A toi, l’adorateur du football anglais. A toi, qui pendant 10 ans, n’as pas hésité à sacrifier les repas de famille chez belle-maman pour pleinement te plonger dans le Boxing Day. A toi le supporter de Manchester United, qui as commencé cette décennie en voyant ton club enregistrer les arrivées de Bebe, Chris Smalling ou encore Javier Hernandez, pour glaner un nouveau titre de champion sous la houlette de l’illustre Sir Alex Ferguson. A toi le supporter de Liverpool, qui, au début de la décennie, voyais Dirk Kuyt être le meilleur buteur de ton club, et qui après des années et des années de frustration, termines cette dernière de la meilleure des manières. A toi le supporter de Manchester City, qui, en 2010, ne supportais pas encore le rouleau compresseur que les Citizens allaient devenir. A toi, le supporter de Chelsea qui chérissais tant Frank Lampard, ton milieu de terrain favori, n’ayant aucune idée que ce dernier allait devenir entraîneur des Blues une dizaine d’années plus tard. A toi, le supporter d’Arsenal qui as connu une décennie compliquée et pour qui, en 2010, Mikel Arteta n’était qu’un joueur d’Everton, alors qu’aujourd’hui il représente ton dernier et ultime espoir. A toi, le supporter de Tottenham, qui as vu ton club grandir et bouleverser les hiérarchies établies. A toi le supporter de Leicester, qui as connu un bonheur que jamais tu n’avais pu espérer connaître. Enfin, c’est à toi et à vous tous, simples sympathisants ou bien adorateurs fous du football d’Outre-Manche, que cet article est dédié. Car oui, la dernière décennie du football anglais a été un formidable morceau d’histoire et Ultimo Diez vous la conte à nouveau en 10 moments marquants.
Moment numéro 10 : ce but de Jack Wilshere
Emirates Stadium, 19 octobre 2013. L’Arsenal d’Arsène Wenger est premier avant le coup d’envoi de cette 8ème journée de Premier League édition 2013-2014. Galvanisé par la récente arrivée de l’ancien numéro 10 du Real Madrid, Mesut Ozil, Arsenal réalise un très bon début de saison tant sur le plan statistique que sur le plan du football pratiqué. Même si malheureusement pour les Gunners, ces derniers finiront 4èmes à 7 points du leader Manchester City, ils ont passé au total 18 journées en tête du championnat. Avec un milieu de terrain très talentueux emmené par des joueurs comme Mesut Ozil, Aaron Ramsey, Mikel Arteta ou encore Santi Cazorla, Arsenal pratique un football offensif et fluide, presque artistique par moments, et qui obtiendra plus tard l’appellation de Wengerball. Et ce fameux but de Jack Wilshere inscrit durant la rencontre contre Norwich le 19 octobre 2013 en est certainement la plus belle consécration à ce jour, tout en restant l’un des plus beaux buts collectifs jamais inscrits en Premier League.
Le but de Jack Wilshere face à Norwich en 2013 après une superbe action collective
Moment numéro 9 : le retourné de l’infernal Wayne Rooney
Si vous suivez régulièrement Ultimo Diez, vous n’êtes pas sans savoir que Coach Doudou a déjà cité ce moment dans son calendrier de l’avent des plus beaux buts inscrits durant cette décennie. 12 février 2011, derby de Manchester. Alors que le Manchester United du grand Sir Alex Ferguson agit toujours comme un véritable rouleau compresseur sur le championnat anglais, peu à peu, cette domination est remise en question par la montée en puissance financière et, par extension, footballistique, de ses voisins bleus de Manchester City. Le contexte est simple : Manchester United, premier, a besoin d’une victoire pour conforter son avance sur Arsenal qui compte 4 points de retard. Nani ouvre le score à la 41ème minute avant une égalisation des Sky Blues par l’intermédiaire de David Silva à la 65ème. Et alors qu’on semble se diriger vers un match nul, Wayne Rooney, l’ancien gamin d’Everton, s’apprête à écrire l’histoire. Suite à un centre de Nani, l’attaquant anglais s’envole littéralement pour réaliser un retourné acrobatique parfait venant se loger dans la lucarne gauche de Joe Hart. Un but que Sir Alex qualifiera plus tard comme le plus beau qu’il ait vu dans sa carrière, et dont Stéphane Guy se souvient encore très bien aujourd’hui. Un but qui illustre bien la domination de Ferguson durant ses dernières années et qui rappelle à tous que Wayne Rooney fut un temps un des tout meilleurs joueurs du monde. Un but que les fans de Manchester United n’oublieront probablement jamais.
