[Interview] Spider ZED : « Le Paris FC, ça me parle beaucoup plus que le PSG et la jet-set »

Des textes sincères et désabusés sur des mélodies simples qui restent en tête : après avoir affûté son style sur divers EP, Spider ZED a sorti son premier album début novembre, Jeune intermittent. Hors des studios, le rappeur du 11e arrondissement est aussi un supporter passionné du Paris FC, qu’il remercie encore pour sa carrière musicale. Avant le choc de la Ligue 2 et le déplacement du leader chez son dauphin grenoblois (15h), on a papoté deuxième club parisien, célébrité et Football Manager avec le plus grand fan de Vincent Demarconnay.

Tu es né en 1996. Quels sont tes premiers souvenirs de foot ?

La cour de récré, forcément. J’ai grandi à Paris, petit j’étais à fond pour le PSG. Je jouais le mercredi après-midi, et j’achetais toujours au kiosque les magazines qui présentaient les équipes des trois premières divisions. En feuilletant l’année où le Paris FC est monté en National, j’ai appris qu’il y avait un autre club à Paris ! J’étais en CM2, en benjamins. Je leur ai envoyé un mail, innocemment, leur disant que je rêverais de jouer un jour dans leur club. Ils m’ont répondu en m’invitant à leurs détections. J’y suis allé et j’ai été pris. J’étais gardien. Mais en rentrant en 6e, avec les nouvelles rencontres et les sorties du mercredi, j’ai assez vite perdu l’envie d’avoir quatre entraînements par semaine à onze ans alors que mes potes fumaient des clopes devant le collège. J’avais zéro volonté. J’ai fait un an au Paris FC (2006-2007), surclassé en benjamins 2 Élite, on jouait en régional contre le PSG, Créteil… Et dans l’équipe j’étais avec Seko Fofana, qui vient de signer à Lens. C’est drôle car c’était le plus perturbateur et j’étais le plus calme, donc à tous les tournois ils nous mettaient en chambre ensemble et il me mettait la misère (rires). Sans rancune !

Vous n’êtes plus en contact ?

Plus du tout. Il y a trois ou quatre ans, j’ai essayé de retrouver des photos de l’époque, surtout qu’on avait fait des tournois internationaux, mais sans succès. Et c’est là que j’ai appris que Seko était Seko Fofana. Je crois qu’il y avait aussi Wylan Cyprien dans l’équipe, les dates correspondent donc on a dû se croiser, mais je n’ai aucun souvenir de lui ! Au bout d’un an j’ai complètement arrêté. Au Paris FC j’étais gardien, j’étais bon, mais j’y allais puis je rentrais chez moi, c’était la compétition pure. J’ai préféré jouer dans l’équipe du collège avec tous mes potes, surtout que le niveau n’était pas le même, j’ai pu passer attaquant (rires). Et c’est quand même plus fun de marquer des buts avec ses potes que d’être gardien au Paris FC. Si je faisais un taf de bureau, j’aurais regretté toute ma vie d’avoir arrêté le foot. Mais je ne suis pas trop mal tombé en devenant rappeur. Et le Paris FC garde une place énorme dans mon cœur, car ce sont eux qui m’ont fait découvrir le rap ! Un de mes premiers tournois était en Bretagne, c’étaient toujours les oncles ou les grands frères qui nous emmenaient en voiture. Donc 5h de route, avec un seul CD dans la bagnole : Aller-retour, de La Fouine. Je ne connaissais pas du tout le rap à l’époque, personne n’en écoutait encore dans ma famille ou mon milieu social. Et l’émotion que dégageait un morceau comme Drôle de parcours, c’était un truc de fou. Ces heures de trajet avec l’album en boucle m’ont mis une grosse claque, j’ai trouvé ça génial, et j’ai décidé de creuser ce genre musical.

Tu as continué de suivre le Paris FC ?

De loin. Je ne suivais même plus le foot, en fait. Puis les Qataris sont arrivés et j’étais comme un fou, Paris signait Pastore et avait enfin une chance de gagner un titre. Mais après les deux premières années, ce que devenait le PSG m’a dégoûté. Ils ne laissaient pas leur chance aux jeunes. Ça m’a gonflé de voir Sakho partir, ou Kombouaré se faire virer en étant premier. Je me suis éloigné. Mettre 8-0 à Dijon ne me fait pas du tout vibrer, je préfère les matchs où tu joues le nul, tu marques à la 92e et tu gueules comme un dingue ! Je m’en fichais de les voir exploser Guingamp, je regardais seulement en Ligue des Champions. Puis en 2017-2018, le Paris FC est remonté en Ligue 2, et on s’est chauffés avec ma copine pour aller les voir. En tant qu’étudiants, ça nous coûtait 5€. Cette saison-là, j’ai commencé à aller pas mal au stade et à regarder tous les matchs. Depuis, je suis à fond Paris FC !

