[Géopolitique] Ambition chinoise, Palestine et Bolsonaro : on répond à vos questions

Spécialiste reconnu de la géopolitique du sport, Jean-Baptiste Guégan répond aux questions que vous nous avez posées le mois dernier, sur Twitter. Au programme : le développement du football en Chine, le conflit israélo-palestinien ou l’engagement politique des joueurs.

Maxime : Quel(s) pays pourrai(ent)-on voir arriver sur la scène footballistique dans les prochains mois/années ?

Il faut d’abord distinguer football de clubs et de sélections. Au niveau des sélections nationales, à court terme, l’ordre mondial ne devrait pas être profondément modifié. En Amérique du Sud, on pourrait assister à une redistribution des cartes en fonction des retraites de glorieux anciens, comme au Chili ou au Brésil. En Europe, on verra émerger des concurrents à la France, comme la Belgique, l’Angleterre, ou encore l’Allemagne.

À moyen terme, à l’échelle mondiale, d’autres nations devraient se manifester du fait de l’investissement consenti et de l’engouement qui s’accroît dans ces pays. Il y a les États-Unis ou la Chine. Cette dernière, pour des raisons éminemment géopolitiques, devrait atteindre un niveau de performance qu’elle espère appréciable d’ici à la Coupe du monde 2030. Reste à le concrétiser.

En dehors de ces deux grandes puissances globales, on peut espérer que les pays africains qui sont des puissances continentales comme le Nigeria, l’Égypte ou l’Afrique du Sud, arriveront à se hisser enfin dans le dernier carré d’un Mondial, en dépit de leurs problèmes structurels.

« À long terme, l’Inde et l’Iran devraient davantage s’affirmer »

Sur cette même temporalité, en Europe, il faudra surveiller l’affirmation durable de pays qui vont s’appuyer sur une démographie moins importante, mais qui demeurent passionnés de football. Je pense au Kosovo, à la Serbie ou la Croatie.

À plus long terme, les États que l’on devrait davantage voir s’affirmer sont l’Inde et l’Iran. Ces deux pays n’ont pas l’importance footballistique qu’ils devraient avoir au regard de leur potentiel, de leur niveau de développement ou des programmes locaux autour du football. L’Iran paie les difficultés d’une situation internationale aux contraintes énormes, malgré la passion qui l’anime. Quant à l’Inde, le retard culturel pris par le football dans le pays est contrebalancé par un véritable effort de développement privé depuis quelques années. Comme la Chine, ces États sont à des tournants footballistiques de leur histoire.

Leur puissance ne peut se passer du sport et le football en est une manifestation. Il ne reste plus qu’à voir si leur volonté de s’imposer comme des puissances sportives se traduit ou pas par des organisations d’événements, des performances accrues en sélection, le développement de filières de formation et l’essor de clubs à l’échelle continentale et mondiale.

« La France paiera ses choix face au Covid-19 »

Au niveau du football de clubs, les 4 championnats leaders en Europe (Angleterre, Espagne, Italie, Allemagne, ndlr) resteront dominants. La France fait face à un retard structurel, à une internationalisation moindre et paiera ses choix face au Covid-19. Sur ces compétitions, la Premier League et la Bundesliga affichent la plus forte stabilité et continueront à performer. Ils ont les infrastructures pour et la capacité à les financer. Ils ont les revenus qui suivent pour l’instant et leur attractivité ne se dément pas. La Liga et la Serie A affichent des faiblesses liées à leur gouvernance propre, et à la situation économique de leurs États respectifs en dépit de leurs clubs emblématiques.

Dans les autres championnats nationaux, la structuration et la maturité des instances n’apparaissent pas suffisantes pour bousculer la hiérarchie. À l’exception des championnats américains et chinois en développement constant, et des compétitions des États du Golfe fortement subventionnés (Qatar, Arabie saoudite, ndlr), une véritable compétition entre l’Europe et le reste du monde risque de perdurer. Le Brésil et l’Argentine ont des atouts à faire valoir, mais leur situation économique globale limite les ambitions. Reste à voir ce que donneront les rumeurs de rapprochements envisagés entre ligues en Europe (Belgique-Pays-Bas) et en Amérique du Nord (MLS-Liga MX).