Le fameux retourné de Rooney face à City sous plusieurs angles différents
Moment numéro 8 : Manchester United 1 – 6 Manchester City
Quelques mois seulement après l’épisode du retourné acrobatique de Wayne Rooney, Manchester City retourne à Old Trafford pour un nouveau derby de Manchester dont l’issue sera cette fois bien différente. Le début de la dernière décennie a en effet été marqué par une énorme rivalité naissante entre Manchester United et Manchester City sur le toit du football anglais. Alors que Sir Alex est toujours en poste à United, les Red Devils parviennent à faire force égale avec leurs voisins bleus. Il faudra attendre la retraite de ce dernier pour voir Manchester City bouleverser complètement la hiérarchie. Mais alors que Ferguson est toujours en poste, le 23 octobre 2011 marque un tournant dans l’histoire de la rivalité des clubs de Manchester. A Old Trafford, Mario Balotelli ouvre le score pour les Sky Blues d’un plat du pied à la 22ème minute, laissant les supporters des Red Devils désabusés alors qu’il célèbre en arborant un t-shirt sur lequel est écrit : “Why Always Me?”, en référence au traitement médiatique spécial dont il faisait l’objet. Puis, Evans est expulsé en début de seconde période et Balotelli creuse l’écart à la 60ème. Aguero fait de même à la 69ème puis Fletcher réduit l’addition à la 81ème minute avec une enroulée. A ce moment, on pouvait s’attendre à ce que le match baisse en intensité, mais un doublé d’Edin Dzeko et un but de David Silva en toute fin de match viennent transformer ce derby de Manchester en véritable humiliation pour les hommes de Ferguson. A ce jour, ce match incarne encore aujourd’hui le phénomène de passation de pouvoir qui a eu lieu entre les 2 Manchester au cours de la décennie.
Le résumé complet du match opposant United à Manchester City
Moment numéro 7 : Manchester City, les Centurions
Comme vous le savez, Manchester City a pris une toute nouvelle dimension au cours de la dernière décennie, devenant une figure très importante du paysage de Premier League. Les Sky Blues ont en effet remporté cette dernière durant la saison 2011-2012 sous les ordres de Mancini, puis sous ceux de Manuel Pellegrini en 2013-2014. Mais c’est après la nomination de Pep Guardiola du côté de l’Etihad Stadium que City va vraiment marquer l’histoire, réalisant, en 2017-2018, ceux que certains considèrent être comme la meilleure saison individuelle jamais réalisée par une équipe en Premier League, même devant les Invincibles d’Arsenal. Cette saison fut également celle de tous les records. Manchester City a en effet battu le record de points gagnés sur une saison en devenant l’équipe des Centurions (100 points), le record de points gagnés à l’extérieur (50 points), le record de points sur le dauphin (19 points), le record de victoires (32 victoires), le record de buts marqués (106 buts), le record de la meilleure différence de buts (+79) et le record du nombre de victoires consécutives (18 victoires). Le 13 mai 2018, City se déplace à Southampton à l’occasion du dernier match de la saison en Premier League, avec 97 points. Les hommes de Guardiola doivent impérativement gagner pour écrire l’histoire. A la 94ème minute, au terme d’un match compliqué pour les Citizens, qui ne parviennent pas à trouver le chemin des filets, Gabriel Jesus est lancé dans la profondeur pour l’ultime action du match. Après un superbe contrôle, il ajuste McCarthy d’un lob parfait pour offrir à City la victoire, et les 3 points permettant au Manchester City de Guardiola de devenir les Centurions et, ainsi, de marquer l’histoire.
