Arsenal : Özil, c’est quoi le problème ?

142 minutes en trois mois, c’est le triste temps de jeu de Mesut Özil depuis le début de saison. Pas un match officiel depuis un mois alors que l’Allemand, champion du monde 2014, n’est pourtant pas blessé. Un problème de niveau peut-être ? Difficile à dire : dans ses rares prestations de cette saison, le numéro 10 n’était ni excellent ni catastrophique. Alors, c’est quoi le problème Özil ?

Du chouchou de Wenger au paria d’Emery

Les sources du problème remontent au 20 avril 2018, lorsqu’Arsène Wenger a annoncé son départ d’Arsenal en fin de saison. Entre l’Alsacien et Özil, c’était une véritable romance. Wenger n’a jamais tari d’éloges sur son joueur playmaker : « Özil est un joueur très intelligent. Il est comparable à un musicien qui donne de l’harmonie à l’équipe. » Lorsque l’Allemand est arrivé du Real Madrid en 2013, Wenger le comparait même à Zinédine Zidane, autre glorieux nom des Madrilènes… Özil ne l’a jamais oublié, et fut l’un des rares joueurs de l’effectif d’Arsenal à souhaiter le 70e anniversaire de Wenger sur les réseaux sociaux il y a quelques jours.

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L’arrivée d’Emery rebattait les cartes au sein de l’équipe. L’Espagnol n’a pas hésité dès le départ à imposer sa patte et une certaine intensité – le point faible d’un Özil, habitué à son confort devant, qui le met dans les meilleurs dispositions pour briller. Mais avant même de commencer la saison 2018-2019, l’Allemand n’était pas dans d’excellentes conditions. La déroute historique de la Mannschaft pendant la Coupe du Monde 2018, après l’épisode de la photo avec Erdogan, a fait de lui un paria dans son pays. A tort ou à raison ? Le Gunner fut en tout cas la principale victime de ce Mondial côté allemand – sans que la sélection ne retrouve son meilleur niveau depuis son départ.

Gros salaire, rumeurs de transfert et carjacking

Le début de saison 2018-2019 est compliqué pour Mesut Özil, malgré le soutien officiel de son nouveau coach qui déclare : « Nous voulons tous aider Mesut à se sentir chez lui ici. » Ses problèmes physiques récurrents le pénalisent, si bien que certains se posent des questions. La presse anglaise parle de son addiction à Fortnite – 1740 heures joués en décembre 2018 – qui lui causerait de nombreuses blessures au dos. Unai Emery compte de moins en moins sur lui. Son salaire imposant (près de 400 000 euros par an jusqu’en 2021) accordé à sa prolongation en janvier 2018 (le dernier cadeau de Wenger à son protégé ?) fait tâche pour un joueur loin d’être indiscutable.

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Cet été, les rumeurs de départ d’Özil ont fleuri. Inter, Turquie, MLS : les tabloïds s’en sont donnés à cœur joie, mais l’Allemand n’a pas bougé. Rares sont les clubs à pouvoir se payer son salaire… Le Gunner reste donc à l’Emirates. Lui ne s’en plaint pas : il aime Londres et s’y sent à l’aise. De quoi remonter en selle ? Un événement impromptu fin juillet change la donne d’une préparation plutôt encourageante : Özil, Kolasinac et leurs compagnes sont victimes d’une tentative de carjacking par deux individus possédant une arme blanche. L’incident a « freiné » le joueur dans son début de saison, a récemment admis Unai Emery.

Exclu des feuilles de match, mais « prêt à jouer »

Mais trois mois après, Özil est toujours au point mort. Dans les faits, Emery ne compte pas sur lui, ni en Premier League ni en Ligue Europa. Le Basque ne le retient même plus sur la feuille de match, remplacé par les jeunes Emile Smith-Rowe ou Joe Willock (même si ce n’est pas son poste). Mais en conférence de presse, Emery ne tient pas le même discours. « Je n’exclus pas de le faire jouer« , expliquait-il en conférence de presse il y a encore une semaine, « car il va bien, il est prêt et disponible pour s’entraîner« .

Deux matches ont passé, Özil n’était même pas dans les 18 d’Emery. L’Allemand a envie de croire à un retournement de situation. « Je crois en ma capacité à faire ce qu’il attend de moi et je veux aider le club à atteindre ses objectifs », a-t-il avoué dans l’une de ses rares interviews à The Athletic.

Un départ ? Özil ne l’imagine même pas, et a annoncé vouloir rester jusqu’à la fin de son contrat. « Vous pouvez traverser des périodes difficiles comme celle-là, mais ce n’est pas une raison pour fuir et je ne le ferai pas. » Quitte à ne plus jouer ? La question se posera en janvier, mais d’ici là, la situation pourrait bien changer. Car à Arsenal, la situation est tendue. Les supporters commencent à prendre en grippe Unai Emery. Son Arsenal a des résultats irréguliers et sa manière de jouer déplaît aux supporters. L’animation offensive très stéréotypée fait notamment défaut aux Gunners. En somme, il manque… un créateur de jeu, un Mesut Özil.

Emery et Özil, les chemins opposés

Plus les semaines passent, moins les choix tactiques d’Emery plaisent aux supporters. Les résultats ne s’améliorent pas et les #EmeryOut fleurissent sur les réseaux sociaux et dans le stade, depuis le match contre le Vitoria Guimaraes jeudi dernier… Pendant la rencontre très accrochée (les Portugais menaient 2-1 jusqu’à la 80e avant un doublé de Pépé), les supporters ont chanté « We have Mesut Özil« . A la fin du match, Unai Emery, peut-être vexé, a refusé de répondre à toute question sur Mesut Özil. La colère envers l’Espagnol semble ainsi réhabiliter l’Allemand dans le cœur de l’Emirates, et l’Allemand en joue savamment.

Devenu expert en communication, le numéro 10 se joue désormais mieux de ses réseaux sociaux que de ses adversaires. La veille du match contre Guimarães, une vidéo d’une discussion intense à l’entraînement entre Özil et Emery est diffusée sur les réseaux sociaux. Le joueur poste alors sur son Twitter une photo de lui en plein rire. La légende est explicite : « You make me laugh« , tu me fais rire en VF. Le lendemain, alors qu’Emery ne le retient pas dans son groupe pour affronter les Portugais, Özil pose en photo avec Robert Pirès, légende des Gunners très appréciée des fans.

Özil, symbole d’une nostalgie wengerienne

Un bon moyen de se mettre tout le monde dans la poche. Au moment où Emery souffre, Mesut Özil peut également surfer sur la « nostalgie » des fans d’Arsenal. Ils comparent les bilans des 50 derniers matches de Wenger et des 50 premiers d’Emery, sans constater de grosses différences… Özil est le plus ancien joueur au club de l’effectif actuel d’Arsenal (arrivé il y a 6 ans). Il est ainsi le dernier représentant de l’ère Wenger et de ses idéaux de jeu, bien lointains de celui actuellement proposé par les Gunners.

Quelle sera l’issue du cas Özil ? Un départ en janvier, cet été ou en 2021 ? Un retour en grâce dans l’esprit d’Unai Emery ? Un départ salvateur du coach basque ? La situation de l’Allemand risque en tout cas de pourrir la saison d’Arsenal, si le conflit continue de s’envenimer.

Crédit photo : PA Images / Icon Sport

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