« Des opportunités d’investissement sont présentes à Bordeaux, Saint-Étienne ou Marseille »

Autre élément à considérer dans les rapports de forces internationaux dans le football de clubs : la question des changements de propriétaires. Que se passerait-il si le Qatar et les Émirats arabes unis venaient à se désengager du football européen ? Même si ce n’est pas la tendance, la question est intéressante à envisager en termes de prospective. À l’inverse, que se passerait-il si des acteurs asiatiques et américains continuaient à investir de manière encore plus visible et intense ?

Aujourd’hui, de nouveaux fonds souverains s’intéressent au football comme le PIF, le fonds d’investissement saoudien. Ce dernier est toujours en négociation pour acheter Newcastle en dépit de pressions de la part des ONG, des réactions de la famille Khashoggi et de la procédure de l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) qui fait pression sur l’Arabie Saoudite pour mettre fin à BeOutQ, le dispositif de piratage télévisuel de droits sportifs le plus diffusé du moment.

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Accentuant la politisation et l’instrumentalisation du football de clubs, cette tendance initiée par QSI et Abu Dhabi Group fait peser sur la destinée des clubs et des compétitions une menace différente de celle que peut connaître le football de sélection. Même s’il n’y a rien de nouveau dans l’usage détourné du football à des fins autres que sportives… Il n’y a qu’à se souvenir de la politisation des clubs russes, ou de la dimension identitaire du FC Barcelone.

Aux côtés de ces acteurs, des fonds d’investissements chinois et américains lorgnent sur certains clubs, à commencer par la Ligue 1. On n’est pas à l’abri de gros investissements pendant la période du Covid-19 ou après, car beaucoup de clubs sont fragilisés. Des opportunités sont présentes à Bordeaux, Saint-Étienne ou Marseille, même si, pour l’OM, le cadre n’est pas propice du fait de l’endettement et de la menace de sanctions du fair-play financier.

En somme, l’avenir sera passionnant. Et il y a fort à parier que le football en clubs comme en sélection n’est plus à un changement près.

Amaury Detroz : Les ambitions du président chinois de faire de son pays un pays de foot et ainsi améliorer l’image à l’internationale ont-elles une chance d’aboutir ?

Les ambitions du président Xi Jinping pour la Chine sont d’utiliser le football et le sport en général, notamment les sports collectifs, comme un moyen de gagner en visibilité, en attractivité et en rayonnement sur la scène internationale. C’est également un moyen pour elle de se présenter comme une puissance globale et complète, titre dont seuls les États-Unis peuvent se targuer.

Pour combler ce manque, la Chine investit massivement via les BATX (les géants du web chinois que sont Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi en opposition aux GAFAM américains que sont Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft, ndlr). Leur stratégie est simple : devenir incontournables en s’imposant comme des partenaires premium. Sponsoriser la FIFA, la Coupe du monde et les différentes grandes organisations sportives internationales est un levier pour gagner en influence, et donc servir les intérêts chinois. En effet, le payeur est décideur.

« Ce coup de frein imposé aux transferts est une décision clairement politique »

Cette ambition portée par le sommet de l’État chinois passe par un programme volontariste. Elle rend le football obligatoire, porte sur la création de plusieurs dizaines de milliers d’écoles de foot et des investissements notables en terme de droits pour le championnat chinois. Ce qui a fait de ce marché un des premiers en terme d’acquisitions et de transferts durant les derniers mercatos. Bastien Drut en parle très bien dans « Mercato, l’économie du football au XXIe siècle (Bréal) ».

Sur ce dernier point, des limites ont été imposées. Certains transferts étaient difficiles à justifier sportivement. Quant à leurs montants et aux salaires versés, ils étaient décorrélés des performances réelles des joueurs. Certains sont venus chercher un dernier gros contrat comme Lavezzi, Tévez ou Hulk. D’autres se sont donné quelques années pour assurer financièrement la suite de leur carrière, comme Witsel ou Carrasco.