Le but de Gabriel Jesus vu du stade
Moment numéro 6 : le play-off Watford contre Leicester
Le 12 mai 2013, le football anglais a connu ce qui reste aujourd’hui une des fins de matches les plus folles de son histoire. Le 9 mai 2013, à l’occasion d’une demi-finale des play-offs de Championship, Leicester reçoit Watford et gagne 1 but à 0 grâce à une réalisation de Nuggent en fin de match. 3 jours plus tard, Watford reçoit les Foxes pour savoir qui ira affronter Crystal Palace ou Brighton en finale à Wembley afin d’accéder à la Premier League. Vydra ouvre le score pour Watford d’une superbe reprise de volée avant une égalisation de Nuggent, puis l’attaquant tchèque inscrit un doublé. Alors que le match se dirige vers sa fin, l’impensable arrive. A la 95ème minute, Anthony Knockaert est retenu par la main de Marco Cassetti dans la surface de réparation. Le français s’écroule et l’arbitre désigne le point de penalty. Une décision très importante car en cas de but, Leicester aurait gagné son ticket pour Wembley. Knockaert s’élance… et bute à deux reprises sur un des héros du soir, l’ancien portier d’Arsenal Manuel Almunia qui réalise un double arrêt historique. Le ballon est dégagé par la défense de Watford, et en une dizaine de secondes seulement, il traverse le terrain pour déboucher sur un centre de Forestieri côté droit qui atterrit sur la tête du milieu défensif Jonathan Hogg. Ce dernier, anticipant la sortie périlleuse de Kasper Schmeichel, remet en retrait pour Troy Deeney. A ce moment, le temps s’arrête. L’homme qui n’était pas dans l’effectif de Watford au début de la saison à cause d’une peine de prison de 10 mois pour agression s’apprête à offrir un moment d’histoire aux supporters des Hornets. Sa volée vient se loger pleine puissance dans la cage de Schmeichel, offrant à Watford son ticket pour Wembley et créant, dans le même temps, un envahissement de terrain. Même si Watford n’a pas réussi à battre Crystal Palace à Wembley pour retrouver les pelouses de Premier League, nul doute que les supporters de Watford n’oublieront jamais cette fin de match au dénouement incroyablement épique.
Le penalty loupé par Knockaert puis le but héroïque de Troy Deeney quelques secondes plus tard
Moment numéro 5 : la glissade de Steven Gerrard
Le 27 avril 2014 est une date à oublier pour tous les amoureux du Liverpool Football Club. Bien que Jurgen Klopp ait apaisé les coeurs rouges des Merseysiders depuis, ces derniers saignent toujours depuis la fin de l’édition 2013-2014 de la Premier League. A cette époque, Liverpool est entraîné par l’actuel entraîneur de Leicester, Brendan Rodgers. Les Scousers réussissent une saison fantastique, emmenés par la flamboyance de leur attaque composée de Luis Suarez, Daniel Sturridge ou encore Raheem Sterling, et d’un milieu solide avec le capitaine emblématique Steven Gerrard, Philippe Coutinho, Jordan Henderson, ou encore le gallois Joe Allen. Mais voilà, parfois le football est un sport cruel. Et il y a eu cette date du 27 avril 2014 pour nous le rappeler. Et ce match contre Chelsea. Et cette fin de première mi-temps à Anfield. Puis cette fameuse glissade de Steven Gerrard. A priori, c’est un ballon tout à fait normal que Mamadou Sakho donne à son capitaine, redescendu au niveau des centraux comme à son habitude, en tant que rampe de lancement des offensives de Liverpool. Le genre de ballons que Steven Gerrard a eu à gérer des centaines de fois au cours de sa carrière. Le score est vierge durant cette affiche de la 36ème journée de Premier League. A ce moment, Liverpool compte 6 points d’avance sur City, qui se déplace à Crystal Palace plus tard dans l’après-midi. Un Manchester City que Liverpool a battu, 2 semaines avant, dans son antre d’Anfield (3-2).