Tu es déjà passé par toutes les émotions en peu de temps.

La première saison ils finissent 8e, la deuxième 4e avec le barrage contre Lens, c’était incroyable. J’étais à Charléty, le stade était rempli, alors qu’en temps normal on est 3.000. Dans le virage en face, d’habitude complètement vide, tu avais 10.000 Lensois ! De l’autre côté la tribune était pleine, c’était un truc de fou. Avec l’égalisation à la dernière minute de Maletic, qui n’avait rien fait de toute la saison. Quel souvenir. L’an dernier saison horrible, sauvée par la Covid parce qu’à tout moment, avec une défaite de plus on partait en National… Et cette année, à part la semaine dernière où ils ont mangé 3-0 contre Auxerre : grosse saison. Je commence à croire un peu à la montée. Je reste tranquille, je n’ai pas envie d’être déçu, mais il y a moyen de faire un truc. Au Bahreïn ils sont heureux, tu m’étonnes : ils ont mis 5M dans un club qui était 17e, et maintenant ils peuvent monter en Ligue 1.

Deux défaites en onze rencontres, 5 points d’avance sur le 3e : ça ne part pas trop mal…

Ils ont vraiment fait un sale match contre Auxerre, et samedi (aujourd’hui) c’est Grenoble, le deuxième, il faut les exploser sinon ce sera chaud. Mais tant qu’ils restent en L2 je suis content. Il y a bien une année où ils vont monter en L1, et cette année-là j’irai à tous les matchs sans exception pour en profiter un maximum, parce qu’il y a des chances que ça n’arrive pas deux fois. J’ai envie de connaître la Ligue 1, mais c’est quand même sympa, la Ligue 2. Le minimum pour moi c’est qu’ils se maintiennent, et là c’est vachement bien parti !

Le recrutement a été intelligent, grâce au bon travail du directeur sportif Frédéric Hébert.

Très bon recrutement. L’an dernier, c’était vraiment nul. Ménez a fait une saison très moyenne, ça faisait plaisir de le voir mais il avait du bide, il ne voulait pas courir, ça me rendait fou. Koziello est arrivé à la fin, il n’a rien pu montrer. Et avant eux il y avait eu tout plein de prêts de fin de mercato, de mecs qu’on n’a pas vus, qui ne faisaient rien… Aucun bon joueur qui pouvait progresser.

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Tu as aussi senti la différence avec René Girard ?

Dès son arrivée l’hiver dernier, la saison est bien meilleure. Ils se sont maintenus alors que ça partait pas fou fou… Et cette année ça joue bien. En 2018-2019 ils finissent 4e avec uniquement des 1-0 où ça mettait le bus, j’étais en sueur les dix dernières minutes tellement c’était tendu. Alors que là, c’est la régalade : 3-0 contre Le Havre, 3-0 contre Chambly… C’est un truc de fou. Je ne sais pas jusqu’où ça va aller, mais on verra bien.

Depuis le plan Leproux et les Qataris, le club s’est aussi construit en opposition au PSG, certains venant chercher un football plus authentique, d’autres voulant rester des ultras.

Il y a deux groupes d’ultras, et on m’a expliqué que le Old Clan (2010) était là avant, et que les Lutetia (2014) étaient pour beaucoup les ultras du PSG venus à Charléty après le plan Leproux. Il y a parfois des tensions entre eux, mais ils ont bien la hargne. Au stade, il n’y a pas tellement de supporters. Plein de gens viennent parce qu’ils aiment bien le foot et que ça coûte 8€. C’est familial, mais quand les ultras ne chantent pas tu entends les joueurs, tu te croirais à huis clos, c’est déprimant. En plus les deux groupes d’ultras refusent de chanter ensemble et entonnent chacun leurs chants, alors qu’ils sont 20… Ils pourraient s’unir pour être 40 (rires) ! Ils essaient de faire chanter les gens dans le stade, mais eux ne sont pas là pour ça : ils viennent voir du foot, ils sont contents si Paris gagne, puis ils rentrent chez eux. L’atmosphère est spéciale, c’est dur d’être à cinquante mètres des joueurs. J’ai fait le déplacement à Bollaert il y a deux ans, et ça change de Charléty (rires).

Dans le clip du morceau Yes sorti la semaine dernière, tu portes un maillot dédicacé de Vincent Demarconnay, le gardien du Paris FC ! Raconte-nous cette histoire.