Ce coup de frein imposé aux transferts et aux mutations est une décision clairement politique : il était devenu difficilement tenable pour le Parti Communiste Chinois de laisser se déverser de telles sommes dans le football, alors que les inégalités croissent en Chine et que la croissance économique ralentit. L’équilibre n’étant plus respecté entre les bénéfices sportifs et les retombées réelles de tels investissements, il fallait les réguler.

« La Chine veut devenir championne du monde d’ici 2049 »

Aujourd’hui, le Covid-19 n’aide pas le développement du football chinois. Le foot n’est plus une priorité dans un pays au départ d’une épidémie mondiale, d’autant qu’on a vu plusieurs clubs chinois mettre la clé sous la porte à Tianjin ou au Tibet. Certains ont été relégués, d’autres dissous et renommés en 1re division. Les efforts fournis pour redorer l’image de la Chine par le football et le sport seront vains au regard de la crise actuelle et de la responsabilité chinoise.

En somme, la Chine a des ambitions dans le foot, des prétentions et des objectifs nombreux qui dépassent le cadre du sport. Fort malheureusement, ceux qui construisent le football chinois ont peut-être été un peu trop opportunistes, moins prévoyants et solides qu’attendu. D’autant qu’il est très compliqué de performer dans ce sport même en le planifiant. Le Qatar l’a expérimenté avec le PSG. L’argent et le volontarisme étatique sont des conditions nécessaires mais pas suffisantes. L’expérience et le temps ne s’achètent pas.

La Chine s’est fixée comme objectif d’accueillir la Coupe du monde et de devenir champion du monde d’ici 2049, pour le centenaire de la République populaire de Chine. On en est encore loin. Aujourd’hui, le football chinois est plus proche des deuxièmes divisions européennes que des 5 grands championnats européens.

Rapha : Dans quelle mesure le football, et le sport en général, permet-il d’assurer une visibilité et une reconnaissance internationale de la Palestine, membre de la FIFA et du CIO ? Le football est-il une voie diplomatique parallèle sérieuse pour régler le conflit israélo-palestinien ?

Le football est le premier sport mondial en termes de visibilité, de pratique et d’audiences. C’est donc un formidable levier pour quiconque veut communiquer en utilisant le sport. Dans toute approche mêlant géopolitique et sport, on considère que le sport est un révélateur de puissance dure et douce, un vecteur d’image, de rayonnement et d’attractivité.

Pour la majeure partie des États, il faut participer au sport dans une certaine mesure, tout en utilisant ce qu’on appelle la diplomatie publique pour se positionner, s’étalonner et se valoriser. Le football permet ainsi de construire, de relayer et de modifier l’image de marque d’un État, tout en promouvant l’unité en interne.

« Les Palestiniens ont très opportunément investi le terrain sportif pour faire entendre leur cause »

Le football peut faciliter des négociations diplomatiques plus classiques ou la reprise des contacts. On avait vu ça pour la Turquie et l’Arménie au tournant du siècle, ça n’a pas normalisé définitivement les relations mais cela a permis une détente sur une période. On a pu voir ça aussi entre l’Iran et les États-Unis lors de la Coupe du monde 98, où les joueurs ont volontairement posé ensemble pour les photographies officielles.

https://twitter.com/Klaus35_/status/1214829961028276224

Le foot peut également permettre de plaider médiatiquement des causes diverses. Pour une communauté nationale en recherche de reconnaissance, le ballon rond peut montrer qu’on existe et se faire entendre. L’exemple palestinien est intéressant. Il est à relier avec l’équipe du FLN, ce « onze de l’indépendance » qui a permis à l’Algérie de gagner en visibilité et de faire entendre sa cause en pleine guerre décoloniale.

Le sport est théoriquement apolitique – même s’il ne l’est pas. Il permet à l’ensemble des États-nations de se confronter et de s’affronter sans déplorer autre chose qu’une défaite sportive. Les Palestiniens ne sont pas reconnus comme membres des Nations unies, mais ils ont très opportunément investi le terrain sportif pour se faire reconnaître et faire entendre leur cause. Le sport s’est donc imposé comme un moyen d’exister.