Mais c’est à ce moment que tout change pour les Reds. Le capitaine emblématique, l’enfant de Liverpool, un des meilleurs milieux de l’histoire de la Premier League est sur le point de recevoir la passe de son coéquipier Sakho, veut orienter le jeu, mais glisse. A ce moment, Demba Ba récupère le ballon et file au but. Gerrard ne peut le rattraper et Demba Ba ajuste Mignolet d’un plat du pied juste avant la pause. Au retour des vestiaires, Liverpool ne parvient pas à recoller au score malgré une domination claire des Reds, et en toute fin de match, l’ancien de la maison, Fernando Torres part seul en profondeur et offre le but de la victoire à son coéquipier Willian qui avait suivi. City gagne contre Palace et gagne son match en retard. La journée suivante, Liverpool se déplace à Selhurst Park pour affronter Crystal Palace. Les hommes de Brendan Rodgers mènent 3-0 à la 55ième après des buts inscrits par Joe Allen, Sturridge et Suarez. Mais une nouvelle fois, le destin rattrape les Reds, comme si ces derniers avaient été maudits et que cette malédiction s’était déjà abattue quelques jours plus tard sur leur capitaine. Delaney puis Gayle à la 81ième et à la 88ième inscrivent 3 buts en 10 minutes. Liverpool concède le nul, et avec les pleurs de Luis Suarez au coup de sifflet final, Liverpool concède ses chances de remporter la Premier League. City sera sacré champion avec 2 points d’avance à la 38ème journée, nous rappelant à tous, que parfois, le football est un sport injuste. Car oui, si quelqu’un méritait de remporter une Premier League, c’est bien Steven Gerrard. Malheureusement pour lui et pour le peuple de la Mersey, les dieux du football en ont voulu autrement.
La terrible glissade de Steven Gerrard contre Chelsea
Moment numéro 3 et 4 ex aequo : les retraites de Sir Alex Ferguson et d’Arsène Wenger
Il paraissait impensable d’évoquer 10 moments marquants de la dernière décennie sans parler des retraites de deux mastodontes qui ont marqué le football anglais pendant plusieurs décennies. Contrairement à d’autres entraîneurs qui laisseront également des traces indélébiles dans l’histoire du football d’Outre-Manche comme José Mourinho ou Pep Guardiola, Sir Alex Ferguson et Arsène Wenger se démarquent par leur longévité au sein du même club. Ainsi, Sir Alex Ferguson est arrivé à Manchester United en novembre 1986 après avoir entraîné Aberdeen ou encore la sélection écossaise. Il aura passé plus de 2000 matches sur le banc d’United et en aura marqué l’histoire au fer rouge, faisant de son équipe une véritable machine à gagner. Son palmarès est tout simplement hallucinant : 13 Premier Leagues, 10 Community Shields, 3 Coupes de la Ligue, 5 FA Cups, 1 Coupe du Monde des Clubs et 2 Ligues des Champions, dont un triplé historique en 1999. Ferguson aura révolutionné Manchester et y introduira une véritable culture de la gagne, alors qu’il récupère à son arrivée une équipe proche de la relégation. De décennies en décennies, Ferguson saura s’adapter à la modernisation globale du football et gardera Manchester United sur le toit de l’Angleterre et même de l’Europe, par deux fois, en 1999 et 2008.
A ce jour, il est toujours considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs de l’histoire du football, et comme le meilleur entraîneur de l’histoire de la Premier League grâce aux 13 titres de Champion remportés par son Manchester United de 1993 à 2013. Après sa dernière Premier League gagnée au terme de la saison 2012-2013, il annonce le 8 mai 2013 sa démission. L’ère Ferguson prend fin, tout comme la domination de Manchester United au niveau européen et surtout au niveau national. Il sera remplacé par un autre écossais, David Moyes. Tous les entraîneurs qui ont suivi, à savoir Moyes, Louis Van Gaal, José Mourinho puis désormais Ole Gunnar Solskjaer n’ont jamais réussi à faire oublier Ferguson. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Manchester United n’a plus jamais été le même depuis, toujours dans le deuil du départ de son manager écossais historique.
Le discours prononcé par Sir Alex après son dernier match officiel à Old Trafford le 12 mai 2013
Un autre entraîneur emblématique de la décennie a pris sa retraite en 2018, soit 5 ans après Sir Alex Ferguson, avec qui il a entretenu une féroce rivalité durant la fin des années 1990 et le début des années 2000, avant de voir son club passer au second plan après la montée en puissance de Chelsea puis de Manchester City : Arsène Wenger. Arrivé à Arsenal en 1996 et tout de suite raillé car n’étant pas de nationalité anglaise, personne ne pouvait se douter à cette époque qu’Arsène Wenger quitterait Arsenal 22 ans plus tard, en 2018, après presque 1300 matches passés à la tête du club. Son palmarès est beaucoup plus maigre que celui de Sir Alex : 3 Premier Leagues, 7 FA Cups, 7 Community Shields et une finale de Ligue des Champions en 2006 perdue contre le FC Barcelone. Si le bilan statistique de Ferguson est largement meilleur et plus marquant que celui d’Arsène Wenger, ce dernier aura tout de même eu le mérite de révolutionner le football anglais, que ce soit au niveau des méthodes d’entraînement, d’hygiène de vie (interdiction de l’alcool par exemple), ou encore du style de football pratiqué (fin du “Boring Arsenal” des années 1990).