Ça doit remonter à deux ans : le club élisait le joueur du mois, puis tirait au sort parmi les votants pour faire gagner un maillot dédicacé. Je participais tous les mois sans aucun espoir, et j’ai fini par gagner celui de Demarconnay. Malheureusement j’ai zéro contact avec lui, mais je suis méga fan. Je l’ai déjà mis en concert, aux Francofolies de La Rochelle, et je voulais « représenter » aussi dans un clip car je ne l’avais jamais fait. Lors d’un festival à Vannes, la Fête du Bruit, j’avais mis un maillot du Paris FC, une photo était arrivée jusqu’au Twitter du club, et j’avais fini invité à un match en loge avec le président, champagne et petits fours ! Quelle expérience. Depuis j’essaie de me refaire inviter, donc dès que je peux je mets le maillot (rires). Non, c’est surtout pour médiatiser le club à mon échelle : je ne remplirai pas le stade grâce à mes clips, mais je fais en sorte que les gens soient au courant. Chaque fois que je dis que je supporte le Paris FC, on me répond que je suis le seul qu’ils connaissent… Même mes potes s’en foutent, mais j’aimerais avoir des gens avec qui aller au stade ! Ma copine aime bien, mais elle m’accompagne pour être avec moi plus que pour le foot.

En 2009, Fernando Torres raconte à So Foot qu’il est devenu supporter de l’Atlético enfant sans jamais les avoir vus jouer, en écoutant son grand-père lui parler de sa passion. Puis quand il commence à les suivre, il se rend compte qu’ils perdent tout le temps. Et il dit : « Dans la vie, de toute façon, tu perds plus de fois que tu ne gagnes. C’est le cas dans ton travail, en amour, à l’école… La réalité, c’est ça : on passe notre vie à perdre. L’important, c’est de profiter à fond des bons moments. » Comme tout supporter de Ligue 2, ça te parle ?

Wow ! Ça me parle énormément. Je suis un très grand fan de rap, mais j’ai parfois du mal avec l’ego trip : ça arrive à tout le monde d’être malade sur ses toilettes. Et je trouve ça marrant qu’il arrive des trucs super nuls à ceux qui se croient grave stylés. C’est ce que j’aime bien aussi au Paris FC, c’est juste un club normal avec des gens normaux pour qui c’est déjà cool d’être en Ligue 2. Ça me parle beaucoup plus que le PSG et la jet-set. À la fin de chaque match, les joueurs du Paris FC vont checker tout le public un par un, Demarconnay s’arrête et parle avec les supporters. Tu as une certaine proximité, qui me plaît beaucoup plus que ceux qui se tournent rapidement vers le virage pour taper trois fois dans leurs mains.

Dans l’intro de ton album, tu poses : « Et même finir en Ligue 2, ça n’arrive qu’à un sur cent ».

Comme tous les enfants je voulais devenir footballeur. Mes parents m’ont fait comprendre que ce n’était pas forcément une bonne idée, mais je me disais que si je restais au Paris FC et que j’y signais je pouvais vivre du foot, même en National. Le grand public ne connaît souvent que la L1. J’ai des potes qui suivent un peu le foot et qui pensent que les joueurs du Paris FC ont un boulot à côté. Ils ne se rendent pas compte qu’en L2 ou N1 ce sont de vrais professionnels qui s’entraînent tous les jours, et que c’est leur travail d’être footballeur. Je trouvais cette image jolie parce que je suis loin d’être un des plus gros rappeurs français, et pourtant j’en vis et je suis très heureux de faire ce que je fais aujourd’hui. Même si on veut toujours aller plus haut, c’est déjà pas mal du tout d’être arrivé en Ligue 2.

Cette phase renvoie aussi à la surmédiatisation des réussites exceptionnelles, et en miroir la banalisation des plus simples. Beaucoup trouvent ça nul de jouer au Paris FC ou à Rodez car ils comparent à Mbappé ou Pogba, pourtant les salaires de L2 sont déjà très élevés pour la société française, et jouer en L2 est statistiquement exceptionnel.

D’ailleurs, est-ce que ce n’est pas mieux ? Si n’importe qui croise Mbappé, même s’il se moque du foot, il prendra une photo parce que c’est Mbappé. Alors que Demarconnay, qui est une légende du Paris FC et un grand joueur de L2, ne doit pas être à plaindre financièrement et ne doit jamais se faire reconnaître à Paris. Il sera peut-être abordé tranquillement, pour parler foot. Mais si on leur dit « le mec là-bas est un gardien de Ligue 2 », 99% des gens répondront juste « Ah, ok ». Je ne suis pas souvent reconnu, et quand c’est le cas ça me fait toujours plaisir, car ça veut dire que les gens me connaissent. Booba ne peut pas se balader dans la rue, ce serait infernal. Pendant ce temps, je vais à Carrefour pépère. Être ultra-connu doit être cool, surtout que dans la musique tu ne peux pas gagner beaucoup d’argent sans l’être, mais je ne sais pas si j’aurais envie de devenir légendaire. Enfin déjà il faudrait que j’y arrive, et ça ne dépend pas que de moi (rires). Mais je me sens bien. J’ai envie de toucher le plus de gens, mais si ça avance progressivement sans que je devienne une méga-star, ça me va aussi.