« Le football peut faciliter des processus déjà existants, mais n’a pas le pouvoir de faire cesser un tel conflit »

Les autorités palestiniennes et leurs soutiens utilisent depuis plusieurs années le sport, le football et leur visibilité pour faire exister le conflit israélo-palestinien autrement. Par exemple, l’organisation de la Coupe de Palestine est problématique depuis des années. C’est paradoxalement un des moments où la cause palestinienne trouve une illustration plus concrète pour les opinions publiques. C’est un moyen de comprendre autrement un conflit vieux de plus de 70 ans.

Il y a quelques années, Israël a compliqué les déplacements de certains des footballeurs de l’équipe nationale palestinienne, les empêchant de quitter les territoires occupés et rendant difficiles leurs rassemblements. La FIFA de Sepp Blatter a dû intervenir. De manière opportune là encore, le conflit est devenu visible et politique. La pression a joué en faveur du sportif mais pas seulement. Ce que la Palestine ne parvient pas à obtenir dans d’autres arènes internationales, elle l’obtient au sein du mouvement sportif.

De manière plus générale, je suis très mesuré sur la capacité du football à créer la paix par lui-même. Si ce sport permettait de mettre fin à des conflits dont les négociations n’aboutissent pas pendant des décennies, ça se saurait. Le ballon rond peut faciliter des processus déjà existants, mais un match ou une compétition de football n’ont, pour l’heure, pas le pouvoir de faire cesser un tel conflit.

https://twitter.com/FCGeopolitics/status/1248579321343741959

Le football ne met pas fin à la guerre. Il illustre la fin des conflits. Il contribue à mettre en scène les résultats de négociations et de volontés politiques préexistantes. Le sport n’est, au mieux, qu’un accélérateur, un révélateur et un moyen de mettre en récit des processus plus complexes. À titre d’exemple, la diplomatie du ping-pong entre la Chine de Mao et les États-Unis de Nixon s’est appuyée sur des négociations et des rapprochements initiés bien avant, notamment sous la férule de Kissinger dans un contexte géopolitique plus large.

La paix par le football n’est donc pas encore une réalité. Après, la course du ballon rond peut hystériser les peuples autant qu’elle peut les rapprocher. Il faut s’en saisir sans s’illusionner avec. J’attends avec impatience la prochaine rencontre entre l’Algérie et la France, et les discours qui vont l’accompagner. Pour le meilleur, souhaitons-le.

T-Railleur : Quelle tendance au sein du foot (joueurs, clubs…) vis-à-vis des mouvements populistes dans les différents pays ? Beaucoup soutiennent Bolsonaro au Brésil, pourquoi ? Quid de l’Italie, de l’Angleterre avec le Brexit ? En Allemagne, on se souvient des banderoles d’ultras solidaire avec les réfugiés. Quelle évolution depuis? 

Le football n’est pas hors sol et c’est une bonne chose. On a vu Kylian Mbappé s’exprimer publiquement suite à la mort de George Floyd. Il n’a pas été le seul. Marcus Thuram, Layvin Kurzawa ou Marcelo ont fait de même.

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Les footballeurs sont dans la société et cette dernière les considère comme des acteurs, des influenceurs tout en les auréolant d’une exemplarité et d’une responsabilité supplémentaires. Mais il n’y a pas qu’eux. Les supporters, qui sont les premiers piliers des clubs avec les joueurs, sont là aussi très investis et se mobilisent pour des causes qui supposent une solidarité massive et une conscience politique. C’est le cas en Allemagne depuis des années, à Berlin ou Hambourg. Marseille, Lens et d’autres clubs français affichent aussi cette conscience sociale, notamment en offrant des jouets aux enfants déshérités. Le CUP (Collectif Ultras Paris) a constitué une cagnotte pour les hôpitaux. Ce n’est pas le seul.