De plus, sa politique de recherche des jeunes talents de demain a grandement inspiré le continent anglo-saxon, tout comme le fait qu’il soit étranger, ce qui a globalement ouvert la Premier League vers l’Europe et le monde pour en faire le championnat que l’on connaît aujourd’hui. Enfin, il aura à jamais marqué l’histoire de la Premier League avec la saison 2003-2004 pendant laquelle Arsenal n’a pas perdu un seul match, devenant “les Invincibles”. Si depuis le changement de stade de Highbury à l’Emirates Arsenal n’a jamais retrouvé son statut de cador (et n’a pas remporté la Premier League depuis), Arsène Wenger est resté fidèle au club, le faisant se qualifier chaque année pour la Ligue des Champions malgré l’impossibilité de rivaliser financièrement avec les autres gros clubs de Premier league. Enfin, malgré une fin de mandat très tourmenté, une majorité de supporters réclamant le départ du manager alsacien, il n’en reste pas moins le meilleur entraîneur de l’histoire d’Arsenal, et un entraîneur qui a révolutionné le football anglais et dont le départ, à l’instar de celui de Sir Alex Ferguson quelques années plus tôt, représentent des moments très importants dans cette dernière décennie de Premier League.
Le discours cette fois-ci prononcé par Arsène Wenger après son dernier match à l’Emirates Stadium en 2018
Moment numéro 2 : le sacre de Leicester
C’est sûrement le plus grand exploit du football moderne, et une des plus belles histoires que la Premier League ait connu. Alors que Leicester venait de réaliser une deuxième partie de saison 2014-2015 fantastique, le club évite de peu la relégation pour son retour dans l’élite. Le 13 juillet 2015, après le licenciement de Pearson, Leicester se tourne vers Claudio Ranieiri, bien que ce dernier ne fut pas le premier choix du club. La mission dont il est investi à son arrivée, est simple : faire en sorte que Leicester assure son maintien en Premier League. Pour se faire, il réalise son premier transfert : celui de N’Golo Kanté en provenance de Caen pour un peu moins de 10 millions d’euros. Alors qu’est donné le coup d’envoi de la première journée de Premier League, rien ne joue en faveur de Ranieiri, ou de Leicester. Il est le favori selon les bookies pour être le premier entraîneur à être limogé, et la cote donnant Leicester champion de Premier League est à 5000 contre 1. Mais voilà, la formule Ranieiri va marcher du côté de Leicester, aussi bien sur le terrain qu’en dehors. Sur le terrain, l’équipe préfère jouer la contre-attaque avec un 4-4-2 très solide. Derrière, les vétérans Robert Huth et Wes Morgan, bien protégés par le double pivot Drinkwater-Kanté (qui sera certainement la révélation de l’année) offrent une solide assise défensive. Riyad Mahrez qui effectuera également une saison incroyable est aligné sur les ailes, tout comme Albrighton. Devant, le japonais Shinji Okazaki et surtout Jamie Vardy, l’enfant terrible du football anglais, sont en ébullition.