Les références au foot sont courantes dans le rap, mais les tiennes sont plus pointues qu’un simple namedropping : « J’marque contre mon camp en retourné« , « J’avais de l’espoir, mais tu connais, les ligaments« … Ce sont les échecs qui t’inspirent le plus dans le foot ?

J’aime bien les joueurs un peu moyens, plus humains. On a eu Romain Perraud en prêt il y a deux ans, il est encore super jeune et il est vraiment bon à Brest, c’est tout à fait possible que dans trois ans il soit en Équipe de France. Et je serais trop content, parce qu’il s’est révélé au Paris FC. Je m’identifie moins aux joueurs super médiatisés avec un gros personnage, comme Zlatan. Je voulais faire un son sur l’espoir déchu en général, et inclure les espoirs déchus du foot. Ça fait vingt ans que dans mes notes j’ai Bryan Bergougnoux, qui devait exploser à Lyon et qui s’est retrouvé à Tours… Ou Anthony Le Tallec. Tous ces gros espoirs de mon enfance qui devaient exploser, et au final pas du tout. Ça me parle.

Tu es vraiment en 2100 sur Football Manager, comme tu le dis dans Abonnez-vous ?

C’était pour la vanne, mais il y a toujours un moment de l’année où j’y joue toute la journée pendant deux mois, puis ensuite plus du tout. Enfant j’avais les jeux Roger Lemerre : la Sélection des champions, un classique sur PS2 ! J’ai eu mon premier FM en 6e, et ma plus longue partie a dû durer une dizaine de saisons, sur FM 19. Tous les ans je fais ma petite carrière avec le Paris FC, ça m’éclate de les faire monter et de jouer la Ligue des Champions. Mais c’est impossible de gagner la L1, le PSG a toujours plus d’argent et de faux joueurs extrêmement forts… J’ai gagné une fois la Ligue Europa, j’étais heureux. Pour mon mercato je triche un peu : je regarde les potentiels dans l’éditeur pour trouver des Colombiens qui coûtent 2K€, vu qu’on n’a aucun budget ! Et je finis toujours avec une équipe de regens de 21 ans monstrueux qui partent ensuite au PSG.

Surtout qu’avec le trading, les joueurs de 17 ans très prometteurs qui valaient 100K€ dans le jeu il y a dix ans valent aujourd’hui 8M…

C’est le foot qui est devenu comme ça, maintenant après une bonne demi-saison à 18 ans tu pars pour 80M. Dans mes premiers FM je prenais tout le temps un jeune de la Juve : Davide Chiumiento, un Suisso-Italien. Il devenait lé-gen-daire ! Sauf qu’en vrai il a fait zéro carrière, et il a pris sa retraite à Zurich. Chaque année j’allais sur les forums de passionnés, où tu avais des listes de dix joueurs, que tout le monde prenait. Maintenant ce sont des listes de 300 wonderkids.

Tu es plus ambiance de stade ou ambiance de concert ?

Je n’aime pas trop être spectateur en concert, même pour mes artistes préférés : au bout d’une demi-heure j’en ai marre d’être debout. Je suis mal à l’aise d’avoir trop de gens autour, j’ai envie de m’écarter. Mais être entouré de gens quand je regarde un match de foot me dérange vachement moins, donc je dirais plutôt ambiance de stade. En revanche l’ambiance de festival quand tu es sur scène et que des milliers de gens en face de toi font des gros pogos, c’est dur à battre.

Comme tous les artistes, tu as été forcé de repousser ta tournée. Tu as essayé de t’arranger avec Canal + pour te produire à huis clos mais toucher quand même les droits TV ?

Prochainement, je vais faire un concert sur Twitch. Mes prochains concerts sont prévus pour octobre-novembre 2021, donc pour ne pas perdre la main, je vais sortir le fond vert et faire ça depuis chez moi !

On t’a connu avec des cheveux, puis tu as subitement tout rasé à blanc. La France est-elle prête pour voir un rappeur faire disque d’or avec le look de Christophe Jallet ?

Un paquet de rappeurs super connus sont chauves, mais dans le rap on a la casquette facile, donc il y en a plein dont on ne voit jamais le crâne. Je commençais à perdre mes cheveux, et je ne voulais pas attendre d’avoir trois poils pour raser… Puis Zidane aura été vachement plus légendaire chauve qu’avec des cheveux !

L’album Jeune intermittent est disponible en écoute sur toutes les plateformes de streaming, et en CD physique sur : spiderzed.bigcartel.com

Merci beaucoup à Spider ZED pour son temps et sa disponibilité.

Propos recueillis par Nicolas Raspe (@TorzizQuilombo)

Crédit photo : © Clément Colin Photographe

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