L’ensemble des composantes du football a ainsi montré toute sa solidarité vis-à-vis de ceux qui luttaient contre le Covid-19. C’est le meilleur versant de la politisation des supporters. Cela change de l’image dégradée et faussée des ultras et des passionnés. C’est en cela que l’on peut dire que le football et ses acteurs au sens large sont politiques. Ils occupent une place dans la société, la revendiquent et l’exercent au risque de l’inattendu.

Pour ce qui est des joueurs et notamment du populisme qui caractérise Jair Bolsonaro et d’autres, on ne peut pas empêcher les joueurs de football d’avoir une lecture du monde. Quand bien même ne serions-nous pas d’accord avec eux.

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Cette vision populiste du monde peut ne pas être partagée par le plus grand nombre. Elle peut être discutée, critiquée, combattue mais elle existe. En dehors des catégories sociologiques habituelles (âge, sexe…), des déterminants sociaux et familiaux, quantité d’éléments peuvent expliquer l’engagement politique d’un footballeur. Le football compte aussi bien des Marcus Rashford et des Vikash Dhorasoo que des Paolo Di Canio. Il est à l’image de ce que nous sommes.

« Cette surprise désigne une vision française de ce qu’on aimerait que le Brésil soit »

Les joueurs par exemple, avec de très forts revenus pour les meilleurs d’entre eux, valorisent leurs intérêts. Parfois, cela les incite à être plus réceptifs à certaines idées ou opinions. Le cadre d’exercice du métier de footballeur est très incertain. Cela peut jouer. Leur parcours, avec une sortie de la scolarité précoce, est à prendre en compte. Leur environnement professionnel extrêmement concurrentiel et compétitif dont les valeurs sont plus proches du capitalisme libéral dérégulé est aussi à considérer. La dimension médiatique est un autre élément d’appréciation. Et il y en aurait d’autres encore… Mais tout cela tient à la sociologie des footballeurs et il y aurait beaucoup à écrire sur le sujet, d’autant que le cas brésilien diffère des cas anglais, allemand ou italien.

Il faudrait éviter les généralités par rapport à ces phénomènes. Seule la complexité prévaut. On a vu des joueurs arrêter leur carrière car le milieu du foot ne leur convenait pas du point de vue idéologique. D’autres ont reversé une partie de leurs salaires systématiquement à des causes, comme Juan Mata avec l’association Common Goal. Il y a aussi tous ces joueurs qui font vivre des familles entières, des villages entiers et qui s’engagent sans le dire. Aujourd’hui, une vraie conscience sociale se manifeste dans les comportements et les actions des sportifs et des footballeurs. Parfois, elle se double d’une conscience politique aiguë et de choix. Le football n’est qu’un élément d’une identité professionnelle et personnelle autrement plus riche.

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On a été surpris en France de voir autant de joueurs brésiliens de première importance soutenir Jair Bolsonaro, mais il ne faut pas oublier qu’ils n’ont pas tous le même recul, parcours, et profondeur de réflexion d’un Socrates, l’intelligence sociale d’un Raï, d’un Leonardo, ou l’engagement politique d’un Romario ou d’un Juninho. Cette surprise désigne une vision française de ce qu’on aimerait que le Brésil soit.

Le discours de Bolsonaro a plu et le contexte a joué, sans parler de l’état de délabrement politique de la société brésilienne après le scandale « Lava Jato ». Ceci étant, il n’y a pas eu que les joueurs de foot qui l’ont soutenu, sinon Bolsonaro n’aurait jamais été élu…

Le footballeur a tendance à être un bouc émissaire idéal, celui sur lequel on tape car finalement, il est le plus visible de tous. Il faut au contraire le considérer comme un simple citoyen et essayer, pour mieux le comprendre, de replacer ses décisions politiques dans l’époque, dans les sociétés dans lesquelles il évolue, et considérer ses expériences personnelles et collectives.

Vous souhaitez poser une question à Ultimo Diez et Jean-Baptiste Guégan ? Suivez-nous sur Twitter (@Ultimo_Diez, @jbguegan) et nous essayerons d’y répondre lors d’une prochaine session !

Crédit photo : Estadao Conteudo / Icon Sport

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Menottiste je dirais même plus Bielsiste bref l'amour m'a rayé comme le maillot de l'Argentine