Les Foxes réalisent un très bon début de saison et obtiennent en octobre, comme Ranieri l’avait promis au début de saison, le droit d’aller manger dans une pizzeria de Leicester après leur premier clean sheet. Les journées de Premier League passent et Leicester continue à impressionner. Jamie Vardy bat même le record détenu par Van Nistelrooy en marquant dans 11 matches consécutifs. Et après 3 victoires contre Swansea, Chelsea et Everton, les Foxes passent Noël à la tête du championnat. Un exploit que personne n’avait vu venir. Cependant, beaucoup doutent encore de Leicester, et de leur capacité à accrocher les places européennes. Car oui, à cette époque, personne ne les imaginait finir champions malgré cette première place. C’est ce qui rend cet exploit encore plus fantastique. Début janvier, 2 matchs nuls contre City et Bournemouth, et Leicester perd sa première place. Débute alors un duel à distance très serré avec Arsenal. Le jour de la Saint-Valentin, les Gunners parviennent à se défaire de Leicester grâce à une tête victorieuse de Danny Welbeck dans les ultimes secondes. A ce moment-là, les Gunners semblent être favoris pour le titre face à une équipe de Leicester qui semble vivre un conte de fée bien trop gros, même pour la magie du football. Mais voilà, Arsenal cale, et Leicester continue d’impressionner. Le 3 avril 2016, ils comptent 7 points d’avance sur les Gunners. A chaque conférence de presse, Ranieri, avec la célèbre formule “Dilly-ding Dilly-dong!” rappelle à ses joueurs et au monde entier que Leicester est en train de vivre quelque chose de particulier, et que le rêve ne sera réalisé qu’une fois le titre acquis. Arsenal s’écroule et Tottenham ne parvient pas à rattraper l’équipe de Claudio Ranieri.
Le 2 mai 2016, les Spurs doivent impérativement gagner contre Chelsea. Ils font match nul 2-2 après avoir mené 2-0, officialisant l’historique : Leicester est champion d’Angleterre. Un événement qui a fait trembler le monde tout entier. Un remake anglais de David contre Goliath, avec un club qui est passé tout proche de la relégation 12 mois auparavant et devant se battre contre des adversaires largement mieux armés, mais qui finit tout de même couronné. Un véritable conte de fée pour Claudio Ranieri, que personne ne voyait vraiment réussir, qui remporte enfin son premier grand trophée. Et surtout une véritable leçon, dans un football toujours plus dominé par les lois de l’argent et de la finance, que dans ce sport, rien est foncièrement impossible. Et nul doute que l’exploit retentissant de Leicester cette année-là saura traverser les décennies et inspirera les générations suivantes.
Andrea Bocelli, invité spécial du jour, chante pour célébrer le titre historique de Leicester durant la dernière journée de Premier League au King Power Stadium
Moment numéro 1 : « Aguerooooooooooo! »
Comme vous le savez et comme cela a été rappelé tout au long de cet article, cette décennie a été marquée par un féroce affrontement entre Manchester United et ses voisins de Manchester City après leur rachat en 2008. Un duel acharné particulièrement durant les dernières années de Sir Alex Ferguson, et qui a tourné à l’avantage de City depuis. Le moment qui incarne le mieux cette rivalité est certainement la saison 2011-2012, ou plus particulièrement ses ultimes secondes, et son dénouement historique riche en émotions. La saison avait très bien démarré pour les hommes de Roberto Mancini avec, comme on vous l’a rappelé, une victoire historique 6-1 à Old Trafford. Durant toute cette campagne de Premier League, Manchester City et Manchester United jouent au chat et à la souris et se rendent coup pour coup chaque week-end.
En décembre, City a l’avantage sur United et va conserver ce dernier jusqu’en mars. A partir de là, City n’y arrive plus et United enchaîne les victoires. A 6 journées de la fin, les hommes de Ferguson comptent 8 points d’avance sur leurs rivaux bleu ciel, et le titre semble joué. Alors que City renoue avec la victoire, United enchaîne une défaite et un nul, puis se fait une nouvelle fois battre par les hommes de Mancini, cette fois à l’Etihad. Les deux équipes remportent les deux matches qui ont suivi, et entament la 38ième et dernière journée de cette édition 2011-2012 de la Premier League avec le même nombre de points malgré une différence de buts à l’avantage de City. Les deux matchs sont joués simultanément : Manchester United se déplace à Sunderland tandis que Manchester City reçoit Queens Park Rangers à l’Etihad. Les 2 équipes se doivent de gagner pour espérer remporter le championnat. En cas de victoire des 2 clubs, City serait sacré champion grâce à la différence de buts. A la 20ième minute de jeu, Wayne Rooney ouvre le score pour Manchester United à Sunderland. A ce moment précis, United repasse devant et met la pression sur City. A la 39ème, c’est le latéral droit Pablo Zabaleta qui inscrit son premier but de la saison, permettant à Manchester City de mener contre QPR et donc de reprendre sa première place au classement. Le match n’évoluera plus du côté de Sunderland et prendra une tournure spectaculaire, quasiment théâtrale du côté de l’Etihad.
