[Serie A] Veretout sauf une surprise

Arrivé sur la pointe des pieds dans la capitale italienne, Jordan Veretout s’impose match après match comme une pièce maitresse du onze giallorosso. Son ascension se poursuit de l’autre côté des Alpes, analyse d’un début de saison réussi.

Débarquer cet été dans l’effectif de l’AS Roma ressemblait à un cadeau empoisonné. Après les départs de Totti et sur le terrain de l’icône Daniele De Rossi, la Louve se voyait amputée de deux de ses légendes. L’impensable devenait réalité pour les tifosi romains, particulièrement véhéments contre James Palotta, le milliardaire américain propriétaire exclusif du club depuis 2014. Une bombe à retardement à l’ombre de laquelle, Jordan Veretout a posé ses valises.

Le droitier de 26 ans, auteur de deux bonnes saisons à la Fiorentina arrivait comme une alternative crédible au champion du monde 2006 avec des qualités similaires tant sur le poste que sur l’état d’esprit. Après sept matchs disputés (cinq en Serie A, deux en Europa League), il nourrit déjà de belles promesses dans le chantier du milieu de terrain romain entrepris par le Mister Paulo Fonseca.

Adaptation et abnégation

« J’aime me donner à 100% pour l’équipe et exalter les autres joueurs. J’apprécie courir, prendre le ballon et laisser les autres jouer. J’aime aussi défendre et arrêter un adversaire. J’aime tout faire. » explique le numéro 21 lors de son arrivée dans la Ville Éternelle.

Des valeurs qui plaisent assurément aux tifosi romains, très attachés au caractère combattif, presque sacrificiel, de leurs protégés à l’image des Nainggolan, Florenzi ou encore Strootman devenus des chouchou de la Curva. Des modèles pour l’ancien Stéphanois, qui possède lui aussi des atouts à faire valoir.

5 clubs, 3 championnats,  300 matchs… à 26 ans, Jordan Veretout a déjà un sacré vécu. De l’analyse de ses différentes expériences ressort son excellente capacité d’adaptation, à ses entraîneurs, mais aussi à ses coéquipiers. C’est ce qui a plu à Fonseca, grand artisan de sa signature sur les bords du Tibre.

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Cette force d’adaptation, Veretout la doit à sa polyvalence : depuis ses débuts à Nantes en 2011, il a pratiquement joué sans rechigner à tous les postes du milieu de terrain : sentinelle, relayeur, regista.

Lors de ses débuts nantais en 2011, c’est dans un registre offensif qu’il s’impose. Placé derrière une ou plusieurs pointes, il jouera près de 150 matchs pour une quinzaine de buts et autant de passes décisives. Son expérience mitigée du côté d’Aston Villa (2015-2017), l’amène à évoluer à plusieurs reprises légèrement plus bas. Une première mutation dans son jeu s’opère.

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En vert et courtisé de tous

De retour en Ligue 1 la saison suivante, il alterne, sous les ordres de Christophe Galtier, entre milieu défensif en 4-2-3-1 ou 4-3-3, et numéro 10 en soutien de l’attaquant. Un nouveau placement qui porte ses fruits et lui ouvre plusieurs portes d’écuries européennes. Pour 7 millions d’euros, c’est la Fiorentina qui remporte l’enchère, un premier mariage italien réussi.

Car sous les ordres de Stefano Pioli, le néo coach rossonero, Veretout crève l’écran dans un rôle de milieu box-to-box créé sur mesure.

Dans un 4-2-3-1 où il est associé au Croate Milan Badelj, il s’impose comme l’un des meilleurs milieux défensifs de Serie A. Juste dans le duel, intenable à la récupération, toujours le regard porté vers l’avant, sur la saison 2018-2019, il se distingue en étant le deuxième milieu de terrain en terme d’occasion créées juste derrière l’intouchable Miralem Pjanic.

Veretout se montre également très à son avantage sur coup de pied arrêté. Penalties, corners, coups francs directs et indirects, le natif d’Ancenis fait l’étalage d’une palette particulièrement complète en Toscane.

Autant de skills donnés en récital en avril 2018. Face à la Lazio, la pierre angulaire de la Viola s’offre un triplé mettant en avant ses plus grandes qualités : coups francs, récupérations de balle haute, percussion et finition. Un performance XXL qui ne permet pas à la Fio de s’imposer (défaite 4-3), mais qui conforte son statut de milieu de terrain ultra complet.

Astérix chez les Romains

Un prêt payant d’un million d’euros pour débuter puis une obligation d’achat de 16 millions d’euros (plus 2 millions de bonus), la Roma qui bataillait avec le Milan et Naples l’a joué fine. Quand on sait que la valeur marchande du joueur tourne aujourd’hui autour de 25 millions d’euros, cela ressemble même à un coup de maître.

Du côté du joueur, Rome constitue un nouveau bond en avant avec un effectif assez riche pour viser la Ligue des champions, une compétition à laquelle il n’a jamais participé. En ligne de mire, Veretout s’accroche également à son rêve de revêtir le maillot de l’Equipe de France. Champion du monde U20 avec les Pogba, Umtiti et Thauvin, aura-t-il suffisamment d’atouts pour déjouer les pronostics avant l’Euro 2020 ?  

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Credit : AS Roma/officiel

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Fouler la pelouse de l’Olimpico, c’est aussi pour l’ancien protégé de Michel Der Zakarian, l’opportunité de progresser aux côtés de joueurs confirmés : Kolarov, Mkhitaryan, Dzeko… autant de noms capables de piquer au vif un tempérament déjà bien trempé. Et cela n’a pas manqué dès ses premiers pas, comme il le racontait à la Gazzetta dello Sport.

Lors du premier entraînement, j’avais pris un petit pont de Dzeko. Je me suis retourné pour le regarder, puis j’ai vu à quel point il était fort. Je me suis dit : « Ok, c’est bon. » À l’entraînement, ça passe, en match non. Là, je me fâche.

Sur le terrain après deux premiers matchs nuls décevants contre le Genoa (3-3) et la Lazio (1-1) auxquels il ne prend pas part, Veretout lance enfin sa saison avec une belle victoire contre Sassuolo (4-2), le 15 septembre dernier. De là, il ne prendra plus place sur le banc en Serie A.

Placé à la récupération (avec Diawara ou Cristante) ou en numéro 10 derrière Dzeko, il conquiert sa place ainsi que les éloges de la presse qui lui affuble le sympathique sobriquet d’Astérix pour souligner sa forte débauche d’énergie.

Flatteur, mais peut-être un peu précoce pour l’ancien canari que l’on souhaite désormais voir faire ses preuves face à des adversaires encore plus costauds. Comme Astérix, en somme.

Crédit photo: Ipp / Icon Sport

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