jorge Molina a inscrit 11 buts et délivré 4 passes décisives. Un duo d’attaque redoutable donc. Sans oublier la présence du « supersub » Angel Rodriguez déjà décisif à neuf reprises (7 buts, 2 passes décisives).
Si Getafe espère décrocher une qualification européenne, l’équipe devra conserver ce qui a fait sa force jusque là. Sa solidité défensive et son efficacité à toute épreuve seront des armes avant d’affronter le Real Madrid, le Barça, mais surtout le FC Séville, un concurrent direct à l’Europe, en moins d’un mois. La dernière fois que Getafe a joué une compétition européenne, c’était la C3 en 2008. À cette période, le gamin, le niño, cité plus haut n’était pas né.
Crédit photo : Mikel Trigueros / NurPhoto