A la 48ème minute, c’est le français Djibril Cissé qui égalise pour QPR. A ce moment, United reprend la tête du classement. Quelques minutes plus tard, l’inévitable Joey Barton est exclu après un coup de coude sur Carlos Tevez, et conclue son oeuvre en frappant Sergio Aguero lors de sa sortie du terrain. QPR étant réduit à 10, la porte est laissée grande ouverte pour Manchester City alors que le score est de 1 partout et qu’il reste une bonne trentaine de minutes à jouer. Mais QPR défend très bien, avec un bloc très bas, et City ne semble pas réussir à trouver la brèche. Pire encore pour les Citizens, QPR parvient à se montrer dangereux en contre, et un centre côté gauche à la 66ième minute débouchant sur une tête plongeante de Mackie vient crucifier Joe Hart et Manchester City par la même occasion. A ce moment précis, les fans de Manchester United commencent à jubiler, tandis que la pression monte pour les Sky Blues qui n’ont plus que 25 minutes pour renverser la tendance et inscrire deux buts. Mais City n’y arrive pas, se heurtant à une équipe de QPR très solide, et affichant un clair manque de réussite. Les minutes passent, les situations dangereuses s’enchaînent, mais le score ne change pas. Le temps réglementaire touche à sa fin, City obtient plusieurs corners mais n’arrive pas à en tirer profit. Le temps additionnel est annoncé : 5 minutes. Manchester City a 5 minutes pour égaliser et prendre l’avantage afin de mettre fin à une disette de 44 ans. Alors que les Citizens commencent à perdre espoir, la jubilation s’intensifie du côté de Sunderland. Les fans d’United le savent : leur équipe mène, tandis que City perd contre QPR avec 5 minutes à jouer. Nouveau corner à la 91ième minute pour City, côté gauche. David Silva à la baguette. Son corner trouve la tête d’Edin Dzeko qui saute plus haut que tout le monde pour égaliser. Une nouvelle fois, avec 4 minutes restantes à jouer, personne est capable de prédire ce qu’il va se passer. La pression est insoutenable, aussi bien pour les fans des deux Manchester que pour les neutres s’apprêtant à vivre un moment d’émotion historique dans l’histoire de la Premier League. 93ième minute, le match s’achève à Sunderland.
A ce moment, United est virtuellement champion d’Angleterre, et les supporters dans le stade attendent désespérément des nouvelles du score de leurs rivaux. 94ème minute, Sergio Aguero reçoit le ballon entre les lignes, avance et trouve Mario Balotelli aux abords de la surface. L’italien contrôle et la remet dans la course d’Aguero tout en glissant. L’argentin avance balle au pied, élimine son vis-à-vis et tire fort côté droit. Il crucifie Kenny le gardien de QPR et envoie les siens au septième ciel. Martin Tyler, aux commentaires pour Skysports, n’en croit pas ses yeux, et exulte : “Aguerooooooooo! Je vous jure que vous ne verrez plus jamais quelque chose comme ça!” Des commentaires qui feront plus tard le tour du monde, et dont tous les amoureux de Premier League se souviennent aujourd’hui. 95ième minute, Manchester City mène 3-2 contre QPR alors que les Sky Blues étaient menés 5 minutes avant. Un score qui leur permet de passer devant leurs voisins de Manchester United, également à 89 points, mais derrière à la différence de buts. Le coup de sifflet final retentit, et Manchester City l’a fait : les Citizens sont champions d’Angleterre et mettent fin à 44 ans de disette, au terme d’un final épique et rocambolesque aux allures de miracle divin pour certains, ou de tragédie grecque pour d’autres. Une chose est sûre, ce jour-là s’est écrit ce qui s’apparente être le plus beau moment de cette décennie en Premier League, avec une saison décidée dans les ultimes secondes de la 38ème journée, et un retournement de situation tout simplement bouleversant qu’Ultimo Diez souhaitait une nouvelle fois vous raconter.
Revivez les 8 dernières minutes du match opposant Manchester City à QPR et ce final incroyable, frissons garantis
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