Cercle de Bruges : sauver le club par le beau jeu

Si la course à l’obtention du dernier ticket qualificatif fait rage et tient en haleine la Jupiler Pro League, la course au maintien suscite beaucoup d’intérêt en Belgique. Pour cause, le Cercle de Bruges, pour qui la relégation semblait assurée, effectue une remontée fulgurante et est revenu à la lutte avec Waasland-Beveren et Ostende. Leur style de jeu positif et offensif a séduit le peuple belge qui souhaite désormais les voir se maintenir en première division la saison prochaine.

Un club satellite monégasque

Lorsque l’on évoque le football brugeois, ce sont les « Blauw en Zwart » du Club de Bruges qui viennent naturellement à l’esprit. S’il s’agit du premier club de la Venise du nord, il en existe également un autre avec qui ils partagent le Jan Breydel stadium. Le Cercle de Bruges a été fondé le 9 avril 1899 et compte trois titres de champion de D1, cinq titres de D2 et deux coupes de Belgique. Si leur palmarès est moins imposant que celui de leur voisin, ce sont pourtant les verts et noirs qui ont en été les premiers à dominer le football flamand. En effet, c’est le premier club de flandre à avoir remporté le titre de champion de Belgique. La rivalité entre les deux équipes brugeoises a longtemps fait rage. Le Cercle étant le club « ouvrier » et le Club les « bourgeois ». Cependant, l’enjeu sportif de ce derby est nettement réduit à l’heure actuelle. Le Club est une des plus grosses puissances du football belge et le Cercle a connu une histoire en dent de scie, chutant même à deux reprises jusqu’en troisième division.

La dernière fois que le Cercle est redescendu en seconde division, c’était lors de la saison 2014-2015. Ils étaient installés en Pro League depuis 2003 et avaient retrouvé une certaine stabilité et une équipe compétitive. Entrainés par Bob Peeters, ils avaient terminé la saison 2011-2012 en passant juste à côté d’un ticket européen. À la suite d’une saison suivante désastreuse, le coach belge est limogé mais l’équipe parvient à se sauver de la relégation. C’est donc après 12 ans au plus haut niveau que les « Groen en Zwart » sont condamnés à rejoindre la deuxième division deux ans plus tard.

Le 5 mai 2017, le Cercle est racheté par l’AS Monaco. Il ne leur faudra que la saison suivante pour remporter la Proximus League et remonter en Pro League. Le club monégasque leur envoie alors sept nouveaux joueurs afin de renforcer leur effectif. Cette saison, six nouveaux joueurs sont une nouvelle fois envoyés par Monaco.

La méthode Storck

Après avoir commencé cette saison par un triste bilan de 3/30, le Cercle se sépare de Fabien Mercadal et annonce Bernd Storck à la tête de l’équipe jusqu’à juin 2019. Après y avoir passé presque l’intégralité de la saison, l’Allemand est parvenu ce week-end à sortir de la zone rouge avec un bilan de 20 points en 27 rencontres. Le Cercle se retrouve donc en concurrence avec Waasland-Beveren (20 points) et le KV Oostende (22 points) à trois journées de la fin de la phase classique. La dernière équipe sera immédiatement reléguée et les deux autres seront sauvées et pourront participer aux Play-Off 2 pour tenter de récupérer un ticket européen. La route est encore longue, le plus dur est déjà derrière lui mais les trois prochaines rencontres décideront du succès ou de l’échec du tacticien allemand.

Bernd Storck est un ancien défenseur du Borussia Dortmund dont il a porté le maillot à 150 reprises lors des années 1980. Il se reconverti ensuite en entraineur à la fin des années 2000 après avoir été T2 à Stuttgart, au Herta Berlin, à Wolfsburg ou encore à Dortmund. Après plusieurs expériences au Kazakhstan et en Hongrie, il se retrouve en Jupiler Pro League en septembre 2018 où il prend la tête du Royal Excel Mouscron, à l’époque lanterne rouge avec 0 points sur 18. Sa mission de maintenir le club fut un réel succès. Après avoir sorti l’Excel de la zone rouge, ses hommes et lui ont été la meilleure équipe de la deuxième partie de la phase classique et ont manqué de peu les Play-Off 1. En cause, l’excellente qualité du football mis en place par Storck qui permettra à des joueurs comme Selim Amallah, Mergim Vojvoda ou encore Taiwo Awoniyi de se révéler.

(Crédit photo : HLN.be)

Après des premiers mois difficiles à la tête du Cercle de Bruges, la philosophie de Storck s’est mise en place et la qualité du jeu proposé par les « Groen en Zwart » s’est considérablement améliorée. Le football du coach allemand se veut offensif. Pas question de se retrancher à onze dans le rectangle, peu importe l’adversaire. Lors du déplacement au Standard de Liège, un des stades où il est le plus dur de prendre des points ou encore de la réception du Sporting d’Anderlecht, les hommes de Storck n’ont jamais reculé et n’ont cessé de jouer vers l’avant. Lors de ces deux matchs, ils se sont créés beaucoup d’occasions mais n’ont trouvé le chemin des filets qu’à une seule reprise. Voulant à tout prix les trois points alors que dans leur position, contre ce type d’adversaires, beaucoup signeraient pour une seule unité, le Cercle a continué de pousser vers l’avant et se sont finalement inclinés deux fois dans les arrêts de jeu. Une erreur tactique pour certains, la preuve d’une soif de victoire et de beau football pour d’autres. Menés par Kylian Hazard et Stef Peeters, les Brugeois sont beaux à voir jouer et ne manquent que de la chance et du réalisme dont avait fait preuve les mouscronnois de Storck la saison dernière.

Le pays derrière eux

Le style de jeu du Cercle est nettement différent de celui de ses concurrents directs. Avec le Cercle, on a droit à un vrai match de football et une vraie opposition. Une tactique en contraste avec celle de Waasland-Beveren et Oostende qui se contentent de défendre et contre-attaquer en « kick and rush ». La majorité du pays souhaite voir le football positif du Cercle se maintenir au détriment d’autres clubs aux tactiques défensives. Voir les Brugeois se maintenir serait une victoire du football et la preuve que le beau jeu n’est pas mort, qu’il est possible de bien jouer même avec un budget nettement inférieur à celui des cadors.

Du côté des joueurs, l’injustice d’être si bas au classement comparé au contenu proposé se fait aussi ressentir. Au terme de leur victoire ce week-end face à Mouscron, Dylan De Belder, buteur du soir, se livre au micro de la RTBF (Radio-Télévision Belge Francophone) : « On a toujours bien joué au foot, chaque fois que l’on rencontre une équipe, elle ne comprend pas pourquoi en est là (bas de classement) ». Une déclaration qui résume bien le sentiment que ressent le pays entier. Les joueurs savent qu’ils jouent bien et qu’une grande partie du pays (ainsi qu’évidemment leurs supporters) ne les pense pas à leur juste place. Le joueur du Cercle rajoute également à l’interview qu’il sent que le grain de chance qui leur manquait à tourné. Une prise de confiance qui pourrait leur faire le plus grand bien à l’approche des trois rencontres digne de trois finales qu’il leur reste à disputer. Storck parviendra-t-il à sauver le Cercle grâce à son beau jeu ?

Photo crédits : iconsport

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Jeune Belge étudiant le journalisme à l'IHECS (Bruxelles).