Betis Séville: Nabil Fékir et le Vert à moitié plein

Il y a désormais six mois, l’Olympique Lyonnais et celui qui en portait le brassard de capitaine ont mis fin à leur aventure commune. Dans ce laps de temps, le club rhodanien est déjà passé par nombre d’épisodes mouvementés qui ont mené au marasme actuel, à un classement loin des ambitions affichées. Mais de son côté, il devient quoi Nabil ?

L’inattendue mise au vert

Parti sans prévenir du côté de l’Andalousie, il est peu dire que l’ex numéro 18 Lyonnais a surpris son monde. Non, ce n’est pas à l’Estadio Ramón Sánchez-Pizjuán qu’il pose ses valises, mais bien au Real Betis Balompié, 10e du dernier exercice de Liga et confronté au départ du coach qui lui a rendu ses lettres de noblesses, Quique Setién. Pas l’environnement le plus propice pour briller aux yeux du monde et un choix qui interroge forcément, au vu des destinations ralliées par les autres enfants de l’OL récemment. Si Tolisso a rejoint le Bayern ou Umtiti le FC Barcelone, Fékir a bien eu sa chance avec un mastodonte européen. Un an plus tôt, c’est à Liverpool que son avion se serait posé si lui et son proche entourage s’étaient montrés moins gourmands avec les Reds. Une chance de voir très grand qui ne s’est jamais représentée par la suite par manque d’offres, par réticence vis-à-vis de l’état du genou du champion du monde sur lequel les pensionnaires d’Anfield auraient fermé les yeux, et vis-à-vis dudit entourage une fois l’affaire ébruitée.

Fekir réalise une dernière saison en demi-teinte dans la capitale des Gaules avant de rallier l’Espagne contre 20M€ (+10M€ de bonus). Un choix par défaut ? Oui et non. Car s’il n’est pas question d’un très grand nom du foot espagnol espéré, Betis rime avec statut de star annoncé de l’effectif verdiblanco et l’opportunité de se montrer toute la saison en titulaire indiscutable sous les yeux de ces clubs, le tout à un an de l’Euro qui marquera son entrée dans sa 27e année. Une année pour forcer l’entrée de la cour des grands… ou rester bloqué sur le perron.

Le bourbier de Séville ?

Un jeu de quitte ou double qui n’a pas très bien démarré. Orphelins de Quique Setién, les Beticos peinent à trouver leurs marques sous la conduite de Rubi. En premier lieu, c’est un 4-2-3-1 qui est échafaudé par le technicien Espagnol, permettant au Français de profiter de sa place préférentielle derrière l’attaquant. Un plan mis de côté en quelques semaines. Lignes trop espacées, problèmes de gestion de la largeur en phase défensive… Pour ne rien arranger, William Carvalho se retrouve sur le flanc dès le début du mois d’octobre, touché au mollet et victime d’une hernie discale. Une pièce d’une importance capitale en moins. Dès lors, nombre de systèmes y passent: 4-4-2 avec Fékir au coeur du jeu, 4-3-3 où il se retrouve en position de relayeur, quelques essais ponctuels avec une défense à 3… Seulement l’idée de Rubi de placer le Lyonnais au centre des débats se confronte à son manque de coffre et de rigueur pour évoluer à de tels postes. Le 4-3-3 prend définitivement place, mais avec le n°8 sur la droite de l’attaque.

Ce placement sur la droite, un retour à ce que le champion du monde a connu fut un temps, avant que de nombreuses saisons et qu’une rupture des ligaments croisés ne passent par là. L’explosivité et la vitesse pure ne sont plus depuis longtemps ses qualités premières, pourtant un problème se pose avec l’absence de Carvalho: Le Betis privé de la qualité de première relance du Portugais devant la défense, c’est Sergio Canales, censé être le relayeur le plus proche du Français, qui décroche extrêmement bas pour compenser le manque technique d’un poste réparé à la rustine (Marc Bartra s’y collant régulièrement) et effectuer ce genre de tâches. Fékir se retrouve donc avec un Borja Iglesias ou Loren Morón en pointe comme solution la plus proche, et orphelin d’un joueur parlant le même football que lui à ses côtés pour combiner. Un joueur que devait être Canales mais qui se retrouve désormais loin de lui. En guise d’échappatoire, le neo-Betico doit énormément percuter, dribbler, accélérer, gagner du terrain avant de trouver un partenaire, sans quoi il se retrouverait facilement esseulé face à une équipe au pressing rôdé. Une problématique qui fait un temps de lui l’un des trois joueurs tentant le plus de dribbles de tout le championnat, et qui en parallèle fait glisser son taux de passes réussies à 80%, soit le taux le plus faible depuis le début de sa carrière à cinq ou six points de ses standards. C’était quand même moins contraignant entouré de trois attaquants à Lyon.

Coups de chaud et couleurs froides

Dans une équipe se cherchant beaucoup et pas vraiment aidée par les blessures, un pari comme celui-ci aurait vite pu tourner au fiasco. Heureusement, Rubi trouve peu à peu les bons ajustement pour l’animation de son équipe, auxquels devront répondre les résultats. Fékir devient plus libre, à la condition que son latéral Emerson vienne occuper son couloir droit. Joáquin est lui aussi plus proche de l’axe pour combiner. Le système se veut de plus en plus ambitieux, voire à double tranchant. Une équipe « très joueuse » en cas de victoire, « déséquilibrée » en cas de défaite ? Le Betis va démarrer sa phase retour à la 13e place, à 7 points de l’Europe. Fékir, à 4 buts en 15 matchs. Pour l’un comme pour l’autre, des chiffres qui traduisent le cheminement à tâtons qu’a été cette première moitié d’exercice. La direction a suivre étant désormais connue, place à un sprint de quatre mois. Si tout ne s’est sans doute pas passé comme prévu, serait-il possible que ce repositionnement soit une chance plutôt inattendue ? Entre la disparition des radars de Lemar, la fragilité physique de Coman, l’échec Dembélé et les cas Martial ou Payet plutôt flous… Fékir pourrait-il faire bien mieux que s’assurer une place dans les 23 ? Quatre mois pour convaincre Deschamps d’amener son stock d’aspirine à l’estadio Benito Villamarín.

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